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Du lundi 19 novembre 2012



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Sommaire

Article 1 : TOUJOURS PLUS N'EST POINT LE SALUT

par Jean-Jacques REY

Article 2 : CULTURE ET MARCHE AU STADE DU LIBERALISME

par Guy CREQUIE

Article 3 : TROIS MOIS SANS SARKOZY

par Robert MARTY  (envoi d'Alain SAGAULT)

Article 4 : POUR SORTIR DE LA COMPETITIVITE : Synthèse du Rapport Attac / Copernic

par Thomas COUTROT, Jean-Marie HARRIBEY, Norbert HOLCBLAT, etc.  (envoi d'Attac Rennes)

Article 5 : FINANCEMENT DE LA TRANSITION ECOLOGIQUE

par Fondation Nicolas HULOT  (envoi du Cercle des Economistes Citoyens)

Article 6 : MALI : OTAGE D'UN JEU GEOSTRATEGIQUE :  Qu’y-a-t-il sous les bruits de bottes... ?

par Mireille FANON-MENDES-FRANCE  (envoi de Martine BOICHOT CAMARA)

Article 7 : AFRIQUE – LE CONTINENT SPOLIE !

par Robert BIBEAU

Article 8 : MADAGASCAR : AIDONS LES FOKONOLONA A SE DEFENDRE

par Joseph RAHARIJESY

Article 9 : LES TEMPS SONT DURS

par Jean SAINT-VIL



Article 1





illustration par personnage BD : Bip bip coureur

illustration par A plus multicoloreillustration pour multiplication de richesse

illustration par mappemonde transformée en tourbillon


TOUJOURS PLUS N'EST POINT LE SALUT
 
 
 
Croissance - Concurrence - Compétitivité : voilà les trois « C » phares du néolibéralisme (et de l’impérialisme) qui mène à la marchandisation jusqu’à saper les bases de la Civilisation : ce quatrième « C » qui sert de prétexte ou d’étiquette pour les adeptes de l’économie de marché ; trois « C » qui jalonnent la Mondialisation et vide le monde…de sens (et souvent plus) !
 
Les marchands et leurs commandants : les banquiers, ont travesti le monde et ils appellent cela la "réalité"…
 
La course au profit génère une course sans fin, sans queue ni tête, jusqu’à épuisement des ressources.
 
La domination (et le règne) des marchands & banquiers ne prendra fin qu’avec la fin de l’argent comme outil de richesse…du moins servant sa définition matérielle. Le reste n’est au mieux que traitement social…
 
Ces quatre jets (ou jeux ?) synthétiques m'amène à repenser à un fleuron et même un fleuriste de cette idiotie carabinée qui se veut, tant vantée, la seule politique possible, qui soit "responsable" et "efficace", pour une société évoluée... Précisons : où la fortune de quelques uns se construit sur la ruine et la maltraitance de peuples entiers !
 
Sarkozy, il arrête : son retour au-devant de la scène politique est improbable soi-disant. Moi, je dirai plutôt qu’il a été prévenu, et depuis un petit moment déjà, qu’il usait trop vite son crédit… Je pense qu’il a compris… Pas de numéros pour la galerie, ce coup-ci, ni d’effets de manches ni de procédures, etc. rien qui soit valable pour retarder l’échéance, à part se faire tout petit, encore plus qu’il l’est, si possible, mais bien optimistes seraient, ceux, qui envisagent une bonne fin (nonobstant les crocodiles qui font semblant)…
Personne ne peut défier impunément les Forces de la Vie : la Raison suprême… Même pas les aveugles et les inconscients, mais, lui, il l’a fait…inutilement et stupidement, comme un enfant capricieux !
 
Dire qu’une majorité en France, à un moment donné, s’exprimant, électoralement parlant, a cru bon de le propulser au rang de chef d’Etat, cet « agité du bocal »… Beaucoup veulent tourner la page maintenant, les dirigeants actuels en tête ; cela part d’un bon principe -peut-être- mais le mal est fait, crise ou pas, et, on n’a pas fini d’en subir les conséquences… C’est une lamentable erreur, indigne d'un grand peuple, qui aurait pu être tragique… Mais elle avait commencé bien avant de remettre son destin entre les mains d'un de ces commis de la Finance, sans foi ni loi autre que celles qu’ils adoptent pour arriver à leurs fins, même si en cela leur Fin est proche…
Les êtres humains peuvent se faire la guerre, s’estropier, se déshumaniser, pour tel ou tel camp ; ils peuvent vouloir tout régenter sur Terre, « réinventer » le monde, se croire les « élus » immortellement fait pour régner sur le Vivant, etc. ; ils ne sont rien face à la Justice immanente de la Nature, aux lois de la Vie et les formes qu’ ELLE choisit… Qu’importe le nom que nous leur donnons et le concept qu’on y attache.
 
Sarkozy a compris, il a mené son dernier bateau… Peut-être est-il moins C-O-N que certains le voudraient (y compris moi, le modeste accoucheur de mots) et, sûrement moins débile, est-il, que les ineffables tartuffes qui espèrent lui succéder un jour, ceux-là même qui ne savent qu’enfiler les perles, les répons, et emboucher les tubas de la honte ! Coppé, cet aimable sosie d’hominidés, bourré derrière ses œillères, peut-il espérer conduire la France vers un avenir meilleur ? … Et l’autre tête du « monstre bicéphale » : Fillon, est-il meilleur pilote ? Lui, qui s’emmêle les pieds ou la raison, pour un oui ou un non ; en donnant toujours quittance de poids à la Finance !
Ces têtes qui se voudraient couronnées par l’intelligence (ne parlons pas de la vertu) ne savent qu’invoquer le passé de leur gestion désastreuse, les vieilles recettes inefficaces, et pourquoi pas aussi la « Révolution nationale » qui ramènerait aux piliers de l’enlisement ? Ils n’ont de cesse de vouloir soumettre les intérêts de la nation au « dieu » cannibale de la Finance, ils ne proposent et n’ont aucune autre solution pour préparer l’avenir que la régression, et ils voudraient représenter une alternative aux choix du présent gouvernement (ne parlons pas de progrès) ? ...
Ces gens ne représentent que les intérêts de leur classe possédante, (qui ne rejoignent pas ceux de la petite bourgeoisie et des classes moyennes : ceux-là le découvrent peut-être un peu tard…) mais ils représentent surtout un grave danger pour le peuple et la cohésion sociale ; car, pire que leur ignorance, ils s’inscrivent dans le déni, minorant les changements à l’œuvre dans le monde, dans bien des domaines, et non conscients que le temps leur échappe… Ils sont finis, intellectuellement, mais contrairement à Sarko qui craint les suites , ils n’ont pas compris leurs limites, et je gage qu’ils ne les reconnaîtront qu’en se fracassant dessus ; ce qui ne nous dispensera pas d’en payer les frais…
 
En plus les forces de la Vie ne font pas de détail et elles nous forceront, tôt ou tard, à arrêter un suicide organisé, et ce n’est pas la « petite guerre » qu’imaginent certains pour sortir de la Crise-crises, qui y changera grand chose…
 
Tant que les banquiers et les marchands, suppôts de l’idéologie libérale –qui n’a rien à voir avec les libertés- feront la loi et l’intérêt général, nous ne sortirons pas de ce monde à fragmentations qui s’achemine vers la guerre des civilisations.
 
Tout sauver pour tenter de l’être… De toute façon, l’homme a provoqué tellement de dégâts sur Terre qu’il n’a rien à espérer et encore moins à réclamer pour son salut.
 
