INTERNET-TRIBUNE-LIBRE



Du samedi 02 avril 2022


Navigation

Accueil général * Choix archives * Site littéraire * Archives 2022 * Nouvelles publications * stats économiques au monde


Sommaire

Article 1 : MAUX DU MONDE ET MAUX DE SOCIÉTÉ

par Jean-Jacques REY

Article 2 : RÉFLEXIONS SUR LE CONFLIT EN UKRAINE

par Mazin QUMSIYEH

Article 3 : REGARDONS LES CHOSES EN FACE

par Laura SULLIVAN 

Article 4 : À REBROUSSE-POIL

par Jean KLÉPAL

Article 5 : LA GUERRE ET MACRON

par Frédéric BOUTET



Article 1





Carte de hémisphère nord de la Terre avec Russie et zones OTAN.

Image composée de grizzli semant tempête dans environnement.


MAUX DU MONDE ET MAUX DE SOCIÉTÉ
 
 
 

   Poutine inflige un démenti cinglant aux sinistres imbéciles qui croient encore que l’économie est l’alpha et l’oméga dans les relations internationales. Les bourgeoisies commerçantes qui nous tiennent lieu de gouvernement, dans la plupart des pays en Europe et par extension tout le dit Occident, n’ont pas encore bien compris l’évolution profonde dans les rapports de force à travers le monde. Ils en restent à leur paradigme de société baignant dans le néolibéralisme, leur conférant une « suprématie intellectuelle », et ils ont mis les moyens pour ça… Mais tout s’effrite, rien ne dure, les empires naissent et disparaissent. Demain (si ce n’est pas le cas déjà) ils ne seront plus les maîtres du monde (rien que ça) ! Ils croyaient domestiquer les bêtes fauves avec des appâts, ces bougres. À part les gagnants au jeu de la fortune, je me demande qui, ils ne méprisent pas…

   Pour malmener les populations civiles, çà, ils savent le faire, nos gouvernements bourgeois, occidentaux ; mais quand il s’agit de s’en prendre ou du moins de tenir en respect un « grizzli » qui s’attaque au poulailler, ils sont comme les corniauds qui clabaudent, faisant plus de bruit que d’effet ! En fait, sans le « grand frère » américain, nos gouvernements européens qui croient dominer et tout régler (ou si peu) par l’économie, ne sont que des utilités.

   Macron est incapable de faire respecter la France à l’international. Il n’est et n’a été que le président « tampons & piquouzes », toujours prompt à signaler une grande menace pour apparaître en « sauveur ». Çà, pour jouer les marioles et les matamores, à nous « emmerder », dit-il, lui-même, ce président sait le faire, malheur pour nous, pauvres péquins ! Mais pour faire briller et respecter la France dans le monde entier, on pourra repasser, nous sommes même devenus un polichinelle, un tigre de papier dans les relations internationales, à se faire rouler dans la farine à tour de bras ! Nous avons perdu beaucoup de lustre, n’est-ce pas ? Voilà ce qui arrive quand nous n’avons plus réellement de politique indépendante, que nous sommes toujours à la remorque d’intérêts, pas forcément favorables aux nôtres, et, que d’autres tirent les ficelles des pouvoirs locaux qui, eux, ne se soucient guère des convenances « démocratiques », et préfèrent des rapports de force plus primaires, pour ne pas dire bruts et violents. Le pauvre « père » Charles de Gaulle doit s’en retourner dans sa tombe, les épigones ne valent pas tripette, mieux, ils vendent la France à l’encan, aux plus offrants !

   Les USA sont en train de perdre le leadership mondial au profit de la Chine, ils n’ont de cesse de vouloir entraîner avec eux tout le reste du camp occidental, dans un conflit d’envergure, et l’Europe fait pâle figure…

   Avec l’invasion russe de l’Ukraine, la guerre ouverte, entre l’Est et l’Ouest, est déclarée ; mais c’était prévisible, il y a un moment déjà que le feu couve sous les cendres : la rivalité de blocs géopolitiques, opposés, est patente. En gros, il s’agit d’une part de « L’Alliance de Shanghai » : (Chine ; Russie ; Iran ; et satellites, particulièrement en Asie centrale) et l’ OTAN : (USA avec les trois autres Big Eyes anglo-saxons ; l’Union Européenne ; plus le Japon et quelques autres obligés). En outre l’hégémonie occidentale est contestée à travers tout le globe, avec en parallèle l’apparition de puissances émergentes (et pas seulement dans le domaine économique) : notamment l’Inde ; le Brésil ; l’Afrique du Sud ; le Nigeria ; la Turquie.
   En fait chacun veut sa part du gâteau des richesses produites et surtout maîtriser ses ressources pour élever son niveau de vie. Le système capitaliste, imposés par les dominants en Occident, crée trop d’injustices et d’exploitations humaines, avec son corollaire de misères et donc de frustrations. Mais les classes bourgeoises sont incapables de défendre un pays, du moins efficacement. Elles le font faire par d’autres en général… Ainsi leurs intérêts sont toujours soumis à la loi du plus fort, et ils savent y donner des gages !

   Donc il ne faut pas se leurrer, ce sont des impérialismes concurrents qui s’entrechoquent, à grande échelle, et je dirai qu’il y en a pas un pour racheter l’autre ! L’étincelle devenue incendie en Ukraine n’est que le prolongement de cette lutte inexorable et probablement pas le dernier… Il y a eu déjà de sérieuses explications : (au Proche et Moyen-Orient et Libye, pour mémoire) ; et ; quand cela va s’envenimer franchement dans la zone Pacifique, cela ne va pas rigoler (Mer de Chine et affaire de Taïwan plus spécialement)…

   Et la place de la France dans tout ça , hé bien ! elle a manifestement choisi son camp, elle ne fait pas partie des « non alignés », et plus que jamais en vérité, grâce à nos trois derniers présidents : la triade Sarkozy-Hollande-Macron (presque une histoire de consanguinité, ceux-là !). Voilà qui peut interpeller une conscience citoyenne.
   La France est un membre influent de l’Union Européenne, impliquée dans l’OTAN ; donc elle n’est plus regardée et appréciée comme un pays essayant de garder un juste équilibre entre intérêts divergents. Il y a un moment, hélas ! que de perspicaces vues, en matière de politique internationale, ont cédé la place au parti pris et l’obséquiosité, pour ne pas dire la vassalité ! Et cela en dépit des rodomontades et des assurances des trois « grands » de la triade précitée. Ceux-là sont en fait à l’origine d’un discrédit moral de la France, à travers tout le globe, nonobstant le vernis diplomatique, et nous n’avons pas fini d’en payer les conséquences. Et comme nous n’avons plus les moyens de tenir grand chose, tout seul, je nous vois devenir un simple pion dans le camp occidental, et ce n’est pas nos « bombinettes » (armes atomiques) qui y changeront grand chose !

   De toute façon, l’organisation du monde (et les rapports de force afférents) est appelée à changer grandement dans les temps à venir. La bourgeoisie qui s’est imposée aux affaires et direction d’états, depuis le dix-huitième siècle, n’est plus assurée de s’y maintenir encore longtemps dans sa position dominante. De là, comme disent certains, il ne faudrait pas que l’évolution engendre des monstres ou du moins le retour des abominations qui ont culminé au vingtième siècle.
   L’opposition Droite-Gauche est le seul vrai débat qui vaille sur le fond et qui ressortira à l’avenir. Nous aurons des surprises à ce niveau-là, malgré le rideau tiré par les médias aux mains des milliardaires en fortune. Le reste est du pipeau et des idiots utiles, sortis de leur boîte…

   Macron accuse Poutine de cynisme moral et politique ; mais c’est « l’hôpital qui se fout de la Charité » !
   Au fondement de tous les problèmes actuels de société, il y a le Capitalisme : c’est la loi de la jungle transposée dans les relations humaines ; alors il y en a qui ont beau jeu de dénoncer « la loi du plus fort », la barbarie, etc. ; surtout quand ils se trouvent confrontés à une réalité qui les dépasse et s’impose à eux. On ne chasse pas les ours avec du miel, contrairement à ce qu’on dit dans les « messes » néolibérales. Non plus, il ne suffira pas de crier comme des pintades pour effrayer le prédateur, bien décidé à en faire son affaire…






Pour éclairage - substantiel et pluraliste - sur le conflit en Ukraine, soumis à votre attention :


Crise ukrainienne : La responsabilité de l’hubris occidental et de l’idéalisme libéral
Géopolitique. 21.février.2022
Par Stephen M. Walt, chroniqueur à Foreign Policy et professeur de relations internationales au centre Robert et Renée Belfer de l’université Harvard.

