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Sommaire
Article
1 : TOUJOURS PLUS N'EST POINT LE SALUT
par
Jean-Jacques REY
Article
2 : CULTURE ET MARCHE AU STADE DU LIBERALISME
par Guy CREQUIE
Article
3 : TROIS MOIS SANS SARKOZY
par Robert MARTY (envoi d'Alain SAGAULT)
Article
4 : POUR SORTIR DE LA COMPETITIVITE : Synthèse du Rapport Attac / Copernic
par Thomas COUTROT, Jean-Marie HARRIBEY, Norbert HOLCBLAT, etc. (envoi d'Attac Rennes)
Article
5 : FINANCEMENT DE LA TRANSITION ECOLOGIQUE
par Fondation Nicolas HULOT (envoi du Cercle des Economistes Citoyens)
Article
6 : MALI : OTAGE D'UN JEU GEOSTRATEGIQUE : Qu’y-a-t-il sous les bruits de bottes... ?
par Mireille FANON-MENDES-FRANCE (envoi de Martine BOICHOT CAMARA)
Article
7 : AFRIQUE – LE CONTINENT SPOLIE !
par Robert BIBEAU
Article
8 : MADAGASCAR : AIDONS LES FOKONOLONA A SE DEFENDRE
par Joseph RAHARIJESY
Article
9 : LES TEMPS SONT DURS
par Jean SAINT-VIL
Article
1
TOUJOURS
PLUS N'EST POINT LE SALUT
Croissance
- Concurrence - Compétitivité : voilà les trois « C » phares du néolibéralisme (et de
l’impérialisme) qui mène à la marchandisation jusqu’à saper les bases
de la Civilisation : ce quatrième « C »
qui sert de prétexte ou d’étiquette pour les adeptes de l’économie de
marché ; trois « C » qui
jalonnent la Mondialisation et vide le monde…de sens (et
souvent plus) !
Les
marchands et leurs commandants : les banquiers, ont travesti le monde
et ils appellent cela la "réalité"…
La course
au profit génère une course sans fin, sans queue ni tête, jusqu’à
épuisement des ressources.
La
domination (et le règne) des marchands & banquiers ne prendra fin
qu’avec la fin de l’argent comme outil de richesse…du moins servant sa
définition matérielle. Le reste n’est au mieux que traitement social…
Ces quatre
jets (ou jeux ?) synthétiques m'amène à repenser à un fleuron et même
un fleuriste de cette idiotie carabinée qui se veut, tant vantée, la
seule politique possible, qui soit "responsable" et "efficace", pour
une société évoluée... Précisons : où la fortune de quelques uns se
construit sur la ruine et la maltraitance de peuples entiers !
Sarkozy,
il arrête : son retour au-devant de la scène politique est improbable
soi-disant. Moi, je dirai plutôt qu’il a été prévenu, et depuis un
petit moment déjà, qu’il usait trop vite son crédit… Je pense qu’il a
compris… Pas de numéros pour la galerie, ce coup-ci, ni d’effets de
manches ni de procédures, etc. rien qui soit valable pour retarder
l’échéance, à part se faire tout petit, encore plus qu’il l’est, si
possible, mais bien optimistes seraient, ceux, qui envisagent une bonne
fin (nonobstant les crocodiles qui font semblant)…
Personne ne peut défier impunément les Forces de la Vie : la Raison
suprême… Même pas les aveugles et les inconscients, mais, lui, il l’a
fait…inutilement et stupidement, comme un enfant capricieux !
Dire
qu’une majorité en France, à un moment donné, s’exprimant,
électoralement parlant, a cru bon de le propulser au rang de chef
d’Etat, cet « agité du bocal »… Beaucoup veulent tourner la page
maintenant, les dirigeants actuels en tête ; cela part d’un bon
principe -peut-être- mais le mal est fait, crise ou pas, et, on n’a pas
fini d’en subir les conséquences… C’est une lamentable
erreur, indigne d'un grand peuple, qui aurait pu être
tragique… Mais elle avait commencé bien avant de remettre son destin
entre les mains d'un de ces commis de la Finance, sans foi ni loi autre
que celles qu’ils adoptent pour arriver à leurs fins, même si en cela
leur Fin est proche…
Les êtres humains peuvent se faire la guerre, s’estropier, se
déshumaniser, pour tel ou tel camp ; ils peuvent vouloir tout régenter
sur Terre, « réinventer » le monde, se croire les « élus »
immortellement fait pour régner sur le Vivant, etc. ; ils ne sont rien
face à la Justice immanente de la Nature, aux lois de la Vie et les
formes qu’ ELLE choisit…
Qu’importe le nom que nous leur donnons et le concept qu’on y attache.
Sarkozy a
compris, il a mené son dernier bateau… Peut-être est-il moins C-O-N que
certains le voudraient (y compris moi, le modeste accoucheur de mots)
et, sûrement moins débile, est-il, que les ineffables tartuffes qui
espèrent lui succéder un jour, ceux-là même qui ne savent qu’enfiler
les perles, les répons, et emboucher les tubas de la honte ! Coppé, cet
aimable sosie d’hominidés, bourré derrière ses œillères, peut-il
espérer conduire la France vers un avenir meilleur ? … Et l’autre tête
du « monstre bicéphale » : Fillon, est-il meilleur pilote ? Lui, qui
s’emmêle les pieds ou la raison, pour un oui ou un non ; en donnant
toujours quittance de poids à la Finance !
Ces têtes qui se voudraient couronnées par l’intelligence (ne parlons
pas de la vertu) ne savent qu’invoquer le passé de leur gestion
désastreuse, les vieilles recettes inefficaces, et pourquoi pas aussi
la « Révolution nationale » qui ramènerait aux piliers de l’enlisement
? Ils n’ont de cesse de vouloir soumettre les intérêts de la nation au
« dieu » cannibale de la Finance, ils ne proposent et n’ont aucune
autre solution pour préparer l’avenir que la régression, et ils
voudraient représenter une alternative aux choix du présent
gouvernement (ne parlons pas de progrès) ? ...
Ces gens ne représentent que les intérêts de leur classe possédante,
(qui ne rejoignent pas ceux de la petite bourgeoisie et des classes
moyennes : ceux-là le découvrent peut-être un peu tard…) mais ils
représentent surtout un grave danger pour le peuple et la cohésion
sociale ; car, pire que leur ignorance, ils s’inscrivent dans le déni,
minorant les changements à l’œuvre dans le monde, dans bien des
domaines, et non conscients que le temps leur échappe… Ils sont finis,
intellectuellement, mais contrairement à Sarko qui craint les suites ,
ils n’ont pas compris leurs limites, et je gage qu’ils ne les
reconnaîtront qu’en se fracassant dessus ; ce qui ne nous dispensera
pas d’en payer les frais…
En plus
les forces de la Vie ne font pas de détail et elles nous forceront, tôt
ou tard, à arrêter un suicide organisé, et ce n’est pas la « petite
guerre » qu’imaginent certains pour sortir de la Crise-crises, qui y
changera grand chose…
Tant que
les banquiers et les marchands, suppôts de l’idéologie libérale –qui
n’a rien à voir avec les libertés- feront la loi et l’intérêt général,
nous ne sortirons pas de ce monde à fragmentations qui s’achemine vers
la guerre des civilisations.
Tout
sauver pour tenter de l’être… De toute façon, l’homme a provoqué
tellement de dégâts sur Terre qu’il n’a rien à espérer et encore moins
à réclamer pour son salut.
Jean-Jacques
REY
Pour
compléter le tableau :
Réflexions sur le
lamentable épisode sarkozyste
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/reflexions-sur-le-lamentable-122851
"A peine quelques mois après l’éviction peu
glorieuse de l’Elysée de son orgueilleux inventeur, le sarkozysme
apparaît d’ores et déjà comme la
plus pesante aberration politique de l‘histoire de la nation française.
Perte de son indépendance dans le monde,
baisse du niveau intellectuel de la population, économie en berne,
endettement record, exacerbation des
communautarismes, division des Français, stigmatisation des plus
défavorisés et des intellectuels,
délinquance en hausse partout, abêtissement généralisé, règne de la
télécon comme jamais…
Le passage de Sarkozy à la tête du pouvoir aura été un très fâcheux et
particulièrement néfaste accident de parcours dans
la gestion politique et économique du pays. Elire un président, en
2007, qui avait clairement pour priorité de gouverner
pour les riches et de s'enrichir lui-même a été la plus grosse bourde
que les Français aient commis depuis des
siècles... "
Article
2
Envoi par Guy CREQUIE : http://guycrequie.blogspot.com/
CULTURE ET MARCHE AU STADE DU
LIBERALISME
:
INTRANSIGEANT ET DESTRUCTEUR DE VALEURS
HUMAINES
En poursuivant [une] discussion avec [une
amie], j'en viens à penser, que la situation actuelle de nos sociétés à
l'égard de la culture, a des racines profondes. Cependant, le temps a
accentué les dérives.
Présentement, même un
congrès mondial des poètes, lequel, au temps de la Renaissance ou au
XIXe siècle, aurait mobilisé les pouvoirs et les citoyens, n'obtient
pas ou peu d'aides institutionnelles ou de sponsors privés. Est- ce un
manque d'argent ???
Certes, c'est ce qui est invoqué par les politiques pour faire des
choix privilégiant les entreprises, les banques, et les charges
sociales et économiques essentielles. Dans le même temps, et y compris
en France cette année (pays dit de l'exception culturelle) le budget à
la culture est réduit.
A l'époque de CESAR,
des jeux du cirque, le bon peuple était appelé aux arènes pour se
distraire avec du sang et influencer parfois avec son pouce en lever ou
en baisse, l'éventuelle grâce de l'empereur.
De nos jours, les
spectateurs viennent par milliers, (parfois dizaine de milliers sur les
stades), admirer les nouveaux dieux du stade = pas forcément pour leur
intelligence de l'esprit, mais pour voir des exploits sportifs avec le
nom d'un sponsor sur un maillot, et la retransmission par les grands
médias, ce qui rapporte des sommes colossales à certains organisateurs.
Ainsi, s'il n'y a pas
beaucoup d'argent pour l'expression culturelle, il y en a pour le sport
d'élite et on voit par exemple un pays comme le QATAR, investir
des millions de dollars dans une équipe de football, et en achetant des
footballeurs à un prix d'or dépassant parfois le salaire de toute
l'existence d'un salarié.
Tout ceci est estimé
normal, fatal, par nos gouvernements et institutions ; si nous n'en
sommes plus, pour l'essentiel sur la planète, à cette réflexion de
GOEBBELS parlant de la culture, je cite : "Lorsque
l'on me parle culture, je sors mon pistolet."
Cependant, et à part
quelques exceptions élitistes : remise de prix monétaires lors de
certains concours littéraires (Nobel ou autre), ou de distinctions
universitaires, pour l'essentiel, l'œuvre de l'esprit individuelle
est estimée dans la reconnaissance notamment monétaire = inférieure au
sport.
C'est vrai, par exemple, qu'un poète ou un
philosophe talentueux peuvent être dérangeants et subversifs, ceci,
pour des pouvoirs corrompus ou injustes socialement.
Cependant, à partir
des faits, la démonstration est simple à établir. Les médias citent
rarement et se déplacent peu pour une œuvre poétique. Dans bien des
pays, pour être publiés, 99% des poètes paient l'édition de leur
recueil.
Un footballeur ou
tennisman, qui gagne un concours important : reçoit une coupe, un
diplôme, les félicitations du jury, et :…..un chèque conséquent !
Un écrivain ou poète,
qui est proposé comme lauréat par une prestigieuse société académique,
remplit un dossier, et paie les frais "dits de dossier" et sa médaille
= s'il l'accepte...
Ces pratiques, sont
révélatrices du fonctionnement actuel de notre société, et
malheureusement, face à de telles dérives, il faudra des décennies pour
y remédier, et encore, si l'exigence des peuples se fait entendre, et
si les Institutions s'y rallient.
Heureusement, il reste
des lieux de résistance et de créativité : associations culturelles,
sociétés d'écrivains, syndicats, et des lieux dont c'est la vocation
comme L'UNESCO ; mais qui : malgré leur bonne volonté, sont
dépendants de la volonté de Etats Nation et de leurs choix politiques,
s'agissant des moyens qui leur sont accordés, et de leur audience sur
ces sujets.
© Guy CREQUIE
Ecrivain français
Article
3
Envoi d'Alain SAGAULT : http://www.ateliersdartistes.com/sagault/
TROIS MOIS
SANS SARKOZY
05 Août 2012
La presque totalité des commentateurs a fait de l’antisarkozysme,
l’alpha et l’oméga de l’explication du succès de François Hollande,
accordant à ce dernier assez peu de mérites personnels sinon d’avoir su
utiliser habilement ce ressort. Il n’y aurait pas eu la moindre «
appétence » pour la gauche et son chef de file, ce qui s’explique
aisément par le réalisme qu’elle a dû afficher en rupture avec sa
traditionnelle promesse. Mon propos n’est pas de discuter le bien
fondé de ce choix gagnant mais de m’interroger sur le lien entre la
nature profonde de l’antisarkozysme et cette révolution culturelle
réussie par la gauche. En effet c’est seulement aujourd’hui, trois mois
après la sortie de Sarkozy de la scène politique et de nos
esprits (presque) qu’il est possible d’amorcer cette recherche sans
être aveuglé par la passion. En termes plus théoriques je me propose de
dégager les grands traits d’une phénoménologie du sarkozysme,
c’est-à-dire de ses modes d’être fondamentaux afin d’évaluer ce que fut
son impact sur les esprits et sur les pratiques.
