Reçu le 17 août 2023 AUX SENIORS DU SIÈCLE
La vie est belle et ingrate en même temps, il faut
l’embrasser
telle qu’elle est. Elle se montre sous toutes les couleurs, on profite
des unes, on souffre des autres. Nous la voulons comme ceci, elle nous
veut comme cela. Elle est toujours en commande et nous la vivons malgré
tout en luttant continuellement, en espérant gagner. Là, je ne parle
pas des richesses matérielles mais de la grandeur de l’âme.
Quand on est jeune, on pense au futur, on se fait des projets, on travaille dur pour les réaliser, on persévère, on se dépense pour trouver les moyens de réussir, la chance joue son jeu. Quand on devient âgé, c'est l'inverse. On pense au passé : nos familles, nos amis qui sont partis et leurs exploits, les bonnes aventures vécues, même les regrets. Quand on approche du sommet de la montagne-vie, on fait de moins en moins de projets, moins de visites à longue distance, moins de voyages de vacances. Le sport et la danse tombent dans l’oubli parce que nos jambes nous tiennent à peine, nos os sont fragiles. Nos déplacements les plus fréquents sont pour les soins médicaux et la pharmacie accueille bien nos visites! On va plus souvent aux funérailles qu'aux anniversaires. On mange rarement notre steak préféré, non seulement il peut être dur à mâcher, même bien cuit, mais aussi de peur que nos fausses dents restent dedans (pour ceux qui en ont)! Nos pas deviennent faibles et lents même à l'aide d'une canne! On se fait guider par nos enfants ou nos petits-enfants, par des amis ou par l'assistance sociale. On a le dos courbé, la peau ratatinée, les cheveux couleur de neige et cela si on les a toujours! (Ne parlons pas du secret des femmes là-dessus.) On voit mal, on entend moins, on s‘endort devant la télé. L’indépendance devient dépendance, la mémoire devient l’oubli, l’ouïe entend l’opposé du dit, on est plus vu que l’on peut voir, la voix n’a plus d’éclat, les dents nous quittent. On tremble sans être bousculé, la tasse danse dans nos mains, on boit à la paille, un grand bavoir nous pend au cou. Si la mémoire est toujours bonne, on s'exclame avec nostalgie: "Ô les beaux et bons vieux temps!" On faisait ceci, on faisait cela. On voyageait ici et là, on visitait des amis qu’on ne peut même plus appeler parce qu'ils ne sont plus. On se répète : « Oh! Que la vie est dure, que des misères! » Cela est vrai pour les pessimistes mais ne l’est pas vraiment pour les optimistes. La vie a deux faces et l’on vacille entre les deux. On se rend tellement malheureux quand on ne voit que son vilain côté! La vie n’est pas que ça, non. Des fois elle est si belle, des fois si moche, elle roule quand-même et nous avec ! À ce sujet, il y a une expression exagérée : « La vie est une tartine de merde, on en mange un morceau tous les jours » C’est vrai pour ceux qui y croient. Il faut essayer d’adopter une attitude positive dans la vie, l’accueillir sous n’importe quelle forme qu’elle se présente à chacun de nous et considérer cette merde comme « du fromage », « du chocolat », « du bon pinard », un fruit à son goût. La vie est alors appétissante, vivable! (Je vois le lecteur sourire!!) C'est bien. Il faut assaisonner la vie avec de l’humour. Rions plus, pleurons moins, c'est plus sain. Soyons quand-même fiers de nous-mêmes, d’avoir réalisé ce que nous avons pu réaliser. Ce que nous n’avons pas pu, ne le regrettons pas, cela ne sert à rien. On voulait bien, on a même parfois essayé mais faute de moyens, faute de temps ou d’opportunités, etc. on n’y est pas parvenu. Malgré les échecs, il y a tout de même de quoi nous féliciter : on a glissé et tombé, on a pu se relever, on s'est