"Le plus tragique est que toute cette affaire aurait pu être évitée, si les États-Unis et leurs alliés européens ne se berçaient pas d’illusions et n’avaient pas succombé à leur hubris et à l’idéalisme libéral [NdT : il s’agit ici du sens américain, qui fait essentiellement référence, pour cet aspect géopolitique, à la pensée dominante du parti Démocrate, à la façon de Bill Clinton, mais aussi de certains néo-conservateurs républicains]. S’ils s’étaient plutôt appuyés sur les principes fondamentaux du réalisme, la crise actuelle n’aurait pas eu lieu. En effet, la Russie ne se serait probablement jamais emparée de la Crimée, et l’Ukraine serait plus sûre aujourd’hui. Le monde paie le prix fort pour s’être appuyé sur une théorie erronée de la politique mondiale.
Au niveau le plus élémentaire, le réalisme part du constat que les guerres se produisent parce qu’il n’existe pas d’institution ou d’autorité centrale qui puisse protéger les États les uns des autres et les empêcher de se battre s’ils choisissent de le faire. Étant donné que la guerre est toujours possible, les États se disputent le pouvoir et ont parfois recours à la force pour tenter d’accroître leur sécurité ou d’obtenir d’autres avantages. Les États ne peuvent pas savoir avec certitude ce que les autres peuvent faire à l’avenir, ce qui les rend réticents à se faire confiance et les encourage à se protéger contre la possibilité qu’un autre État puissant tente de leur nuire dans l’avenir.
Le libéralisme voit la politique mondiale différemment. Au lieu de considérer que toutes les grandes puissances sont plus ou moins confrontées au même problème – le besoin d’être en sécurité dans un monde où la guerre est toujours possible – le libéralisme prétend que les actions des États sont principalement déterminées par leurs caractéristiques internes et la nature des liens entre eux. Il divise le monde en « gentils États » (ceux qui incarnent les valeurs libérales) et en « méchants États » (à peu près tous les autres) et soutient que les conflits résultent principalement des pulsions agressives des autocrates, des dictateurs et autres dirigeants non libéraux. Pour les libéraux, la solution consiste à renverser les tyrans et à répandre la démocratie, le libre marché et des institutions basées sur le principe que les démocraties ne se font pas la guerre, surtout lorsqu’elles sont liées par du commerce, des investissements et un ensemble de règles convenues.
Après la guerre froide, les élites occidentales ont conclu que le réalisme n’était plus approprié, et que les idéaux libéraux devaient guider la conduite de la politique étrangère. Comme l’a déclaré Stanley Hoffmann, professeur à l’université de Harvard, à Thomas Friedman du New York Times en 1993, le réalisme est « un non-sens total aujourd’hui ». Les responsables américains et européens pensaient que la démocratie libérale, l’ouverture des marchés, l’État de droit et d’autres valeurs libérales se répandaient comme une traînée de poudre et qu’un ordre libéral mondial était à portée de main.
Ils partaient du principe, comme le disait Bill Clinton, alors candidat à la présidence, en 1992, que « le calcul cynique de la pure politique de puissance » n’avait pas sa place dans le monde moderne et qu’un ordre libéral émergent apporterait de nombreuses décennies de paix démocratique. Au lieu de se faire concurrence pour le pouvoir et la sécurité, les nations du monde se concentreraient sur leur propre enrichissement dans un ordre libéral de plus en plus ouvert, harmonieux et fondé sur des règles, façonné et protégé par la puissance bienveillante des États-Unis.
Si cette vision optimiste s’était avérée exacte, la diffusion de la démocratie et l’extension des garanties de sécurité des États-Unis dans la sphère d’influence traditionnelle de la Russie auraient posé peu de risques. Mais ce résultat était peu probable, comme tout bon réaliste aurait pu vous le dire. En effet, les opposants à l’élargissement n’ont pas tardé à avertir que la Russie considérerait inévitablement l’élargissement de l’OTAN comme une menace et que sa réalisation empoisonnerait les relations avec Moscou. C’est pourquoi plusieurs experts américains de premier plan – dont le diplomate George Kennan, l’auteur Michael Mandelbaum et l’ancien secrétaire à la défense William Perryse sont opposés à l’élargissement dès le départ. .../...
Bien que Moscou n’ait eu d’autre choix que d’accepter l’admission de la Pologne, de la Hongrie et de la République tchèque au sein de l’OTAN, les préoccupations de la Russie se sont accrues à mesure que l’élargissement se poursuivait. Cela n’a rien arrangé que l’élargissement soit en contradiction avec l’assurance verbale donnée par le secrétaire d’État américain James Baker au dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev, en février 1990, que si l’Allemagne était autorisée à se réunifier au sein de l’OTAN, l’alliance ne se déplacerait pas « d’un centimètre vers l’est » – un engagement que Gorbatchev a naïvement omis de codifier par écrit. (Baker et d’autres contestent cette caractérisation, et Baker a nié s’être engagé officiellement).
Les doutes de la Russie se sont accrus lorsque les États-Unis ont envahi l’Irak en 2003 – une décision qui a montré un mépris délibéré pour le droit international – et encore plus après que l’administration Obama a outrepassé l’autorité de la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies et a aidé à évincer le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi en 2011. La Russie s’était abstenue sur la résolution – qui autorisait la protection des civils mais pas le changement de régime – et l’ancien secrétaire américain à la Défense Robert Gates a commenté plus tard que « les Russes avaient l’impression d’avoir été pris pour des pigeons. » Ces incidents, ainsi que d’autres, contribuent à expliquer pourquoi Moscou insiste désormais sur des garanties écrites.
Si les responsables politiques américains avaient réfléchi à l’histoire et aux sensibilités géographiques de leur propre pays, ils auraient compris comment l’élargissement est apparu à leurs homologues russes. Comme l’a récemment noté le journaliste Peter Beinart, les États-Unis ont déclaré à plusieurs reprises que l’hémisphère occidental était interdit aux autres grandes puissances et ont menacé ou utilisé la force à de nombreuses reprises pour faire respecter cette déclaration. Pendant la guerre froide, par exemple, l’administration Reagan était tellement alarmée par la révolution au Nicaragua (un pays dont la population était inférieure à celle de la ville de New York) qu’elle a organisé une armée de rebelles pour renverser les Sandinistes socialistes au pouvoir.
Si les Américains pouvaient s’inquiéter à ce point d’un minuscule pays comme le Nicaragua, pourquoi était-il si difficile de comprendre pourquoi la Russie pouvait avoir de sérieux doutes sur le mouvement constant de la plus puissante alliance du monde vers ses frontières ? Le réalisme explique pourquoi les grandes puissances ont tendance à être extrêmement sensibles à l’environnement sécuritaire dans leur voisinage immédiat, mais les architectes libéraux de l’élargissement n’ont tout simplement pas pu le comprendre. Il s’agit d’un manque monumental d’empathie aux conséquences stratégiques profondes. .../...
L’épisode suivant a eu lieu en 2013 et 2014. Alors que l’économie ukrainienne chancelait, le président ukrainien de l’époque, Viktor Ianoukovitch, a encouragé une surenchère entre l’Union européenne et la Russie pour obtenir une aide économique. Sa décision de rejeter un accord d’adhésion négocié avec l’UE et d’accepter une offre plus lucrative de la Russie a déclenché les manifestations de l’Euromaïdan qui ont finalement conduit à son éviction. Les responsables américains ont visiblement penché en faveur des manifestants et ont participé activement à la sélection du successeur de M. Ianoukovitch, accréditant ainsi les craintes russes qu’il s’agisse d’une révolution de couleur parrainée par l’Occident.
De façon remarquable, les responsables européens et américains ne semblent jamais s’être demandé si la Russie pourrait s’opposer à ce résultat ou ce qu’elle pourrait faire pour le faire échouer. Ils ont donc été pris au dépourvu lorsque le président russe Vladimir Poutine a ordonné la prise de la Crimée et soutenu les mouvements séparatistes russophones dans les provinces orientales de l’Ukraine, plongeant le pays dans un conflit gelé qui perdure à ce jour.
Il est courant en Occident de défendre l’expansion de l’OTAN et de rejeter la responsabilité de la crise ukrainienne uniquement sur Poutine. Le dirigeant russe ne mérite aucune sympathie, comme le montrent très clairement sa politique intérieure répressive, sa corruption évidente, ses mensonges répétés et ses campagnes meurtrières contre les exilés russes qui ne représentent aucun danger pour son régime.
La Russie a également foulé aux pieds le Mémorandum de Budapest de 1994, qui offrait des garanties de sécurité à l’Ukraine en échange de l’abandon par celle-ci de l’arsenal nucléaire hérité de l’Union soviétique. Ces actions, ainsi que d’autres, ont suscité des inquiétudes légitimes quant aux intentions de la Russie, et la prise illégale de la Crimée a fortement retourné l’opinion ukrainienne et européenne contre Moscou. Si la Russie a des raisons évidentes de s’inquiéter de l’élargissement de l’OTAN, ses voisins ont de nombreuses raisons de s’inquiéter également de la Russie.
Mais Poutine n’est pas le seul responsable de la crise actuelle en Ukraine, et l’indignation morale à l’égard de ses actions ou de son caractère n’est pas une stratégie. Des sanctions plus nombreuses et plus sévères ne sont pas non plus susceptibles de l’amener à se plier aux exigences occidentales. Aussi déplaisant que cela puisse être, les États-Unis et leurs alliés doivent reconnaître que l’alignement géopolitique de l’Ukraine est un intérêt vital pour la Russie – un intérêt qu’elle est prête à défendre par la force – et ce n’est pas parce que Poutine se trouve être un autocrate impitoyable ayant un penchant nostalgique pour l’ancien passé soviétique.
Les grandes puissances ne sont jamais indifférentes aux forces géostratégiques déployées à leurs frontières, et la Russie se soucierait profondément de l’alignement politique de l’Ukraine même si quelqu’un d’autre était aux commandes. La réticence des États-Unis et de l’Europe à accepter cette réalité fondamentale est l’une des principales raisons pour lesquelles le monde se trouve aujourd’hui dans une telle situation." .../...


_______________________________________________


Contextes historique, politique et économique de la guerre en Ukraine
Par Thomas Kaiser ; Arrêt sur info — 16 mars 2022

«La politique des Etats-Unis a toujours été d’empêcher l’Allemagne et la Russie de coopérer plus étroitement»
Interview de Jacques Baud, réalisée par Thomas Kaiser ; le 15 mars 2022
Jacques Baud est un ancien colonel de l’armée suisse , analyste stratégique, spécialiste du renseignement et du terrorisme.