 
 
Jean-Jacques REY
http://www.jj-pat-rey.com/INTERNET-TRIBUNE-LIBRE/index.html
 
 
 
Pour compléter le tableau :
 
Réflexions sur le lamentable épisode sarkozyste
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/reflexions-sur-le-lamentable-122851
"A peine quelques mois après l’éviction peu glorieuse de l’Elysée de son orgueilleux inventeur, le sarkozysme apparaît d’ores et déjà comme la plus pesante aberration politique de l‘histoire de la nation française. Perte de son indépendance dans le monde, baisse du niveau intellectuel de la population, économie en berne, endettement record, exacerbation des communautarismes, division des Français, stigmatisation des plus défavorisés et des intellectuels, délinquance en hausse partout, abêtissement généralisé, règne de la télécon comme jamais…
Le passage de Sarkozy à la tête du pouvoir aura été un très fâcheux et particulièrement néfaste accident de parcours
dans la gestion politique et économique du pays. Elire un président, en 2007, qui avait clairement pour priorité de gouverner pour les riches et de s'enrichir lui-même a été la plus grosse bourde que les Français aient commis depuis
des siècles... "








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Article 2

Envoi par Guy CREQUIE : http://guycrequie.blogspot.com/






illustration pour art d'écrire illustration pour mépris de la création littéraire illustration pour création littéraire sur Internet

CULTURE ET MARCHE AU STADE DU LIBERALISME
:
INTRANSIGEANT ET DESTRUCTEUR DE VALEURS HUMAINES
 
 

En poursuivant [une] discussion avec [une amie], j'en viens à penser, que la situation actuelle de nos sociétés à l'égard de la culture, a des racines profondes. Cependant, le temps a accentué les dérives.
 
Présentement, même un congrès mondial des poètes, lequel, au temps de la Renaissance ou au XIXe siècle, aurait mobilisé les pouvoirs et les citoyens, n'obtient pas ou peu d'aides institutionnelles ou de sponsors privés. Est- ce un manque d'argent ???
 
Certes, c'est ce qui est invoqué par les politiques pour faire des choix privilégiant les entreprises, les banques, et les charges sociales et économiques essentielles. Dans le même temps, et y compris en France cette année (pays dit de l'exception culturelle) le budget à la culture est réduit.
 
A l'époque de CESAR, des jeux du cirque, le bon peuple était appelé aux arènes pour se distraire avec du sang et influencer parfois avec son pouce en lever ou en baisse, l'éventuelle grâce de l'empereur.
 
De nos jours, les spectateurs viennent par milliers, (parfois dizaine de milliers sur les stades), admirer les nouveaux dieux du stade = pas forcément pour leur intelligence de l'esprit, mais pour voir des exploits sportifs avec le nom d'un sponsor sur un maillot, et la retransmission par les grands médias, ce qui rapporte des sommes colossales à certains organisateurs.
 
Ainsi, s'il n'y a pas beaucoup d'argent pour l'expression culturelle, il y en a pour le sport d'élite  et on voit par exemple un pays comme le QATAR, investir des millions de dollars dans une équipe de football, et en achetant des footballeurs à un prix d'or dépassant parfois le salaire de toute l'existence d'un salarié.
 
Tout ceci est estimé normal, fatal, par nos gouvernements et institutions ; si nous n'en sommes plus, pour l'essentiel sur la planète, à cette réflexion de GOEBBELS parlant de la culture, je cite : "Lorsque l'on me parle culture, je sors mon pistolet.
 
Cependant, et à part quelques exceptions élitistes : remise de prix monétaires lors de certains concours littéraires (Nobel ou autre), ou de distinctions universitaires, pour l'essentiel, l'œuvre de l'esprit individuelle est estimée dans la reconnaissance notamment monétaire = inférieure au sport.

C'est vrai, par exemple, qu'un poète ou un philosophe talentueux peuvent être dérangeants et subversifs, ceci, pour des pouvoirs corrompus ou injustes socialement.
 
Cependant, à partir des faits, la démonstration est simple à établir. Les médias citent rarement et se déplacent peu pour une œuvre poétique. Dans bien des pays, pour être publiés, 99% des poètes paient l'édition de leur recueil.
 
Un footballeur ou tennisman, qui gagne un concours important : reçoit une coupe, un diplôme, les félicitations du jury, et :…..un chèque conséquent !
 
Un écrivain ou poète, qui est proposé comme lauréat par une prestigieuse société académique, remplit un dossier, et paie les frais "dits de dossier" et sa médaille = s'il l'accepte...
 
Ces pratiques, sont révélatrices du fonctionnement actuel de notre société, et malheureusement, face à de telles dérives, il faudra des décennies pour y remédier, et encore, si l'exigence des peuples se fait entendre, et si les Institutions s'y rallient.
 
Heureusement, il reste des lieux de résistance et de créativité : associations culturelles, sociétés d'écrivains, syndicats, et des lieux dont c'est la vocation comme L'UNESCO ; mais  qui : malgré leur bonne volonté, sont dépendants de la volonté de Etats Nation et de leurs choix politiques, s'agissant des moyens qui leur sont accordés, et de leur audience sur ces sujets.
 

© Guy CREQUIE
Ecrivain français
http://guycrequie.blogspot.com/








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Article 3

Envoi d'Alain SAGAULT : http://www.ateliersdartistes.com/sagault/






illustration pour Sarkozy béni de la ploutocratie

 

illustration pour défaite électorale de Sarkozy en 2012


illustration d'une psychopathie suspectée de Sarkozy


TROIS MOIS SANS SARKOZY
 
 
 
Page d'origine : http://blogs.mediapart.fr/blog/robertmartynumericablefr/050812/trois-mois-sans-sarkozy
 
05 Août 2012
 
La presque totalité des commentateurs a fait de l’antisarkozysme, l’alpha et l’oméga de l’explication du succès de François Hollande, accordant à ce dernier assez peu de mérites personnels sinon d’avoir su utiliser habilement ce ressort. Il n’y aurait pas eu la moindre « appétence » pour la gauche et son chef de file, ce qui s’explique aisément par le réalisme qu’elle a dû afficher en rupture avec sa traditionnelle promesse. Mon propos  n’est pas de discuter le bien fondé de ce choix gagnant mais de m’interroger sur le lien entre la nature profonde de l’antisarkozysme et cette révolution culturelle réussie par la gauche. En effet c’est seulement aujourd’hui, trois mois après la sortie de Sarkozy de la  scène politique et de nos esprits (presque) qu’il est possible d’amorcer cette recherche sans être aveuglé par la passion. En termes plus théoriques je me propose de dégager les grands traits d’une phénoménologie du sarkozysme, c’est-à-dire de ses modes d’être fondamentaux afin d’évaluer ce que fut son impact sur les esprits et sur les pratiques.
 

