Reçu en juillet 2015 JOVI Jovi est seule mais pas solitaire Á son réveil elle a l’aube souriante Le chant des oiseaux et l’odeur de la saison La fraîcheur du petit matin Le refrain lointain des pagayeurs Venant du lac qui engloutit les siens C’est dans ces eaux que Jovi nageait Avec ses sœurs, ses frères et ses amis Et quand son père était à la pêche Jovi et sa mère descendaient à la rive Avec un panier d’un déjeuner chaud Pour le patriarche et ses fils « Pourquoi ai-je été épargnée », se dit-elle Au fond d’elle-même la réponse repose : Les offenseurs avaient pour elle des pensées sordides Guidés par le désir impur de prolonger sa misère L’enfer imposé l’enveloppe toujours Il lui reste peu de temps à vivre Rongée et meurtrie du virus hérité Á la tombée du jour Jovi pousse un soupir “Un de moins de ma vie mais combien encore ?’’ Elle se ressaisit et ferme ses paupières Et récite fidèlement et à haute voix sa prière Comme pour remplir le grand vide qui l’entoure “Je m’en vais au lit bercer mes maux Je les envelopperai dans mes rêves Que je placerai sous mon oreiller La nuit les portera jusqu’au matin Je me lèverai en même temps que le soleil Qui réchauffera et calmera mes maux Il me sourira en guise de bonjour Et fera resplendir ma journée entière’’ “Étais-je courageuse ou plutôt lâche Á travers les feuilles du buisson refuge Rien n’échappa à mon oreille et à mon œil Toute forme de crime jusqu’à la noyade… C’est ainsi que morte-vivante, je partageais La dernière agonie de ma famille’’ Jovi n’est pas la seule qui subit le même sort Ni la seule à vivre d’horribles souvenirs Il y a des millions de Jovi dans le monde Á l’âme meurtrie, à l’avenir incertain Jovi n’entend plus la voix affectueuse Mais sans cesse les fracas de la guerre La peur règne au cœur de l’innocente C’est notre sœur, traitons-la comme telle Tendons-lui la main qu’elle avance avec nous Jovi est l’enfant de la famille globale Qu’est l’Humanité en son plein sens Faisons-lui sentir qu’elle n’est pas oubliée Faisons-lui savoir avant qu’elle ne s’éteigne . © Romana |