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    Protégé par son parka tout neuf, il est parvenu à sommeiller dans les premières heures de la matinée ; ce qui a été salutaire pour son état général. Lorsque le soleil montant au zénith, commence à réchauffer l’emplacement où il se trouve niché, dans un bosquet, il émerge de son inconscience éphémère et s’étire dans des pandiculations magistrales. Il ressent une tiédeur bienfaisante et son épiderme picote. Il se lève encore tout abruti de fatigue.

Il remarque vite que la montagne s’élève à l’ouest et qu’il surplombe une petite bourgade. Il note un défilé au sud-ouest, mais le passage qui y mène, est assez découvert et longe de près les premières maisons. S’il décide de progresser dans cette direction, il prend le risque de se faire repérer, et après les évènements de cette nuit, mieux vaut ne pas séjourner trop longtemps dans ces lieux. Aussi décide-t-il de reprendre par le nord, à l’abri de la forêt. Parmi ces sapins, malgré une montée accentuée, la marche est aisée et relaxante. Il foule un tapis d’aiguilles, tassées au fil des ans, qui amortit chacun de ses pas. Ses pieds douloureux et meurtris apprécient ce confort inhabituel : pas de buissons, de cailloux ou d’anfractuosités traîtresses qui viendraient tordre ses chevilles, freiner l’effort de ses mollets courbaturés ; tout son corps, des orteils à la racine des cheveux, ressent un grand soulagement. Même le vent frais d’automne ne parvient pas à gêner son plaisir, arrêté qu’il est par mille troncs centenaires. Il puise vraiment dans cette marche une sensation de découverte et de renouveau. Ainsi il parvient trop rapidement à son goût à la lisière de la forêt. Devant lui s’élève une cime à l’aspect rébarbatif comme un cou de vautour, pourtant il attaque d’un pas enthousiaste les ultimes deux ou trois cent mètres de pente, tanguant parmi les éboulis dans un courant d’air glacial. Une fois dépassée, la crête, il s’accorde une brève pause, pour souffler et absorber une des pommes aigrelettes, ramassées la nuit dernière. Le maudit vent qui l’assiège sans relâche et sans pitié, ne tarde point à le remettre sur ses pieds, et il amorce la descente, en sautillant lourdement sur une diagonale de sud en ouest. Dans des pensées plus optimistes, il imagine déjà la baie d’Ajaccio et un bateau, n’importe lequel, qui le mènerait loin d’ici…

Soudain un vacarme explose dans la montagne, un frelon géant bourdonne dans son dos. Il est cueilli à froid, la stupeur est sans nom ! L’hélicoptère le précipite dans un monde opposé à l’état précédent : le monde de la peur et du danger. Il est pris au dépourvu sur une pente dénudée, impossible d’échapper à la vue des occupants de l‘appareil. Le vent, qui sifflait à ses oreilles, l’a trahi : il n’a rien entendu venir. Une fraction de temps dans l’espace, il a la tentation de s’asseoir et d’attendre l’inéluctable, les yeux embués. L’hélicoptère est là, ses pales tournant, vampire gigantesque au-dessus de sa proie abattue ! Le pilote semble rire, en parlant avec son passager. Zarko croit percevoir les cris de victoire qu’ils lancent sur les ondes :
- Il est là ! Au capo A La Forcella ! Ouest-Sud-Ouest de Renno, à trois kilomètres par la D 70. Fortement armé : P.M. et fusil ! Pas menaçant, semble fatigué. Demande instructions immédiates…
Etc. Etc.