Le Factuel : la stratégie des chocs
Ce que les
journalistes ont unanimement qualifié d’ "hyper-présidence" peut-être
regardé comme une version soft des stratégies de changement mises en
œuvre dans plusieurs pays sous l’impulsion d’économistes néo-libéraux.
Ces stratégies utilisaient, voire suscitaient, des chocs sociaux,
économiques et politiques (désastres naturels, guerres, attaques
terroristes, coups d’État, crises économiques) pour imposer des
réformes majeures impossibles à mettre en œuvre en temps normal*. La
méthode sarkozyste –qui collait parfaitement au personnage- a consisté
à utiliser la maîtrise de l’agenda politique que donne le pouvoir pour
abasourdir littéralement l’opinion publique par d’incessants
changements, contre-pieds, inventions hétéroclites décomplexées,
annonces fracassantes anxiogènes, initiatives brutales, pratiques
partisanes sans vergogne s’attaquant au socle même du contrat social
institué depuis la Libération. Le rythme des chocs -dont l’image
pourrait être celle d’un perforateur à percussions- est tel qu’il
interdit tout recul analytique et toute prise de distance compatible
avec la temporalité médiatique. Autrement dit quand on a pris le temps
nécessaire pour commenter ou contester, il est déjà trop tard, les
médias sollicités par le ou les coups suivants sont passés à autre
chose et l’opinion avec eux. Une façon presque mécanique d’échapper à
la critique sans encourir le reproche de le rechercher. D’autant plus
que les chocs arrivent dans des domaines très différents avec des
azimuts soigneusement calculés pour littéralement faire tourner la tête
des gens qui en restent obligatoirement au seul impact des faits et de
leurs seuls effets immédiats. Les
interprétations immédiates sont les interprétations finales.
Le Ressenti : le sentiment qu’un
monde s’écroule.
L’impact d’un fait
sur une personne, c’est le sentiment qu’il produit. Le moins que
l’on puisse dire c’est que le sentiment dominant pour le grand public
était le désarroi. Le sentiment que l’ordre des choses est pour
toujours dérangé, que le désordre gagne l’univers, que la totalité du
champ social est mise sens dessus dessous. Le citoyen ordinaire est
politiquement groggy, incapable de réagir sous la grêle des coups qui
s’abattent sur lui : un jour il craint pour sa retraite, le lendemain
il se voit empoisonné par de la viande qui va lui inoculer de l’islam
dans le sang et le faire vivre dans un pays couvert de minarets,
détroussé quotidiennement pas des hordes de Roms ou de Libyens affamés.
Plongé dans la marmite bouillante des insécurités, il est poussé à
rechercher son salut auprès de ceux qui se posent comme leurs
protecteurs, les tenants de tous les ordres : économique, social et
surtout moral.
Le Concept : il faut conserver le
Capitaine Courageux
Le concept directeur
simple et clair qui peut encadrer aussi bien ces ensembles de faits que
répondre aux sentiments qui les accompagnent est celui du sauveur ou du
guide ou du chef auquel on doit aveuglément faire confiance, quelles
que soient ses outrances, ses insuffisances notoires ou ses
bouffonneries et peut-être même à cause de tout cela présenté comme des
exceptions corrélées à l’exceptionnalité des situations. La sémiotique
très appuyée des derniers temps de la campagne et notamment la
démonstration du Trocadéro, une provocation calculée envers l’histoire
du monde ouvrier, sur fond de milliers de drapeaux identiques déployés
dans un ordre évocateur des plus grands rassemblements nationalistes de
l’Histoire, avait pour fonction de construire dans les esprits la clef
de voûte indispensable. La Nation, telle que Maurras n’a cessé de la
célébrer, la Seule France comme remède et solution à tous ces maux et
un seul homme à la barre qui peut la sortir de la tempête pour la
conduire dans les eaux calmes où régnera à nouveau le bonheur social.
Le Président Normal ou comment on
s’en est sorti …
Cela aurait pu
marcher et même cela a failli marcher. François Hollande n’a sûrement
pas fondé sa longue campagne sur des analyses phénoménologiques.
Tout ce que l’on peut constater, c’est qu’elle a produit une
phénoménologie strictement opposée à celle qui vient d’être décrite,
qu’elle en a au moins annulé les effets et a su profiter de ses rares
faiblesses pour reprendre la main. Au cœur de cette stratégie, le
Président Normal. On peut facilement appréhender le fonctionnement
sémiotique (c’est-à-dire sa capacité à induire des significations dans
les esprits) à l’aide du carré sémiotique proposé par A.J.Greimas**.
Brève explication : le Normal est étroitement lié dans les esprits
occidentaux au moins au Pathologique de la manière suivante : la
négation du Normal (le non-normal) fait surgir dans l’esprit le
Pathologique et réciproquement la négation du Pathologique (le
non-pathologique) fait surgir le Normal. On dit que le couple
Normal-Pathologique constitue une catégorie sémantique (il y en a bien
d’autres comme masculin-féminin, nature-culture, être-paraître, … mais
par exemple petit-gros ou faible-fort n’en sont pas). Il en résulte
qu’en se déclarant Normal, François Hollande rejetait quasi
mécaniquement son principal adversaire dans le Pathologique et ceci
sans jamais prononcer le mot. Exemplaire à cet égard est la séquence
anaphorique du « Moi, Président, je ne … » qui en appliquant à chaque
item une négation à un terme couvert plus ou moins par le concept de «
Pathologie sociale voire personnelle » faisait surgir son correspondant
Normal. Et la longueur de la séquence a enfoncé le clou au maximum pour
un résultat qui s’est avéré définitif.
L’impact sur les pratiques, c’était le comportement dans les urnes … On
le connaît … Mais la signification profonde de toute stratégie est
toujours dans ses conséquences et nous sommes aujourd’hui loin de les
avoir épuisées.
Une seule chose est sûre : un Grand Péril
a été évité et ce fut un Grand
Soulagement …
______________________________________
Notes
:
* Voir le livre de Naomi Klein, La stratégie
du choc : la montée d'un capitalisme du désastre, qui
décrit l’utilisation de chocs de toute nature qui permettent d'amener
un prisonnier à régresser jusqu'à un état infantile. On peut alors lui
faire accepter ce qu’il n’aurait jamais accepté auparavant. Selon
l’auteur, en parallèle, certains ont pensé que des chocs sociaux,
économiques et politiques — désastres naturels, guerres, attaques
terroristes, coup d’État, crises économiques — pouvaient être
délibérément utilisés pour permettre sans opposition la mise en œuvre
de réformes économiques néolibérales majeures.
Pour
compléter le tableau :
Sarkozy-Badinguet
http://www.legrandsoir.info/sarkozy-badinguet.html
"Afghanistan, Libye, Côte-d’Ivoire, Syrie : la
France guerrière.
L’action de Nicolas Sarkozy durant ses cinq années de présidence de la
République appelle de nombreux commentaires.
Nombreux seront ceux qui retiendront sa proximité affichée avec les
milieux argentés, ce qui fait dire que
Sarkozy pouvait être comparé à Napoléon III - « Badinguet » pour ses
contemporains !
Tout comme celui de Napoléon III, le règne de Sarkozy restera en effet
marqué par la prospérité et l’enrichissement sans complexe d’une bourgeoisie financière
particulièrement avide. Victor Hugo disait de l’homme du coup d’Etat du
2 décembre 1851 : « Il aime la gloriole, les
paillettes, les grands mots, ce qui sonne, ce qui brille, toutes les verroteries du pouvoir. Il a pour lui l’argent,
l’agio, la banque, la Bourse, le coffre-fort... »."
Article
4
Envoi d'Attac Rennes : http://local.attac.org/35/
POUR
SORTIR DE LA COMPETITIVITE
****
Synthèse du Rapport Attac /
Copernic
Paris,
le 7 novembre 2012
Après
avoir annoncé un nécessaire « choc de compétitivité » souhaité par la
droite et le MEDEF, le gouvernement souhaite désormais construire un «
pacte de compétitivité » sur l’ensemble du quinquennat de François
Hollande, inspiré par
les mesures préconisées par le rapport Gallois. La rengaine est connue
: notre pays souffrirait d’un déficit de compétitivité dû, entre autres, à
un coût du travail trop élevé. Qu'en est-il vraiment ?
- À
travers ce rapport, Attac et la fondation Copernic se penchent sur les
difficultés de l'économie française et sur les idées reçues autour de la
compétitivité. Pour ses auteurs, la diminution du coût du travail,
prônée par le rapport Gallois
n'est en rien une solution à la crise, de manière globale, ni à la
désindustrialisation en particulier. L'accent mis sur le coût du travail masque
l'essentiel, notamment l'envolée des dividendes qui grèvent les
investissement de R&D.
- Les
mesures annoncées par le gouvernement constituent un ralliement aux
dogmes libéraux, selon lesquels les salaires et la protection sociale
seraient la cause de nos difficultés, les dépenses publiques devraient
diminuer, et la TVA
anti-sociale serait une solution. Il est pourtant urgent de sortir de
cette logique qui créé les conditions d’une concurrence de tous contre tous,
d’un état de guerre économique permanent qui appauvrit les populations
et détruit les
équilibres écologiques.
- Ce
contre-rapport montre comment la compétitivité, tant vantée, s’avère en
fait être une voie sans issue, économiquement absurde et socialement destructrice : c’est un
autre modèle de développement qu’il faut aujourd’hui promouvoir tant pour des raisons
écologiques que pour des raisons sociales. Ce nouveau modèle de développement doit être fondé sur
les principes de la coopération, de la rupture avec un consumérisme
destructeur, de la
réponse aux besoins sociaux, de la réduction des inégalités et de
l’ouverture d’une transition écologique.
Synthèse
Le thème de la compétitivité est un marronnier des débats de politique
économique. C’est une obsession tenace malgré la difficulté à en
proposer une définition claire et admise par tous, sinon sous une forme
tellement vague qu’elle se prête à toutes les interprétations : « la
définition généralement retenue de la compétitivité d’une nation est la
capacité à améliorer durablement le
niveau de vie de ses habitants et à leur procurer un haut
niveau d’emploi et de cohésion sociale », nous dit le CAE
[Conseil d’Analyse Economique, ndlr] (1). Les auteurs ne cachent pas « les
réserves méthodologiques que le concept suscite » (2) et ils rapportent même le propos
de Paul Krugman « contre la “dangereuse obsession” de
compétitivité de l’administration Clinton et de l’Union Européenne
» car « la compétitivité est un mot
vide de sens lorsqu’il est appliqué
aux économies nationales » (3)
. Vide de sens, mais symbolisant très bien les stratégies patronales de
pousser encore plus avant la libéralisation de l’économie et du «
marché » du travail en particulier, malgré « l’inscription de la
cohésion sociale dans les politiques de compétitivité » (4) affirmée par la Stratégie de
Lisbonne.
Concernant la France, la rengaine est connue :
notre pays souffrirait d’un déficit de compétitivité dû à un coût du
travail trop élevé. Les pertes de part de marché et la
comparaison avec l’Allemagne sont évoquées
pour justifier ce diagnostic, le patronat prônant un « choc
de compétitivité » basé sur un allégement massif des cotisations
sociales transférées sur les ménages par le biais d’une augmentation de
la CSG et/ou de la TVA. Le Journal du Dimanche, dans son
édition du 28 octobre, titrait à sa une : « l’ultimatum
des grands patrons ». Dans ce journal, le lobby du haut
patronat, regroupé dans l’Association Française des Entreprises Privées
(AFEP), fait valoir haut et fort ces exigences : une baisse massive des
dépenses publiques et du coût du travail.
Les vraies
raisons de la fragilité de l’industrie française
Certes, les aspects compétitivité hors-prix, c’est-à-dire liés à la
qualité des produits, leur degré d’innovation technologique,
l’adaptation à la demande… ne sont pas totalement ignorés. Il serait
difficile en effet de ne pas voir, si on en reste à la comparaison avec
l’Allemagne, le niveau insuffisant de la R&D en France : 2,1 % du
piB contre 2,8 %. Ce différentiel est également très marqué si l’on
considère les dépenses en R&D du secteur privé : 15 milliards
d’euros de ce côté-ci du Rhin, contre 31 milliards de l’autre en 2008.
De même, tout le monde s’accorde pour pointer
le problème des rapports entre les grands groupes industriels et leurs
sous-traitants. L’externalisation des activités des grandes firmes a
uniquement pour objectif de faire baisser les coûts en les reportant
sur les PME sous-traitantes, multipliant ainsi les pratiques
abusives. La dépendance par rapport aux grands groupes, qui peuvent les
abandonner pour accroître leur rentabilité, explique en partie la
difficulté des PME à avoir accès au crédit bancaire. Sur ces points
aussi, la différence avec l’Allemagne est patente.