Le Factuel : la stratégie des chocs
 
Ce que les journalistes ont unanimement qualifié d’ "hyper-présidence" peut-être regardé comme une version soft des stratégies de changement mises en œuvre dans plusieurs pays sous l’impulsion d’économistes néo-libéraux. Ces stratégies utilisaient, voire suscitaient, des  chocs sociaux, économiques et politiques (désastres naturels, guerres, attaques terroristes, coups d’État, crises économiques) pour imposer des réformes majeures impossibles à mettre en œuvre en temps normal*. La méthode sarkozyste –qui collait parfaitement au personnage- a consisté à utiliser la maîtrise de l’agenda politique que donne le pouvoir pour abasourdir littéralement l’opinion publique par d’incessants changements, contre-pieds, inventions hétéroclites décomplexées, annonces fracassantes anxiogènes, initiatives brutales, pratiques partisanes sans vergogne s’attaquant au socle même du contrat social institué depuis la Libération. Le rythme des chocs -dont l’image pourrait être celle d’un perforateur à percussions- est tel qu’il  interdit tout recul analytique et toute prise de distance compatible avec la temporalité médiatique. Autrement dit quand on a pris le temps nécessaire pour commenter ou contester, il est déjà trop tard, les médias sollicités par le ou les coups suivants sont passés à autre chose et l’opinion avec eux. Une façon presque mécanique d’échapper à la critique sans encourir le reproche de le rechercher. D’autant plus que les chocs arrivent dans des domaines très différents avec des azimuts soigneusement calculés pour littéralement faire tourner la tête des gens qui en restent obligatoirement au seul impact des faits et de leurs seuls effets immédiats. Les interprétations immédiates sont les interprétations finales.
 

Le Ressenti : le sentiment qu’un monde s’écroule.
 
L’impact d’un fait sur une personne,  c’est le sentiment qu’il produit. Le moins que l’on puisse dire c’est que le sentiment dominant pour le grand public était le désarroi. Le sentiment que l’ordre des choses est pour toujours dérangé, que le désordre gagne l’univers, que la totalité du champ social est mise sens dessus dessous. Le citoyen ordinaire est politiquement groggy, incapable de réagir sous la grêle des coups qui s’abattent sur lui : un jour il craint pour sa retraite, le lendemain il se voit empoisonné par de la viande qui va lui inoculer de l’islam dans le sang et le faire vivre dans un pays couvert de minarets, détroussé quotidiennement pas des hordes de Roms ou de Libyens affamés. Plongé dans la marmite bouillante des insécurités, il est poussé à rechercher son salut auprès de ceux qui se posent comme leurs protecteurs, les tenants de tous les ordres : économique, social et surtout moral.
 

Le Concept : il faut conserver le Capitaine Courageux
 
Le concept directeur simple et clair qui peut encadrer aussi bien ces ensembles de faits que répondre aux sentiments qui les accompagnent est celui du sauveur ou du guide ou du chef auquel on doit aveuglément faire confiance, quelles que soient ses outrances, ses insuffisances notoires ou ses bouffonneries et peut-être même à cause de tout cela présenté comme des exceptions corrélées à l’exceptionnalité des situations. La sémiotique très appuyée des derniers temps de la campagne et notamment la démonstration du Trocadéro, une provocation calculée envers l’histoire du monde ouvrier, sur fond de milliers de drapeaux identiques déployés dans un ordre évocateur des plus grands rassemblements nationalistes de l’Histoire, avait pour fonction de construire dans les esprits la clef de voûte indispensable. La Nation, telle que Maurras n’a cessé de la célébrer, la Seule France comme remède et solution à tous ces maux et un seul homme à la barre qui peut la sortir de la tempête pour la conduire dans les eaux calmes où régnera à nouveau le bonheur social.
 

Le Président Normal ou comment on s’en est sorti …
 
Cela aurait pu marcher et même cela a failli marcher. François Hollande n’a sûrement pas  fondé sa longue campagne sur des analyses phénoménologiques. Tout ce que l’on peut constater, c’est qu’elle a produit une phénoménologie strictement opposée à celle qui vient d’être décrite, qu’elle en a au moins annulé les effets et a su profiter de ses rares faiblesses pour reprendre la main. Au cœur de cette stratégie, le Président Normal. On peut facilement appréhender le fonctionnement sémiotique (c’est-à-dire sa capacité à induire des significations dans les esprits) à l’aide du carré sémiotique proposé par A.J.Greimas**. Brève explication : le Normal est étroitement lié dans les esprits occidentaux au moins au Pathologique de la manière suivante : la négation du Normal (le non-normal) fait surgir dans l’esprit le Pathologique et réciproquement la négation du Pathologique (le non-pathologique) fait surgir le Normal. On dit que le couple Normal-Pathologique constitue une catégorie sémantique (il y en a bien d’autres comme masculin-féminin, nature-culture, être-paraître, … mais par exemple petit-gros ou faible-fort n’en sont pas). Il en résulte qu’en se déclarant Normal, François Hollande rejetait quasi mécaniquement son principal adversaire dans le Pathologique et ceci sans jamais prononcer le mot. Exemplaire à cet égard est la séquence anaphorique du « Moi, Président, je ne … » qui en appliquant à chaque item une négation à un terme couvert plus ou moins par le concept de « Pathologie sociale voire personnelle » faisait surgir son correspondant Normal. Et la longueur de la séquence a enfoncé le clou au maximum pour un résultat qui s’est avéré définitif.
L’impact sur les pratiques, c’était le comportement dans les urnes … On le connaît … Mais la signification profonde de toute stratégie est toujours dans ses conséquences et nous sommes aujourd’hui loin de les avoir épuisées.
Une seule chose est sûre : un Grand Péril a été évité et ce fut un Grand Soulagement …
 

Robert MARTY
http://blogs.mediapart.fr/blog/robertmartynumericablefr
 
 
______________________________________
Notes :
 
* Voir le livre de Naomi KleinLa stratégie du choc : la montée d'un capitalisme du désastre, qui décrit l’utilisation de chocs de toute nature qui permettent d'amener un prisonnier à régresser jusqu'à un état infantile. On peut alors lui faire accepter ce qu’il n’aurait jamais accepté auparavant. Selon l’auteur, en parallèle, certains ont pensé que des chocs sociaux, économiques et politiques — désastres naturels, guerres, attaques terroristes, coup d’État, crises économiques — pouvaient être délibérément utilisés pour permettre sans opposition la mise en œuvre de réformes économiques néolibérales majeures.
 
** Carré sémiotique : voir à  http://fr.wikipedia.org/wiki/Carr%C3%A9_s%C3%A9miotique
 
 
Pour compléter le tableau :
 
Sarkozy-Badinguet
http://www.legrandsoir.info/sarkozy-badinguet.html
"Afghanistan, Libye, Côte-d’Ivoire, Syrie : la France guerrière.
L’action de Nicolas Sarkozy durant ses cinq années de présidence de la République appelle de nombreux
commentaires. Nombreux seront ceux qui retiendront sa proximité affichée avec les milieux argentés, ce qui fait dire que Sarkozy pouvait être comparé à Napoléon III - « Badinguet » pour ses contemporains !
Tout comme celui de Napoléon III, le règne de Sarkozy restera en effet marqué par la prospérité et l’enrichissement
sans complexe d’une bourgeoisie financière particulièrement avide. Victor Hugo disait de l’homme du coup d’Etat du 2 décembre 1851 : « Il aime la gloriole, les paillettes, les grands mots, ce qui sonne, ce qui brille, toutes les verroteries du pouvoir. Il a pour lui l’argent, l’agio, la banque, la Bourse, le coffre-fort... »."








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Article 4

Envoi d'Attac Rennes : http://local.attac.org/35/






illustration des rapports de force économiques


caricature du cynisme des patrons du MEDEF


POUR SORTIR DE LA COMPETITIVITE

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Synthèse du Rapport  Attac / Copernic
 
 
 
Page d'origine : http://www.france.attac.org/articles/pour-en-finir-avec-la-competitivite
 
Paris, le 7 novembre 2012
 
Après avoir annoncé un nécessaire « choc de compétitivité » souhaité par la droite et le MEDEF, le gouvernement souhaite désormais construire un « pacte de compétitivité » sur l’ensemble du quinquennat de François Hollande, inspiré par les mesures préconisées par le rapport Gallois. La rengaine est connue : notre pays souffrirait d’un déficit de compétitivité dû, entre autres, à un coût du travail trop élevé. Qu'en est-il vraiment ?
 