"Zeitgeschehen im Fokus: Vous connaissez la région qui est en guerre en ce moment. Quelles conclusions avez-vous tirées de ces derniers jours et comment en est-on arrivé là?
Jacques Baud: Je connais très bien la région dont il est question maintenant. J’ai travaillé pour le DFAE [Département fédéral des Affaires étrangères] et j’ai été détaché pendant cinq ans auprès de l’OTAN pour lutter contre la prolifération des armes légères. J’ai géré des projets en Ukraine après 2014. Cela signifie que je connais très bien la Russie par mes anciennes activités dans les services de renseignement, l’OTAN, l’Ukraine et l’environnement qui s’y rapporte. Je parle russe et j’ai accès à des documents que peu de gens en Occident consultent.
Vous êtes un connaisseur de la situation en et autour de l’Ukraine. Votre activité professionnelle vous a amené dans la région actuellement en crise. Comment percevez-vous les événements ?
C’est totalement irrationnel, on peut même dire qu’il y a une véritable hystérie. Ce qui me frappe et me dérange beaucoup, c’est que personne ne se pose la question des raisons qui ont poussé les Russes à agir. Personne ne soutient la guerre, moi non plus certainement. Mais en tant qu’ancien chef de la «Politique de paix et de la Doctrine» du Département des opérations de maintien de la paix de l’ONU à New York pendant deux ans, je me demande : quels sont les éléments qui ont conduit au point de faire la guerre ?
Quelle était votre mission là-bas ?
Il s’agissait de comprendre comment les guerres se produisent, et d’en tirer les éléments qui mènent à la paix, de voir ce que l’on peut faire pour éviter les victimes et d’en tirer les conclusions pour empêcher une guerre. Si l’on ne comprend pas comment naît une guerre, on ne peut pas trouver de solution. Nous sommes exactement dans cette situation. Chaque pays édicte ses propres sanctions contre la Russie, et on sait très bien que cela ne mène nulle part. Ce qui m’a particulièrement choqué, c’est la déclaration du ministre français de l’Économie qui cherche à détruire l’économie de la Russie dans le but de faire souffrir la population russe. C’est une déclaration qui me révolte .../...
Comment jugez-vous l’attaque des Russes ?
Lorsqu’un État en attaque un autre, c’est le droit international qui en est la première victime. Mais il ne faut pas s’arrêter là et tenter de comprendre pourquoi nous en sommes arrivés là. Tout d’abord, il faut préciser que Poutine n’est pas fou et n’a pas perdu le sens des réalités. C’est un homme très méthodique, très systématique, et donc très russe. Je suis d’avis qu’il était parfaitement conscient dès le début des conséquences de sa décision en Ukraine. Il a jugé – apparemment à juste titre – que les sanctions, que la Russie aurait subies s’il avait mené une «petite» opération pour protéger la population du Donbass, auraient été identiques à celles imposées à la suite d’une opération plus importante, couvrant à la fois les intérêts nationaux de la Russie et de la population du Donbass. Il a alors opté pour la solution maximale. .../...
Cela va à l’encontre de ce qui est présenté en Occident.
Oui, nos médias présentent les choses comme si les Russes voulaient tout détruire, mais ce n’est manifestement pas vrai. La présentation que font les médias d’un Poutine qui aurait pris une décision soudaine et sans raison d’attaquer et de conquérir l’Ukraine. Les Etats-Unis ont menacé pendant plusieurs mois qu’il y aurait une attaque surprise, mais rien ne s’est passé. D’ailleurs, les services de renseignement et les dirigeants ukrainiens ont démenti à plusieurs reprises les déclarations américaines. En fait, si l’on analyse l’état des préparatifs militaires, on voit assez clairement que jusqu’à la mi-février, Poutine n’avait pas l’intention d’attaquer l’Ukraine. .../...
Apparemment, il y avait une pression des États-Unis, qui ont peu d’intérêt pour l’Ukraine elle-même. A ce stade, ils voulaient augmenter la pression sur l’Allemagne pour qu’elle arrête Nord Stream II. Ils voulaient que l’Ukraine provoque la Russie, afin que la réaction russe pousse l’Allemagne à mettre Nord Stream II en veilleuse. Un tel scénario a été évoqué lors de la visite d’Olaf Scholz à Washington, et Scholz ne voulait manifestement pas y participer. Mon avis est également partagé par de nombreux analystes américains: l’objectif est Nord Stream II. Il ne faut pas oublier que Nord Stream II a été construit à la demande des Allemands. C’est fondamentalement un projet allemand. Car l’Allemagne a besoin de plus de gaz pour atteindre ses objectifs énergétiques et climatiques.
«Dans une guerre nucléaire, l’Europe sera le champ de bataille». Pourquoi les Etats-Unis ont-ils insisté sur ce point ?
Depuis la Seconde Guerre mondiale, la politique des États-Unis a toujours été d’empêcher un éventuel rapprochement entre l’Allemagne et la Russie ou l’URSS. Et ce, même si les Allemands ont une peur historique des Russes. Mais ce sont les deux plus grandes puissances d’Europe. Historiquement, il y a toujours eu des relations économiques entre l’Allemagne et la Russie. Les États-Unis ont toujours essayé d’empêcher cela. Il ne faut pas oublier que dans une guerre nucléaire, l’Europe serait le champ de bataille. Dans ce cas, les intérêts de l’Europe et des États-Unis ne seraient pas forcément les mêmes. Cela explique pourquoi, dans les années 1980, l’Union soviétique a soutenu les mouvements pacifistes en Allemagne. Une relation plus étroite entre l’Allemagne et la Russie affaiblirait la stratégie nucléaire américaine. .../...
Dans toute la discussion qui est menée en ce moment, on ne tient pas compte d’un élément décisif. On parle certes d’armes nucléaires, mais un peu comme dans un film. La réalité est un peu différente. Les Russes veulent une distance entre l’OTAN et la Russie. L’élément central de l’OTAN est la puissance nucléaire américaine. C’est l’essence même de l’OTAN. Lorsque je travaillais à l’OTAN, Jens Stoltenberg – il était alors mon patron – disait déjà: «L’OTAN est une puissance nucléaire». Actuellement, cela correspond au déploiement des systèmes de missiles et de lanceurs MK-41 américains en Pologne et en Roumanie.
.../...
Comment voyez-vous le fait que les gens manifestent dans la rue contre la guerre en Ukraine ?
Je me demande: en quoi la guerre contre l’Ukraine est-elle pire que la guerre contre l’Irak, le Yémen, la Syrie ou la Libye ? Dans ces cas, nous savons qu’il n’y a pas eu de sanctions contre l’agresseur, les États-Unis ou ceux qui fournissent des armes utilisées contre les populations civiles. Qui manifeste pour le Yémen ? Qui a manifesté pour la Libye, qui a manifesté pour l’Afghanistan ?  .../...
Si je peux résumer cet entretien, vos réponses ont clairement montré que l’Occident a depuis longtemps jeté de l’huile sur le feu et provoqué la Russie. Ces provocations sont toutefois rarement reprises dans nos médias, et les réponses de Poutine ne sont données que partiellement ou de manière déformée afin de maintenir autant que possible l’image d’une personne belliciste et inhumaine.
Mon grand-père était Français, il a fait la Première Guerre mondiale comme soldat et m’en a souvent parlé. Et je dois constater que l’hystérie, la manipulation et le comportement irréfléchi des politiciens occidentaux me le rappellent beaucoup aujourd’hui, et c’est cela qui m’inquiète sérieusement. Quand je vois comment notre pays neutre n’est plus capable de prendre une position indépendante de l’UE et des États-Unis, j’ai honte. Il faut avoir les idées claires et connaître les faits qui se cachent derrière tous ces événements. Ce n’est qu’ainsi que la Suisse pourra mener une politique de paix raisonnable." .../...