Enfin, la sensibilité des exportations
françaises au taux de change de l’euro est largement connue. Entre
janvier 2002 et avril 2008, l’euro s’est réévalué de 78 % par rapport
au dollar. Conséquence, depuis 2002 cette hausse aurait freiné
les exportations françaises à la
hauteur de 0,3 point en moyenne par trimestre.
Le contraste est manifeste avec l’Allemagne qui, se situant sur des
créneaux haut de gamme, est moins sensible aux variations de prix.
Ces faiblesses de l’industrie française, si
elles ne sont pas ignorées, sont de, fait, laissées de côté par la
plupart des commentateurs. Les résultats du commerce extérieur sont
mobilisés pour dramatiser la situation sans que jamais la validité des
chiffres ne soit elle-même interrogée. Ainsi, la stratégie des
firmes dans la mondialisation n’est
que très rarement évoquée. Le redéploiement des processus
productifs a pour conséquence une différence croissante, et variable
selon les pays, entre la compétitivité d’un espace national et celle
des firmes « nationales ». Dans le cas des firmes allemandes, la
sous-traitance internationale est utilisée systématiquement,
mais la phase finale d’assemblage se
fait en Allemagne. Une part importante
des exportations allemandes correspond donc, en fait, à du
simple réexport pour une bonne partie du produit fini. A contrario
par exemple, les importations vers la France des « Logan » produites
dans les usines Renault de Roumanie sont comptées comme exportations
roumaines. La contribution à la performance du pays peut se dégrader à
partir du moment où les firmes réalisent une partie croissante de leur
chiffre d’affaires à l’étranger. C’est le cas des grands groupes
français, dont le chiffre d’affaires réalisé en France augmente très
lentement, toute la croissance se faisant en Europe et dans le reste du
monde.
Ce phénomène de croissance sur le marché
mondial peut se combiner avec l’utilisation des prix de transfert entre
sociétés membres d’un même groupe, de manière à localiser le bénéfice
final dans un pays à fiscalité avantageuse, voire dans un paradis
fiscal. Rappelons que le commerce entre filiales d’un même groupe
représente environ un tiers des échanges de la France. les statistiques
des exportations nationales s’en trouvent donc largement biaisées.
ainsi, plus de la moitié du déficit commercial de la France vis-à-vis
de l’Allemagne (10 milliards d’euros) serait due à une manipulation des
prix de transferts.
Le coût du
travail, bouc émissaire
Le débat public se concentre sur le coût du travail sur la base de
données souvent discutables. En effet, les données de référence
d’Eurostat posent problème tant sur la comptabilisation des heures de
travail qui sous-estime la durée du travail en France, que sur le
calcul de la masse salariale qui surestime le poids, en France, de la
formation professionnelle dans le coût du travail. De plus, ce débat
est en général biaisé. D’une part, il ne prend que rarement en compte
la productivité du travail, c’est-à-dire le coût salarial unitaire. Or
les écarts de productivité entre pays sont plus grands que les écarts
de coût horaire. D’autre part, il mêle allégrement coût du travail dans
l’industrie et dans les services marchands. Or la productivité augmente
plus faiblement dans les services que dans l’industrie.
Le coût salarial unitaire baisse en moyenne
dans la zone euro sauf pour le Royaume-Uni, le Danemark, l’Italie,
l’Espagne et la Grèce. En France, il baisse de 0,5 % par an de 1996 à
2008, en Allemagne de 0,7 %. Globalement, on constate une tendance à la
convergence des coûts salariaux unitaires dans la zone euro, avec une
baisse dans l’industrie et une hausse dans les services. Ces constats,
combinés au caractère biaisé de certaines données statistiques,
démentent l’affirmation selon laquelle il y a eu en France une dérive
du coût du travail qui plomberait la compétitivité des entreprises.
Le coût du
capital passé sous silence
Mais surtout, on met toujours en avant le coût du travail alors que le
coût du capital n’est quasiment jamais évoqué. Pourtant, les revenus
nets distribués représentent aujourd’hui 9 % de la valeur ajoutée des
sociétés non financières, niveau historique record depuis la Seconde
Guerre mondiale, contre 5,6 % en 1999. La part dévolue aux actionnaires
a donc crû dans des proportions considérables ces douze dernières
années. Autrement dit, la complainte patronale faisant de la baisse du
taux de marge la raison profonde des faibles investissements et du
moindre effort en matière de recherche et développement, passe sous
silence le fait que, crise ou pas crise, la part de plus en plus lourde
que les entreprises choisissent de distribuer aux propriétaires du
capital affaiblit leur capacité à faire face à tous les aspects de la
compétitivité.
Dans cette situation, l’exigence patronale
d’un transfert massif des cotisations sociales vers les ménages (en
grande majorité salariés) apparaît pour ce qu’elle est : le refus de
toucher aux dividendes versés aux actionnaires. Cette demande est
d’autant moins fondée que le bilan des exonérations actuelles de
cotisations sociales est pour le moins problématique. Voici ce qu’en
dit la Cour des comptes en 2009 : « la Cour avait relevé que les
nombreux dispositifs d’allègement des charges
sociales étaient insuffisamment évalués en dépit de la
charge financière croissante qu’ils représentaient pour les finances
publiques (27,8 milliards d’euros en 2007, soit 1,5 % du PIB).
S’agissant des allègements généraux sur les bas salaires, leur
efficacité sur l’emploi était trop incertaine pour ne pas amener à
reconsidérer leur ampleur, voire leur pérennité. »
Pourtant, c’est une nouvelle baisse de
cotisations sociales que préconise le rapport Gallois. L’argument de
l’emploi est laissé de côté au profit de celui de la compétitivité. Les
30 milliards d’allégements qu’il prône se décomposeraient en 20
milliards d’allègements de cotisations patronales et, plus inédit, 10
milliards d’allègements de cotisations salariales.
Dans le cas d’une baisse des cotisations
employeurs, il y a gain pour les employeurs, neutralité pour les
salariés en termes de salaire direct et baisse de pouvoir d’achat des
ménages, s’il y a compensation par la fiscalité et si celle-ci prend la
forme d’une augmentation de la CSG et/ou de la TVA. Dans le cas d’une
baisse des cotisations salariales, il y a, en instantané, neutralité
pour les employeurs et gain de salaire direct pour les salariés, ce
gain pouvant toutefois être plus ou moins annulé par une augmentation
correspondante de la fiscalité. Au total, il s’agit bien de faire payer
aux salariés et aux ménages une prétendue déficience de compétitivité,
le niveau des profits, surtout celui des profits distribués, restant
bien sûr incontesté.
La
compétitivité au détriment du travail
est une voie non coopérative sans issue
La baisse du coût du travail ne prend pas comme seule forme celle des
allégements de cotisations sociales. S’y combine un accroissement de la
flexibilité du travail. La déréglementation brutale du
marché du travail est un élément
essentiel des politiques de compétitivité. Assouplissement des
conditions de licenciements, modulation de la durée du travail, temps
partiel imposé touchant essentiellement les femmes, remise en cause de
la durée légale du travail…, la liste est longue des mesures visant à
remettre en cause la norme du contrat de travail à durée indéterminée.
On assiste partout en Europe à une attaque sans précédent des droits
des salariés.
Il s’agit en théorie avec ces politiques de
favoriser les exportations. Comprimer les coûts pour gagner des parts
de marché à l’export, tel est l’impératif catégorique que l’on veut
nous imposer. Mais cette logique est prise dans des contradictions dont
elle ne peut sortir. En effet, l’essentiel des relations commerciales
des pays de l’Union Européenne a lieu à l’intérieur de l’Union. Les
clients des uns sont les fournisseurs des autres et les déficits des
uns font les excédents commerciaux des autres. Vouloir, dans cette
situation, que tous les pays copient le modèle allemand et se
transforment en exportateurs est impossible. La contraction de la
demande interne dans tous les pays, produite par la réduction des coûts
salariaux et les coupes dans les dépenses publiques, pèse
sur le commerce extérieur de tous.
Où exporter lorsque tous les pays réduisent leur demande ? La baisse de
la demande interne ne peut qu’entraîner une réduction des exportations
et aboutir à une récession généralisée. C’est la situation actuelle en
Europe qui voit même l’Allemagne aujourd’hui touchée par la contraction
économique.
Vers un
autre modèle de développement
la
compétitivité est donc une voie sans issue, économiquement absurde et
socialement destructrice. C’est un autre modèle de développement qu’il
faut aujourd’hui promouvoir tant pour des raisons écologiques que pour
des raisons sociales. Il faut en finir avec la logique même de la
compétitivité qui, basée sur la concurrence de tous contre tous,
aboutit à un état de guerre économique permanent qui appauvrit les
populations et détruit les équilibres écologiques. Ce nouveau modèle de
développement doit être fondé sur les principes de la coopération, de
la rupture avec un consumérisme destructeur, de la réponse aux besoins
sociaux, de la réduction des inégalités et de l’ouverture d’une
transition écologique. Cette dernière suppose notamment une véritable
révolution énergétique aux antipodes de la fuite en avant dans le
nucléaire, dans les combustibles non conventionnels tels que les gaz de
schiste, comme le préconise, de fait, le rapport Gallois, ou dans des
projets d’infrastructures inutiles et destructrices et de surcroît
rejetées par les populations (5)
.
C’est dire que le débat sur la compétitivité
ne peut se réduire à une discussion étriquée sur des recettes,
inefficaces au demeurant, pour soi-disant relancer la croissance, mais
doit poser la question de la société dans laquelle nous voulons vivre.
La suite du document à :
pour Attac / Copernic
Thomas COUTROT, Jean-Marie HARRIBEY, Norbert HOLCBLAT
Michel HUSSON, Pierre KHALFA, Jacques RIGAUDIAT, Stéphanie TREILLET
______________________________________
Notes :
(2) Ibidem, p. 11.
(3) Ibidem, p. 7.
(4) Ibidem, p. 11.
(5) L’exemple actuel
étant celui du nouvel aéroport de notre-Dame-des-landes.
Pour
illustrer la thématique :
Formons
et développons des Groupes d'Instauration de Revenu d'Existence
http://lienenpaysdoc.com/index.php?option=com_content&view=article&id=252:developpons-des-groupes-dinstauration-de-revenu-dexistence-&catid=13:agenda&Itemid=59
"Le Revenu de Base Inconditionnel donnera à chacun la possibilité
d'investir sa part de créativité humaine pour les biens communs et un nouveau modèle social,
culturel, économique et écologique indispensable et juste pour
tous."
Article
5
Envoi du Cercle des Economistes
Citoyens : http://ecosocietal.wordpress.com/
FINANCEMENT
DE LA TRANSITION ECOLOGIQUE
La
nécessité de se doter d’une banque de la transition écologique
Contribution
de la Fondation Nicolas Hulot
au livre blanc sur le financement de la transition écologique
29/10/12
1
- Pourquoi une banque publique de la transition ?
Deux arguments
centraux justifient ce dispositif ambitieux et novateur.
D’une part, la
transition énergétique et écologique se traduit par des besoins
considérables en investissements matériels
(énergies renouvelables, rénovation thermique, mobilité bas carbone,
urbanisme restructuré, agriculture durable,
etc.) et immatériels (formation, recherche, éducation, accompagnement
au changement…) Ces investissements
parfois diffus ne sont pas toujours financièrement très rentables
pour les acteurs privés, compte-tenu notamment de l’absence de signal-prix sur les bénéfices
sociaux qu’ils génèrent (ou les pertes sociales qu’ils réduisent) et du jeu de l’actualisation qui
écrase le long terme. Par ailleurs ils sont très spécifiques de la
transition qui consiste à investir
en capital pour économiser des dépenses en combustibles. La question
intergénérationnelle est clef : la
génération présente n’a pas de raison de payer à la fois pour son
énergie et celle de la génération suivante. Or quand on aura isolé les logements et développé
les renouvelables, elle n’aura presque plus rien à payer pour son électricité…et plus généralement son énergie. On
comprend aisément dès lors que la baisse du coût du capital est absolument essentielle pour que ces
investissements se fassent. Le système bancaire privé et mutualiste ne
financera au mieux que la part la
plus rentable et la plus sûre de ces investissements.
Seul un circuit
financier public peut à la fois être fortement impliqué et moteur dans
un projet d’intérêt général et proposer
des financements à bas coût. Il doit concerner en priorité le prêt
auprès des ménages et des entreprises se lançant dans ce type de projets.
NB Le
financement en fonds propres des acteurs de la transition (que ce soit
des PME ou des sociétés de projet) devrait
être clairement distingué des prêts aux ménages et entreprises. Le
métier de gérant de fonds, nécessite en effet des compétences différentes et pas forcément la même
gouvernance que celui de prêteur. Les risques induits par ces deux activités sont très différents (en
termes de niveaux et de typologie). Un des rôles de la BPI telle
qu’elle est lancée à ce jour
pourrait être de financer les sociétés de projet et les PME de la
transition. Il reste cependant à matérialiser
clairement l’orientation de la BPI sur la transition, ce qui n’est pas
le cas à ce stade. Mais ceci reste à préciser.