heurté contre des rochers, on s'est redressé, on a pataugé dans la boue, on s’en est sorti, maintenant on est presque au sommet. Quel exploit ! Plus des trois-quarts du siècle vécus, à travers les étapes susdites, on est des héros, croyez-moi. Au-delà de 10x7 années,10x8, ou 10x9, et même 10X10, on a défié les challenges de la vie, on a nargué ses coups durs, on l'a emporté, on est des vrais vainqueurs! (Vous me direz que j'ai une drôle de philosophie sur la vie!) Dans n’importe quelle famille, aisée ou dépourvue, les enfants se plaignent toujours de n’importe quoi, surtout ceux qui ont tout. Ces derniers veulent plus qu’il ne leur faut : ou c’est trop petit, ou c’est trop grand, ce n’est jamais assez, ce n’est pas de leur goût, le camarade a meilleur, alors pourquoi pas moi, etc. etc. Les enfants des milieux modestes grognent moins, ils acceptent mieux leur situation. Dans tous les cas, les parents, pour faire prendre conscience à leurs enfants, ils leur répètent ceci : « Quoi qu’il vous arrive dans la vie, rappelez-vous que quelque part dans ce monde, il y a toujours pire que vous ». Chaque fois qu’un coup d'infortune nous atteint, pensons à ces mots, ils nous aident à glisser dessus et nous avançons... Chers seniors, j’ai écrit ce texte parce que je vous comprends très bien. On ne peut pas parler d’un menu qu’on n’a pas encore goûté, eh! Bien, beaucoup d’entre nous en avons goûté de toutes sortes. Je sais que vous le lirez avec les yeux du cœur et que vous ne m’en voudrez pas de vous avoir rappelé ce que nous réservent les deux visages de la vie, ce sont les réalités que nous vivons, de notre plein gré ou pas du tout. Je ne vous apprends rien de nouveau, la plupart d’entre vous, je sais que vous le savez déjà. Misère et bonheur nous sont une école mixte extraordinaire. Il faut connaître les deux pour devenir un être complet. Même les Reines et les Rois, les Princes et les Princesses, les Chefs d’Etats et les millionnaires, à certains égards, ne sont pas épargnés par quelques misères. Les leçons que l’on tire de cette école nous apprennent à gérer notre existence de façon équilibrée pour mieux traverser les étapes de notre vie pavée d’épines ou les bobos à endurer, et de roses ou les joies que nous éprouvons, la famille et les amis qui nous remontent le moral. Tout cela dit pour vous encourager et vous dire que nous naviguons ensemble, en esprit solidaire, si même chacun le fait à sa manière. Aimons la vie telle qu'elle est, avec ou sans couronne. Tenons bons en hommes et femmes d'honneur que nous avons ou n’avons pas toujours été. Continuons notre route gracieusement, si même tachée de honte que nous n’avons pas pu effacer ou coiffée de gloire humblement méritée. Supportons courageusement les épines et sentons les roses sur notre chemin. Une fois le sommet de la montagne-vie atteint, qui, pour chacun de nous est de taille différente, et au flanc lisse ou rocheux, on peut s'exalter à l'idée de la victoire accomplie et dignement, se déclarer, HÉROS DU SIÈCLE. Voilà une joie sublime. © Romana, (Nom de plume pour Marie-Bénédicte HARRISON) le 10 avril 2023. --------------------------------------------------------------------------------- VERSION ANGLAISE TO SENIORS OF THE CENTURY
Life is both beautiful and thankless at the same time, you have to
embrace it as it is. It manifests itself in all hues, we take advantage
of some, and we put up with others. We want it to be like this, it
wants us like that. It is always in charge and, despite everything, we
live our lives as a continuous struggle, hoping to win. By this, I am
not referring to material wealth but rather the greatness of the soul.