_______________________________________________


Ukraine : le regard de Noam Chomsky
14.03.22

Noam Chomsky interviewé par C.J. Polychroniou pour Truthout
"Depuis plusieurs décennies, les travaux du linguiste étasunien Noam Chomsky alimentent les luttes, les analyses et les débats du mouvement anticapitaliste international. Celui qui figura sur la « master list » des opposants à Nixon et milite pour l’abolition des armes nucléaires s’intéresse depuis de nombreuses années à l’Ukraine, en guerre depuis 2014. Un cran irréversible a été franchi la semaine dernière : l’invasion poutinienne du territoire ukrainien. Chomsky vient d’exposer ses vues au média californien Truthout. Pour contribuer à la réflexion socialiste en cours, nous traduisons leur échange. Le penseur anarchiste y dénonce vivement l’entreprise militaire menée par le régime nationaliste russe ; salue la résistance ukrainienne et le pacifisme des citoyens russes arrêtés en masse ; entend, malgré les passions inhérentes à tout drame collectif, revenir sur l’histoire longue (des ambitions impérialistes atlantistes dans la région) et les possibilités de sortie de crise (forcément diplomatiques et tragiquement réduites).
C.J. Polychroniou : Noam, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a pris par surprise la plupart des gens. Elle a provoqué des ondes de choc dans le monde entier, même si de nombreuses indications existaient quant au fait que Poutine était devenu assez agité par l’expansion de l’OTAN vers l’est et le refus de Washington de prendre au sérieux ses exigences de sécurité en matière de « ligne rouge », concernant l’Ukraine. À votre avis, pourquoi a‑t-il décidé de lancer une invasion à ce moment-là ?
Avant d’aborder la question, il convient de régler quelques faits incontestables. Le plus crucial est que l’invasion russe de l’Ukraine est un crime de guerre majeur, au même titre que l’invasion américaine de l’Irak et l’invasion de la Pologne par Hitler et Staline en septembre 1939 — pour ne prendre que deux exemples marquants. Il est toujours judicieux de chercher des explications mais il n’y a aucune justification, aucune circonstance atténuante. Et, pour en venir à la question : il y a énormément d’affirmations très assurées quant à l’état d’esprit de Poutine. Le récit habituel, c’est qu’il est pris dans des fantasmes paranoïaques, qu’il agit seul, entouré de courtisans rampants — du genre de ceux qu’on connaît ici dans ce qui reste du Parti républicain, se rendant à Mar-a-Lago [villa de Donald Trump, ndlr] pour obtenir la bénédiction du leader. Il se peut que ce flot d’invectives soit exact, mais on pourrait envisager d’autres possibilités : peut-être que Poutine pensait ce que lui et ses associés ont dit haut et fort durant des années.
On pourrait dire, par exemple, que « puisque la principale exigence de Poutine est l’assurance que l’OTAN ne prendra pas de nouveaux membres, et en particulier pas l’Ukraine ni la Géorgie, il est évident que la crise actuelle n’aurait pas eu lieu s’il n’y avait pas eu d’expansion de l’Alliance après la fin de la guerre froide, ou si l’expansion s’était faite en harmonie avec la construction d’une structure de sécurité en Europe qui incluait la Russie ». L’auteur de ces mots est l’ancien ambassadeur des États-Unis en Russie, Jack Matlock, l’un des rares spécialistes sérieux de la Russie dans le corps diplomatique américain. Il a écrit ça peu avant l’invasion. Et il poursuivait, concluant que la crise « peut être facilement résolue par l’application du bon sens… Selon toute norme de bon sens, il est dans l’intérêt des États-Unis de promouvoir la paix et non le conflit. Essayer de détacher l’Ukraine de l’influence russe — le but avoué de ceux qui ont agité les "révolutions de couleur"— était une course folle et dangereuse. Avons-nous si vite oublié la leçon de la crise des missiles de Cuba ? »
Matlock n’est guère seul. Les Mémoires du chef de la CIA, William Burns, un autre des rares authentiques spécialistes de la Russie, aboutissent à peu près aux mêmes conclusions sur les questions de fond. La position encore plus ferme [du diplomate] George Kennan a été tardivement et largement citée. Elle est également soutenue par l’ancien secrétaire à la Défense, William Perry et, hors les rangs diplomatiques, par le célèbre spécialiste des relations internationales John Mearsheimer ainsi que par de nombreuses autres personnalités, difficilement plus « mainstream ». Rien de tout cela n’est donc obscur. Des documents internes américains, publiés par WikiLeaks, révèlent que l’imprudente proposition de Bush II faite à l’Ukraine de rejoindre l’OTAN a immédiatement suscité de vives mises en garde de la part de la Russie, laquelle a déclaré que l’expansion de la menace militaire ne pouvait être tolérée. C’est compréhensible. Nous pourrions relever au passage la curieuse apparition du concept « gauche » lorsqu’il s’agit de condamner régulièrement « la gauche » pour son scepticisme insuffisant à l’endroit de « la ligne du Kremlin ». Le fait est que, pour être honnête, nous ne savons pas pourquoi cette décision a été prise. Ni même si elle a été prise par Poutine seul ou par le Conseil de sécurité russe, au sein duquel il joue le rôle principal. Il y a cependant certaines choses que nous savons avec une confiance raisonnable — notamment le dossier examiné en détail par les personnes que nous venons de citer, qui ont occupé des postes de haut niveau à l’intérieur du dispositif de planification. En bref, la crise couve depuis 25 ans, les États-Unis ayant rejeté avec mépris les préoccupations des Russes en matière de sécurité, en particulier leurs lignes rouges claires : la Géorgie et surtout l’Ukraine.
Il y a de bonnes raisons de croire que cette tragédie aurait pu être évitée, et ce jusqu’à la dernière minute. Nous en avons déjà discuté à plusieurs reprises. Quant à savoir pourquoi Poutine a lancé cette agression criminelle à ce moment précis, nous pouvons spéculer à l’envi. Mais le contexte immédiat n’est pas obscur — éludé, mais pas contesté. Il est facile de comprendre pourquoi les victimes du crime peuvent considérer comme une indulgence inacceptable le fait de chercher à savoir pourquoi il s’est produit et s’il aurait pu être évité. C’est compréhensible, mais c’est une erreur. Si nous voulons répondre à la tragédie de manière à aider les victimes et à éviter des catastrophes plus graves encore qui se profilent à l’horizon, il est sage, et même nécessaire, d’en apprendre le plus possible sur ce qui a mal tourné et sur la manière dont on aurait pu corriger le tir. Les gestes héroïques peuvent être satisfaisants ; ils ne sont pas utiles.
.../...
Noam Chomsky est considéré le plus grand linguiste vivant. Il est Professeur émérite de linguistique au Massachusetts Institute of Technology. À partir des années soixante, et grâce à sa forte prise de position contre la guerre du Vietnam et à son engagement politique et social considérable, Chomsky s'est aussi imposé comme un intellectuel anarchiste et social libertaire. La constante critique aiguë vis-à-vis de la politique étrangère de différents pays, et en particulier les États-Unis, ainsi que son analyse du rôle des médias dans les démocraties occidentales, l'ont rendu un des intellectuels le plus célèbres et suivis de la gauche radicale étasunienne et mondiale." .../...


_______________________________________________


Guerre en Ukraine : une humanité et une compassion à géométrie variable
09 Mar 2022 par Ilan Pappé   

"Quand une photo de la bande de Gaza est virilement confondue avec la guerre en Ukraine, Ilan Pappé ne peut pas s’empêcher de comparer les traitements accordés aux victimes de la guerre en Palestine et à celles du champ de bataille aux portes de l’Europe. Sans minimiser un seul instant solidarité et empathie pour les victimes de toute guerre, l’historien israélien tire quatre leçons des doubles standards occidentaux. À méditer. (IGA)

Le quotidien USA Today a rapporté qu’une photo devenue virale :
eu.usatoday.com/story/news/factcheck/2022/02/24/fact-check-gaza-strip-not-ukraine-pictured-explosion-photo/6922317001/
d’une tour en Ukraine touchée par un bombardement russe s’est avérée être une tour de la bande de Gaza démolie par l’armée de l’air israélienne en mai 2021 :
chroniquepalestine.com/tag/palestine-sous-attaque/

Quelques jours auparavant, le ministre ukrainien des affaires étrangères s’était plaint à l’ambassadeur israélien à Kiev que “vous nous traitez comme Gaza” ; il était furieux qu’Israël ne condamne pas l’invasion russe et ne s’intéresse qu’à l’expulsion des citoyens israéliens de l’État (Haaretz, 17 février 2022).
Il s’agissait d’un mélange de référence à l’expulsion par l’Ukraine des épouses ukrainiennes d’hommes palestiniens de la bande de Gaza en mai 2021, ainsi que d’un rappel à Israël du soutien inconditionnel du président ukrainien à l’assaut israélien sur la bande de Gaza ce mois-là (je reviendrai sur ce soutien vers la fin de cet article).
Les attaques d’Israël contre Gaza devraient en effet être mentionnées et prises en compte dans l’évaluation de la crise actuelle en Ukraine. Ce n’est pas un hasard si les photos sont confondues – il n’y a pas beaucoup de gratte-ciel qui ont été renversés en Ukraine, mais il y a une abondance de gratte-ciel en ruine dans la bande de Gaza.
Mais ce n’est pas seulement l’hypocrisie à l’égard de la Palestine qui apparaît lorsque l’on considère la crise ukrainienne dans un contexte plus large.
C’est l’ensemble des doubles standards occidentaux qu’il convient d’examiner de près, sans être un seul instant indifférent aux nouvelles et aux images qui nous parviennent de la zone de guerre en Ukraine : des enfants traumatisés, des flux de réfugiés, des vues d’immeubles détruits par les bombardements et le danger imminent que ce ne soit que le début d’une catastrophe humaine au cœur de l’Europe.
Dans le même temps, ceux d’entre nous qui vivent, rapportent et débattent sur les catastrophes humaines en Palestine ne peuvent échapper à l’hypocrisie de l’Occident et nous pouvons la souligner sans minimiser un seul instant notre solidarité humaine et notre empathie envers les victimes de toute guerre.
C’est un impératif pour nous, car la malhonnêteté morale qui sous-tend l’attitude adoptée par les élites politiques et les médias occidentaux leur permettra une fois de plus de masquer leur propre racisme et leur impunité, tout comme elle continuera à fournir une immunité à Israël et à son oppression des Palestiniens.
J’ai détecté quatre fausses assertions qui sont au cœur de l’engagement de l’establishment occidental dans la crise ukrainienne jusqu’à présent et je les ai formulées en quatre leçons.
Leçon un : les réfugiés blancs de peau sont les bienvenus, les autres le sont moins .../... Leçon deux : vous pouvez envahir l’Irak, mais pas l’Ukraine .../... Leçon trois : le néo-nazisme peut parfois être toléré .../... Leçon quatre : frapper des gratte-ciel est un crime de guerre uniquement si cela se produit en Europe .../...
Ilan Pappé est professeur à l’université d’Exeter. Il était auparavant maître de conférences en sciences politiques à l’université de Haïfa. Il est l’auteur de Le nettoyage ethnique de la Palestine, The Modern Middle East, A History of Modern Palestine : One Land, Two Peoples, et Ten Myths about Israel.
Pappé est décrit comme l’un des « nouveaux historiens » d’Israël qui, depuis la publication de documents déclassifiés par les gouvernements britannique et israélien au début des années 1980, ont réécrit l’histoire de la création d’Israël en 1948." .../...