D’autre part
l’économie européenne plonge dans la voie de la récession et n’en
sortira pas avec les mesures envisagées
à ce jour. Rappelons qu’en l’absence d’un projet volontariste
d’innovation industrielle, la France connaîtra au mieux une croissance nulle en 2013 ; le
nombre de chômeurs devrait s’accroître de 30 à 40.000 en moyenne mensuelle. Nous pourrions très vraisemblablement
atteindre 3,5 millions de chômeurs avant la fin 2013. Il est permis de douter que des mesures de « compétitivité » (2) suffisent à renverser cette
tendance du fait de la pente déflationniste
dans laquelle l’Europe est aujourd’hui engagée. Les prix baissent
actuellement en Espagne et en Grèce. Ce
signal est extrêmement grave puisqu’il indique que ces deux pays sont
déjà tombés dans la trappe à liquidité. De celle-ci, on sait quand un pays s’y enfonce, et nul ne sait
comment on en sort. Le Japon y est piégé depuis vingt ans en dépit des trillions investis sans succès par
les gouvernements successifs dans des tentatives de relance (d’inspiration keynésienne). Le Traité de
Stabilité, de Coordination et de Gouvernance, en institutionnalisant
l’austérité budgétaire, ne fera
qu’aggraver cette pente déflationniste sans pour autant régler
aucunement le problème des dettes
publiques. En effet, la baisse du Pib promet, parce qu’elle sera plus
rapide que celle de la dette, d’augmenter le ratio dette/Pib, comme on l’observe dans tous les pays du
sud de l’Europe. C’est au regard de ce “chemin” macro-économique qu’il convient d’apprécier l’impact
d’une opération de quelques dizaines de milliards d’euros par an, pour un pays comme la France qui emprunte chaque
année 200 milliards sur les marchés financiers, et dont le Pib s’élève à 2000 milliards environ.
2 - D’où peut venir ce financement
quand les caisses de l’Etat sont vides ?
2.1. Qu’est-ce
qu’une banque ?
Rappelons qu’une banque
est une institution qui a obtenu du « souverain » une délégation dans
le droit de frapper monnaie (c’est
pourquoi tout le monde ne peut pas décider du jour au lendemain de
créer une banque). Ce qui veut dire
qu’une banque crée de la monnaie. Lorsqu’elle accorde un crédit à un de
ses clients, disons, de 100, elle crée environ 90 qui n’existaient pas précédemment. Cette somme est
inscrite à l’actif de la banque (où est comptabilisé le compte courant de son client) et simultanément
au passif (c’est la créance du client). Le bilan de la banque gonfle ainsi des deux côtés sans se déséquilibrer (3). L’argent qu’elle octroie via un
crédit ne correspond donc pas du tout à une somme d’argent qui dormait dans un coffre-fort ; encore
moins à un stock d’or enfoui au sous-sol de la Banque de France. Cet argent provient tout simplement
d’une écriture comptable, matérialisée par un chiffre sur un écran, qui décrète que 90 viennent d’être créés ex
nihilo. Certes, il existe des ratios qui limitent la quantité de
crédit qu’une banque peut octroyer
mais ces ratios sont assez facilement contournables (via la titrisation
notamment) et, par ailleurs,
lorsqu’une banque les dépasse (ce qu’elle constate toujours ex post),
il lui suffit de se retourner vers la BCE pour se faire refinancer les réserves obligatoires qui lui
manquent (et aujourd’hui cela se fait à un coût nul pour les banques, compte tenu des largesses de M.
Draghi) (4).
Une manière plus
lapidaire de dire ce qui précède est la suivante : la première planche
à billets de la planète, ce ne sont
pas les dirigeants politiques qui ne penseraient qu’à dépenser toujours
trop dans le but inavoué de se faire réélire
; ce sont les banques commerciales. Lesquelles ont créé des milliers de
milliards au cours des dernières années (5), certes
pour prêter à l’économie mais aussi et surtout pour prendre des
positions souvent catastrophiques, parfois extrêmement rentables, et toujours très dangereuses, sur les
marchés financiers. (Moins de 10% seulement des transactions financières ont
comme contrepartie une institution de l’économie « réelle ».)
Que serait une
“banque” qui n’aurait pas le droit de créer de la monnaie ? Une
institution financière non bancaire qui ne fera que redistribuer des liquidités préexistantes. En
fait, la plupart de nos concitoyens pensent que les banques sont des « institutions financières non
bancaires », puisque peu d’entre nous sont conscients du fait qu’elles
font tourner la planche à billets
toutes les fois qu’elles accordent un crédit.
2.2. Peut-on se
contenter d’une institution financière non bancaire pour financer la
transition ?
Non, parce que les
banques commerciales, depuis plusieurs années, ne financent plus le
long terme de sorte que la transition écologique ne trouvera pas de financement
tant que les seules sources de création monétaire seront les banques privées. Parce que,
depuis 2009, elles ne financent plus le court terme non plus : n’en
déplaise aux représentants des
banques françaises qui affirment le contraire, le credit crunch
(i.e., la restriction des crédits) est massif, et les premières pénalisées sont les PME,
c’est-à-dire les emplois. Certes les banques peuvent rétorquer que la demande de crédit n’est plus là. C’est alors le
diagnostic de « trappe à liquidités » (6)
qu’il faut évoquer et qui milite en
faveur d’une action publique massive.
Si la Banque de la
transition n’est pas une banque, elle pourra tout au plus financer
quelques dizaines de milliards ? La
BPI par exemple ne pourra pas, dans le schéma actuel disposer de plus
de 40 milliards d’euros dont une partie significative pourrait être utilisée pour soutenir des
entreprises en difficulté, ne serait-ce que pour trouver des prêts, dans le contexte économique très difficile
actuel. Mais elle ne sera pas la “banque de la transition” annoncée par
le président. Si, au contraire,
c’est une « vraie » banque, elle pourra faire grossir son bilan (par
effet de levier) bien au-delà de ses
capitaux propres en empruntant à la BCE (ou sur le marché) et elle
pourra ainsi prêter jusqu’à 10 fois les quelques milliards mobilisés au départ (ses capitaux
propres). 300 ou 400 milliards, voilà qui commence à devenir réaliste pour amorcer la grande bifurcation
industrielle et sociale, dont nous avons besoin (“la transition”).
Fondation Nicolas HULOT
______________________________________
Notes
:
(2)
C’est-à-dire une politique de réduction des coûts salariaux destinée à
restaurer la compétitivité française,
(3)
Ce qui n’empêche évidemment pas les banques de collecter aussi de
l’épargne car elles augmentent
ainsi encore leur capacité de prêts.
(4)
Pour être complet, il faudrait évoquer, ici, les ratios de liquidité et
de capital propre, cf. Gaël Giraud,
Illusion financière – pourquoi les chrétiens ne peuvent pas se taire,
Ed. L’Atelier, 2012, chap. 5.
(5)
De 2001 à 2011 l’agrégat monétaire M1 est passé de 2096 à 4780 mds
d’euros soit une croissance de
140% (BCE)
(6) Voir Annexe sur la trappe à
liquidité : La trappe à liquidité15, de quoi s’agit-il ? par Gaël
Giraud, CNRS au
bas de page
: http://ecosocietal.wordpress.com/2012/11/06/financement-de-la-transition-ecologique-fnh/#more-565
"Avant d’être un « état » de
l’économie, la trappe est le résultat d’une histoire. Laquelle fait
intervenir l’un des deux scenarii suivants" .../...
Article
6
Envoi de Martine BOICHOT CAMARA
Source image
Source image
MALI :
OTAGE D'UN JEU GEOSTRATEGIQUE
Qu’y-a-t-il
sous les bruits de bottes qui commencent à se faire entendre au Mali ?
5 novembre
2012
L’écoute attentive du discours des deux candidats à la
présidence des Etats-Unis confirme l’orientation stratégique de déclencher une nouvelle guerre, aux
conséquences totalement imprévisibles, contre l’Iran. Dans ce but, l’establishment américain et ses médias
n'hésitent pas à instiller l'idée que ce pays est sur le point de
finaliser la bombe nucléaire
et dès lors serait un danger pour l'ensemble du monde mais
particulièrement pour l’Etat d’Israël, dernier rempart moyen-oriental d’un Occident dont
l’influence se contracte irrésistiblement et dont le modèle libéral est
entré dans une crise
terminale.
Les Etats-Unis, qui se posent en gardien de la paix et de la sécurité
internationale, ainsi qu'on a pu le voir en Irak où leur intervention a été imposée à la
communauté internationale par le mensonge, en Afghanistan où celle-ci a
été justifiée au nom de la
démocratie et contre la situation faite aux femmes, ont bien
l'intention d'attaquer l'Iran dès que leur calendrier sera en cohérence avec celui de l'Etat
d'Israël. Mais entre-temps Washington ne perd pas de vue son objectif principal : contrer la
progression globale de la Chine dans la grande guerre pour les
ressources de la planète. Et
dans ce conflit encore feutré mais qui pourrait se transformer en
guerre chaude, l’Afrique est le continent de tous les enjeux. Le rapport «Horizons
stratégiques [1]»
publié par le Ministère français de la Défense, avril 2012, anticipe cette éventualité et s’inquiète du
face-à-face Chine-Etats-Unis « enfin,
sans conduire à une logique bipolaire, le format
de la relation sino-américaine devient, qu’on le souhaite ou non,
l’enjeu de la gouvernance de demain ».
C’est bien sous cet angle que doit être évaluée la situation du Mali et
les menaces d’intervention américano-françaises. Il s’agit de profiter de la déliquescence d’Etats
sous domination continue depuis les indépendances pour réintroduire directement une présence
militaire camouflée derrière des armées locales dont nul n’ignore
l’insigne faiblesse. Le Mali
devient, dans ce jeu géostratégique, otage d'une volonté des Etats
impérialistes et de leurs soutiens de porter partout la guerre sans fin de façon à interdire la
progression d’une puissance adverse et, dans le même mouvement, d’éradiquer toute volonté des
peuples à résister à l’ordre ultralibéral mondialisé construit sur la financiarisation et la militarisation. Les
Etats-Unis démontrent leur sens de l’opportunisme en répondant à
l’appel à l’aide de son allié
français désormais incapable, à lui seul, de gérer son pré carré
africain. La présence américaine dans le Sahel permet de contrôler directement l’accès à des
ressources essentielles, l’uranium notamment, et de conférer une profondeur stratégique à leur
action sur le continent et au Moyen-Orient.
I/ Les Etats-Unis et Africom
La première étape pour les Etats-Unis qui avaient compris que
l'ancienne puissance coloniale de l'Afrique francophone, la France, n’avait plus les
moyens de jouer le rôle de soutien et de protecteur effectif des transnationales implantées pour capter les
ressources naturelles indispensables à leur domination économique,
était d’implanter des bases
Africom [2]. Il y
a 6 ans, les Etats-Unis, par le biais d’Africom, ont décidé d’un cadre
militaire spécifique au
continent afin de faciliter sa mise sous tutelle. Les Etats-Unis ont
étoffé leur présence militaire, notamment par des bases plus ou moins secrètes sur l’ensemble
du continent. C’est ainsi qu’Africom a commencé son installation au Mali par des programmes de
formation à l’intention de quelque 6 000 soldats de l’armée malienne, dans l’incapacité de contrôler le
territoire parce qu’insuffisamment formés et armés.
Sous couvert d’une opération « Creek Sand », des militaires
et des entrepreneurs américains sont arrivés au Mali pour des missions de renseignement. Par
ailleurs, dès 2009, le Pentagone avait envisagé l’intégration dans
l’armée malienne de commandos américains [3]
mais aussi le survol du territoire par des avions de surveillance
ressemblant à des avions de
transport civil, mais cela a été abandonné. Enfin au moins
partiellement [4],
puisqu’en avril dernier, six personnes,
dont trois soldats américains accompagnés de trois ressortissantes
marocaines, ont trouvé la mort à Bamako lorsque leur 4x4 a plongé dans le fleuve Niger. Que
faisaient-ils là ? Officiellement, les Etats-Unis avaient annoncé avoir suspendu toutes relations
miliaires avec le gouvernement malien, à la suite du coup d’Etat du
mois de mars.
Cet accident semble fortement confirmer le contraire : au nord Mali,
des unités d’élite, investies secrètement dans des actions de contre-terrorisme visant
officieusement Aqmi, étaient bien présentes et le sont
probablement encore.
II/ Une intervention militaire au Mali
La seconde étape consiste à préparer l'opinion publique internationale
à une intervention au nord Mali au nom de la démocratie et de l’ordre
constitutionnel, du patrimoine culturel mondial mis en péril par des
terroriste islamistes et de
la souffrance des populations, qui, rappelons-le, paient le prix fort
de tout conflit interne ou importé par ceux qui veulent imposer leur loi. Ces raisons
méritent questionnement.