- À travers ce rapport, Attac et la fondation Copernic se penchent sur les difficultés de l'économie française et sur les idées reçues autour de la compétitivité. Pour ses auteurs, la diminution du coût du travail, prônée par le rapport Gallois n'est en rien une solution à la crise, de manière globale, ni à la désindustrialisation en particulier. L'accent mis sur le coût du travail masque l'essentiel, notamment l'envolée des dividendes qui grèvent les investissement de R&D.
 
- Les mesures annoncées par le gouvernement constituent un ralliement aux dogmes libéraux, selon lesquels les salaires et la protection sociale seraient la cause de nos difficultés, les dépenses publiques devraient diminuer, et la TVA anti-sociale serait une solution. Il est pourtant urgent de sortir de cette logique qui créé les conditions d’une concurrence de tous contre tous, d’un état de guerre économique permanent qui appauvrit les populations et détruit les équilibres écologiques.
 
- Ce contre-rapport montre comment la compétitivité, tant vantée, s’avère en fait être une voie sans issue, économiquement absurde et socialement destructrice : c’est un autre modèle de développement qu’il faut aujourd’hui promouvoir tant pour des raisons écologiques que pour des raisons sociales. Ce nouveau modèle de développement doit être fondé sur les principes de la coopération, de la rupture avec un consumérisme destructeur, de la réponse aux besoins sociaux, de la réduction des inégalités et de l’ouverture d’une transition écologique.
 
- Consulter le rapport : http://www.france.attac.org/sites/default/files/en_finir_avec_la_competitivite.pdf
 

Synthèse
 
     Le thème de la compétitivité est un marronnier des débats de politique économique. C’est une obsession tenace malgré la difficulté à en proposer une définition claire et admise par tous, sinon sous une forme tellement vague qu’elle se prête à toutes les interprétations : « la définition généralement retenue de la compétitivité d’une nation est la capacité  à  améliorer  durablement  le  niveau  de vie de  ses habitants et à leur procurer un haut niveau d’emploi et de cohésion sociale », nous dit le CAE  [Conseil d’Analyse Economique, ndlr] (1). Les auteurs ne cachent pas « les réserves méthodologiques que le concept suscite » (2) et ils rapportent même le propos de Paul Krugman « contre la “dangereuse obsession” de compétitivité de l’administration Clinton et de l’Union Européenne » car « la compétitivité  est  un  mot  vide  de  sens  lorsqu’il  est  appliqué  aux économies nationales » (3) . Vide de sens, mais symbolisant très bien les stratégies patronales de pousser encore plus avant la libéralisation de l’économie et du « marché » du travail en particulier, malgré « l’inscription de la cohésion sociale dans les politiques de compétitivité » (4) affirmée par la Stratégie de Lisbonne.
     Concernant la France, la rengaine est connue : notre pays souffrirait d’un déficit de compétitivité dû à un coût du travail trop élevé. Les pertes de part de marché et la comparaison  avec  l’Allemagne sont  évoquées  pour  justifier  ce diagnostic, le patronat prônant un « choc de compétitivité » basé sur un allégement massif des cotisations sociales transférées sur les ménages par le biais d’une augmentation de la CSG et/ou de la TVA. Le Journal du Dimanche, dans son édition du 28 octobre, titrait à sa une : « l’ultimatum des grands patrons ». Dans ce journal, le lobby du haut patronat, regroupé dans l’Association Française des Entreprises Privées (AFEP), fait valoir haut et fort ces exigences : une baisse massive des dépenses publiques et du coût du travail.
 
Les vraies raisons de la fragilité de l’industrie française
 
     Certes, les aspects compétitivité hors-prix, c’est-à-dire liés à la qualité des produits, leur degré d’innovation technologique, l’adaptation à la demande… ne sont pas totalement ignorés. Il serait difficile en effet de ne pas voir, si on en reste à la comparaison avec l’Allemagne, le niveau insuffisant de la R&D en France : 2,1 % du piB contre 2,8 %. Ce différentiel est également très marqué si l’on considère les dépenses en R&D du secteur privé : 15 milliards d’euros de ce côté-ci du Rhin, contre 31 milliards de l’autre en 2008.
     De même, tout le monde s’accorde pour pointer le problème des rapports entre les grands groupes industriels et leurs sous-traitants. L’externalisation des activités des grandes firmes a uniquement pour objectif de faire baisser les coûts en les reportant sur les PME sous-traitantes, multipliant ainsi les pratiques abusives. La dépendance par rapport aux grands groupes, qui peuvent les abandonner pour accroître leur rentabilité, explique en partie la difficulté des PME à avoir accès au crédit bancaire. Sur ces points aussi, la différence avec l’Allemagne est patente.
     Enfin, la sensibilité des exportations françaises au taux de change de l’euro est largement connue. Entre janvier 2002 et avril 2008, l’euro s’est réévalué de 78 % par rapport au dollar. Conséquence, depuis 2002 cette hausse aurait freiné les  exportations  françaises  à  la  hauteur  de  0,3  point  en moyenne par trimestre. Le contraste est manifeste avec l’Allemagne qui, se situant sur des créneaux haut de gamme, est moins sensible aux variations de prix.
     Ces faiblesses de l’industrie française, si elles ne sont pas ignorées, sont de, fait, laissées de côté par la plupart des commentateurs. Les résultats du commerce extérieur sont mobilisés pour dramatiser la situation sans que jamais la validité des chiffres ne soit elle-même interrogée. Ainsi, la stratégie des firmes  dans  la  mondialisation  n’est  que  très rarement évoquée. Le redéploiement des processus productifs a pour conséquence une différence croissante, et variable selon les pays, entre la compétitivité d’un espace national et celle des firmes « nationales ». Dans le cas des firmes allemandes, la sous-traitance internationale est utilisée systématiquement,  mais  la  phase  finale d’assemblage  se  fait  en Allemagne.  Une  part  importante  des  exportations  allemandes correspond donc, en fait, à du simple réexport pour une bonne partie du produit fini. A contrario par exemple, les importations vers la France des « Logan » produites dans les usines Renault de Roumanie sont comptées comme exportations roumaines. La contribution à la performance du pays peut se dégrader à partir du moment où les firmes réalisent une partie croissante de leur chiffre d’affaires à l’étranger. C’est le cas des grands groupes français, dont le chiffre d’affaires réalisé en France augmente très lentement, toute la croissance se faisant en Europe et dans le reste du monde.
     Ce phénomène de croissance sur le marché mondial peut se combiner avec l’utilisation des prix de transfert entre sociétés membres d’un même groupe, de manière à localiser le bénéfice final dans un pays à fiscalité avantageuse, voire dans un paradis fiscal. Rappelons que le commerce entre filiales d’un même groupe représente environ un tiers des échanges de la France. les statistiques des exportations nationales s’en trouvent donc largement biaisées. ainsi, plus de la moitié du déficit commercial de la France vis-à-vis de l’Allemagne (10 milliards d’euros) serait due à une manipulation des prix de transferts.
 