_______________________________________________


Manifeste : socialistes et communistes russes contre la guerre
04 mars 2022

"Ce jour, la coalition Socialistes contre la guerre, composée de militants socialistes et communistes russes, publie un « manifeste » dans les colonnes du média Rabkor. Fondé en 2008 par le sociologue marxiste Boris Yulievich Kagarlitsky — qui a participé à la création du Front de gauche russe et fut incarcéré, en septembre 2021, pour un appel à participer à une manifestation —, le magazine s’avance à la fois comme socialiste, anti­capitaliste, démocratique et adversaire du « libéralisme occidental ». Afin de ravitailler — en plusieurs temps — la discussion en cours au sein du camp de l’émancipation francophone, nous traduisons leur manifeste. Ils se dressent contre l’opération militaire diligentée par le gouvernement de Vladimir Poutine, dans le cadre d’une guerre longue de huit ans déjà : en plus d’être criminelle, l’invasion de l’Ukraine paralysera toute critique des « intrigues des faucons des États-Unis et de l’OTAN ».
Le gouvernement russe a trahi ses promesses de paix et de stabilité, entraînant le pays dans la guerre et la catastrophe économique.
Comme toutes les guerres de l’Histoire, celle-ci nous divise tous en deux pôles : pour et contre. La propagande du Kremlin tente de nous convaincre que la nation est unie derrière le gouvernement — et que ce sont les pitoyables renégats, les libéraux pro-occidentaux et les mercenaires ennemis qui, seuls, demandent la paix. C’est un mensonge insoutenable. Cette fois, les anciens du Kremlin se trouvent en minorité. La plupart des Russes ne veulent pas d’une guerre fratricide, même parmi ceux qui ont encore confiance dans le gouvernement russe. Ils ferment les yeux du mieux qu’ils peuvent pour ne pas voir com­ment le monde dessiné par les propagandistes russes se désintègre devant eux. Beaucoup espèrent encore qu’il ne s’agit pas d’une guerre, encore moins d’une guerre agressive, mais d’une « opération spéciale » destinée à « libérer » le peuple ukrainien. Les images terribles de bombardements et de pilonnages bru­taux des villes auront tôt fait de détruire ces mythes. Et, alors, même les élec­teurs les plus fidèles de Vladimir Poutine diront : nous n’avons pas donné notre consentement à cette guerre injuste !
Aujourd’hui déjà, des dizaines de millions de personnes dans tout le pays ont exprimé leur horreur et leur dégoût face aux actions de l’administration Poutine. Il s’agit de personnes de diverses obédiences. La plupart, contrairement à ce que prétendent les propagandistes, ne sont pas des libéraux. Parmi eux, on trouve un grand nombre de personnes de gauche, socialistes ou communistes. Et, bien sûr, ces personnes — la majorité de notre peuple — sont d’au­thentiques patriotes.
On nous dit que les opposants à cette guerre sont des hypocrites — qu’ils ne sont pas contre la guerre mais pour l’Occident. C’est un mensonge. Nous n’avons jamais été des partisans des États-Unis et de leurs politiques impérialistes. Lorsque les troupes ukrainiennes ont bombardé Donetsk et Louhansk [villes situées sur le territoire ukrainien et constituées, par les mouvements séparatistes, en capitales des « Républiques populaires » éponymes depuis 2014, ndlr], nous ne nous sommes pas tus. Nous ne nous tairons pas non plus maintenant, lorsque Kharkiv, Kiev et Odessa sont bombardés sur ordre de Poutine et de sa camarilla. Il y a tellement de raisons de lutter contre la guerre. Pour nous, défenseurs de la justice sociale, de l’égalité et de la liberté, plusieurs sont particulièrement importantes.
- Il s’agit d’une invasion injuste. Il n’existe aucune menace pour l’État russe qui justifierait l’envoi de nos soldats pour tuer et mourir. Ils ne « libèrent » personne. Ils n’aident aucun mouvement populaire. Ils ne sont rien d’autre qu’une armée régulière qui démolit de paisibles villes ukrainiennes sur ordre d’une poignée de milliardaires qui rêvent de garder à jamais leur emprise sur la Russie.
- Cette guerre produit des désastres incalculables pour nos peuples. Les Ukrainiens et les Russes la paient de leur sang. Longtemps après que la poussière sera retombée, la pauvreté, l’inflation et le chômage toucheront tout le monde. Ce ne sont pas les oligarques et les bureaucrates qui paieront la facture mais les pauvres enseignants, travailleurs, retraités et chômeurs. Beaucoup d’entre nous n’auront pas les moyens de nourrir leurs enfants.
- Cette guerre va transformer l’Ukraine en décombres et la Russie en prison. Les médias d’opposition ont déjà été fermés. Des personnes sont mises derrière les barreaux pour avoir partagé des tracts, tenu des piquets inoffensifs et, même, diffusé des messages sur les réseaux sociaux. Bientôt, les Russes n’auront plus qu’un seul choix : la prison ou l’enrôlement. La guerre produit des dictatures comme les générations vivantes n’en ont jamais vu." .../...


_______________________________________________


« Chère gauche occidentale, on ne vous demande pas d’aimer l’OTAN… »
1 mars 2022 par Razem, La Gauche ensemble -Pays : Ukraine - Source : Krytyka Polityczna - Dossier : Les Ukrainiens face à la guerre   

"« Chère gauche occidentale, on ne vous demande pas d’aimer l’OTAN mais la Russie n’est pas l’acteur menacé et en danger ici. » Dans cette tribune, des membres du parti politique polonais de gauche Razem (Ensemble) interpellent les gauches occidentales sur leur position vis-à-vis du conflit entre la Russie et l’Ukraine.
Par Zofia Malisz, Magdalena Milenkovska, Dorota Kolarska et Jakub Gronowski, experts du secrétariat des affaires internationales du parti politique polonais de gauche Razem (Ensemble). Ils sont également actifs dans ses circonscriptions étrangères Razem Berlin, Razem France et Razem International.
Traduction et adaptation : Anna C. Zielinska. Crédits photo : Dawid Majewski.

Depuis des décennies, la Russie tente de se présenter comme une victime entourée de forces hostiles censées menacer sa sécurité. Les faits contredisent cette affirmation. C’est la Russie, avec sa puissante armée, son imposant arsenal d’ogives nucléaires et ses ambitions impériales, qui tente d’imposer sa volonté aux pays voisins – et c’est à cela que la gauche doit s’opposer.
Dans un récent article paru dans le Berliner Zeitung, Michael von der Schulenburg affirme que le déploiement par la Russie de plus de 100 000 soldats à sa frontière avec l’Ukraine était une réponse directe à l’OTAN annonçant que l’Ukraine pourrait un jour devenir membre de l’Alliance. Cette opinion fait écho aux voix de la gauche occidentale à Berlin, Paris ou Madrid, qui depuis le début des hostilités en Ukraine a tendance à regarder la situation du point de vue de Moscou.
La crainte de la Russie concernant sa propre sécurité est mise en avant comme l’argument suprême pour justifier l’action militaire russe. Le regard critique se déplace de Poutine vers l’OTAN qui, accusée d’« expansion » ou d’« agression », bouleverserait prétendument l’équilibre des forces en Europe et s’immiscerait dans la « sphère d’influence » de la Russie. .../...
Malgré notre scepticisme à l’égard de l’OTAN et de la politique américaine, nous voyons un piège dans ce raisonnement. Il conduit facilement à négliger les véritables raisons qui sous-tendent les actions de Moscou : un sentiment illégitime de souveraineté sur l’Ukraine et des aspirations néo-impérialistes. Nous pensons que la politique étrangère devrait être guidée par l’anti-impérialisme et le souci de préserver l’autonomie des citoyens, leur capacité de décider pour eux-mêmes. La dénonciation de l’impérialisme russe n’exclut pas la critique des États-Unis, au contraire, elle permet de dépasser un regard géopolitique issu de la guerre froide, voire d’une époque coloniale.
D’où parlez-vous ?
Razem est un parti politique polonais fondé en 2015. Parmi ses objectifs, se trouve celui d’introduire le point de vue de l’Europe centrale et orientale au sein de la gauche européenne. L’absence de cette perspective dans les discours des personnalités politiques de gauche en Allemagne, en France et en Espagne nous a frappés, notamment quand il s’agit des questions de la défense européenne, y compris sur le flanc est de l’UE. Nous voulons, en offrant notre point de vue – venant du centre d’une région qui se trouve dans un voisinage tendu avec la Russie – introduire quelques nuances dans la vision occidentale de la guerre de la Russie contre l’Ukraine. Si nos partenaires et amis occidentaux pouvaient s’emparer de ces éléments, cela nous permettrait d’éviter les simplifications pernicieuses qui conduisent à un soutien naïf de la version russe." .../...






sommaire_1


Article 2

Envoi personnel du 06/03/2022 d'un article par Mazin QUMSIYEH
Sites : qumsiyeh.org ; popular-resistance.blogspot.com/






Carte montrant expansion de OTAN en Europe entre 1990 et 2020.

Carte montrant expansion de l' OTAN en Europe entre 1990 et 2020.

Photo de Volodymyr Zelensky, président ukrainien, la main sur le coeur.

Volodymyr ZELENSKY, président de l' Ukraine, ce mois de mars 2022.


RÉFLEXIONS SUR LE CONFLIT EN UKRAINE
 
 
 

(Traduction affinée par JJ Pat REY)

Un collègue a écrit cette lettre le mercredi des Cendres à un prêtre dont les commentaires sur l’Ukraine semblaient attiser les flammes de la guerre. C’est bon et je le partage avec vous, complété par mes propres commentaires.

Cher Ami.
Le mercredi des Cendres, vous avez souligné comment la Russie attaque l’Ukraine. C’est, bien sûr, le récit que notre élite et nos médias mettent en avant. Mais ayant vécu nos invasions du Vietnam et de l’Irak, j’ai appris que lorsque nous partons en guerre, ils ne racontent pas toute l’histoire. Ce qu’ils omettent de dire, c’est que l’Ukraine est dans une guerre civile depuis au moins huit ans. Le pourcentage de Russes vivant en Ukraine est à peu près le même que le pourcentage d’Hispaniques vivant aux États-Unis. En Ukraine, les deux groupes se sont livrés à une guerre civile de basse intensité. Malheureusement, les États-Unis et la Russie ont récemment aggravé cette violence. Nous envoyons des quantités massives d’armes. Et nous poussons l’OTAN à admettre l’Ukraine, en dépit de nos promesses précédentes de ne pas resserrer l’étau militaire de l’OTAN autour de la Russie. C’est en partie parce que nous n’avons jamais été envahis et débordés. La Russie, d’autre part, a été envahie au moins quatre fois.  Et chaque fois les envahisseurs sont arrivés par l’Ukraine ; parce que c’est relativement plat ; alors que d’autres routes sont montagneuses. Lors de la dernière invasion (Hitler), la Russie a perdu 27 millions de personnes, alors que nous, les Américains, n’en avons perdu que 0,5 million. Comment nous sentirions-nous, Américains, si nous avions perdu 27 millions des nôtres ?  La Russie a de bonnes raisons d’exiger que l’Ukraine ne fasse jamais partie de l’OTAN.

J’ai lu de nombreuses sources sur le conflit par Internet (je n’ai pas de compte quelconque sur les médias sociaux) depuis l’invasion de la Russie : jeudi dernier (24 février). Il y a nombre de groupes variés, hautement armés, en Ukraine, avec des agendas différents, de sorte que l’histoire récente est assez complexe. Mais la grande image est celle de la guerre civile entre les Ukrainiens et les Russes qui vivent parmi eux.  .....  Oui, la Russie envahit l’Ukraine.  Mais nous sommes toujours appelés à comprendre et à aimer nos ennemis, pas à envoyer des armes et à promouvoir leur guerre civile, ou pousser l’OTAN contre leur frontière la plus vulnérable.  Ce qui serait utile, c’est d’encourager une résistance non violente, comme celle de la Tchécoslovaquie lorsque la Russie l'a envahi en 1968.  En fait, une légère majorité d’Ukrainiens sont déjà en faveur de la résistance non-violente, tout comme en 1776, la majorité des colons américains favorisaient la résistance non violente aux tuniques rouges britanniques. Le problème est qu’une minorité violente ne croit pas que comprendre et aimer ses ennemis, soit une solution. Heureusement, Dieu ne nous a pas abandonnés.
Pace e bene

PS : Malheureusement, les dirigeants de l’Ukraine semblent ignorer ce que les historiens récents ont découvert sur les résultats de la résistance aux invasions et aux occupations durant le 20ème siècle. Les campagnes non violentes ont été couronnées de succès dans 54% de tous les cas ; tandis que les campagnes violentes n’ont réussi que dans 25% de tous ces cas. Inversement, les campagnes violentes ont échoué 62% du temps ; tandis que les campagnes non violentes n’ont pas réussi seulement dans 22% du temps.  (Les campagnes restantes ont été partiellement, mais pas entièrement, réussies.)  Ainsi, le choix actuel de la guerre par l’Ukraine a une probabilité d’échec de 62% à 75%.  S’ils passent à la résistance non violente, leur probabilité d’échec ne sera que de 22% à 46% (voir « Pourquoi la résistance civile fonctionne », Chenoweth et Stephan, p 9).