Sont à la fois mis en avant la situation humanitaire
des populations du nord et du sud mais ne peut être omis que de nombreux partenaires, dont l’Union Européenne, les Etats-Unis, la Belgique, le Canada, la France [5] et des institutions financières ont décidé,
au lendemain du coup d’Etat, de suspendre leurs aides au Mali précipitant
l’ensemble de la
société malienne dans une pauvreté encore plus grande ; cet «
embargo » financier a été renforcé par un « embargo » politique. L’Organisation internationale
de la Francophonie [6] a
suspendu le Mali dès le 30 mars ; l’Union Africaine [7]
dès le 23 mars et la CEDAO dès le 27 mars. Il aura fallu la
quasi-certitude d’une intervention militaire pour que certaines instances reviennent sur leur
décision de bannir le Mali de leur communauté internationale.
Le Président Hollande, quant à lui, revendique son droit à délivrer les
otages –cela semble compter bien peu- mais surtout à protéger les intérêts français.
Pour mieux faire accepter une intervention militaire, il cache des
intentions néocoloniales
partagées derrière le besoin d’une intervention pour « éradiquer
le terrorisme dans l’intérêt de ce pays, de l’Afrique et de la stabilité du
monde [8] ».
Certes, l’Islam radical – désigné globalement et sous nuances par le terme « terrorisme » pour conditionner
l’opinion – dispose de bases dans le Sahel, sur les routes du pétrole,
du gaz et de l’uranium, mais
ne soyons pas naïfs, son émergence et sa consolidation ont bien été
favorisées – notamment par
les Saoudiens et les Qataris - pour servir les intérêts des Occidentaux
et particulièrement ceux des Américains. Cette consolidation des positions des
fondamentalistes correspond au vide institutionnel que l’Etat malien
déliquescent a laissé
s’installer dans la région. Les Jihadistes font la loi et assurent une
sorte de service public (par la distribution d’eau, de vivres et de médicaments) là où
des potentats disposaient de manière régalienne du réel pouvoir d’Etat.
La lutte contre le terrorisme
est l’argument rhétorique pour justifier la mise sous tutelle du Mali
et faire main basse sur les
ressources naturelles de cette région du monde dont les multinationales
veulent s’arroger le monopole. On ne peut, bien sûr, ignorer que nombre de citoyennes et de
citoyens maliens souhaitent, eux aussi, la fin de l’Islam radical et des exactions qui
l’accompagnent sur leur territoire.
Les Maliens, dans leur ensemble, désirent vivre en assumant leur droit
à l’autodétermination, leur droit à disposer pleinement de leurs ressources naturelles
et leur droit à choisir librement leur représentation politique sans
qu’un pays, ancien ou futur
colonisateur, vienne leur dire ce qui est bon pour eux, au nom de la «
responsabilité de protéger »
et/ou de la démocratie mais surtout au nom de la lutte contre le
terrorisme.
Le Président français n’hésite pas, pour se doter
d’une « légitimité » moins discutable et pour convaincre les derniers récalcitrants, à affirmer qu’il
s’agit de « casser un processus fondé sur le trafic de drogue,
d’armes, d’êtres humains
qui risque de déstabiliser l’ensemble de la région [9] (…) ». Mais qui contrôle et à qui
profite exactement le trafic
de drogue, d’armes et d’êtres humains ?
Le Mali ne possède pas d’armes de destruction massive mais sur son
territoire se retrouvent tous les ingrédients pour que les Occidentaux s’autorisent à
intervenir au nom de ce qu’ils considèrent comme leur mission depuis l’époque où ils ont foulé, pour la première
fois, d’autres terres que les leurs. Leur mission imprescriptible et
immuable est de « sauver leur
monde» ; la lutte de la Civilisation (ou de l’Axe du
Bien) contre le terrorisme est une des nouvelles dénominations du credo impérialiste. Et comme le
veut l’usage, le moyen d’imposer les lumières et la Civilisation, par essence, est la
guerre…
Le rapport « Horizons stratégiques [10] » permet de constater que, d’une
part, même si le Président de la France change, les relations coupables de la Françafrique perdurent,
le néocolonialisme vit encore de beaux jours. Une fois élu, rien ne change alors que le candidat
Hollande avait claironné, durant sa campagne, qu’il allait tout
changer. D’autre part, ce
rapport pointe un possible affaiblissement de la sphère occidentale ; ce
qui renforcerait encore plus le besoin en sécurité globale « dont les Etats-Unis
continueraient d’assurer la maîtrise d’ouvrage (…) » avec « la
possible émergence
d’un référentiel unique en matière de contrat opérationnel et, surtout,
un processus décisionnel maîtrisé
de plus en plus étroitement par les États-Unis ». En toute
objectivité, les rédacteurs du rapport, envisagent qu’ « indirectement donc, l’autonomie
de nos décisions relatives à notre environnement international de
sécurité pourrait
être régulièrement mise à l’épreuve d’ici 2040 », particulièrement
si « un retrait de la présence militaire américaine en Europe » n’était « pas
suivi d’une stratégie concertée entre Européens sur les modalités de la
sécurité du continent
» ce qui « aurait des effets néfastes pour la stabilité de la
région ».
III/ Construction d’une alliance militaire
Se pose, à l’heure actuelle, la question des alliances pour mener cette
guerre dont les premières victimes seront les Maliens eux-mêmes, mais aussi les
Mauritaniens, les Nigériens, les Burkinabais, les Algériens avec des conséquences évidentes pour les Guinéens,
les Ivoiriens et les Sénégalais. Autant dire que toute l’Afrique
sahélienne et de l’ouest
pourrait s’embraser et s’enfoncer dans une guerre sans fin à l’instar
de celles menées en Irak et en Afghanistan.
La CEDAO, malgré les orientations bellicistes qui lui sont dictées par
ses mentors parisiens, n’a ni les moyens humains ni matériels pour mener une
intervention lourde et complexe. Sous forte influence, pour ne pas dire
sous la conduite directe, de
l’ex-métropole, elle a donc recherché un soutien extérieur, obtenu à
l’issue du vote à l’unanimité de
la Résolution 2071 adoptée par le Conseil de sécurité, considérant
notamment que « la situation au Mali constitue une menace contre la paix et la
sécurité internationales » et qui « se déclare prêt à donner
suite à la demande des autorités
de transition maliennes qu’une force militaire internationale prête son
concours aux forces armées maliennes en vue de la reconquête des régions
occupées du nord du Mali ». Reste à savoir qui participera à
cette force internationale
qui à terme devrait, selon les termes du Secrétaire général des Nations
Unies, « élaborer une stratégie globale portant sur les problèmes
transfrontaliers du Sahel : les armes, les réfugiés et le terrorisme
» ?
Afin de délimiter les contours de cette force, le
gouvernement transitoire du Mali a, maintenant un peu moins de 45 jours pour définir, en liaison avec ses
partenaires de la CEDAO et de l’Union africaine, un «concept
d’opération» - conditions
concrètes de l’aide extérieure, modalités du déploiement sur le
terrain, forces venant de différents pays. Ce n’est qu’à l’issue de ces 45 jours, qu’une
autre résolution autorisera le déploiement de la force.
La réunion, tenue dans le cadre du Conseil européen
-18 et 19 octobre à Bruxelles-, semble avoir précisé le cadre de cette force qui devrait prendre modèle
sur l’Amisom- mission de l'Union africaine en Somalie- qui,
soutenue par l'European
Union Training Mission Somalia -EUTM Somalia- aurait contribué à
arrêter les Jihadistes Chebabs en Somalie. Il s’agit là d’une interprétation optimiste, même si
les Chebabs somaliens sont en recul, la guerre dure en Somalie et la paix n’est pas à l’ordre du
jour, le pays est toujours en état de guerre civile.
Il est, dès lors, pour le moins curieux de se
revendiquer d’un modèle qui n’a pas fait ses preuves et dont la fin de la « formation » ne prendra effet qu’en
décembre 2012, date à laquelle près de 3 000 soldats somaliens auront
été formés par quelque 675
instructeurs européens.
La mission de formation au Mali – Micema – 3 000 hommes environ -
devrait contribuer à la réorganisation et à l'entraînement des forces de défense
maliennes et se trouver sous mandat de l'Union africaine et de l'ONU.
La France, la Grande-Bretagne
et l'Espagne ont accepté d’y participer, l'Italie, la Belgique
aussi, l’Allemagne vient de se décider ;
seuls, la Pologne et les pays nordiques font encore attendre leur
décision.
Mais il est bien évident que la force de la CEDEAO avec ou sans l’appui
logistique de l’OTAN ne suffira pas. Dans l’appel des acteurs, sur ce champ martial,
un des protagonistes essentiels semble renâcler.
IV/ Une inconnue de
taille
Il reste en effet une inconnue de taille et dont dépendent l’entrée et
l’issue de cette guerre: l’Algérie va-t-elle accepter de participer à cette force ?
Jusqu’à présent, elle a refusé toute intervention militaire hors
de ses frontières. De plus
les Algériens qui connaissent bien la région et les autres acteurs
estiment que 3000 hommes, dans un théâtre d'opérations de plus de 8 000 kilomètres
carrés et face à une guérilla déterminée et soutenue par les populations
Touaregs,
sont loin de constituer une force suffisante. Il est indispensable pour
les Algériens d’identifier précisément les groupes de guérilla et d’établir une distinction nette
entre subversion jihadiste, incarnée par le Mujao et Aqmi,
et les groupes
militaro-politiques, Ançar Eddine [orthographié aussi "Ansar Dine", ndlr] et
Mnla, qui ont un réel ancrage dans les populations
locales. Dans une optique de
guerre indifférenciée, l'adversaire mènera une guerre d'usure qu'il
gagnera à coup sûr contre une formation
militaire telle que la pense la CEDEAO, qui ne connaît pas, non plus,
le terrain saharien. Les groupes armés s'appuieront sur la population locale, des Touaregs, pour qui
une armée africaine équivaut à une force d'occupation étrangère. A l’heure actuelle, l’Algérie,
après avoir pondéré son avis, accepterait [11],
selon le très influent service de renseignement algériens, le Département du renseignement et
de la sécurité (DRS), d’offrir un appui logistique à la future force africaine d’intervention dans
le nord du Mali.
L’Etat algérien entretient de bons rapports avec les Etats-Unis mais
sait aussi qu’il suscite la convoitise à cause de ses propres ressources et de sa position
géographique qui ouvre les portes vers le Sahel avec ses richesses énergétiques et son potentiel souterrain.
L’Algérie se montre hésitante mais il n’échappe à personne que dans la
région, c’est le seul Etat, disposant d’une armée puissante et équipée, capable
d’envisager une confrontation de longue haleine avec les rebelles, même
si elle sait que cela reste
risqué. Dès lors, ceux qui s’auto-désignent comme « communauté
internationale », essentiellement les Occidentaux du G5 (Etats-Unis, Japon, Grande-Bretagne,
Allemagne et France), s’impatientent, au premier chef la France et le fait savoir.
V/La fabrication
de l’ennemi de l’intérieur
Pour ne pas être exclue des richesses à prendre et qu’elle n’a pas su
garder, mais aussi pour montrer sa participation active à l’Axe du Bien tel que pensé par George
W. Bush, la France, après avoir œuvré en vue du vote de la résolution 2071, mène, sur son
propre territoire, une guerre multiforme contre les terroristes, les
jihadistes, les islamistes
fanatiques… Et qui parfois à la lumière des « unes » de certains
hebdomadaires ressemble ni plus ni moins à une guerre contre l’Islam, prolongement
et succédané de la guerre perdue d’Algérie. Une guerre policière mais aussi idéologique, psychologique, très
lourdement médiatique.
Dans ce combat oblique où l’ennemi n’est pas seulement le terroriste
armé mais celui qui proclame sa différence, la République n’hésite pas à recourir à
l’arsenal des stigmatisations néocoloniales et à la diabolisation de
l’étranger inassimilable. La
méthode est éprouvée mais la République ne veut pourtant, à aucun
titre, en assumer les origines collaborationnistes
et coloniales. La France des élites
laisse, ou pousse, une partie de son opinion dériver vers une représentation
européo-centrée qui désigne l’Autre, l’Etranger, en tant que
responsable de l’errance politique des représentants politiques - y compris ceux au gouvernement -,
du délitement de la pensée intellectuelle et d’une crise sociale,
économique et finalement morale et culturelle.
Il est aujourd’hui admis et considéré comme absolument normal de réécrire une « histoire » plus
politiquement ’correcte’ basée sur une conception raciste ou
ethnoculturelle du monde ; ce
prisme réducteur et dangereux est de plus en plus présent dans le champ
politique. C’est ainsi que l’on entend les intellectuels organiques du libéralisme au
pouvoir distiller à longueur de colonnes et sur tous les plateaux de télévision les thématiques de
l’arabophobie et de l’islamophobie [12].
Le racisme se fond aujourd’hui dans un ensemble de mécanismes d’exclusion et d’infériorisation
qui semblent fonctionner de manière autonome, sans que personne n’ait à s’assumer explicitement
raciste mais où tous comprennent le langage le code de l’exclusion. Les
superstructures idéologiques
d’Etat nourrissent l’exclusion par des stigmatisations essentialistes.
De «l’homme noir qui n’est
pas entré dans l’histoire» à une laïcité de combat, l’essentialisme est
bien l’habit neuf d’un vieux discours. Les hiérarchies ontologiques visent à
différencier irrémédiablement pour mieux exploiter.