La surprise passée, Zarko se remobilise, il se rue comme un forcené dans la descente. Trébuchant lourdement, s’effondrant plusieurs fois, se tordant les chevilles, il voit, peu éloigné, le salut : une nouvelle forêt, et tend sa volonté vers ce but. L’hélicoptère le suit, le devance, le jette à terre, tournoie, rase le sol. Courbé, à quatre pattes, tant bien que mal, en proie à la panique, à la fureur aussi, Zarko roule plutôt qu’il ne court dans les tourbillons créés par le rotor. Il s’est mué en bête humaine qui fuit l’incendie, seule la mort aurait pu stopper son élan démoniaque. En quelques dizaines de secondes, il plonge sous les arbres, oui ! il plonge comme un marin saute à la mer, son navire en feu. Il entend l’engin vrombir sous son toit végétal. Il faut le perdre définitivement : « marche !…Fonce !…Dégage !…Dépêche ! …Sud-ouest ! … Sud-ouest ! … » En fait il ne sait plus où il va ! Il ne saurait dire combien de minutes atroces, le fracas de la turbine lui pesa sur la tête, mais ce fut seulement lorsqu’il devint rumeur, puis s’estompa tout à fait, qu’il arriva à se maîtriser et raisonner. Désormais Zarko est au pied du mur, ses efforts pour passer inaperçu sont réduits à néant. Sa première tentative de marche diurne se révèle une erreur. « Repéré ! » Ce mot fatal imprime ses lettres de feu dans son cerveau, il le jette dans les transes.

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    Le capitaine Bousillac ne décolère pas, il digère mal les évènements. Le téléphone n’arrête pas de sonner et il en prend pour son grade. Il laisse courir ses doigts sur la carte topographique, il consulte un fichier : « tout ça à cause de ce petit péteux ! Putain ! Si on avez pu le bousiller comme les trois autres, on se ferait moins chier ! Un P.M. maintenant ! Je suis sûr que c’est lui qui m’a démoli le chouf à Vico. L’A.R.C. ? … Tu parles ! Ils en n’ont rien à foutre de nos histoires ! Ils ne leur tarde qu’une chose : qu’on aille s’amuser ailleurs ! Quand je pense qu’on n’a pas encore retrouvé ces deux cons ! … S’il s’enterre dans le Riccio, il va falloir de gros moyens pour le débusquer : pas une seule route à part la côtière et plein d’arbres, le bled complet ! Je me demande comment il a pu arriver là, ce péquenot : une vrai gerboise des taillis ! Quand je vais le coxer, il va la regretter sa Macédoine ! »

La citadelle à Corte est en effervescence, elle résonne du bruit des moteurs et des godillots. Il circule, de haut en bas des bâtiments, une rumeur dans les courants d’air. Les recrues ont la tête en l’air et l’air ébahi, l’encadrement gueule plus fort que d’habitude, avale de l’air et se fait des messes basses :
- Ils ont retrouvé Zarko ! … Ils ont retrouvé Zarko ! … Il paraît qu’il est armé jusqu’aux dents, il court toujours dans la nature… Il se débine comme une tante ! Il est complètement fêlé, ce mec-là ! … On va le buter ! … C’est tout ce qu’il mérite : finir au barbecue ! … Il s’en sortira pas !
Etc. Etc. ! …
De son bureau, Bousillac surplombe la cour et la rumeur, il est chargé de la sécurité militaire. Seulement l’affaire prend des proportions telles que son bureau devient tout petit au télescopage des nouvelles. Déjà quatre sentinelles, à la garde d’un dépôt de munitions, qui se carapatent en pleine nuit avec leurs armes, c’est le désordre ! Ils font de grosses vagues et créent du souci, les autorités et la gendarmerie doivent être prévenues et on aime bien régler ses affaires en famille ici ; mais de plus, lorsque les évènements tournent au western et dans la poursuite infernale, le siège du cocher devient un bac de charbons ardents, et ce malheureux ne contrôle plus rien en se protégeant les fesses ! Il risque fort alors de se retrouver sous l’attelage… Moralité : il faut conclure cette affaire au plus vite avant que la presse s’en mêle, avant que les civils soient touchés, au sens propre comme au sens figuré, et avant que le couac tourne au pénal.