Le coût du travail, bouc émissaire
 
     Le débat public se concentre sur le coût du travail sur la base de données souvent discutables. En effet, les données de référence d’Eurostat posent problème tant sur la comptabilisation des heures de travail qui sous-estime la durée du travail en France, que sur le calcul de la masse salariale qui surestime le poids, en France, de la formation professionnelle dans le coût du travail. De plus, ce débat est en général biaisé. D’une part, il ne prend que rarement en compte la productivité du travail, c’est-à-dire le coût salarial unitaire. Or les écarts de productivité entre pays sont plus grands que les écarts de coût horaire. D’autre part, il mêle allégrement coût du travail dans l’industrie et dans les services marchands. Or la productivité augmente plus faiblement dans les services que dans l’industrie.
     Le coût salarial unitaire baisse en moyenne dans la zone euro sauf pour le Royaume-Uni, le Danemark, l’Italie, l’Espagne et la Grèce. En France, il baisse de 0,5 % par an de 1996 à 2008, en Allemagne de 0,7 %. Globalement, on constate une tendance à la convergence des coûts salariaux unitaires dans la zone euro, avec une baisse dans l’industrie et une hausse dans les services. Ces constats, combinés au caractère biaisé de certaines données statistiques, démentent l’affirmation selon laquelle il y a eu en France une dérive du coût du travail qui plomberait la compétitivité des entreprises.
 
Le coût du capital passé sous silence
 
     Mais surtout, on met toujours en avant le coût du travail alors que le coût du capital n’est quasiment jamais évoqué. Pourtant, les revenus nets distribués représentent aujourd’hui 9 % de la valeur ajoutée des sociétés non financières, niveau historique record depuis la Seconde Guerre mondiale, contre 5,6 % en 1999. La part dévolue aux actionnaires a donc crû dans des proportions considérables ces douze dernières années. Autrement dit, la complainte patronale faisant de la baisse du taux de marge la raison profonde des faibles investissements et du moindre effort en matière de recherche et développement, passe sous silence le fait que, crise ou pas crise, la part de plus en plus lourde que les entreprises choisissent de distribuer aux propriétaires du capital affaiblit leur capacité à faire face à tous les aspects de la compétitivité.
     Dans cette situation, l’exigence patronale d’un transfert massif des cotisations sociales vers les ménages (en grande majorité salariés) apparaît pour ce qu’elle est : le refus de toucher aux dividendes versés aux actionnaires. Cette demande est d’autant moins fondée que le bilan des exonérations actuelles de cotisations sociales est pour le moins problématique. Voici ce qu’en dit la Cour des comptes en 2009 : « la Cour avait relevé que les nombreux dispositifs d’allègement  des  charges sociales  étaient  insuffisamment évalués en dépit de la charge financière croissante qu’ils représentaient pour les finances publiques (27,8 milliards d’euros en 2007, soit 1,5 % du PIB). S’agissant des allègements généraux sur les bas salaires, leur efficacité sur l’emploi était trop incertaine pour ne pas amener à reconsidérer leur ampleur, voire leur pérennité. »
     Pourtant, c’est une nouvelle baisse de cotisations sociales que préconise le rapport Gallois. L’argument de l’emploi est laissé de côté au profit de celui de la compétitivité. Les 30 milliards d’allégements qu’il prône se décomposeraient en 20 milliards d’allègements de cotisations patronales et, plus inédit, 10 milliards d’allègements de cotisations salariales.
     Dans le cas d’une baisse des cotisations employeurs, il y a gain pour les employeurs, neutralité pour les salariés en termes de salaire direct et baisse de pouvoir d’achat des ménages, s’il y a compensation par la fiscalité et si celle-ci prend la forme d’une augmentation de la CSG et/ou de la TVA. Dans le cas d’une baisse des cotisations salariales, il y a, en instantané, neutralité pour les employeurs et gain de salaire direct pour les salariés, ce gain pouvant toutefois être plus ou moins annulé par une augmentation correspondante de la fiscalité. Au total, il s’agit bien de faire payer aux salariés et aux ménages une prétendue déficience de compétitivité, le niveau des profits, surtout celui des profits distribués, restant bien sûr incontesté.
 
La compétitivité au détriment du travail
est une voie non coopérative sans issue
 
     La baisse du coût du travail ne prend pas comme seule forme celle des allégements de cotisations sociales. S’y combine un accroissement de la flexibilité du travail. La déréglementation  brutale  du marché  du  travail  est  un  élément essentiel des politiques de compétitivité. Assouplissement des conditions de licenciements, modulation de la durée du travail, temps partiel imposé touchant essentiellement les femmes, remise en cause de la durée légale du travail…, la liste est longue des mesures visant à remettre en cause la norme du contrat de travail à durée indéterminée. On assiste partout en Europe à une attaque sans précédent des droits des salariés.
     Il s’agit en théorie avec ces politiques de favoriser les exportations. Comprimer les coûts pour gagner des parts de marché à l’export, tel est l’impératif catégorique que l’on veut nous imposer. Mais cette logique est prise dans des contradictions dont elle ne peut sortir. En effet, l’essentiel des relations commerciales des pays de l’Union Européenne a lieu à l’intérieur de l’Union. Les clients des uns sont les fournisseurs des autres et les déficits des uns font les excédents commerciaux des autres. Vouloir, dans cette situation, que tous les pays copient le modèle allemand et se transforment en exportateurs est impossible. La contraction de la demande interne dans tous les pays, produite par la réduction des coûts salariaux et les coupes dans les dépenses publiques,  pèse  sur  le  commerce  extérieur  de  tous.  Où exporter lorsque tous les pays réduisent leur demande ? La baisse de la demande interne ne peut qu’entraîner une réduction des exportations et aboutir à une récession généralisée. C’est la situation actuelle en Europe qui voit même l’Allemagne aujourd’hui touchée par la contraction économique.
 
Vers un autre modèle de développement
 
la compétitivité est donc une voie sans issue, économiquement absurde et socialement destructrice. C’est un autre modèle de développement qu’il faut aujourd’hui promouvoir tant pour des raisons écologiques que pour des raisons sociales. Il faut en finir avec la logique même de la compétitivité qui, basée sur la concurrence de tous contre tous, aboutit à un état de guerre économique permanent qui appauvrit les populations et détruit les équilibres écologiques. Ce nouveau modèle de développement doit être fondé sur les principes de la coopération, de la rupture avec un consumérisme destructeur, de la réponse aux besoins sociaux, de la réduction des inégalités et de l’ouverture d’une transition écologique. Cette dernière suppose notamment une véritable révolution énergétique aux antipodes de la fuite en avant dans le nucléaire, dans les combustibles non conventionnels tels que les gaz de schiste, comme le préconise, de fait, le rapport Gallois, ou dans des projets d’infrastructures inutiles et destructrices et de surcroît rejetées par les populations (5)
     C’est dire que le débat sur la compétitivité ne peut se réduire à une discussion étriquée sur des recettes, inefficaces au demeurant, pour soi-disant relancer la croissance, mais doit poser la question de la société dans laquelle nous voulons vivre.
 
La suite du document à :
http://www.france.attac.org/sites/default/files/en_finir_avec_la_competitivite.pdf
 

pour Attac / Copernic
Thomas COUTROT, Jean-Marie HARRIBEY, Norbert HOLCBLAT
Michel HUSSON, Pierre KHALFA, Jacques RIGAUDIAT, Stéphanie TREILLET
 
 
______________________________________
Notes :
 
(1) Rapport de Michèle DEBONNEUIL et Lionel FONTAGNÉ, 2003, Paris, La Documentation Française, p. 8
(2) Ibidem, p. 11.
(3) Ibidem, p. 7.
(4) Ibidem, p. 11.
(5) L’exemple actuel étant celui du nouvel aéroport de notre-Dame-des-landes.
 