Dans un climat de xénophobie ascendante et d’émiettement
social, le racisme est vécu au quotidien, pèse fortement sur les constructions
identitaires des individus et vient de manière, ô combien opportune
pour le système, transcender
les clivages de la misère et les logiques d’exclusion qui concerne des
catégories croissantes de Français. En ce sens la figure sociale de l’Algérien, en France ou en
Algérie, pour les Français n’a pas changé depuis la colonisation.
On peut affirmer que la raison de ce racisme tient au fait que ces
représentations ont précédé les Français issus de la lutte pour l’indépendance de l’Algérie,
au-delà même de la période coloniale. C’est ainsi que la reprise
du thème du « racisme
anti-blanc » par un parti de droite « républicain » est révélatrice de
l’imprégnation d’un discours essentialiste
directement hérité de la colonisation et de la guerre d’Algérie. On
le sait, le soi-disant racisme anti-blanc [13]
est la première ligne de défense du racisme réel, celui des
colonisateurs et des exploiteurs.
Comment émerger d’un passé traumatique et
visiblement indépassable ? La question est d’autant plus complexe qu’elle renvoie irrésistiblement aux
enjeux actuels du débat sur l’immigration et à l’enracinement dans la
société de jeunes Français
issus de minorités «visibles». C’est sur ce terreau nauséabond que l’on
voit des intellectuels -presque toujours- d’origine algérienne, désignés [14] à la vindicte au prétexte qu’ils
feraient l’apologie du « racisme anti-blanc ». Apparaît dans l’espace politico-social
la désignation de responsables des errances d’une société qui se
réveille chaque jour un peu
plus raciste, chauffée à blanc par ses médias engagés à des degrés
divers dans la défense de l’Etat
d’Israël et du mouvement sioniste, reprenant à son compte les
délires racistes datant de la lutte de libération nationale de l’Algérie. Cette accusation
n’est pas sans lien avec la guerre programmée au Mali et l’éventuelle agression de l’Iran.
Il s’agit pour ceux qui dominent et qui veulent pérenniser cette
domination au nom des multinationales et des banques de désigner ceux qui empêcheraient
ou leur « paix » et leur « sécurité internationales » ou leur «
cohésion sociale ». Leur
volonté de porter la guerre au Mali, certes au nom de la libération du
nord de forces rétrogrades, ce que
désirent de nombreux Maliens, n’est pas sans lien avec ce que le
rapport « Horizons stratégiques » cité plus haut dit de la peur que suscitent, chez les
Occidentaux, la résurgence puissante du panafricanisme et la volonté de
certains Etats africains
d’assumer leur souveraineté sans « tuteurs ». De nombreux intellectuels
et politiques du continent
font entendre leur désir d’être débarrassés de certains des accords
bilatéraux qui les maintiennent dans un statut de soumission – militaires, policiers, économiques ou
portant sur les migrations. Ces revendications successives sont, pour les anciens colonisateurs,
inacceptables. Ce n’est pas pour rien que les vigies occidentales
scrutent avec angoisse les
révoltes arabes. Les centres néocoloniaux craignent bien trop la prise
en main du processus de libération de la dictature par le mouvement social. Outre la fabrication
aéroportée d’une révolution assujettie comme en Libye, les Occidentaux, forts de leurs relais
saoudiens et qataris, poussent leurs pions et tentent d’influer les
luttes internes comme en
Tunisie, où certains se délectent de la montée de l’Islam obscurantiste
et des faux débats autour de valeurs
morales qu’il introduit pour détourner les populations tunisiennes des
réalités économiques et politiques de la domination et de l’exploitation.
Le bombardement envisagé sur l’Iran procède de la même logique. Il
s’agit de mettre à l’index ceux qui s’opposent à l’ordre du monde impérialiste et de les
exclure de la communauté internationale ; tout comme il s’agit
d’exclure de la société ceux
qui dénoncent la droitisation de la société française. Il s’agit pour
les dominants d’utiliser des instruments de répression politico-idéologique et de
remise en cause des droits politiques et civils.
Les Etats-Unis et leurs alliés assument pleinement la
logique du dit « choc des civilisations », entre Etats mais
aussi entre citoyens d’un
même pays, en légitimant l’état d’exception international mis en
place par les puissants contre les peuples.
VI/ Terrorisme versus paix et sécurité
internationales
La plus grande menace à la paix et à la sécurité internationales se
trouve dans la violence des pays occidentaux, spécialement des Etats-Unis et de leurs
alliés européens qui violent systématiquement le droit international et
la Charte des Nations Unies,
sous couvert de lutte contre le terrorisme, comme c'est le cas en Irak,
en Afghanistan, au Soudan, à
Cuba, en Haïti , en Serbie, en Côte d’ivoire et bientôt au Mali.
L’exemple le plus caractéristique est celui de la
Palestine qui, depuis plus de soixante ans, est exilée –aussi bien sur son territoire qu’à l’international- par
une « communauté internationale » -réduite au G5 occidental- qui
maintient l’ensemble des
Palestiniens exclus des normes impératives du droit international et du
droit humanitaire international mais aussi du droit à leurs droits.
Cette communauté d’alliés qui, en protégeant l’Etat
israélien et en le laissant commettre des crimes de guerre, toujours impunis, contribue décisivement à
la violation des normes impératives du droit international et, surtout
joue le rôle de courroie de
transmission d’un projet et d’un modèle politique, idéologique et
économique qui vise à l’instauration
d’un ordre international fondé sur la guerre sans fin, la
discrimination, l’apartheid, la force, la domination des peuples et la violence.
Comme cela a été le cas en Libye où l’intervention
de l’OTAN a été possible grâce à l’injonction paradoxale portée par ceux qui ont voté la résolution 1973,
ils affirment d’un côté, « leur ferme attachement à la
souveraineté, à l’indépendance,
à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale de la Jamahiriya
arabe libyenne » et de l’autre envoient des forces armées pour obtenir plus
rapidement l’assassinat en direct de Kadhafi en dehors de toute
légalité internationale
au regard de la Charte des Nations Unies, laissant le pays dans une
situation de grave déstabilisation.
La vraie menace à la paix internationale
est la pauvreté généralisée des populations du Sud, le pillage de leurs
ressources naturelles par les sociétés
transnationales et les guerres qu’elles déclenchent pour pérenniser
leur hégémonie ou prévenir
l’intrusion du nouveau concurrent chinois. C’est bien dans la réalité
de la misère généralisée et
organisée par la mondialisation libérale que peuvent être définis les
ressorts profonds du terrorisme et des idéologies du désespoir. L’impérialisme et ses relais locaux
ont, traditionnellement, utilisé pour leurs propres aventures et toujours
à leur avantage les mouvements fanatiques apolitiques et les desperados
qu’ils subjuguent. Les médias omettent de le rappeler mais le terrorisme
islamiste contemporain est né en Afghanistan pour contrer l’Union Soviétique. Ce terrorisme, financé par les
Saoudiens et soutenu à bout de bras par les Américains et leurs alliés,
a fini par avoir raison de
l’armée rouge et a précipité l’effondrement de l’URSS. On le voit, hier
instrument commode et efficace,
le terrorisme islamiste est aujourd’hui un épouvantail tout aussi
opérant. Le terrorisme, conséquence du désespoir que l’ordre injuste impose
aux peuples, est aussi un instrument entre les mains des architectes de
la mondialisation
libérale.
Au Mali, en France, aux Etats-Unis mais aussi dans de nombreux autres
pays, le terrorisme islamiste est un argument fondamental dans la
justification des aventures bellicistes de l’impérialisme et des
atteintes aux libertés dans les sociétés occidentales elles-mêmes. La
guerre globale et éternelle contre l’islamisme alimente un discours raciste qui permet de détourner
l’attention des populations des pays industrialisés confrontées à une
crise économique
majeure. La libération de l’impensé raciste occupe une place
centrale dans le discours politique « décomplexé » par temps de chômage généralisé et de creusement
sans précédent des inégalités. En Europe comme en Afrique.
______________________________________
Notes :
[1] Horizons stratégiques,
20 avril 2012,
http://www.washingtonpost.com/world/national-security/mysterious-fatal-crash-provides-rare-glimpse-of-us-commandos-in-mali/2012/07/08/gJQAGO71WW_print.html
[6] communiqué du 30 mars 2012
dans lequel le Conseil permanent de la Francophonie a décidé "la
suspension de ce pays des
instances francophones, y compris la suspension de la coopération
multilatérale francophone à l'exception
des programmes qui bénéficient directement aux populations civiles et
de ceux qui peuvent concourir au retour
à l'ordre constitutionnel et au rétablissement de la démocratie"
[7] Communiqué du 23 mars dernier
transmis par Paul Lolo, président du Conseil de paix et de sécurité de l'organisation panafricaine, "Le Conseil a
décidé que le Mali devrait être suspendu sine die de toute nouvelle participation jusqu'au retour effectif de
l'ordre constitutionnel"
[8] Conférence de presse tenue à
l’Elysée lors de la venue du Secrétaire général de l’ONU
[9] Nouvel Observateur, 9 octobre 2012
[12] A ce sujet, lire Thomas Deltombe,
L’Islam imaginaire, Editions La Découverte, octobre 2007 et
Sébastien Fontennelle et
alii, Les Editocrates, Editions La Découverte, 2009
[14]
Houria Bouteljda, porte-parole du Parti des Indigènes de la République
; www.indigenes-republique.fr/bloghouria et Saïd Bouamama, sociologue, animateur du
Forum de l’Immigration et des Quartiers populaires ; dailynord.fr/2012/10/36389/
Pour
compléter son info :
Amnesty International
et Human Rights Watch : les mercenaires de l’Empire
http://humeursdemarisse.blogspot.fr/2012/07/amnesty-international-et-human-rights.html
"Sous la présidence d’Obama, l’impérialisme
étasunien a endossé les habits de protecteur des peuples de la planète grâce à une rhétorique humanitaire bien ficelée qui
sert aujourd’hui à enrober chaque agression, chaque violation de la loi internationale, chaque guerre de pillage et/ou
de conquête.
Les anciens colonisateurs européens et leurs cousins d’Amérique,
naguère enrichis par le génocide des Indiens et l’esclavage africain, veulent nous faire croire qu’ils
protègent aujourd’hui les peuples qu’ils massacraient hier."
Face au mali, le Niger
a le doigt sur la détente
http://blog.lesoir.be/colette-braeckman/2012/07/06/face-au-mali-le-niger-a-le-doigt-sur-la-detente/
"Mangaize, avec ses bâches bleues tendues sur
des branchages, les bannières de toutes les organisations en charge de la santé, de l’alimentation, des enfants, avec ses
femmes accroupies devant de petits feux ou berçant les enfants devant les tentes, Mangaize, à une centaine de kilomètres
de la frontière du Mali, ressemble à tous les camps de réfugiés du monde."
Article
7
Envoi
par Robert BIBEAU : http://www.robertbibeau.ca/
Source image
AFRIQUE –
LE CONTINENT SPOLIÉ !
24.10.2011
Les
migrants du Bounty ?
Pourquoi les métropoles européennes sont-elles pleines d’Africaines et
d’Africains au regard hagard, au sourire contrit, désemparés – mendiant
pauvrement, vendant à la tire, «bossant» durement, le balai à la main,
la pelle au bout du bras, fouillant la benne à ordures derrière le
restaurant ? Quel désespoir incommensurable a bien pu chasser ces êtres
admirables hors de leur patrie ensoleillée – qu’ils apprécient tant –
et les pousser sur les chemins de l’exil pleins de périls pour aboutir
sous le pont Mirabeau, sur la Grande Place, derrière le Parthénon,
autour du Colisée, sur Piccadilly Circus et face au Reijks Museum
?
Leur exode risqué s’est amorcé il y a quelques années au Sénégal, en
Côte d’Ivoire, en RDC, au Burkina, au Kenya, en Somalie, au Mali ou au
Rwanda, peu importe ; il a toujours débuté là où leur vie était menacée,
puis par monts et par vaux, à pied, en car, en train ou en bateau, la
longue caravane des déshérités s’est ébranlée laissant ça et là son
tribut d’éclopés, d’affamés, d’épuisés, de morts vivants, dans le grand
désert brûlant, sur les chemins de brousse mal famée, dans l’océan
déchaîné jusqu’à Ceuta, l’insolente, Tripoli, la décadente, Alexandrie,
l’énigmatique ou Tunis, la tragique.
Là, les derniers rescapés de ces sentiers de souffrance se feront
offrir à gros prix par un passeur bandit de compléter la traversée du
continent – de la faim – vers un illusoire paradis pour démunis où ils
iront grossir les rangs des exclus de la prospérité tapageuse et
surfaite. Nul ne sait encore sur ce rafiot de la mort qu’au bout de ce
chemin de Calvaire sur les flots mortifères, la dernière épreuve sera
d’être arraisonné avant que d’être retourné sur leur chemin d’amertume
!
