UN RÊVEUR N'EST PAS INUTILE … par Myrabelle, le 20 novembre 2009 Un rêveur n’est pas inutile… Il voit et ressent des choses non visibles mais essentielles, et délivre ensuite son message à ceux qui sont capables de l’entendre Un rêveur n’est pas inutile : il observe s’intéresse profondément à ce qu’il vit et à ce qui l’entoure, et même s'il ne fait pas de grandes phrases pour se faire trop voir par les autres, on le voit… Ses ressentis sont profonds. Un village était perché dans la campagne presque en montagne. Ses habitants étaient peu nombreux, ils avaient très peur de tout ce qui venait de l’extérieur… : des « étrangers » et des « loups »… et les considéraient comme, avant tout, dangereux. Une femme du village en avait marre de survivre ainsi dans la peur, elle partit du village et alla s’installer non loin de là, mais un peu à l’écart, en dehors, avec un peu de distance entre le village et elle. Les villageois continuaient à « psychoter », à s’inquiéter mais sans, c’est là le plus curieux, de réelle raison pour cela, croyant ainsi se rassurer… Alors qu'au contraire, c’est ça qui les conduisait à être malades, non seulement des nerfs, mais aussi dans d’autres organes de leur corps ; car ils savaient intimement être inquiets pour une raison non valable, ils n’osaient en parler à d’autres personnes du village et encore moins, bien sûr, à des personnes extérieures au village… : puisqu’ils se disaient en avoir peur ! La femme du village qui en était partie, était plus sereine et plus libre qu’eux. Elle avait choisi librement : sans contrainte, de par sa volonté personnelle, de ne pas rester, et d’aller à l’endroit où elle résidait (pour le moment) et d’où elle pouvait donc avoir un regard plus léger, posé sur les choses, sur les gens, sur les situations vécues, moins dans violence, plus dans l’apaisement. Un jour où elle venait faire ses courses au marché du village des personnes stressées sans raison, elle fut prise à parti par une, puis par des, personnes du village : Elle sentait de l’animosité et de la nervosité dans la voix des personnes qui lui disaient : « Vous, Madame, qui n’agissez que rarement : on ne vous voit pas souvent vous activer, on a l’impression que vous ne faites rien, que vous n’êtes qu’une bonne à rien… et que de plus vous habitez en dehors du village… Vous venez faire vos courses dans ce village que vous avez quitté ? Vous nous avez abandonnés… Pourquoi ? Sous-entendu : Qu’est-ce que vous y avez trouvé, de partir… ? » « Oui, Messieurs, Dames, je n’agis pas souvent, beaucoup moins souvent que vous en tout cas, car je ne le fais qu’après avoir réfléchi, pour savoir si ce que je vais faire est un juste milieu entre : « ce que je veux faire » et « ce que je dois faire », un savant mélange, un bon dosage, des deux. Vous, je vous vois vous agiter dans tous les sens… Vous êtes-vous interrogés auparavant, et si oui : quand vous agissiez, de la raison pour laquelle vous le faisiez et de ce qui vous poussait à ne pas vous poser, à vous interdire de vous reposer ? Moi, pour ma part, je l’ai fait… : Il y a de nombreuses années…j’étais comme vous : j’agissais sur ordre, les autres me dictaient ma conduite, je n’étais pas maîtresse de mon destin, je m’agitais dans tous les sens… je courais tout le temps, j’étais stressée, mon corps était figé, je n’étais pas heureuse dans cette situation, mais je ne me posais pas de questions sous peine d’arriver à me dire que pendant tout ce temps j’aurais pu agir autrement, prendre du recul, et être plus sereine, et que je ne le faisais pas car je ne voulais pas, par orgueil déplacé, placé mal : me dire que j’agissais mal… Je pensais à tort que je ne pouvais pas m’adresser de réprimandes à moi-même…que ces réprimandes ne pouvaient venir que d’une autre personne, voire de plusieurs autres personnes, mais surtout pas de moi !!!!… Et un jour, voyant que j’étais tellement fatiguée de tant et tant d’efforts, et que mes efforts n’étaient jamais récompensés par une reconnaissance des autres, de ceux sous la direction de qui j’effectuais mon travail, je me suis couchée… Tant pis, pendant un temps je n’ai pas été payée… Je vivais sur mes réserves, mais pendant ce temps : je reprenais des forces… Je remontais dans mon estime, je ne faisais que le strict nécessaire, et je souriais… je me souriais en dedans de moi, et les autres le voyaient sur mon visage… Alors acceptant d’avoir réalisé tous mes changements…j’ai pensé…je ne dois plus jamais me surmener, me laisser entraîner par ce qui se passe autour de moi et/ou par les autres, même si c’est pour avoir de l’argent pour vivre : ma vie est à moi, et j’ai mon mot à dire sur la façon dont je la vis, je vais choisir mon activité fétiche et en faire ma profession… Je me suis faite à moi cette promesse…et je la tiendrai…dit-elle. Et elle continua : Oui, Messieurs Dames, j’ai quitté le village, j’ai préféré partir, sortir de la situation dans laquelle nous étions tous, situation qui était irrespirable, très dangereuse, glissante, étouffante même, dans la mesure où chacun ne voulait pas dire ce qui le mettait en colère et le chagrinait, et gardait en soi toute cette rancune… Ce qui faisait que chacun restait seul, triste, et sans savoir pourquoi…. ! Et je vous voyais dépérir : être de plus en plus tristes, de plus en plus seuls, de plus en plus…fff… et je me disais en moi-même : « je ne veux pas finir comme cela ! Je ne veux pas nier que je vis au milieu des autres ! Je ne veux pas nier que j’aime être