When we are young, we think about the future, we make plans, we work hard to achieve them, we persevere, we make an effort to find the means to succeed, and luck plays its part. When you get old, it's the opposite. We think of the past: our families, our friends who are no longer with us, along with and their achievements, the good times together, even the regrets. As you approach the top of the mountain of life, you make fewer and fewer plans, fewer long journeys, and take fewer holidays. Sports and dancing are forgotten because our legs can hardly support our weight, and our bones are fragile. Our most frequent trips are for medical care and the pharmacy welcomes our visits! We go to funerals more often than to birthday celebrations. We rarely eat our favourite steak, not only can it be chewy, even well done, but we also run the risk of losing our false teeth! (for those who have them). Our steps become weak and slow even with the help of a cane! We are guided by our children, our friends, our grandchildren, or by social workers. We have a curved back, shrivelled skin, and hair the colour of snow - and that’s if we still have any! (Let's not even mention women's secrets!) We see badly, we hear less, and we fall asleep in front of the TV. Independence becomes dependence, memory becomes oblivion, hearing catches the opposite of what is said, we are seen more than we can see, our voice loses its sparkle, and we lose our teeth. We tremble without being jostled, the cup we hold dances in our hands, we drink with a straw, a large bib hangs around our necks. If our memory is still good, we nostalgically recall “the good old days”. We did this, we did that. We travelled here and there, we visited friends whom we can no longer even call because they are no more. We repeat to ourselves: “Oh, how hard life is, how miserable!’ This may hold for pessimists but not really for optimists. Life has two sides and we vacillate between the two. We make ourselves so unhappy when we see only its ugly side! Life just isn’t at all like that. Sometimes it's so beautiful, sometimes so ugly, but it rolls on anyway, taking us with it! On this subject, there is an exaggerated expression: "Life is a sandwich of shit, we eat a piece of it every day" This is true for those who believe these words. We must try to adopt a positive attitude in life, welcome it in whatever form it presents itself to each of us, and consider this shit as "cheese", "chocolate", "good wine" or "a tasty fruit", life is then appetising and liveable! (I see the reader smiling!!) Well, you have to season life with humour. Laugh more, cry less, it's healthier. Let's be proud of ourselves, for having achieved what we have been able to achieve. Do not regret what we could not achieve; that is pointless. We may have wanted to achieve something and we may have even tried sometimes, but for lack of means, time or opportunities, etc... we did not succeed. Despite the failures, there is still something for which we can congratulate ourselves: we slipped and fell, got back up, hit some rocks, got back up, waded through the mud, got through it, and now we're almost at the top. What an achievement! More than three-quarters of the century most of us have lived, through challenging stages, we are heroes, believe me. Beyond 10x7, 10x8, 10x9, and even 10X10, we defied life's challenges, we defied our hard times,and we won, whether we are aware of this or not we are real winners. (You will no doubt tell me that I have an odd way of looking at life! It is a senior’s mind …!) In any family, wealthy or needy, the children always complain about anything, especially those who have everything. The latter want more than they need: either it's too small, or it's too big, it's never enough, it's not to their taste, the classmate has better so why not me etc...etc...Children from low-income families grumble less. Once they understand that their parents cannot do better, they accept their situation more easily. In any case, parents, to make their children aware, constantly say to them: "Whatever happens to you in life, remember that somewhere in this world, there is always someone worse off than you". Every time one of life’s setbacks hits me, I think of these words, they help me to reflect on my situation and I move forward... Dear seniors, I wrote this text because I understand you very well. We cannot talk about a menu that we have not tasted yet, though many of us have tasted all kinds of “dishes”. I know that you will read it with an open mind and that you will allow me to remind you of what the two sides of life have in store for us, these are the realities that we live, whether we like it or not. I'm not telling you anything new; I know that most of you already know. Misery and Happiness are an extraordinary co-educational school for us. You have to experience both to become a complete being. Even Queens and Kings, Princes and Princesses, Heads of State and millionaires are, in some respects, not spared misery of some sort. The lessons that we draw from this school teach us to manage our existence in a balanced way to better traverse the stages of our life paved with thorns or ills to be endured, but also with the roses or the joys that we experience, together with family and friends who cheer us up. I say this to you to encourage you and tell you that we are travelling together, in a spirit of solidarity, if even everyone does it in their own way. Let's love life as it is, with or without a crown. Let us stand firm as men and women of honour whether or not that has always been the case. Let us continue our way gracefully, whether it be stained with shame that we could not erase or capped with humbly deserved glory. Let us bravely bear the thorns and smell the roses on our way. Once the summit of the mountain life has been reached, which for each of us is of different size, and with a smooth or rocky side, we can be proud of a victory accomplished and, with dignity, declare ourselves HEROES OF THE CENTURY. This is sublime joy. With thanks to Mr David SWIFT who translated the text
. ©ROMANA, April 10, 2023 |