Au poste de la police militaire qui tient la prison, les tôlards sont au trou, bien tranquilles, et les matons qui ne sont plus que deux, tournent en rond auprès du téléphone : il n’y a plus assez de monde ! C’est que d’habitude, les tôlards les plus peinards sont aux corvées des poubelles ou nettoient les chiottes, et, les plus malchanceux marchent en canard pour arroser les plantes, avec une cuillère à la bouche, ou font les mulets, chargés de musettes de cailloux avec des courroies en fil de fer : la pelote n’en finit jamais ! Messeigneurs sont aux ordres des saigneurs ! Aujourd’hui, c’est bizarre ! les tôlards n’ont pas eu leur cellule inondée et leur repas dans un quart tout mélangé, à manger en trois minutes en courant : ils ont plus de temps ! Sur son lit à l’infirmerie, Dumonteil mange par un tube, son visage n’est plus qu’une bouillie et son corps, un hématome. Lui, il n’a vraiment pas eu de chance ; parce qu’il vit encore, et que les deux autres sont morts. Son voisin de lit lui conte les nouvelles et il se les fait répéter. Si ses yeux pouvaient s’ouvrir, ils vous perceraient d’une lueur vive, du bonheur de la revanche. Ainsi va la vie, à l’envers du prestige, une haute voltige ! Dumonteil se rappelle de cette boutade du drôle de Zarko : « personne n’empêche les gens de parler que l’acte volontaire de leur couper la parole en leur coupant la tête ! Signé, un aimable plaisantin surnommé Coupe-En-Train ! » Dumonteil rigole en dedans maintenant.

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    Martelant l’humus et naviguant dans les fougères cette fois-ci, Zarko avance au petit bonheur. Dans ces circonstances, il se préoccupe peu de son point de chute, seule, compte, la distance parcourue. Sa marche aveugle va cependant être de nouveau perturbée : vrombissement ! L’hélicoptère ou un de ses frères vient de nouveau lui souhaiter le bonjour. Quelques instants plus tard, des aboiements, encore lointains, lui apprennent qu’il ne se contente plus de survoler le fugitif. L’affaire se corse notablement : Zarko a des chiens aux trousses et courir plus vite ne fera que durer le plaisir ! Sans un miracle, les clebs lui tomberont sur l’échine et avec eux sans doute, un groupe de « sympathisants ». Il persiste à poursuivre sa folle descente, mais les poursuivants dont il entend les cris parmi le concert de la meute, lui font l’effet de venir à ses devants. De toute façon, combattre n’est pas une solution tant qu’il dispose du choix ; quoique celui-ci commence à se limiter sérieusement. Il préfère et de beaucoup un terrain plus découvert pour faire usage de ses armes. Dans cette forêt, il ne peut tirer qu’à courte distance, et une manœuvre d’encerclement, qu’il aurait du mal à annihiler, aurait tôt fait de le réduire au silence. Lourdement chargé et encombré, il opte pour une course à flanc de montagne. Stoppant l’effort pour évaluer la situation, il comprend fort bien que l’équipe qui le prend en chasse derrière, est secondée par une ou plusieurs autres sur ses côtés. La forêt fourmille d’ennemis, il n’en sortira pas, du moins sans casse ! Prendre de vitesse la smala qui cherche à lui couper la route par tous les moyens, est certes une chose envisageable, mais il faut décupler l’effort, la crainte d’une capture lui donne des ailes. Il connaît par avance le traitement de faveur : plutôt une balle dans la tête ! Heureusement la situation n’exige pas encore de faire face sans espoir et de mourir. L’air bourdonne à ses oreilles, le palpitant bat les cent coups et la gorge lui fait mal : « allez ! Allez ! Arrache ! »…