avec eux ! Je ne veux pas me mentir à moi-même sur ce que je ressens ! etc. » Je me suis donc dite : je dois partir ! Certes ils vont croire que je les abandonne et ils m’en voudront sans doute…mais tant pis ! Je sais en moi, la rêveuse, que je ne les abandonne pas ; car d’un tout petit peu plus loin, je vais continuer de penser à eux, de rêver d’eux, de les soutenir dans ce qu’ils font…et que je vais essayer, s'ils le souhaitent, de les aider à trouver une solution pour sortir de l’impasse où ils sont ! Et j’ai réfléchi, réfléchi longtemps, et pendant ce temps de gestation de mon idée, je ne venais pas dans notre village, j’allais faire mes courses ailleurs, plus loin certes, pour ne pas vous rencontrer, car de notre rencontre, il ne serait à ce moment-là pas encore arrivé quelque chose de positif pour moi et pour vous, pour vous et pour moi… « Ah oui ? », dirent-ils, « Et, en quoi votre visite maintenant pourrait-elle être bénéfique pour nous ? Vous qui ne nous avez plus adressé la parole depuis des semaines ! » Elle rétorqua : - Vous convenez que vous tous vous trouvez dans une situation difficile, non ? - Oui, répondirent-ils tous en chœur en soupirant. - Vous convenez aussi que pour le moment, aucun de vous n’a essayé de sortir de cette situation, je vois toujours vos visages fermés, autant, que quand je vous ai laissés dans le passé… Vos corps, eux aussi, sont encore complètement coincés : vos gestes sont étroits, et très brusques, brutaux même : vous n’osez pas bouger trop, de peur de dire des choses plus libres, vos visages sont durs, vous retenez en vous vos émotions, ne voulant pas les laisser être, c’est-à-dire transparaître : être montrées… L’air en vous est rare, car vous l’empêchez de circuler pleinement dans votre corps et de vous nourrir de son expérience. On pourrait presque dire que vous êtes des statues de guerriers, de soldats, partis combattre mais à qui on n’a pas dit contre quoi ils se battent et qui se sentent donc perdus, car dans une inconnue qui les dérange intimement et qui les angoisse, leur faisant se poser des questions enfermantes, perturbantes… - Oui, répondirent-ils timidement chacun, c’est vrai, vous avez raison… - En me disant tout cela dans mon esprit, je me disais qu’il faudrait que quelqu’un d’extérieur vous dise ce qui se passait… Mais comme vous refusiez que quelqu’un de vraiment différent de vos vies vous parle…je me suis dite qu’en ne faisant plus partie momentanément du village, j’étais la candidate idéale pour vous parler, et pour vous dire ce qu’il en est, puisque je vous connais, que j’ai compris ce qui vous arrivait… Mais peut-être ne voulez-vous pas le savoir ? Je ne vous forcerai pas… j’attendrai que vous ayez fait du chemin, que vous soyez prêts à entendre ce que j’ai à vous dire, je ne vous parlerai que si vous le souhaitez, et si vous le souhaitez… : quand vous le souhaiterez. « Bien », dirent-ils… « nous allons réfléchir… nous allons ensuite nous concerter, voir si nous pensons avoir besoin de vos conseils »… La dame sourit… car elle savait que même si les personnes de ce village, de son village aussi, ne la contactaient pas plus tard, ce n’était pas très grave…… : ses mots dits, parlés, les avaient touchés immédiatement, et ils avaient déjà réagi en disant qu’ils allaient réfléchir et se concerter tous ensemble… c’était les prémices de ce qu’elle attendait d’eux : qu’ils aient fait du chemin dans leur situation, qu’ils soient prêts, chacun individuellement, à entendre ce qu’elle avait à leur dire… Même si c’était déjà juste un peu… c’était un démarrage de ne pas rester dans l’enlisement, de modifier ce qui se passait… et ça, c’était un pas, le premier, c’était bien !!!! Ils réfléchirent en effet, et sans vraiment s’en rendre compte, commencèrent un tout petit peu, du fait de cette pensée, à être un tout petit peu moins stressés : moins bloqués en eux-mêmes ! Un mois plus tard…ils l’invitèrent à venir les voir afin de faire le point ensemble : ils souriaient… et elle sentit que ce sourire, leur sourire était sincère et beau, ils lui expliquèrent qu’ils avaient réussi à passer par des étapes difficiles et nécessaires : arriver à se dire : qu’ils n’avaient pas envie de se dire qu’ils se mentaient à eux-mêmes, qu’ils se leurraient, que l’idée qu’ils défendaient intérieurement était trop forte en puissance par rapport à sa vraie nature, car ils la jugeaient très grave alors qu’elle ne l’était pas tant, loin s’en faut… Ils avaient réussi ainsi à se gronder eux-mêmes et à se dire qu’ils essaieraient de ne plus réitérer pareille attitude…à prendre aussi du temps pour eux-mêmes en ne s’agitant plus autant que par le passé, en profitant du temps…et que en étant plus détendus, ils avaient de meilleures relations avec ceux qu’ils nommaient avant « les étrangers » ; car tous avaient moins peur de se côtoyer… Elle les félicita d’avoir fait preuve de plus de sagesse qu’auparavant et, sereine, revint s’installer dans le village… Depuis, dans leur village, ils prennent le temps de se voir, de parler les uns les autres, de moins dire du mal sur les autres, et ils se montrent leurs sentiments, parlent de leurs difficultés et évoquent aussi leurs joies, ils partagent…ils avancent ensemble ! Et vous, quelles sont vos relations avec les autres ? Etes-vous un rêveur, un actif, un peu les deux ? Belle vie à tous ! © Murielle alias MYRABELLE http://www.tousenlive.com/myrabelle http://myrabellepoesie.blogspot.fr/ http://myrabelle.poevie.free.fr/ |