 
Pour illustrer la thématique :
 
Comment rester vivant ? Le témoignage de nos frères grecs sous austérité
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/comment-rester-vivant-le-124610
 
Royaume-Uni : l’autre massacre européen
http://alternatives-economiques.fr/blogs/raveaud/2012/05/20/royaume-uni-lautre-massacre-europeen/
 
Espagne : La manifestation des mineurs violemment réprimée fait 76 blessés
http://actualutte.com/espagne-la-manifestation-des-mineurs-violemment-reprimee-fait-76-blesses/
 
L’Islande et le refus de l’austérité
http://www.pressenza.com/fr/2012/10/lislande-et-le-refus-de-lausterite/
 
Ce que les enseignant·e·s de Chicago ont accompli
http://alencontre.org/ameriques/americnord/usa/ce-que-les-enseignant%C2%B7e%C2%B7s-de-chicago-ont-accompli.html
 
Formons et développons des Groupes d'Instauration de Revenu d'Existence
http://lienenpaysdoc.com/index.php?option=com_content&view=article&id=252:developpons-des-groupes-dinstauration-de-revenu-dexistence-&catid=13:agenda&Itemid=59
"Le Revenu de Base Inconditionnel donnera à chacun la possibilité d'investir sa part de créativité humaine  pour les
biens communs et un nouveau modèle social, culturel,  économique et écologique indispensable et juste pour tous."








sommaire-4


Article 5

Envoi du Cercle des Economistes Citoyens : http://ecosocietal.wordpress.com/





illustration soleil sympa


illustration éoliennes pour alternative écologique


illustration pour financement de la transition énergétique et écologique


FINANCEMENT DE LA TRANSITION ECOLOGIQUE
 
La nécessité de se doter d’une banque de la transition écologique
 
 
Contribution de la Fondation Nicolas Hulot
au livre blanc sur le financement de la transition écologique
 
 
 
Page d'origine (html)  : http://ecosocietal.wordpress.com/2012/11/
Version PDF (intégrale) : http://ecosocietal.files.wordpress.com/2012/11/note-banque-transition-ecologique.pdf
 
29/10/12
 
1 - Pourquoi une banque publique de la transition ?
 
Deux arguments centraux justifient ce dispositif ambitieux et novateur.
 
D’une part, la transition énergétique et écologique se traduit par des besoins considérables en investissements matériels (énergies renouvelables, rénovation thermique, mobilité bas carbone, urbanisme restructuré, agriculture durable, etc.) et immatériels (formation, recherche, éducation, accompagnement au changement…) Ces investissements parfois diffus ne sont pas toujours financièrement très rentables pour les acteurs privés, compte-tenu notamment de l’absence de signal-prix sur les bénéfices sociaux qu’ils génèrent (ou les pertes sociales qu’ils réduisent) et du jeu de l’actualisation qui écrase le long terme. Par ailleurs ils sont très spécifiques de la transition qui consiste à investir en capital pour économiser des dépenses en combustibles. La question intergénérationnelle est clef : la génération présente n’a pas de raison de payer à la fois pour son énergie et celle de la génération suivante. Or quand on aura isolé les logements et développé les renouvelables, elle n’aura presque plus rien à payer pour son électricité…et plus généralement son énergie. On comprend aisément dès lors que la baisse du coût du capital est absolument essentielle pour que ces investissements se fassent. Le système bancaire privé et mutualiste ne financera au mieux que la part la plus rentable et la plus sûre de ces investissements.
 
Seul un circuit financier public peut à la fois être fortement impliqué et moteur dans un projet d’intérêt général et proposer des financements à bas coût. Il doit concerner en priorité le prêt auprès des ménages et des entreprises se lançant dans ce type de projets.
 
NB Le financement en fonds propres des acteurs de la transition (que ce soit des PME ou des sociétés de projet) devrait être clairement distingué des prêts aux ménages et entreprises. Le métier de gérant de fonds, nécessite en effet des compétences différentes et pas forcément la même gouvernance que celui de prêteur. Les risques induits par ces deux activités sont très différents (en termes de niveaux et de typologie). Un des rôles de la BPI telle qu’elle est lancée à ce jour pourrait être de financer les sociétés de projet et les PME de la transition. Il reste cependant à matérialiser clairement l’orientation de la BPI sur la transition, ce qui n’est pas le cas à ce stade. Mais ceci reste à préciser.
 
D’autre part l’économie européenne plonge dans la voie de la récession et n’en sortira pas avec les mesures envisagées à ce jour. Rappelons qu’en l’absence d’un projet volontariste d’innovation industrielle, la France connaîtra au mieux une croissance nulle en 2013 ; le nombre de chômeurs devrait s’accroître de 30 à 40.000 en moyenne mensuelle. Nous pourrions très vraisemblablement atteindre 3,5 millions de chômeurs avant la fin 2013. Il est permis de douter que des mesures de « compétitivité » (2) suffisent à renverser cette tendance du fait de la pente déflationniste dans laquelle l’Europe est aujourd’hui engagée. Les prix baissent actuellement en Espagne et en Grèce. Ce signal est extrêmement grave puisqu’il indique que ces deux pays sont déjà tombés dans la trappe à liquidité. De celle-ci, on sait quand un pays s’y enfonce, et nul ne sait comment on en sort. Le Japon y est piégé depuis vingt ans en dépit des trillions investis sans succès par les gouvernements successifs dans des tentatives de relance (d’inspiration keynésienne). Le Traité de Stabilité, de Coordination et de Gouvernance, en institutionnalisant l’austérité budgétaire, ne fera qu’aggraver cette pente déflationniste sans pour autant régler aucunement le problème des dettes publiques. En effet, la baisse du Pib promet, parce qu’elle sera plus rapide que celle de la dette, d’augmenter le ratio dette/Pib, comme on l’observe dans tous les pays du sud de l’Europe. C’est au regard de ce “chemin” macro-économique qu’il convient d’apprécier l’impact d’une opération de quelques dizaines de milliards d’euros par an, pour un pays comme la France qui emprunte chaque année 200 milliards sur les marchés financiers, et dont le Pib s’élève à 2000 milliards environ.
 

2 - D’où peut venir ce financement quand les caisses de l’Etat sont vides ?
 
2.1. Qu’est-ce qu’une banque ?
 
Rappelons qu’une banque est une institution qui a obtenu du « souverain » une délégation dans le droit de frapper monnaie (c’est pourquoi tout le monde ne peut pas décider du jour au lendemain de créer une banque). Ce qui veut dire qu’une banque crée de la monnaie. Lorsqu’elle accorde un crédit à un de ses clients, disons, de 100, elle crée environ 90 qui n’existaient pas précédemment. Cette somme est inscrite à l’actif de la banque (où est comptabilisé le compte courant de son client) et simultanément au passif (c’est la créance du client). Le bilan de la banque gonfle ainsi des deux côtés sans se déséquilibrer (3). L’argent qu’elle octroie via un crédit ne correspond donc pas du tout à une somme d’argent qui dormait dans un coffre-fort ; encore moins à un stock d’or enfoui au sous-sol de la Banque de France. Cet argent provient tout simplement d’une écriture comptable, matérialisée par un chiffre sur un écran, qui décrète que 90 viennent d’être créés ex nihilo. Certes, il existe des ratios qui limitent la quantité de crédit qu’une banque peut octroyer mais ces ratios sont assez facilement contournables (via la titrisation notamment) et, par ailleurs, lorsqu’une banque les dépasse (ce qu’elle constate toujours ex post), il lui suffit de se retourner vers la BCE pour se faire refinancer les réserves obligatoires qui lui manquent (et aujourd’hui cela se fait à un coût nul pour les banques, compte tenu des largesses de M. Draghi) (4).
 