Rien à faire ! Deux chiens-loups surgissent sur sa gauche, bondissant par-dessus les souches. Ils retroussent les babines en grondant férocement, les deux bêtes colossales se lancent à l’attaque. Zarko est dans le rouge, il n’a plus le choix : genoux à terre, il tire, coup sur coup, deux balles, visant sommairement. Un des deux chiens s’abat en gémissant ; le deuxième, poussant un hurlement lugubre, rompt le contact, s’esquive dans le sous-bois. La forêt redevient silencieuse le temps d’un battement, comme sur le champ de bataille où deux camps s’observent. Il entend râler la bête touchée, puis la galopade, derrière et sur son flanc, reprend. Il repart et, tout en courant, la nécessité de trouver un cours d’eau pour faire perdre la trace aux chiens illumine sa cervelle embrumée. Il change de tactique et descend maintenant en diagonale. La bonne résolution se couronne : n’a-t-il pas fait trois cent mètres qu’il tombe sur un ruisseau qui roule hardiment ses eaux sur les galets. Dès lors, se souciant peu de tremper les pieds et bas de chausses, il dévale le cours d’eau. Dans cette descente homérique, il fait plus de mètres sur l’arrière-train que debout, dérapant sans cesse sur les pierres moussues. Il parvient au confluent du ruisseau sauveur avec un torrent nettement plus important. S’accrochant à la berge, il remonte alors le courant, prend des risques mais progresse rapidement. Il ne revoit pas de chiens et il est probable que ce coup de poker lui assure un répit. Le torrent le mène à une clairière et, tout heureux de revoir le ciel d’un seul tenant, il quitte l’élément liquide pour faire halte à la lisière des bois. Combien de kilomètres parcourus ? Où est-il ? Il se trouve dans l’ignorance. Homme, équipement et armes humides, quelques plaies et bosses de plus, tel s’avère le prix de cette fuite, mais qu’importe ! Il a semé la horde. Dans l’immédiat, seuls, le fusil et les munitions sont l’objet de ses soins. Le pistolet-mitrailleur, attaché en haut du sac, n’a pas trop souffert. Il démonte, met à l’air libre, nettoie et essuie avec un bout d’étoffe encore sec. Du fait que les chutes se sont toujours opérées sur le dos, qu’il tenait à la main le fusil, les brêlages étant disposés sur le ventre, les cartouches ne sont pas trempées. N’attendant pas davantage, il se remet en route en cinq minutes ; car il prend froid et le soleil décline, pas le moment de se geler le sang ! Tout en cheminant, il fait rapidement le point. Il va en direction du couchant. Il retombe sur un cours d’eau. Que diable ! Assez d’eau pour aujourd’hui, il remonte et regrimpe par le nord, puis se résout à traverser dans un endroit peu large. Il se dirige plein ouest et il retraverse un cours d’eau. Il a son content d’eau ! Il débouche sur une prairie et là s’élève, une bâtisse, espèce de cabane en pierres sèches, qu’il observe soigneusement à la jumelle. Il ne décèle aucun signe de vie dans cette masure : une bergerie de toute évidence. Les murs croulants, le toit effondré, lui donnent l’aspect d’une ruine abandonnée depuis longtemps, mais méfiance ! Zarko sait que le danger se trouve souvent où il est le moins apparent, il vient de le vérifier!

