la Muse inspirant un poète prolifique... Œuvre de Catherine-Marie ALEXANDRE. |
Alice dans son grenier, se plongeant au Pays des Merveilles... Œuvre d' Adélaïde CLAXTON. |
Reçu le jeudi 22 septembre 2011 PHILOSOPHIE–ARTS ET SPIRITUALITE ! (Seconde partie) par Guy CREQUIE auteur et artiste français http://guycrequie.blogspot.com/ L’art, est cette projection d’une personne sur sa feuille d’écriture lorsqu’elle façonne ses mots, sur sa partition qu’elle crée, sur la toile nue qu’elle illumine de son génie et de la projection de formes de couleurs. La philosophie, reconnaît, la part de la richesse objective et subjective qui réside dans une œuvre. Par la création, l’être livre l’essence de son humanité. Le philosophe, essaie de rendre compte de l’itinéraire de la pensée de l’artiste dans son contexte historique. L’artiste, le créateur poétique, musical ou autre, livre par l’œuvre, le reflet plus ou moins déformé de sa perception du monde. Lorsque l’on parle de création artistique, la notion d’énergie livrée n’est jamais prise en considération. Rien ne se forme, sans qu’il y ait : d’un côté, une énergie ; de l’autre, une résistance pour que cette énergie s’incarne dans une forme, produise un son, une écriture, un message. Autre exemple : la musique permet d’accéder à la zone alpha, cet espace que l’on traverse au moment de s’endormir ou de se réveiller. Les artistes savent le trouver ! La zone de l’inspiration est une zone, où, les matériaux entre le subconscient et le conscient s’échangent. La musique, nourrie d’une multitude de sons, peut exprimer l’universel, l’illimité. La musique, a ce pouvoir de créer des émotions. L’art, est aussi l’expression du sacré qui existe en nous. En effet, que l’on s’engage dans une confession ou non, même adepte de l’humanisme laïc, le sentiment religieux fait partie de la constitution même du sujet. Les pulsions d’espérance, de vie, de mort, d’angoisse et d’ivresse, le traduisent ! Lire à ce sujet les ouvrages passionnants d’Ernst BLOCH : l’athéisme dans le christianisme, et le principe espérance ! Les peintres, parlent d’interrogation sur l’espace, sur la vie. La philosophie peut interroger l’art, le situer, tenter de le mettre en relation avec les sujets pensants de son temps, mais elle ne peut l’atteindre complètement. Rappelons cette pensée profonde de KIERKEGAARD : « Il y a le savoir objectif, mais cependant l’irréductibilité du fait existentiel ! » L’art s’il est authentique, va au-delà des mots, il traduit un dépassement ! La femme et l’homme, n’ont pas trop de toutes leurs facettes : rationnelles, scientifiques, philosophiques…mais aussi artistiques, poétiques, mystiques...s’ils veulent continuer à plonger leurs sondes (selon l’expression de BAUDELAIRE) dans les profondeurs du réel. MARX, lui-même, prenait en considération l’appropriation esthétique, pratico/spirituelle, qui est celle du créateur. On méconnaît trop souvent, à quel point, l’art est une activité créatrice de haute spiritualité. La finalité de l’art, ne réside pas dans l’exercice du talent, où dans les recettes à succès ! Aucun artiste ne crée, sans faire passer le monde extérieur par le filtre de son esprit ou de son propre monde intérieur. Il y a quelque temps dans un article, comme je valorisais l’humanisme chrétien, intégral, de MARITAIN et le personnalisme de MOUNIER, et BLONDEL, je me suis fait traiter de catho borné. Il y en a assez de ce terrorisme intellectuel de personnes, dont certaines, parfois, ajoutent leur mention humaniste, de culture de la paix ou autre. Tout ce qui peut faire avancer la connaissance indépendamment de sa culture, son continent, doit être mentionné. Ce jour, je vais citer un bouddhiste que je mentionne parfois car il est prix de la paix des Nations Unies et Docteur honoris Causa et Professeur honoraire de plus de 250 universités et Académies de par le monde = c’est donc un gage de sérieux. Alors, comme c’est un Japonais, et que je me suis rendu à deux reprises au Japon, certains