Dans les pages qui suivent nous allons répondre à une question simple
et complexe, à savoir : « Pourquoi
tant d’immigrants africains affrontent le désert, l’océan et la mer,
les garde-côtes et les passeurs tueurs pour migrer vers l’Europe, ce
continent de malheur ? ».
C’est que dans les pays africains de misère, où les compagnies minières
pillent le minerai précieux et cher alors qu’elles n’abandonnent rien
aux crève-la-faim, si bien qu’après avoir travaillé pour presque rien
dans ces charniers d’enfer, les fils de l’Afrique, s’ils n’y sont pas
trépassés, entreprennent la traversée de la jungle, des savanes, des
déserts, des barbelés, de la mer meurtrière afin d’aller gagner
quelques deniers à expédier à la parenté restée sous le tir des
troupiers et sous les bombes anti-personnel des terrassiers, ou sur la
plantation de café-exporté, mal payé, ou au fond d’un trou de
mine-assassine.
Le pillage
du coltan
Nous ferons la démonstration de ce crime sanglant à partir de l’exemple
du coltan. Le coltan (métal rare, indispensable à la fabrication de
cellulaires et de téléviseurs) est extirpé des puits de mines
artisanales en République Démocratique du Congo (80 % des réserves
mondiales), puis, aussitôt exproprié et exporté vers les usines de
transformation d’Europe, d’Amérique et surtout d’Asie (1).
C’est la transformation industrielle du minerai qui crée de la valeur
et de la plus-value d’où les capitalistes tirent leurs profits
industriels et marchands et l’État, ses impôts et ses taxes (le kilo de coltan
traité se vend 500 $ sur le marché). L’extraction minière du
coltan rapporte très peu. Le salaire d’un mineur de la mort dans la
province du Kivu (RDC) se situe entre 10$ et 50$ par semaine, ce qui
est tout de même le quadruple du salaire congolais moyen (10$-50$ par
mois). Un mineur extrayant en moyenne 1 kilo de coltan par jour, 7
jours par semaine, reçoit donc pour sa peine un salaire
hebdomadaire médian de 35$ contre une production de 7 kilos x
500$ = 3 500$, soit un pour cent de la valeur de la marchandise. Vous
croyez que l’Afrique reçoit sa juste part des richesses qu’on lui vole ?
Cessons de distribuer la charité aux Africains mal-aimés. Cessons de
leur prêter de l’argent pour s’endetter pour l’éternité et laissons-les
bénéficier de leurs richesses continentales et ils seront prospères,
croyez-vous ? Non évidemment ! Pourquoi ? Parce que tout dépend de
quelle classe sociale s’approprie ces richesses privées ou collectives
! Nous y reviendrons plus avant.
Sachez qu’en moyenne chaque kilo de coltan coûte la vie à deux enfants
mineurs au Kivu-Congo ravageur, peu importe la langue, l’ethnie ou la
religion de ces jeunes souffre- douleurs. Ces enfants meurent sous les
éboulis dans des mines artisanales délabrées. L’internationalisme de
l’exploitation capitaliste sévit dans ce pays dans toute son ignominie.
Les troupes du Rwanda, de l’Ouganda et du Burundi – armées et financées
par des multinationales des nouvelles technologies comme Apple, Nikon,
Sony, Nokia, Ericsson et autres monopoles occidentaux – occupent la
région du Kivu afin d’y exproprier le coltan exploité par de misérables
flibustiers armés avec la complicité des généraux – seigneurs de guerre
congolais, rwandais et ougandais. Le corsaire du coltan Laurent Nkunda,
vous connaissez ? On en parle encore au journal télé (2). Le Premier Ministre canadien
Stephen Harper a-t-il dénoncé ces magouilles lors de sa visite à
Kinshasa récemment ? Aucunement !
L’échauffourée tribale et nationaliste n’est ici que le Gris-gris de
pays conquis et des petit-bourgeois européens et américains
aigris chantant le salut de la patrie par le sang des Partisans. La
journaliste Belge Colette Braeckman constate ceci :
« A Kivu,
une vingtaine d'avions chargés de minerais décollent chaque jour pour
le Rwanda (qui selon l’ONU a empoché 250 millions $ de la vente de
coltan NDLR). On peut y croiser des enfants qui travaillaient
dans les mines et qui se sont échappés. Ils vous racontent
comment ils se sont fait kidnapper sur le chemin de l'école. Tout le
monde le sait, mais personne ne fait rien, même pas les Nations
unies. Ce trafic ne va pas s'arrêter de sitôt. L'armée congolaise
n'est pas efficace - c'est un héritage de Mobutu - et les généraux
bénéficient aussi de ce business. Ils disent aller à Kivu pour faire la
guerre, mais ils y vont aussi pour s'enrichir. Chaque faction, l'armée
congolaise, les milices tutsies, etc. tous profitent de cette situation
et n'ont pas intérêt à la changer. » (3).
En corollaire de ces salaires de misère, chacun se rappellera de
l’assassinat de 34 mineurs Sud-africains – soi-disant libérés de
l’apartheid – par la police raciste d’Afrique du Sud pour cause de
grève ouvrière visant à hausser un salaire de 400 euros par mois tout
compté. Ça s’appelle mourir de faim en peinant durement (4).
De tels salaires de crève-la-faim n’assurent même pas la reproduction
élargie de la force de travail. En d’autres termes, plus l’ouvrier
africain travaille et plus il s’approche de la mort par lente
inanition. Ces salaires n’assurent pas non plus l’édification
d’un marché national consistant sur lequel s’appuierait la bourgeoisie
marchande locale pour assurer l’accumulation primitive du capital
constant (CC) puis l’investissement en usines (CV) et le «
Take off » capitalistique industriel moderne (5).
Il en résulte que dans la division internationale du travail induite
par l’impérialisme occidental dominant (du moins jusqu’à présent), l’Afrique
a toujours obtenu le rôle de fournisseur de matières premières.
Au début, à titre de fournisseurs de bêtes de somme – esclaves valant
moins que leur poids de céréales – puis fournisseur de bois précieux et
de denrées alimentaires spoliés sur des plantations expropriées aux
autochtones comptant pour moins que rien dans ce marché. Enfin, on
assiste aujourd’hui à la spoliation des minéraux rares (dont le
coltan), des pierres précieuses et du pétrole (10% des réserves
mondiales) dont les peuples locaux ne tirent pratiquement aucun
bénéfice.
Les pilleurs étrangers protégés par leurs serviteurs
nationaux
Un service de garde chiourme des intérêts locaux des compagnies
impérialistes étrangères (dont canadiennes) est assuré par une caste de
prédateurs – rois nègres cravatés, généraux de carnaval en képi –
entourés de meurtriers, de repris de justice et de corsaires déguisés
en militaires – mis au service de clans négriers appointés par quelques
grandes entreprises monopolistes – les dits monopoles miniers –
solidement abouchés aux ambassades occidentales de leur pays d’origine
affectées dans ces contrées saignées à blanc.
Tant que le président-nègre local accomplit correctement son travail
d’adjudant et tant qu’il réfrène ses appétits de gourmand – n’espérant
jamais devenir aussi gros que le bœuf de la fable – et tant qu’il sait
embrasser la main qui le maintient sur son trône de paille – sa
réélection « démocratique » est assurée. Que le goinfre noir
prétentieux tente un jour de redresser l’échine et de s’affranchir de
cette tutelle dominatrice; qu’il manigance quelque nouvelle alliance
avec une nouvelle puissance (pensons à Gbagbo en Côte d’Ivoire ou à
Kadhafi en Libye ou à Kabila en RDC) et alors, les foudres de l’enfer «
démocratique » de l’Occident hypocrite s’abattent sur le récalcitrant
en tourment. L’élection hier encore « démocratique » est aussitôt
invalidée par l’Élysée – la Maison Blanche – le 10 Downing Street ou le
Reichstag allemand – la dite « communauté internationale » et
l’opposant complaisant décrété gagnant sur-le-champ.
Le « démocrate » devient tyran, l’ami et l’allié d’hier devient
usurpateur et les bombardiers et les drones téléguidés depuis les
capitales occidentales fauchent soudainement les vies du peuple ainsi
que le palais princier tout à coup outrancier après trente années
tolérées au milieu de cette misère mortifère.
Un
polichinelle d’un autre clan sera juché pour un temps sur le trône
chambranlant – quelques criminels de guerre seront promus généraux
d’opérette, les malfrats – gardes – du corps de ce prétendant
deviendront officiers d’intendance, chargés d’assurer la loyauté de
ce nouveau métayer de la corvée présidentielle – qui consiste
essentiellement à signer les décrets de prospection et d’exploitation
des claims miniers, pétroliers et forestiers, et les contrats d’achat
d’armements afin d’assurer la reproduction élargie du pouvoir
compradore soumis.
La petite et
la moyenne bourgeoisie africaine «socialiste»
L’économie nationale des pays africains étant dominée et spoliée par
les pays impérialistes occidentaux, la petite et la moyenne bourgeoisie
nationale africaine, fragile et instable, n’a souvent pas grand accès
aux prébendes, aux bakchichs, aux postes administratifs,
gouvernementaux, judiciaires et militaires lucratifs, ni à la propriété
foncière réservée à la grande bourgeoisie compradore. Ces fragments de
classes sont donc aigris et menacés de paupérisation et d’éradication
tout comme leurs cousins nord-américain et européen. La tentation est
alors très grande pour ces sections de classes moribondes de
lancer leur peuple dans la révolte aventurière sous le sceau frauduleux
du « socialisme » – l’Angola, l’Algérie, l’Éthiopie, sont de
ces pays qui ont connu de ces guerres « populaires » pour asseoir le
pouvoir de charlatans et de leurs sectes de prétendants moyens et
petits bourgeois. On sait aujourd’hui ce qu’il advint de ces
tyrans pseudo-socialistes.
Parfois, le néo-colonisateur ne laisse pas assez à boire et à manger,
pas suffisamment de prébendes alléchantes pour satisfaire tous les
larbins locaux, vainqueurs du précédent gouvernement, si bien que le
partage du butin devient source de conflits sanglants entre pirates
intra-tribaux – intra-muros. C’est ce qui se produit en ce moment à
Abidjan entre Ouattara, l’adjudant, et ses sergents d’apparat dont
certains ont été abandonnés dans le caniveau au Ghana et au Burkina
Faso ; d’où les assassinats récents à la frontière du domaine convoité et
contesté. Le prolétariat n’a rien à faire de ces guerres entre hyènes
et chacals.
L’AFRICOM
mène la charge
Notez que les puissances impérialistes occidentales ne font pas
confiance à cette engeance de larbins locaux pour maintenir l’ordre et
le pouvoir de leur maître sur ces contrées convoitées. Aussi,
les États-Unis ont-ils imaginé une superstructure militaire
contraignante – L’AFRICOM – pour représenter ses intérêts dans la
région – et pour embrigader, contrôler et entraîner ces va-nu-pieds
déguisés en armée de métier. L’AFRICOM organise et supervise
les efforts de guerre et de maintien de l’État de guerre permanente,
d’extraction des ressources naturelles et de spoliation du travail
salarié et de sa plus-value. Pour ne pas avoir accepté d’embrigader son
armée dans l’agression en préparation au Nord du Mali, le Président de
Mauritanie a bien failli y laisser la vie. Il semble qu’après
l’attentat à demi réussi, il ait enfin compris. L’attaque contre le
Mali aura bien lieu, supervisée par l’AFRICOM et menée par la
chair à canon régionale (6).
En 2007, le conseiller du département d’État étasunien, le Dr J. Peter
Pham, a affirmé que les objectifs stratégiques d’AFRICOM consistaient à
« protéger l’accès aux hydrocarbures et autres ressources stratégiques
abondantes en Afrique. [La] tâche [d’AFRICOM] consiste à protéger la
vulnérabilité de ces richesses naturelles et s’assurer qu’aucune tierce
partie comme la Chine, l’Inde, le Japon ou la Russie obtiennent des
monopoles ou des traitements de faveur. » (Nile
Bowie, COVERT OPS IN NIGERIA: Fertile Ground for US Sponsored
Balkanization, Global Research, 11 avril 2012.) (7).
Une solution
aux problèmes africains ?
Par les temps qui courent, les peuples africains, loin de se reprendre
en main et de mener à bien leurs luttes de libération contre la
domination néocoloniale impérialiste, et surtout contre leur
bourgeoisie compradore, nationale, organisée en castes autour de généraux
– seigneurs de guerre complaisants – laissent plutôt tous ces vauriens
offrir leur service d’homme de main aux différentes puissances
hégémoniques.
Aujourd’hui en Afrique, certaines des anciennes puissances coloniales
sont réapparues sur le devant de la scène, concurremment à leur allié
et concurrent étatsunien, face à la Chine, nouvelle superpuissance
ascendante. En 2012, la Chine est devenue le premier
partenaire commercial de l’Afrique devant les USA et la France.
La Chine impérialiste a construit le siège social de l’Union Africaine,
elle investit chaque année des milliards de dollars en projets routiers
et ferroviaires. Elle exploite les mines et le pétrole et change la
donne en construisant des usines – clés en main – en Éthiopie
notamment, créant ainsi un prolétariat africain au Nord du
Continent, complément au prolétariat de l’Afrique du Sud. Ce
sont là d’excellentes nouvelles pour la classe révolutionnaire,
africaine, qui voit ainsi grossir ses rangs (8). Si vous souhaitez combattre les
sectes religieuses, intégristes, construisez des usines en Afrique.
