Du 03 mars 1999 POÈME SANS SUITE ET SANS FIN J’irai, las de toutes mes déroutes Vivre sur des îles en dents de scie Microscopiques néréis sur le vide infini Victoire de l’autre monde, d’un Autrement . L’orage gonfle le flot des soucis Tourbillons noirs sans espoir Qu’est l’honneur, qu’est la haine Sur cette rive sans quais et sans gloire ? Victoire de l’autre Monde, d’un Autrement Réglisses et caresses et népenthès Embrouillent les réticules du hasard Arraché divin aux tombes des lois . Et le moi cille aux trompes des arums Aux sens apicoles qui s’engouffrent Le jeu langoureux des lumières Dans l’atrium, lime eidétique . Rondeurs athermanes et trémulantes Victoire de l’autre Monde, d’un Autrement Il rêve aux alambics et déshabille Sur la vitrine des nymphées, une ballerine . Huir, étarquer, houri au gnomon Attacher le temps, rêver au-dedans Et saliver dans la soierie, lamaneur Victoire de l’Autre Monde, d’un Autrement . Du 3 mars 1999 POÈME SANS SUITE ET SANS FIN (2) L’outrance pend au palémon hyalin À reposer l’aiguail dans les prairies Translucides gouttes sur les chardons Victoire de l’autre Monde, d’un Autrement . Transi, j’irai étrangler mes peurs Et quand l’aube viendra, sans lisières Je serai sang des corps fous Victoire de l’autre Monde, d’un Autrement . Quand de la colère, martèlent les furies Monte l’énergumène de la moelle épique Et puis d’un coup, l’inertie, l’apagogie Un trou noir où tout se recompose . Obombré dans les dessous glauques Au calice de la lie, le dard empoisonné Il refait surface, libère le Léviathan Victoire de l’autre Monde, d’un Autrement . Les nuaisons, les goémons, les goéties Les piétinements et les myriades Sont l’estran qui poudroie sous mes sandales Je zèbre d’un trait les mouches et les soties . Dans l’estarie, leur poitrine sortira des salles Et leur cœur bondira dans les scolies Tel un crabe marchandent les ripailles Victoire de l’autre Monde, d’un Autrement . Du 3 mars 1999 POÈME SANS SUITE ET SANS FIN (3) Au crêpe doux de la vierge folie Si marrie qu’il n’en fut de plus jolie Pointe le museau des sarabandes Qui se mordent la queue sur leurs cendres . Un maravédis pour dix flambeaux Tel est le poète et le maharadjah Victoire de l’autre Monde, d’un Autrement La cour est libre et le verbe infini . Dans les pavillons et les hélix Sourd la source, un bruit d’usine Les guipures et les fresques du concept Le concert et la mort du simplement . L’appel à la vie et l’overdose aussi Victoire de l’autre Monde, d’un Autrement Voir Pomone promener ses fleurs Sur la corbeille volée à ses jardins . Alors tout là-haut est venu le soleil Des termes et sans terne des accordéons Des résistances et des néons sans aveuglement Régulières et chaudes, des lueurs et des nuaisons . L’horizon affermé, vampire bleu-vert Déploie ses ailes, voûte céleste Balayée des grands vents maritimes Evoque les idées, décidées ainsi près . Du 8 septembre 1999 POÈME SANS SUITE ET SANS FIN (4) Victoire de l’autre Monde, d’un Autrement Aux portes des tigres, les cas typiques La masse d’arme écrase les messes basses Dans les décombres pour l’ordinaire . À l’avant d’une trirème est l’enfant de cœur Battent les tambours et la peur des vautours La paix aux raisons, le pourtour qui brûle Va-t-en-guerre toujours, l’indien est de retour . Victoire de l’autre Monde, d’un Autrement Le mohican est de retour, madame cent-gènes Au derrière, les mânes, camp cyclique Pardonne la misère et porte la très fière . La carcasse des mots pend aux babines Scarifie les planches des théâtres en vain N’y sacrifient que les pantins sacralisés Joujoux des loups, des ordres et des lois . Aux boutefeux sans feu, il sied Enduire les carreaux et formaliser Tirer les sonnettes et faire la modernité Le jet qui fume de la médiocrité . Du 8 septembre 1999 POÈME SANS SUITE ET SANS FIN (5) Aux salles, des forçats iront Victoire de l’autre Monde, d’un Autrement Rouleront des clefs au puit de la honte Musique infernale des âmes libérées . Et les effets et les termes du combat Ne feront plus date même au commerce À ces mondes qui tuent, des mondes impurs Qui s’en vont nu-pieds, se draper au déni . Chantiers terre à terre et tumultes Qui rudoyez l’âme de la terre Il vous suffit, découvrez la lumière Qui traverse l’aune des matières . Victoire de l’autre Monde, d’un Autrement Cet étirement des fourniments Au jour lancinant, verre d’une coupe Je suis pour l’envie, le sirop de la vie … © Jean-Jacques REY, 1999 |