J’AI ÉCRIT EN RÉPONSE : Votre analyse est correcte. J’irais même plus loin et demanderais pourquoi Zelensky :

a) a supporté les attaques contre Gaza (ce n’est pas seulement parce qu’il détient la double citoyenneté israélo-ukrainienne) et soutient d’autres violations du droit international (comme reconnaître l’annexion illégale de Jérusalem par Israël),

b) pourquoi il a fait pression pour une non-neutralité vis-à-vis de l’OTAN,

c) pourquoi il a permis aux groupes néo-nazis d'extrême-droite de prospérer sous son règne et même d’être incorporés dans l’armée ukrainienne, 

d) pourquoi il a insisté pour démolir les accords de Minsk.

Il y a un paradigme là-dedans. Je suis un Palestinien qui a regardé et souffert avec des millions d’autres, pendant des décennies de soutien occidental aux attaques israéliennes, (financées et armées), de nettoyage ethnique et même de génocide (comme cela se passe à Gaza). J’ai écrit un livre sur nos près de 120 ans de résistance non-violente :
qui, comme toutes les autres affaires relatives aux Palestiniens, a été ignoré par les acteurs « principaux ». Cela me fait de la peine de voir des images de l’Ukraine souffrant, mais c’est 1 pour 10 000 de ce que les Palestiniens ont souffert (plus de 100 000 tués ; plus de 800 000 blessés ; plus d’un million d'emprisonnés / détenus ; plus de 500 villages et villes, effacés ; 7,5 millions de réfugiés) et continuent de souffrir sans CNN, les médias occidentaux et les gouvernements appliquant des sanctions ou des boycotts ou même disant quelque chose de décent. C’est pourquoi j’admire les gens (généralement dans les bases populaires) qui sont toujours pour les droits de l’homme et non de manière sélective.

PS : « Ceux qui rendent la révolution pacifique, impossible, rendront la révolution violente, inévitable. » John F. Kennedy
PSS : Le film d’ Oliver Stone sur l’Ukraine

Restez humain et gardez la Palestine en vie.


Mazin QUMSIYEH
Un bédouin dans le cyberespace,
un villageois à la maison
Professeur, fondateur et directeur (bénévole)
Musée palestinien d’histoire naturelle
Institut palestinien de biodiversité et de développement durable
Université de Bethléem - Palestine occupée
qumsiyeh.org ; palestinenature.org



--------------------------------------------


Version originale du billet en anglais :

A colleague wrote this letter on Ash Wednesday to a priest whose comments on Ukraine seemed to fan the flames of the war.  It is good and I share it with you with my own additional comments.

Dear Fr. ___
On Ash Wednesday, you emphasized how Russia is attacking Ukraine.  That, of course, is the narrative our elite and our media are putting forward. But having lived through our invasions of Vietnam, and Iraq, I have learned that when we go to war, they do not tell the whole story. What they are omitting is that Ukraine has been having a civil war for at least the last eight years.  The percentage of Russians living in Ukraine is roughly the same as the percentage of Hispanics living in the US.  In Ukraine the two groups have been fighting a slow-motion civil war.  Unfortunately, both the US and Russia have recently made this violence worse.  We are sending in massive amounts of weapons. And we are pushing NATO to admit Ukraine, in spite of our previous promises to not tighten NATO’s military noose around Russia. That’s partially because we have never been invaded and overrun.
Russia, on the other hand, has been overrun at least four times.  And each time the invaders came in through Ukraine, because it is relatively flat, while other routes are  mountainous.  In the last invasion (Hitler), Russia lost 27 million people, while we Americans lost only 0.5 million.  How would we Americans feel if we had lost 27 million ?  Russia has good reason to demand that Ukraine never become part of NATO.

I have been reading many sources on the conflict on the internet (I do not have any social media accounts) since Russia’s invasion last Thursday (Feb 24).  There are a number of different highly armed groups in Ukraine, with different agendas, so the recent history is quite complex.  But the big picture is that of civil war between the Ukrainians and the Russians who live among them.  …..  Yes, Russia is invading Ukraine.  But we are still called to understand and love our enemies, not to send weapons and promote their civil war, or force NATO against their most vulnerable border. What would be helpful is to encourage a nonviolent resistance, like that of Czechoslovakia when Russia invaded in 1968.  In fact, a slight majority of Ukrainians already favor nonviolent resistance, just as in 1776, the majority of American colonists favored nonviolent resistance to the British red-coats.  The problem is that a violent minority believe that understanding and loving enemies does not work.  Fortunately, God has not given up on us.
Pace e bene

PS  Sadly, the leadership of Ukraine seems to be unaware of what recent historians have discovered about the results of resisting invasions and occupations in the 20th Century.  Nonviolent campaigns have been successful in 54% of all cases, while violent campaigns have succeeded in only 25% of all those cases.  Conversely, violent campaigns have been unsuccessful 62% of the time, while nonviolent campaigns have not succeeded only 22% of the time.  (The remaining campaigns have been partially, but not fully, successful.)  So Ukraine's current choice of war has a 62% to 75% probability of failure.  If they switch to nonviolent resistance, their probability of failure will be only 22% to 46% (see "Why Civil Resistance Works," Chenoweth and Stephan, p 9).


I WROTE IN RESPONSE:

Your analysis is correct. I would even go deeper and ask why Zelensky: a) had to support the attacks on Gaza (it is not just because he holds dual Israeli-Ukranian citizenship) and support other violations of International law (like recognize Israel’s illegal annexation of Jerusalem), b) why he had to push for non-neutrality vis a vis NATO, c) why he allowed neo-Nazi rightwing groups to fluorish under his rule and even get incorporated into teh Ukranian army, d) why he insisted on trashing the Minsk agreements.
There is a pattern there.  I am a Palestinian who watched and suffered with millions of others decades of Western-Backed (financed and armed) Israeli onslaught, ethnic cleansing, and even genocide (as is happening in Gaza). I wrote a book on our nearly 120 years of non-violent resistance ( "Popular Resistance in Palestine : A history of Hope and Empowerment" ) which, like all other things Palestinian, was ignored by "mainstream" actors. It pains me to see images of Ukraine suffering but it is 1 in 10,000 of what Palestinians suffered (over 100,000 killed, over 800,000 injured, over one million imprisoned/detained, >500 villages and towns erased, 7.5 million refugees) and continue to suffer without CNN, Western Media, and governments applying sanctions or boycotts or even saying something decent. That is why I admire people (usually grassroots) who are consistently for human rights and not selectively.

PS Those who make peaceful revolution impossible will make violent revolution inevitable.” John F. Kennedy
PSS Oliver Stone’s film on Ukraine

Stay Human and keep Palestine alive.



Mazin Qumsiyeh
A bedouin in cyberspace, a villager at home
Professor, Founder, and (volunteer) Director
Palestine Museum of Natural History
Palestine Institute of Biodiversity and Sustainability
Bethlehem University
Occupied Palestine
qumsiyeh.org ; palestinenature.org




En complément, je signale cette page Web (offrant des ressources et informant sous un angle très spécifique, il faut le dire) :

En Ukraine, le drapeau rouge et noir n’est pas anarchiste, il est nazi !

vidéos ; samedi 19 mars 2022.

 "Malgré un intense lobbying du régime de Kiev pour l’annuler, la chaîne française Canal+ avait, en février 2016, diffusé ce documentaire du journaliste d’investigation Paul Moreira sur la situation en Ukraine, intitulé « Ukraine : les masques de la révolution ».
Ce film est disponible sur cette page dans un encadré tout en bas.
L’enquête déconstruit l’image lisse d’un mouvement qui a inspiré le public occidental, alors que trois mouvements néonazis étaient présents aux côtés des manifestants à Kiev fin 2013 et début 2014. De là, ils ont infiltré les institutions gouvernementales en Ukraine et, avec une aide militaire, financière et technologique, considérable des forces de l’OTAN et des agences de renseignement occidentales, ont progressivement pris le contrôle des forces militaires du pays et les ont dirigées pour lancer une « opération anti-terroriste » qui visait les Russes ethniques opposés à la révolution de Kiev.
Le documentaire conclut que le gouvernement des États-Unis a été le principal moteur du changement de régime à Kiev, et que sans les contributions essentielles des extrémistes d’extrême droite en Ukraine, cette évolution en 2014 n’aurait pas été possible.
Ajoutons que cela montre comment les mondialistes utilisent des éléments criminels extrémistes et violents pour perpétrer un coup d’État et se maintenir brutalement au pouvoir. Les psychopathes utilisent le meurtre pour contrôler le récit. Dans le brouillard de la guerre, les gens sont manipulés.
Une autre vidéo passée sur France 3 en 2015 est disponible aussi. Elle parle de la division Das Reich dont s’inspire le bataillon AZOV"."






sommaire_2


Article 3

Envoi personnel du 07/03/2022 d'un article par Laura SULLIVAN
Sites : wemove.eu/fr ; profil perso et pro






Dessin de Chappatte sur actualité de la Guerre en Ukraine, montrant exode de civils et char se croisant.

Image satirique d-un individu couché sur énorme matelas de billets de banque.


