Reçu en juillet 2015 DE VICTOIRE A VICTIMES
Le
poème, décrit et raconte l’exode d’une race à la poursuite de bonne
pâture pour le bétail. Elle arrive dans un pays bien vert où tout lui
est favorable et s'y installe. Elle est accueillie
par une race « indigène » Il s’en suit une fraternité nationale
soutenue d’échange de services, cela pendant 5 à 6 siècles. Vous savez, le rosier a toujours plus d’épines qu’il a des roses mais toutes les deux, malgré leurs différences si prononcées, cohabitent harmonieusement. L’homme, lui, est intolérant. Que s’est-il passé dans la tête de X pour éliminer son bon voisin Z de très nombreuses années, sa femme qui appartenait à l’autre race, ses enfants dont le même sang coulait dans les veines, simplement parce que le père ou la mère était de l’autre race et d'origine étrangère, et les bébés (cette innocence même…) les très vieux qui avaient déjà un pied dans la tombe. Même si les origines des populations concernées sont vraies, cela ne donne pas l’absolution aux criminels, de quelque bord qu’il soit… Objectivement, je considère ce conflit du même ordre que tous les massacres organisés de par le monde aujourd’hui, même hier d’ailleurs… Je pense au Kosovo, à l'Irak, à nos voisins du Timor oriental (Timor-Leste), aux atrocités d’Auschwitz, du Cambodge, etc…etc… C’est au-delà de l’entendement humain ; mais à la fois et ironiquement, c’est l’acte de l’être humain ! Á y penser, ça me gratte les cicatrices, toujours fraîches même après, bientôt, 13 ans. - De victoire = oui...la terre de rêve retrouvée par les pasteurs ; - à victimes = leur vie brutalement supprimée Ce poème est dédié aux victimes du génocide au Rwanda , 1994. De victoire à victimes…et qui étaient–ils… ? Ils étaient nomades et très peu en nombre Á la recherche d’un futur à l’époque sombre Ils fuyaient les terres arides de leurs ancêtres Pour découvrir un monde meilleur où se soumettre Ils étaient très grands, certains des géants De cette belle taille qui nargue le néant Sveltes, beaux, d’une élégance enviable D’une allure sans élan mais bien agréable Ils étaient élancés et d’apparence austère Mais doux et gentils et guère sévères D’Abyssinie, de Somalie et du Sud Soudan Sans contact, sans carte et sans cadran Se fiant avec espoir aux lointains horizons Ils côtoyèrent pendant de nombreuses saisons Exploitant ses alentours immensément fertiles Le plus long de nos fleuves que l’on nomme le Nil Ils étaient libres comme le vent sur leur front Tout bronzés de sable que barrait leur tronc Ils trottaient derrière et au rythme de leur bétail, Perdant l’un, perdant l’autre de tout âge et taille Les bêtes ainsi que les chers membres du clan Pour qui le cimetière était leur dernier camp En revanche, ils voyaient naître à tour de rôle Bien avant même que le deuil s’envole Bébés, poussins, veaux et agneaux, Pour remplacer ceux dont le sort avait fait cadeau Aux montagnes instables : ces dunes du Sahara Superbes en apparence mais de caractère ingrat. Mal vêtus, mal chaussés et surtout mal abrités Le désert ne leur offrait que ce qu’il est pour gîter Sous la chaleur accablante de ce vaste Sahara Les nomades tenaient à voir par-delà Bon gré mal gré, ils devaient se remuer...! L’aventure entamée devait continuer Certes, leurs repas n’étaient pas à la carte Mais assez pour pouvoir tendre l’arc Arme de défense et symbole du pouvoir Qui servait aussi d’outil d'abattoir Ils vivaient de la chasse où c’était possible Et de la cueillette dans les oasis libres Le lait maigre du bétail trayable Après les jeunes veaux insatiables Ils se le partageaient en dose minime Restant toujours de la soif, victimes Tout était partagé, travail et possessions Misère et bonheur qui pavaient leur mission Tout se décidait en commun sans discrimination Unissant intimement ce peuple en toute action Pays des Grands Lacs ou Pays des Mille Collines Surnommé également « La Suisse Africaine » Le destin les avait acheminés vers ce Paradis Où vallées et montagnes et ruisseaux hardis Les avaient accueillis comme l’on fait un roi Et les avaient invités à y édifier leur toit Ses cours d’eau multiples et les pluies en abondance Donnaient aux pâtures une nouvelle apparence Les « tondeuses » labourèrent librement Et s’abreuvèrent de ces eaux amplement La nouvelle terre joua un rôle majeur D ‘honorer les espoirs de nos pasteurs Le nouveau beau pays était déjà peuplé D’une race indigène ou premiers émigrés ?... Un pacte fit des deux, de bons voisins et bons amis Qui pendant des siècles vécurent en harmonie… Vint alors l’inévitable fléau Le désir infâme fruit de jalousie : Éliminer l’autrui pour s’emparer de ses biens… L’Humanité déclara la guerre contre elle-même Vice à l’avant, vertu en dernier La fraternité nationale d’hier N’était plus qu’une formule creuse La conscience avait traversé les frontières Le goût du mal avait repris sa place Les amitiés connues s’éteignirent à l’instant L’animosité inexplicable et dédaigneuse De tuer, mutiler, violer et détruire Salit le beau pays qui me vit naître Barbarie déchaînée, calamités, suivirent La mort étala ses griffes fort aiguisées N’épargnant personne du jeune au vieil âge Des nomades d’hier et hamites de race. Génocide génocide… un écho qui résonne Génocide génocide… sans cesse j’en frisonne Génocide génocide… honni soit qui en fut le guide Génocide génocide… ma tête ne s’en vide…… Génocide génocide, le mot même est sordide…… © Romana, 2007 |