Suivant la lisière du bois, il contourne progressivement la maison et rien ne paraît anormal. Pourtant son intuition l’avertit d’un danger : lequel ? Autour de lui, la vie animale va bon train et il envie, disons, cette insouciance supposée. Quelques arbres fruitiers l’attirent, ils sont entourés d’une murette plutôt symbolique. Après une brève hésitation, il s’élance pour compter les richesses de ce verger. C‘est alors qu’il perçoit de nouveau un vrombissement. Il est au beau milieu du pré : « encore lui ! » Il a beau courir de toutes ses forces disponibles, il ne peut manquer de se faire repérer une deuxième fois en très peu de temps. Là encore, nul abri assez proche pour se camoufler et l’engin va très vite. Vu pour vu, il fait le mort, il s’allonge face au sol, en posant loin de lui, son fusil, et tire le P.M. qu’il cache sous son ventre. Il est décidé à détruire cette source d’ennui qui le poursuit avec acharnement. Le bruit de la turbine s’amplifie, l’appareil s’approche à faible vitesse, semble-t-il : « point de doute, à nous deux, sinistre con ! » L’appareil le survole et il se laisse brasser par le courant d’air violent, comme si toute vie l’eût quitté. Très vite l’appareil revient, et il le laisse poursuivre ses évolutions ; jusqu’au moment où il paraît se stabiliser à côté de son corps. Il ne se pose pas comme le voudrait Zarko, mais il doit offrir une belle cible ; du moins peut-il l’espérer au bruit assourdissant dans son dos, car il garde soigneusement son inertie. Il table sur l’existence d’armes de bord. La suite des évènements se déroule à la vitesse de l’éclair. Zarko ramène ses genoux sous lui d’un mouvement brusque et pivote, tire deux courtes rafales d’affilée sur l’appareil à dix mètres. Il entrevoit distinctement l’observateur glisser sur son siège, laissant choir, par l’ouverture de la verrière, sa mitraillette. Avec un remarquable sang froid, le pilote fait bondir l’appareil et s’éloigne à toute vitesse. Debout à sa suite, Zarko expédie une autre rafale sur le moteur, mais l’appareil poursuit sa route sans avarie notable, une seconde après, il est hors de portée utile. Maintenant il faut s’activer, Zarko ramasse l’arme de l’hélicoptère : un autre MAT 49 avec son chargeur plein, il rejoint le verger à toute vitesse. Il cueille quelques pommes et poires, pas trop blettes, et maugrée sur sa chance relative. Le bilan est lourd : par les derniers exploits de Zarko, l’autorité qui supervise la traque, connaît globalement sa position, ses intentions et sa résolution. De plus, ayant tué ou blessé un homme, il est devenu un danger public dont l’errance doit être stoppée coûte que coûte. Il n’aura plus la paix maintenant ! Barrages, contrôles, intensification de la poursuite et de la recherche sont prévisibles ; le tout ciblé sur une seule zone bien délimitée : voilà qui sent l’hallali ; et ; il méconnaît totalement l’île où il se débat, n’a même pas une carte pour s’orienter avec précision. La seule solution qui possède quelque
chance de réussite, est de changer radicalement de direction, tout en rejoignant la mer pour trouver un bateau et de préférence, un rapide. Une ligne de crêtes bouche au nord l’horizon : « hé bien ! je pique droit dessus ! C’est la dernière solution qu’envisageront les chefs du P.C. opérationnel. De toute façon, avant ce soir, ils auront établi un inventaire de mes possibilités, et, un périmètre de recherche sera tracé. À mon avis, ils vont mettre le paquet à l’ouest et au sud : Ajaccio et les petits ports autour, c’est râpé ! » Zarko sait qu’il va devoir opérer un grand trek cette nuit et franchir la montagne…

Aux premières lueurs de l’aube, Zarko sort enfin. Il aborde un champ de vision libre. Il est de nouveau à l’orée d’une forêt bien dense. Il a marché toute la nuit, souvent courbé en deux, dans les sous-bois touffus et les fourrés d’épineux. Il a mené sa carcasse par monts et par vaux, évité toutes les routes et les sentiers ou les traversant au pas de course. En outre, il est passé près d’un village qui s’appelait Ota. Une fatigue de plomb l’anéantit et il bâille à s’en décrocher les mâchoires. Il se traîne à bout de forces vers une masse sombre. C’est une construction, encore une bergerie précisément. Il ne réfléchit plus qu’avec effort. Il décide, séance tenante, de s’y loger malgré la présence d’une voie carrossable. Il recouvre une paillasse de son poncho, remet son parka avec la doublure et enfouit ses pieds déchaussés et brûlants dans le sac. Il est plongé dans un sommeil de mort trente secondes après. Les limites de son endurance physique sont dépassées, il n’est plus qu’un corps vidé de sa substance et plus vulnérable qu’un poussin au sortir de l’œuf. Les chasseurs lui laisseront-ils le temps de recharger les accus ? Le temps ! Avez-vous déjà cassé une perche qui vous filait sous les dents ?



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