REGARDONS LES CHOSES EN FACE
 
 
 


Lundi dernier, les pharmacies belges ont connu une ruée sur les comprimés d'iode. En me réveillant mardi, j'ai appris que le même phénomène se produisait dans toute l'Europe [1]. Les pilules d'iode permettent de se protéger contre le cancer de la thyroïde en cas d'urgence nucléaire. S'il y a un signe que la guerre est présente dans l'esprit des gens, c'est bien celui-là. C’est alors que Poutine a attaqué une centrale nucléaire en Ukraine.

La dernière fois que j'ai entendu parler de la menace d'une guerre nucléaire, j'étais une petite fille qui écoutait les adultes discuter à voix basse. Et bien que je me laisse volontiers aller à la nostalgie, ce souvenir a cette fois un goût amer. Pourquoi en sommes-nous encore là ? Pourquoi Poutine s'octroie-t-il le droit de détruire la vie de tant de personnes et de nous renvoyer à la réalité angoissante de la guerre froide des années 1980 ?

Mais il n'y a pas de place pour l'amertume ou la peur en ce moment. L'invasion de l'Ukraine ne devrait que renforcer notre détermination à convertir la peur en courage et à riposter. Car cela est possible, dès maintenant et à plus long terme.

Les obus et les chars de Poutine s'abattent sur des enfants tout près de nous, à l’Est de l’Europe. Dans les mois à venir, jusqu'à 5 millions de personnes n’auront pas d’autre choix que de partir [2]. La semaine dernière, nous avons lancé une action pour les aider à obtenir rapidement des visas au sein de l'UE, grâce à ce que l'on appelle la Directive de protection temporaire [3]. En un jour, 70 000 d'entre nous ont soutenu cette action. Les organisations partenaires également. Le lendemain, à 17 heures, la directive était adoptée. Ce texte n'avait jamais été appliqué auparavant et a été qualifié de mesure historique.

Mais tout n’est pas rose. Ce texte ne s'applique pas à toutes les personnes qui fuient la guerre en Ukraine – l'UE a exclu les travailleur·ses temporaires, les étudiant·es de pays étrangers et les personnes qui ne disposaient pas d'un statut permanent en Ukraine. De plus, si la directive est bien inscrite sur le papier, elle doit encore être mise en pratique.
C'est donc notre prochaine étape. Suivez nos actions !

Nous devons également réfléchir à long terme et aux causes profondes de cette situation. Cette succession incessante de crises – qu'il s'agisse de crises financières, de pandémies sanitaires ou de guerres – nous oblige à creuser davantage et à ne pas nous contenter de réagir aux symptômes. Quelles sont les causes profondes de cette crise ?

Au cours de la dernière décennie, Poutine a amassé une énorme armée grâce aux milliards que nous lui payons pour le gaz et le pétrole. Ce même gaz et ce même pétrole que nous consommons encore produisent des émissions qui détruisent toujours plus rapidement notre planète. Pendant ce temps, notre dépendance à l'égard des combustibles fossiles russes est un frein à l’heure de négocier, et pousse certain·es dirigeant·es à assouplir les sanctions par crainte que Poutine ne coupe les robinets et nous laisse dans le froid. Tous ces éléments sont connectés.

À la racine de cette situation se trouve une logique économique fondée sur la recherche du profit, sans égards pour le bien-être des personnes et de la planète. Cette logique a dominé pratiquement toutes les décisions politiques prises en Europe depuis qu'elle s'est imposée dans les années 1980.

À la base se trouvent également une forme patriarcale de leadership et une formule démocratique qui ne tient pas vraiment compte de la population, et qui concentre le pouvoir entre les mains de quelques individus privilégiés.

À la source se trouve également des idéologies et structures racistes qui privilégient les droits des personnes blanches au détriment des autres. L'Europe doit être interpellée sur sa politique « deux poids deux mesures » concernant la solidarité envers les Ukrainien·nes, qui ne s'applique pas à tous et à toutes. Toutes ces personnes, quelle que soit la couleur de leur passeport, de leur peau ou de leur statut migratoire, sont confrontées à la même tyrannie, qu'il s'agisse de chars d'assaut, d'inondations ou d'un champ desséché. En notre for intérieur, nous le savons, et nous valons mieux que cela.

Si nous voulons mettre un terme à ces crises récurrentes, nous devons les affronter à leur racine, en prenant des mesures durables. C'est pourquoi WeMove Europe existe.

Nous avons aujourd'hui une réelle chance de renverser la situation en Europe. Pour chaque stratégie du choc, il existe une chance de stratégie du choc inverse. Nous allons donc étendre ce nouveau souffle de solidarité à tous les peuples. Et si nous n'accueillions pas seulement les demandeur·ses d'asile ukrainien·nes, mais toutes les personnes demandeuses d'asile ? Et si nous nous organisions pour aider toutes celles qui fuient la guerre, ainsi que le changement climatique et la pauvreté ? Et si nous prenions enfin conscience que nous pourrions, nous aussi, avoir besoin de fuir le changement climatique d'ici peu ? Tout cela est à notre portée.

Par ailleurs, et si nous mettions enfin un terme à notre dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie et d'autres régimes despotiques ? Et si nous arrêtions totalement notre dépendance aux combustibles fossiles ? Et si nous écoutions les voix du monde scientifique qui nous répètent qu'il n'y a pas d'autre choix que d'en finir avec le gaz et le pétrole ? Mais aussi que des alternatives existent [4].

Et si nous reconnaissions que les causes profondes de ces crises sont toutes les mêmes, que nous les avons engendrées, et que nous pouvons les défaire ? Et si nous faisions passer les personnes et la planète en premier ?

Je veux vivre dans une Europe où l'enfant de 11 ans qui vit sous mon toit n'a pas à s'inquiéter des tanks, des pilules d'iode ou du changement climatique. Concentrons-nous sur les moyens d'y parvenir.


Laura SULLIVAN (Bruxelles),








sommaire_3


Article 4

Signalement personnel le 06/03/2022 d'un article par Alain SAGAULT
Sites : sagault.com  ;  ateliersdartistes.com/-LE-GLOBE-DE-L-HOMME-MOYEN-.html






Image satirique de têtes masquées, de tout genre, portant inscription de leur motivation.

Image d'une masse de smartphones, étudiés à la loupe.


À REBROUSSE-POIL
 
 
Chronique aléatoire par O. Fouinard & H. Trébuchet

Publié par Jean KLÉPAL
 

Samedi 5 mars 2022

Sources : epistoles-improbables.over-blog.com/2022/03/a-rebrousse-poil.html & ateliersdartistes.com/A-REBROUSSE-POIL
 * Et 151 autres chroniques dans -LE-GLOBE-DE-L-HOMME-MOYEN- depuis le 3 avril 2009…

Compte tenu de l’effroi procuré par la diabolique aventure "poutinienne" en Ukraine, la diffusion de ce billet a failli ne pas avoir lieu, considérant que l’horreur apocalyptique du moment imposait le silence, faute de moyens convenables pour en parler.
À la réflexion, se taire et pleurer dans son coin pourrait faire la part belle au Diable et permettre à ses homologues de continuer leur "business as usual". Alors, donc, paraît le billet entamé juste avant l’ouverture de la boîte de Pandore. Il le faut pour ne pas laisser la peur tout envahir et tout gommer, surtout à l’approche des présidentielles.

Tenter de décrypter l’évolution sournoise du quotidien est affaire délicate qui souvent conduit au sentiment d’être bien seul, parmi un entourage soucieux de la recherche parfois naïve du maintien d’un confort illusoire.
Alors se taire, courber l’échine, attendre des "jours meilleurs", choisir la servitude volontaire, pour surtout ne pas froisser quelques esprits délicatement assoupis ? Au risque de déplaire, ceci n’est pas vraiment le parti adopté.

Onésime Fouinard et Hyacinthe Trébuchet, chroniqueurs associés depuis des lustres sous des noms d‘emprunt bien avant l’ère Covid, ont donc décidé de reprendre leur véritable identité pour créer une feuille périodique vouée à la traque du réel le moins frelaté possible. Cette feuille, diffusée par la voie du réseau Internet, sera livrée hors de tout abonnement. Elle a pour principal objet d’améliorer la vue des biens voyants en les aidant à contrôler les variations de leur tache aveugle, et d’éviter la castration définitive aux "couillemolles", mâles ou femelles, qui choisissent la cécité au nom du maintien illusoire d’un confort individuel de plus en plus précaire. Certes, chacun est encore libre de soi pour ce qui est des apparences. Très nombreux sont encore ceux qui veulent ignorer combien nous sommes en permanence soumis à des contrôles par le biais de nos cartes numériques, de nos téléphones mobiles, des compteurs Linky, ou bien des détecteurs embarqués dans nos automobiles, sans parler du contenu des nouvelles cartes d’identité. Il suffirait d’un rien pour que ces dispositifs se transforment du jour au lendemain en instruments de la plus parfaite coercition. Quand on parie de complot et de complotistes, il importerait de regarder du côté de ceux qui crient au loup, là sont sans nul doute embusqués les vrais comploteurs du libéralisme économique, mondialisé.

Déjà ouvertement présente dans de nombreux États, la dictature s’avance chez nous de manière insidieuse sous couvert du faux nez d’élections foireuses, de lois sécuritaires sans cesse reconduites dans le plus grand désintérêt, et d’appauvrissement du parlementarisme réduit à un enregistrement des volontés du Monarque élu par une minorité. On peut toujours faire comme s’il n’en était rien, le péril n’en est pas moins présent, les effets induits (lassitude, abandonnisme, soumission, lâcheté, délation…) pas moins considérables.

Nous vivons à l’heure actuelle des événements voisins de ce que l’Allemagne a connu après la première guerre mondiale, où une semi dictature s’est mise en place au nom de la démocratie sous prétexte d’empêcher une véritable dictature, qui finit bien sûr par l’emporter. Les rapprochements avec le début des années 30 sont tentants. Certes, les conditions ne sont pas exactement les mêmes, certes l’histoire ne se répète pas à l’identique ; mais les mêmes tropismes se retrouvent, et la perte de mémoire est des plus dommageables. Cerise sur le gâteau, la menace du recours à l’arme nucléaire par un dictateur nostalgique de la puissance soviétique vient aujourd’hui ajouter à la saveur incomparable du menu. L’angélisme peine à trouver une place où se blottir.