m’accuseront comme Octavio PAZ, d’être un admirateur du bouddhisme = cette religion particulière sans Dieu ! C’est vrai, je m’y intéresse ; mais cela n’altère aucunement ma rigueur intellectuelle et mon emprunt à tout ce qui est pédagogiquement utile et scientifiquement fondé. A propos, je cite aussi fréquemment LEVINAS, que le grand philosophe Jean LACROIX, m’a présenté en 1980. Suis-je juif pour autant ? J’ai été également compagnon de route durant 19 ans du communisme, dont j’ai rejeté certains aspects depuis 1987, et présentement, je ne suis adhérent d’aucun parti politique. Cependant chez MARX, il y a des vérités incontestables ! Je vais donc citer Monsieur IKEDA (extrait), ceci, car son propos me semble d’une clarté irréfutable, car j’ai pour principe, de ne pas parler si d’autres disent mieux que moi, et ce discours a été prononcé au sein de l’Institution culturelle française la plus prestigieuse : je veux nommer l’Académie des beaux-arts de l’Institut de France, discours : "la vie créatrice" prononcé à Paris le 14 juin 1989. « Pourquoi l’art, joue t-il un rôle aussi prépondérant dans le discours de l’homme depuis toujours ? La raison majeure, me semble résider dans son pouvoir de synthèse, dans la capacité de l’art de rassembler des éléments épars et à les unifier. GOETHE fait dire à FAUST dans un monologue : » Comme tout se meut dans l’univers ! Comme tout l’un dans l’autre, agit et vit de la même existence. » Si cette phrase est valable à un niveau essentiel pour tous les hommes, l’art digne de ce nom consiste à rechercher cette réalité essentielle qui crée le lien entre les hommes, entre les hommes et la nature, entre l’homme et l’univers. L’émotion qui naît devant une œuvre d’art, qu’il s’agisse de poésie, de peinture ou de musique, est peut-être ce sentiment tangible incontestable d’un élargissement de soi. C’est une sensation de plénitude portée par un rythme intérieur, une sorte d’envolée vers l’infini vécue comme un partage, un échange dont la source se trouve dans notre monde intérieur…. A un autre endroit de son discours, je cite encore…. « Depuis les temps les plus reculés, l’art apparaît comme une manifestation naturelle incompressible de la spiritualité humaine. Sous ses formes multiples, il a toujours symbolisé une réalité. Toute forme d’art est personnelle, limitée dans l’espace, cependant l’âme de l’artiste tend à rejoindre, à trouver cette réalité essentielle que l’on peut appeler "la vie universelle". Il s’agit de la substance de la vie elle-même, saisie dans son parcours par une union profonde entre soi (c'est-à-dire le microcosme) et l’univers (c'est-à-dire le macrocosme.)…… » Ainsi, l’art a un intérêt pour le philosophe, car il allie la question du sens, de la totalité, avec une dimension à l’universalité qui oblige à s’interroger sur les questions ultimes de l’existence, du passé, du présent, du futur. Comment sont reliés les esprits, les corps et les cœurs. Toutes les dimensions de la vie humaine où comme les définit, KIERKEGAARD : les dimensions religieuses, éthiques, esthétiques, sont contenues dans le développement dynamique de la vie créatrice. Le passage de l’homme isolé à l’interhumain (expression de LEVINAS) engendre l’ouverture de notre motivation SOFT, ce pouvoir intérieur provoqué par ce jaillissement de l’énergie vitale. LEVINAS perçoit, dans la pratique de l’oblitération chez l’artiste, cette vérité dernière de l’art, qui accepte la finitude humaine par-delà l’illusion esthétisante, et, accède à « un des modes privilégiés pour l’homme de faire irruption dans la suffisante prétentieuse de l’être qui se veut accomplissement et en bousculer les lourdes épaisseurs et les impassibles cruautés » . (Propos extraits de son essai "De l’oblitération" ; Editions de la Différence, 1990. L’art exprime par son expression spécifique comment la femme et l’homme, réfléchissent leurs conditions d’existence par leur pouvoir de création. En créant, la personne humaine est capable