Une manière plus lapidaire de dire ce qui précède est la suivante : la première planche à billets de la planète, ce ne sont pas les dirigeants politiques qui ne penseraient qu’à dépenser toujours trop dans le but inavoué de se faire réélire ; ce sont les banques commerciales. Lesquelles ont créé des milliers de milliards au cours des dernières années (5), certes pour prêter à l’économie mais aussi et surtout pour prendre des positions souvent catastrophiques, parfois extrêmement rentables, et toujours très dangereuses, sur les marchés financiers. (Moins de 10% seulement des transactions financières ont comme contrepartie une institution de l’économie « réelle ».)
 
Que serait une “banque” qui n’aurait pas le droit de créer de la monnaie ? Une institution financière non bancaire qui ne fera que redistribuer des liquidités préexistantes. En fait, la plupart de nos concitoyens pensent que les banques sont des « institutions financières non bancaires », puisque peu d’entre nous sont conscients du fait qu’elles font tourner la planche à billets toutes les fois qu’elles accordent un crédit.
 
 
2.2. Peut-on se contenter d’une institution financière non bancaire pour financer la transition ?
 
Non, parce que les banques commerciales, depuis plusieurs années, ne financent plus le long terme de sorte que la transition écologique ne trouvera pas de financement tant que les seules sources de création monétaire seront les banques privées. Parce que, depuis 2009, elles ne financent plus le court terme non plus : n’en déplaise aux représentants des banques françaises qui affirment le contraire, le credit crunch (i.e., la restriction des crédits) est massif, et les premières pénalisées sont les PME, c’est-à-dire les emplois. Certes les banques peuvent rétorquer que la demande de crédit n’est plus là. C’est alors le diagnostic de « trappe à liquidités » (6) qu’il faut évoquer et qui milite en faveur d’une action publique massive.
 
Si la Banque de la transition n’est pas une banque, elle pourra tout au plus financer quelques dizaines de milliards ? La BPI par exemple ne pourra pas, dans le schéma actuel disposer de plus de 40 milliards d’euros dont une partie significative pourrait être utilisée pour soutenir des entreprises en difficulté, ne serait-ce que pour trouver des prêts, dans le contexte économique très difficile actuel. Mais elle ne sera pas la “banque de la transition” annoncée par le président. Si, au contraire, c’est une « vraie » banque, elle pourra faire grossir son bilan (par effet de levier) bien au-delà de ses capitaux propres en empruntant à la BCE (ou sur le marché) et elle pourra ainsi prêter jusqu’à 10 fois les quelques milliards mobilisés au départ (ses capitaux propres). 300 ou 400 milliards, voilà qui commence à devenir réaliste pour amorcer la grande bifurcation industrielle et sociale, dont nous avons besoin (“la transition”).
 
Lire la suite sur le blog du cercle des économistes citoyens :
http://ecosocietal.wordpress.com/2012/11/06/financement-de-la-transition-ecologique-fnh/#more-565
 

Fondation Nicolas HULOT
 

______________________________________
Notes :
 
(2) C’est-à-dire une politique de réduction des coûts salariaux destinée à restaurer la compétitivité française,
 
(3) Ce qui n’empêche évidemment pas les banques de collecter aussi de l’épargne car elles augmentent
ainsi encore leur capacité de prêts.
 
(4) Pour être complet, il faudrait évoquer, ici, les ratios de liquidité et de capital propre, cf. Gaël Giraud,
Illusion financière – pourquoi les chrétiens ne peuvent pas se taire, Ed. L’Atelier, 2012, chap. 5.
 
(5) De 2001 à 2011 l’agrégat monétaire M1 est passé de 2096 à 4780 mds d’euros soit une croissance de
140% (BCE)
 
(6) Voir Annexe sur la trappe à liquidité : La trappe à liquidité15, de quoi s’agit-il ? par Gaël Giraud, CNRS au bas de page http://ecosocietal.wordpress.com/2012/11/06/financement-de-la-transition-ecologique-fnh/#more-565
"Avant d’être un « état » de l’économie, la trappe est le résultat d’une histoire. Laquelle fait intervenir l’un des deux
scenarii suivants" .../...








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Article 6

Envoi de Martine BOICHOT CAMARA






illustration vie de famille au Mali

Source image

illustration étendue du Sahel en Afrique

Source image

illustration pour intervention militaire au Mali illustration pour impérialisme occidental


MALI : OTAGE D'UN JEU GEOSTRATEGIQUE
 
Qu’y-a-t-il sous les bruits de bottes qui commencent à se faire entendre au Mali ?
 
par Mireille Fanon-Mendes-France
Fondation Frantz Fanon ; Experte ONU
http://www.frantzfanonfoundation-fondationfrantzfanon.com/
 
 
 
Page d'origine : http://frantzfanonfoundation-fondationfrantzfanon.com/?p=1761
 
5 novembre 2012
 
     L’écoute attentive du discours des deux candidats à la présidence des Etats-Unis confirme l’orientation stratégique de déclencher une nouvelle guerre, aux conséquences totalement imprévisibles, contre l’Iran. Dans ce but, l’establishment américain et ses médias n'hésitent pas à instiller l'idée que ce pays est sur le point de finaliser la bombe nucléaire et dès lors serait un danger pour l'ensemble du monde mais particulièrement pour l’Etat d’Israël, dernier rempart moyen-oriental d’un Occident dont l’influence se contracte irrésistiblement et dont le modèle libéral est entré dans une crise terminale.
 
     Les Etats-Unis, qui se posent en gardien de la paix et de la sécurité internationale, ainsi qu'on a pu le voir en Irak où leur intervention a été imposée à la communauté internationale par le mensonge, en Afghanistan où celle-ci a été justifiée au nom de la démocratie et contre la situation faite aux femmes, ont bien l'intention d'attaquer l'Iran dès que leur calendrier sera en cohérence avec celui de l'Etat d'Israël. Mais entre-temps Washington ne perd pas de vue son objectif principal : contrer la progression globale de la Chine dans la grande guerre pour les ressources de la planète. Et dans ce conflit encore feutré mais qui pourrait se transformer en guerre chaude, l’Afrique est le continent de tous les enjeux.  Le rapport «Horizons stratégiques [1]» publié par le Ministère français de la Défense, avril 2012, anticipe cette éventualité et s’inquiète du face-à-face Chine-Etats-Unis « enfin, sans conduire à une logique bipolaire, le format de la relation sino-américaine devient, qu’on le souhaite ou non, l’enjeu de la gouvernance de demain ».
 
    C’est bien sous cet angle que doit être évaluée la situation du Mali et les menaces d’intervention américano-françaises. Il s’agit de profiter de la déliquescence d’Etats sous domination continue depuis les indépendances pour réintroduire directement une présence militaire camouflée derrière des armées locales dont nul n’ignore l’insigne faiblesse. Le Mali devient, dans ce jeu géostratégique, otage d'une volonté des Etats impérialistes et de leurs soutiens de porter partout la guerre sans fin de façon à interdire la progression d’une puissance adverse et, dans le même mouvement, d’éradiquer toute volonté des peuples à résister à l’ordre ultralibéral mondialisé construit sur la financiarisation et la militarisation. Les Etats-Unis démontrent leur sens de l’opportunisme en répondant à l’appel à l’aide de son allié français désormais incapable, à lui seul, de gérer son pré carré africain. La présence américaine dans le Sahel permet de contrôler directement l’accès à des ressources essentielles, l’uranium notamment, et de conférer une profondeur stratégique à leur action sur le continent et au Moyen-Orient.
 