Deux liens récents parmi beaucoup d’autres permettent de prélever des échantillons significatifs de la dégradation mentale et morale à laquelle nous sommes conviés ; dont nous sommes malgré nous les agents anémiés. Il ne faudrait pas que la brutale escalade de la violence orchestrée en Ukraine par la Russie masque ces faits, terreau de notre asservissement progressif par accoutumance à la privation de liberté.

À chacun de choisir de prendre ou non le temps de s’informer, de réfléchir, de se déterminer. Refuser de savoir après les monstruosités du XXe siècle, ne saurait permettre de prétendre après coup qu’on ne savait pas.


Exemple remarquable de la crétinisation sociétale en cours, un courriel du Ministère de la Santé, tout à fait exemplaire de l’hypocrisie sinon de la perversité du système oppressif à l’œuvre, est en cours de diffusion pour les assurés sociaux, c’est-à-dire la quasi-totalité de la population.
Chaque destinataire peut apprendre avec autant de bonheur que de stupéfaction que l’État ne lui veut que du bien, qu’il va même au-devant de la satisfaction de besoins qu’il ne se connaît pas encore. En français pure laine de République En Marche, cela s’appelle de la Bienveillance. Merci Patron !

Voici ce que révèle le message, qui, dès les premières lignes, signe le mépris dans lequel nous tiennent les "crânes d’œufs" aux manettes :

« Vous allez bénéficier de Mon espace santé.

Ce nouveau service public, numérique et sécurisé, hébergé en France, vous permet d’être acteur au quotidien de votre santé et de celle de vos proches.

Avec Mon espace santé, vous pouvez :
stocker, classer et décider avec qui vous partagez vos informations de santé ;
échanger avec les professionnels qui assurent votre suivi médical grâce à une messagerie de santé sécurisée
Et prochainement,
suivre vos événements de santé grâce à un agenda personnalisé
découvrir des services numériques utiles pour votre santé disponibles dans Mon espace santé. »

Jusqu’à présent, il semblait possible de se débrouiller seul, inconscients que nous étions de nos limites. Nous proposer de nous associer à notre propre vie et à celle de nos proches a quelque chose d’aussi exaltant qu’inattendu, de quoi être pris du vertige auto réalisateur du premier de cordée qui git tapi au plus profond de nous-mêmes. Qu’en termes galants…
Comment peut-on mieux
se moquer du monde ? Cette énorme duperie supplémentaire ne signifierait-elle pas plutôt que le Ministère de la Santé a décidé de réunir des données propres à un gigantesque flicage des affaires de son ressort, de même que la création de fichiers à céder un jour à l’industrie pharmaco-médicale, ou aux groupes d’assurance, pour leurs opérations de marketing ? N’oublions pas que la privatisation généralisée est un des buts avoués du libéralisme financier.
Six semaines nous sont généreusement allouées pour accepter ou refuser l’offre via un portail dédié. Non aux financiers qui imposent aux marionnettes gouvernantes de nous imposer leurs volontés, une absence de réponse est le minimum à leur opposer.

"IL" vient enfin de se déclarer candidat à sa propre succession, mettant fin à un doute insoutenable.

L’excellent journal de François Ruffin, FAKIR, a sorti un bilan gratiné de ce désastreux quinquennat, en utilisant les statistiques officielles et celles des journaux économiques, qui suffisent largement à le condamner sans réserve.

Mediapart s’est livré à la même besogne :
Cinq ans de Macron : Mediapart fait le bilan
 

Hyacinthe Trébuchet






sommaire-4


Article 5

Envoi personnel du 01/03/2022 d'un article par Frédéric BOUTET
Site : p-plum.fr ; ancien site : p-plum.fr/jusqu-a-2021/





Image humoristique justaposant coronavirus et tête de Poutine, hérissée de missiles.

Image composée de Emmanuel Macron sur fond de couvertures de magazines mainstream...


LA GUERRE ET MACRON
 
 
Les événements en Ukraine vont-ils permettre à Emmanuel Macron de supprimer l'élection présidentielle ?
 


Source : p-plum.fr/docs/Ukraine-pas-de-presidentielles.pdf  *(Avec les notes en prime).
Un article plus développé ici : p-plum.fr/?p=70  *(Non à la guerre ! Macron dégage !).

Puissance Plume - 1er mars 2022



Exercice mental d’auto-défense

En mars-avril 2020, j’ai fait cet exercice : je comparais ma perception de la gravité de la maladie covid-19 suivant qu’elle provenait de ma vie quotidienne (des gens autour de moi gravement malades avec perte d’odorat, hospitalisations, etc.), ou des médias de masse (ici ou là, des morts, des hospitalisations, etc.). Le résultat était que ma perception de la gravité de cette maladie provenait à hauteur de 0 % de mon quotidien, et 100 % venant des médias.

Deux ans plus tard, je peux faire une évaluation de l’impact des mesures prises par le gouvernement pour faire face à la pandémie sur ma vie quotidienne. Le résultat est qu’elles ont été – et elles sont toujours – 100 % nuisibles à ma vie et à celle de mon entourage. Elles sont nuisibles à l’intérêt général, chiffres à l’appui.

De même, aujourd’hui, j’examine quelle est ma perception de la gravité de l’attaque militaire de la Russie sur l’Ukraine. C’est de nouveau 0 % provenant de ma vie quotidienne et 100 % des médias ; puisque je ne connais personne d’origine ukrainienne.

Alors je me pose les mêmes questions : quelle évaluation donner aux mesures prises par le gouvernement pour faire face à la crise ukrainienne ?


« Nous sommes en guerre »... Encore ?!

En mars 2020, la panique a semblé s’être emparée des institutions à l’arrivée d’une épidémie qu’elles ont contribué à rendre grave. Et le président a déclaré le 16 mars 2020 : « Nous sommes en guerre. Toute l’action du gouvernement et du Parlement doit être désormais tournée vers le combat contre l’épidémie, de jour comme de nuit ».

Tout ceci était faux. Faire la guerre aux virus, c’est faire la guerre à soi-même. C’est une maladie, mentale, auto-immune. La santé, le bien-être dépendent des relations sociales, qui sont accablées en temps de guerre...

Deux ans plus tard, à propos de l’Ukraine, rebelote : E. Macron a déclaré le 25 février 2022 : « La guerre est là, sur notre sol. »

Pincez-moi. Comment peut-il écrire que c’est sur « notre sol » ? C’est un rêve ? Réveillez-moi ! Tout est faux !

Et ensuite, voyez son discours :

« Dans les temps tragiques que nous vivons, l'Europe n'a d'autre choix que de devenir une puissance. »

Et celui-ci le même jour : « En Européens, nous avons décidé d'une aide économique à destination de l'Ukraine à hauteur de 1,2 milliard d'euros. C'est sans précédent. Nous continuerons à livrer des matériels militaires et à soutenir la population dans cette épreuve. »

C’est un va-t-en guerre ! La guerre contre les peuples.

Je glisse ici un rappel historique : n’oubliez jamais qu’en 1916 le président américain Woodrow Wilson a été ré-élu avec un programme de non-intervention en Europe. Pour qu’un an plus tard, les U.S.A. entrent en guerre contre l’Allemagne avec le soutien de la population, il a fallu une entreprise de propagande monstrueuse, dirigée notamment par Edward Bernays pour le compte des marchands d’armes.


Un non-candidat en tête des « sondages »

À l’heure où j’écris ces lignes, Emmanuel Macron n’est toujours pas candidat à la présidentielle. Mais de manière hallucinante, les journaux utilisent des « sondages » pour lui donner une bonne intention de vote. Tout ceci n’est que propagande, fabrication pure d’opinion.

La vérité, c’est que si l’élection n’est pas truquée, il va se prendre une veste monumentale, il ne sera même pas au second tour ! Qui irait voter Emmanuel Macron, maintenant qu’a été dévoilée sa haine du peuple français ?


Sur la presse, qui pèse 100 % de ma perception de la gravité des crises covid-19 et ukrainienne...

À lire le récent article d’ ACRIMED « Quand les propriétaires de médias pèsent sur les élections ».

Eric Stemmelen, ancien directeur de programmation de France 2, ancien directeur de l'institut de sondages Sofres, parle des journalistes : "Il n’y a plus besoin de censure puisque la quasi totalité de la profession s’autocensure", et « Puisque des journaux aussi différents [Le Figaro, Libération, l’Obs, Le Monde] disent la même chose, c’est que ça doit être vrai ».

La presse dans l’affaire ukrainienne manipule ses lecteurs en fabriquant des informations sensationnelles.


Peut-on reporter des élections présidentielles ?

La chaîne « Public Sénat » répond à l’idée qui est apparue dans les journaux officiels. Sous prétexte de guerre, E. Macron peut-il annuler la tenue des élections ? Lisez bien l’article, en résumé, il faudrait une loi constitutionnelle, il faudrait ré-écrire la Constitution.

C’est faisable ! Vu que le Parlement est un soldat mécanique à la botte de Macron, le Sénat fait semblant d’être un contre-pouvoir, et que le nouveau Conseil Constitutionnel a montré toute sa docilité envers le Président quand il a validé, contre l’évidence même, la loi instaurant un pass-vaccinal.

Pourquoi Macron aurait-il intérêt à s’occuper de guerre plutôt que de laisser se dérouler les élections ? Bien évidemment parce que les électeurs l’attendent au tournant, et avec un acte simple – le seul qui leur reste d’ailleurs – : l’enveloppe dans l’urne.


Ne le laissons pas faire !

S’il tente d’annuler l’élection, descendons dans la rue : non à la guerre, non à leur monde « multilatéral » avec leurs institutions « multilatérales ». Occupons-nous de nous d’abord, et en particulier de notre santé mentale dans cet univers guerrier, accablant.


Frédéric BOUTET
p-plum.fr









INTERNET-TRIBUNE-LIBRE_index-généralINTERNET-TRIBUNE-LIBRE_haut-pageINTERNET-TRIBUNE-LIBRE_archives-2022



Dernière modification : 29.03.22, 18:56:11