Voilà, résumées en quelques pages, les causes fondamentales du
misérable exode africain vers l’hémisphère Nord. Les
puissances impérialistes, occidentales, absorbant l’usufruit des
ressources naturelles et expropriant une large part de la plus-value
ouvrière et paysanne ainsi que les profits et les revenus des États
croupions, il ne reste pratiquement rien pour la survie de ces pays.
Aussi, plutôt que de se laisser mourir, les Africains suivent la trace
de leurs richesses jusqu’au Nord de la Méditerranée.
Peut-on changer ce désordre des choses ? Oui, certainement ! Il revient aux ouvriers et aux employés, mineurs,
travailleurs des champs, métayers et artisans de s’organiser en parti
politique, révolutionnaire, indépendant de
l’aristocratie bureaucratique, locale, aussi loin que possible de la
petite et de la moyenne bourgeoisie nationale – fuyant comme la peste
les intellectuels hâbleurs et pédants – pour diriger leurs coups
meurtriers visant à renverser les commettants locaux de la classe
capitaliste monopoliste internationale (9).
______________________________________
Notes :
Pour développer son info en particulier sur le
Congo (RDC) :
Conflits à l'Est:
nouveau rapport accablant de L’ONU contre les FARDC, des ong et des
gouvernements
http://www.mediacongo.net/show.asp?doc=14123
"Un nouveau rapport des Nations unies affirme
que l'armée congolaise continue de fournir des armes aux groupes
rebelles, qui réalisent des millions de dollars dans la contrebande
d'or et l'exportation d'autres minerais hors de la RD Congo, aidant en
cela à soutenir une des guerres les plus sanglantes et les plus
complexes de l'Afrique."
Voici le rapport qui "accable" le
Rwanda
http://www.mediacongo.net/show.asp?doc=20834
La nouvelle guerre
d’agression contre la RDC sera-t-elle mise en échec ? par Tony
Busselen
http://www.michelcollon.info/La-nouvelle-guerre-d-agression.html
"Une nouvelle guerre menace l’Est du Congo. Le
Président Rwandais Paul Kagame a tourné le dos à l’accord de collaboration avec la RDC conclu début 2009 et il a
préparé une guerre aux Kivus. Une guerre qui doit empêcher le progrès et la reconstruction de la RDC. La mobilisation
du peuple congolais pourra-t-elle défendre l’unité du pays, éviter une nouvelle guerre d’agression et ouvrir la
voie à la paix et à la reconstruction ?"
sur : http://www.afrohistorama.info/
http://www.afrohistorama.info/article-rd-congo-le-rwanda-de-paul-kagame-doit-cesser-d-aider-les-criminels-de-guerre-du-m23-108615829.html
"Ce [M23] représente un changement de configuration et une
évolution qu’il faut prendre au sérieux. [Ce mouvement] a déplacé plus
de 200 000 personnes depuis avril, » a dit à IRIN Rupert Colville, un
porte-parole du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de
l’homme en poste à Genève."
Article
8
Envoi de Joseph RAHARIJESY : http://www.fokonolona-mivao.org/
MADAGASCAR
:
AIDONS LES
FOKONOLONA A SE DEFENDRE
Mercredi 24
octobre 2012
Avons-nous le droit de faire la sourde oreille aux
villageois qui crient au secours ? - NON.
Allons donc courageusement sur place trier le vrai du faux. Et soutenons la résistance des villageois.
1. Quand j'ai démontré
que Madagascar n'est plus un État de droit depuis belle lurette, un
haut magistrat sur place m'a rétorqué : "Mon pauvre Joseph ! Qui
parle encore d'Etat de droit ? Ici, il n'y a plus d'Etat du tout !"
2. Le peuple malgache
est donc orphelin d'État protecteur. Mais alors, qui commande les
militaires et les gendarmes qui ne protègent plus ni les paysans ni
leurs avoirs ni leurs terres ?
3. Sur toute l'Île,
les sociétés transnationales néolibérales s'accaparent de vastes
étendues de terres, des gisements miniers immenses et des richesses de
la biodiversité malgache. Alors qu'il n'y plus d'État. Ou
justement parce qu'il n'y a plus d'État ?
4. Des cris montent de
plus en plus nombreux des villages les plus reculés : les représentants
des sociétés prédatrices des terres forceraient les populations à
quitter les lieux, par les armes ou par les dirigeants malgaches du
coin, qui viennent en 4x4 et des gardes armés. Pire, des militaires ou
des gendarmes descendraient même en hélicoptères, tireraient sur les
gens et brûleraient des villages entiers.
Je ne suis pas seul
à recevoir ces cris par Internet.
5. La grande presse
écrite et les journaux télévisés malgaches, ceux d'Antananarivo en
particulier, ne répercutent pas ces faits. Au contraire, ils publient des articles élogieux pour
les sociétés prédatrices des terres et richesses minières malgaches.
Heureusement, des
journalistes consciencieux et courageux nous communiquent que les faits
ci-dessus sont vrais. Mais ils réclament l'anonymat absolu.
Dans le cas du village
d'Ambararatabe, nous avons alerté, il y a trois semaines, pour que des
responsables politiques et administratifs nationaux ou des journalistes
indépendants y aillent vérifier si ces villageois – qui sont des êtres
humains et des Malgaches comme nous – subissent vraiment ou non des
menaces et des vexations quotidiennes. Personne n'a fait l'effort de se
déplacer.
6. Nous avons des
correspondants locaux, dont deux que nous connaissons bien et en qui
nous avons une entière confiance. Eux aussi, ils nous communiquent
régulièrement les mêmes faits ci-dessus.
Sans
aucun protecteur légal ni constitutionnel, devant les prédateurs sans
foi ni loi, les paysans sont obligés de se défendre comme ils peuvent.
Aucun être humain, aucun Malgache n'a le droit de leur reprocher quoi
que ce soit pour avoir résisté, se défendre et survivre.
Nous, les Mpivoy, nous
les soutenons totalement, en leur conseillant de faire des dina au sein
de chaque fokonolona (institution inscrite dans la Constitution
malgache) et des dina inter-fokonolona pour coordonner leur résistance,
et d'appeler les juristes pro-vahoaka et pro-fokonolona à constituer
des conseils juridiques à la base des dina.
Nous sommes en train
de constituer une équipe de journalistes indépendants et pro-fokonolona
pour aller faire un reportage de vérification des faits et
d'encouragement aux fokonolona qui, en risquant leur vie, défendent en
fait, à notre place, les terres et les richesses naturelles malgaches. Si
des journalistes, malgaches ou non, désirent bénévolement aider cette
équipe, ils seront les bienvenus. L'expédition n'est évidemment
financée par personne d'autre que nous : nous recevons donc volontiers
vos soutiens financiers.
*****
Samedi
17 novembre 2012
Quel courage ! Et quelle dignité !
Les ray amandreny Bara d'Ihorombe (les
dignitaires) sont venus en taxi-brousse hier [date probable : 16
novembre 2012] et ont donné dans l'après-midi une conférence de presse
dans la capitale pour témoigner des dégâts humains,
environnementaux et culturels occasionnés par l'accaparement massif des
terres malgaches par Tozzi Green.
Les journalistes qui sont venus, sous la pression
d'une autre conférence de presse organisée par Tozzi Green hier matin
même pour couper l'herbe sous les pieds des ray aman-dreny Bara, ont
fait les indifférents et n'ont même pas daigné leur poser une
seule question. La TV d'hier soir les a même traités de dahalo ou
d'avocats des dahalo, sans aucune preuve. Quelle diffamation éhontée,
quelle manœuvre odieuse pour diviser le peuple malgache. Ne nous
laissons pas entraîner.
Il faut que la vérité
éclate. Et ce n'est certainement pas par l'irrespect ostentatoire
envers les ray aman-dreny Bara venus apporter courageusement et
humblement leur témoignage à Tanà.
Nous enverrons donc
une équipe de journalistes indépendants pour rétablir la vérité, et
pour soutenir, si c'est vrai, les fokonolona qui osent s'organiser pour
l'auto secours sur place des populations victimes de cette expulsion
forcée et pour résister à la prédation de leurs terres et des terres
malgaches.
Comme nos journalistes
n'ont pas de moyens et sont très peu salariés dans leur vie courante,
nous continuons à vous solliciter une aide financière conséquente
durant leur reportage qui peut durer plusieurs semaines. Les donateurs
hors Madagascar peuvent libeller leur chèque au nom de Mme CAILLER,
Annie, avec mention "Expédition
Sud", et l'envoyer par la poste à :
Mme CAILLER
Annie
4 Résidence le Grand
Mail
37700 St
Pierre-des-Corps
France.
qui transmettra au
responsable de l'expédition.
Voici les commentaires de trois
Mpivoy qui ont assisté à la conférence de presse des Ray aman-dreny
Bara au GvIN à Andrefan'Ambohijanahary :
«Visages graves, l'air timide.
Ils avouent sans fausse honte qu'ils sont illettrés. Que les zébus sont
leur vie, que rien ne peut se faire dans la vie comme la mort sans les
zébus. Que les terres apparemment désertes sont les pâturages de leurs
bestiaux. Que les cours d'eau accaparés par Tozzi Green sont vitaux
pour leurs animaux et pour eux. Des milliers d'habitants sont obligés
de partir ailleurs avec leurs maigres biens suite à l'accaparement des
terres. Ils sont venus dans la capitale pour plaider leur cause et
demander aux journalistes de répercuter auprès de l'opinion
internationale.
D.»
«…. Vraiment désolant : juste
le matin, il y a eu une conférence de presse qui a été faite et
organiser par Tozzi Green que je « jatropha est super » et que la force
armée est géniale…. Ils ont payé 5 personnes soit disant venant de
Betroka… la MAFIA continue de sévir…. Il faut agir et faire des
communiqués au niveau international maintenant…. Se mobiliser, car TG
essaye d’instaurer le « ady an-trano » (guerre tribale) dans notre
Région et dans notre pays…
Là, on attend la suite. Mais on
sent déjà qu’il y aura des menaces et des mécontents suite à tout ce
que nous venons de vivre et de faire…. Vive Le Fokonolona….
M.»
«Par respect et par solidarité
avec tous ces compatriotes Bara, j'ai fait l'effort d'être présente à
cet appel des Ray Aman-dreny qui au-delà des sentiments de compassion,
mérite qu'on leur rende hommage pour leur courage. Je retiens
particulièrement leur détresse face à ce qu'ils qualifient de velléité
d"exterminer" la culture Bara, c'est à dire le fondement même du peuple
Bara donc son existence. Ils ont également confirmé les accaparements,
les expulsions et les migrations des populations dont on ne sait pas où
elles vont se réinstaller. Mais c'est la mise en danger de la
disparition de la culture Bara qui se fonde sur le "Omby" (Zébu) qu'ils
ont particulièrement dénoncée.
… le comportement des
journalistes qui n'avaient aucun respect à l'égard des Ray Aman-dreny
qui se sont imprimés. En effet, pendant qu'un honorable vieux a pris la
parole dans la salle, M. J… s'est levé suivi du maire, ce qui a
entraîné la levée en masse de tous les journalistes qui n'avaient rien
à faire de ce que disait le Ray Aman-dreny. Ils n'ont même pas eu la
décence de poser des questions. Franchement, cela m'a choquée.
Alors un monsieur s'est levé pour leur adresser quelques paroles que je
n'ai pas entendues. Et je me suis approché d'eux pour leur exprimer ma
solidarité, mon admiration pour leur courage et leur assurer de notre
soutien.
L.
»
Joseph RAHARIJESY
http://www.fokonolona-mivao.org/
Zokiben'ny
Mpivoy
(Doyen des Mpivoy - co-rameurs du projet Fokonolona
Mivao).
Tsy nitady, tsy mitady ary tsy hitady seza
(N'a jamais brigué, ne brigue pas et ne briguera jamais
de "siège" aux élections.)
Article
9
Envoi par Jean SAINT-VIL : http://www.jj-pat-rey.com/JJ-REY_NEO/Jean-SAINT-VIL/temps-changent.html
LES TEMPS
SONT DURS
Les temps sont durs,
Pour les chômeurs,
A ne rien faire,
Sauf à demander
Chaque fois de guerre lasse
Un petit boulot
Aux portes closes,
Et à pointer,
Chaque mois qui passe,
En fin de droit,
Et sans le sou
.
Les temps
sont durs,
Pour les chômeurs,
Toutes les démarches,
Cent fois, ni loi,
Qui ne riment à rien,
De porte à porte.
Tous les CV
Qui font le plein
Dans les poubelles
Des employeurs
.
Les temps
sont durs,
Pour les chômeurs,
Toutes les réponses
En négatif,
Toutes les promesses,
En langue de bois,
Eventuellement,
En cas de besoin,
Assurément,
Aux calendes grecques
!
© Jean SAINT-VIL,
le 8 janvier 2012
Dernière
modification : 24.11.12,
21:11:19