d’initiatives, en relation avec d’autres apports de l’évolution de notre monde par sa projection unique et singulière qui révèle à son auteur, un au-delà de lui-même par l’œuvre créée. Il existe une réflexion philosophique appelée « herméneutique » sur les symboles religieux, les mythes, et en général sur toute forme d’expression humaine basée sur l’émotion : celui d’une œuvre d’art par exemple. Elle requiert une interprétation et une compréhension qui n’atteint jamais totalement son sujet, mais qui tente de se relier à lui. Des philosophes comme SARTRE, JASPERS, RICOEUR, voient dans l’existence humaine, un signe dont le philosophe doit chercher le sens. Le philosophe peut dire, que l’image joue un rôle important dans la vie psychique. Elle a une fonction symbolique, qui fait apparaître l’objet par compréhension symbolique. Il y a 3 types de conscience : la perception qui apprend l’objet ou le sujet, la pensée qui ne l’apprend pas, l’image qui tient plus de la pensée que de la perception. Il en résulte l’imaginaire, avec la mise à distance du réel et son corollaire : la liberté ! L’art, d’un certain point de vue, est pour l’analyse du philosophe, une voie royale vers une compréhension réciproque, quasi immédiate de cœur à cœur, au-delà des confessions, cultures, ethnies, philosophies. Tout individu concret, se trouve relié à un ou des autres, par l’émotion provoquée par l’œuvre : tel vers, sons musicaux, des couleurs ou autres harmoniques de formes picturales ou sculpturales. Auguste RODIN a dit : » Pour les artistes, l’important est d’être ému, d’aimer, d’espérer, de vibrer et de vivre ! L’important est d’être humain, avant d’être artiste … » Ainsi, la culture est la recherche de sa propre humanité ! J’exprime également le constat, que si l’on peut définir et analyser l’imaginaire (et la démarche philosophique se limite aux énoncés rationnels issus de l’abstraction), si la réalité d’un mode de pensée non rationnel ne peut-être niée par les individus, la différence subsiste entre le fait de penser selon un mode imaginaire et la constitution d’une science de l’imaginaire. Dire qu’il y a un imaginaire qui fonctionne, signifie simplement, que la façon dont les personnes se rapportent au monde, à la société, ainsi qu’eux-mêmes, aux uns et aux autres, ne s’épuise pas uniquement par le mode rationnel. Le mouvement, par lequel les femmes et les hommes cherchent à comprendre, transformer, comme aussi comprendre, à se transformer, excède toujours le monde objectif et laisse ouvert le dynamisme de la recherche, comme le dynamisme de l’action. Précisions : De PLATON à KANT, tous les philosophes, ont cherché à fonder l’objectivité de l’art et de la beauté. Le beau disait KANT, est ce qui plaît universellement, bien qu’on ne puisse le justifier intellectuellement. Il était alors pensé, qu’il existait une beauté en soi, un idéal universel duquel les œuvres d’art doivent se rapprocher. Selon une conception plus récente, l’art, est éminemment réaliste ! Sa fonction n’est pas d’exprimer la beauté, mais de bien exprimer le réel approprié par l’artiste. Aujourd’hui, la notion d’authenticité se substitue à celle de beauté. Une œuvre, possède de manière unique une réalité indépendante de nous. L’œuvre d’art, possède une réalité objective indépendante de la sensibilité de chacun. A propos de l’esthétique : Elle peut se regrouper sur 2 rubriques : celle de la création, et celle de la perception esthétique. Pour KANT, c’est une théorie de la perception : c'est-à-dire, du jugement du goût ou du sentiment de plaisir. L’analyse du sentiment esthétique peut-être une méthode parmi d’autres pour affiner notre connaissance de l’humain. Il pourrait s’écrire un essai de 700 pages en ces domaines complexes et passionnants, cependant, je stoppe mes dires pour aujourd’hui. © Guy CREQUIE, 2011 Ecrivain et poète français à finalité philosophique. Publications en 2014 sur site de Jean-Jacques REY http://www.jj-pat-rey.com/JJ-REY_NEO/index-publi-2014.html |