    I/ Les Etats-Unis et Africom
 
    La première étape pour les Etats-Unis qui avaient compris que l'ancienne puissance coloniale de l'Afrique francophone, la France, n’avait plus les moyens de jouer le rôle de soutien et de protecteur effectif des transnationales implantées pour capter les ressources naturelles indispensables à leur domination économique, était d’implanter des bases Africom [2].  Il y a 6 ans, les Etats-Unis, par le biais d’Africom, ont décidé d’un cadre militaire spécifique au continent afin de faciliter sa mise sous tutelle. Les Etats-Unis ont étoffé leur présence militaire, notamment par des bases plus ou moins secrètes sur l’ensemble du continent. C’est ainsi qu’Africom a commencé son installation au Mali par des programmes de formation à l’intention de quelque 6 000 soldats de l’armée malienne, dans l’incapacité de contrôler le territoire parce qu’insuffisamment formés et armés.
 
     Sous couvert d’une opération « Creek Sand », des militaires et des entrepreneurs américains sont arrivés au Mali pour des missions de renseignement. Par ailleurs, dès 2009, le Pentagone avait envisagé l’intégration dans l’armée malienne de commandos américains [3] mais aussi le survol du territoire par des avions de surveillance ressemblant à des avions de transport civil, mais cela a été abandonné. Enfin au moins partiellement [4], puisqu’en avril dernier, six personnes, dont trois soldats américains accompagnés de trois ressortissantes marocaines, ont trouvé la mort à Bamako lorsque leur 4x4 a plongé dans le fleuve Niger. Que faisaient-ils là ? Officiellement, les Etats-Unis avaient annoncé avoir suspendu toutes relations miliaires avec le gouvernement malien, à la suite du coup d’Etat du mois de mars.
 
     Cet accident semble fortement confirmer le contraire : au nord Mali, des unités d’élite, investies secrètement dans des actions de contre-terrorisme visant officieusement Aqmi,  étaient bien présentes et le sont probablement encore.
 

     II/ Une intervention militaire au Mali
 
    La seconde étape consiste à préparer l'opinion publique internationale à une intervention au nord Mali au nom de la démocratie et de l’ordre constitutionnel, du patrimoine culturel mondial mis en péril par des terroriste islamistes  et de la souffrance des populations, qui, rappelons-le, paient le prix fort de tout conflit interne ou  importé par ceux qui veulent imposer leur loi. Ces raisons méritent questionnement.
    Sont à la fois mis en avant la situation humanitaire des populations du nord et du sud mais ne peut être omis que
de nombreux partenaires, dont l’Union Européenne, les Etats-Unis, la Belgique, le Canada, la France [5] et des institutions financières ont  décidé, au lendemain du coup d’Etat, de suspendre leurs aides au Mali précipitant l’ensemble de la société malienne dans une pauvreté encore plus grande ; cet « embargo » financier a été renforcé par un « embargo » politique. L’Organisation internationale de la Francophonie [6] a suspendu le Mali dès le 30 mars ; l’Union Africaine [7] dès le 23 mars et la CEDAO dès le 27 mars. Il aura fallu la quasi-certitude d’une intervention militaire pour que certaines instances reviennent sur leur décision de bannir le Mali de leur communauté internationale.
 
    Le Président Hollande, quant à lui, revendique son droit à délivrer les otages –cela semble compter bien peu- mais surtout à protéger les intérêts français. Pour mieux faire accepter une intervention militaire, il cache des intentions néocoloniales partagées derrière le besoin d’une intervention pour « éradiquer le terrorisme dans l’intérêt de ce pays, de l’Afrique et de la stabilité du monde [8] ». Certes, l’Islam radical – désigné globalement et sous nuances par le terme « terrorisme » pour conditionner l’opinion – dispose de bases dans le Sahel, sur les routes du pétrole, du gaz et de l’uranium, mais ne soyons pas naïfs, son émergence et sa consolidation ont bien été favorisées – notamment par les Saoudiens et les Qataris - pour servir les intérêts des Occidentaux et particulièrement ceux des Américains. Cette consolidation des positions des fondamentalistes correspond au vide institutionnel que l’Etat malien déliquescent a laissé s’installer dans la région. Les Jihadistes font la loi et assurent une sorte de service public (par la distribution d’eau, de vivres et de médicaments) là où des potentats disposaient de manière régalienne du réel pouvoir d’Etat. La lutte contre le terrorisme est l’argument rhétorique pour justifier la mise sous tutelle du Mali et faire main basse sur les ressources naturelles de cette région du monde dont les multinationales veulent s’arroger le monopole. On ne peut, bien sûr, ignorer que nombre de citoyennes et de citoyens maliens souhaitent, eux aussi, la fin de l’Islam radical et des exactions qui l’accompagnent sur leur territoire.
 
    Les Maliens, dans leur ensemble, désirent vivre en assumant leur droit à l’autodétermination, leur droit à disposer pleinement de leurs ressources naturelles et leur droit à choisir librement leur représentation politique sans qu’un pays, ancien ou futur colonisateur, vienne leur dire ce qui est bon pour eux, au nom de la « responsabilité de protéger » et/ou de la démocratie mais surtout au nom de la lutte contre le terrorisme.
    Le Président français n’hésite pas, pour se doter d’une « légitimité » moins discutable et pour convaincre les
derniers récalcitrants, à affirmer qu’il s’agit de « casser un processus fondé sur le trafic de drogue, d’armes, d’êtres humains qui risque de déstabiliser l’ensemble de la région [9] (…) ». Mais qui contrôle et à qui profite exactement le trafic de drogue, d’armes et d’êtres humains ?
 
    Le Mali ne possède pas d’armes de destruction massive mais sur son territoire se retrouvent tous les ingrédients pour que les Occidentaux s’autorisent à intervenir au nom de ce qu’ils considèrent comme leur mission depuis l’époque où ils ont foulé, pour la première fois, d’autres terres que les leurs. Leur mission imprescriptible et immuable est de « sauver leur monde» ; la lutte de la Civilisation (ou de l’Axe du Bien) contre le terrorisme est une des nouvelles dénominations du credo impérialiste. Et comme le veut l’usage, le moyen d’imposer les lumières et la Civilisation, par essence, est la guerre
 
    Le rapport « Horizons stratégiques [10] » permet de constater que, d’une part, même si le Président de la France change, les relations coupables de la Françafrique perdurent, le néocolonialisme vit encore de beaux jours. Une fois élu, rien ne change alors que le candidat Hollande avait claironné, durant sa campagne, qu’il allait tout changer. D’autre part, ce rapport pointe un possible affaiblissement de la sphère occidentale ; ce qui renforcerait encore plus le besoin en sécurité globale « dont les Etats-Unis continueraient d’assurer la maîtrise d’ouvrage (…) » avec  « la possible émergence d’un référentiel unique en matière de contrat opérationnel et, surtout, un processus décisionnel maîtrisé de plus en plus étroitement par les États-Unis ». En toute objectivité, les rédacteurs du rapport, envisagent qu’ « indirectement donc, l’autonomie de nos décisions relatives à notre environnement international de sécurité pourrait être régulièrement mise à l’épreuve d’ici 2040 », particulièrement si « un retrait de la présence militaire américaine en Europe » n’était « pas suivi d’une stratégie concertée entre Européens sur les modalités de la sécurité du continent » ce qui « aurait des effets néfastes pour la stabilité de la région ».
    
 
    III/ Construction d’une alliance militaire
 
    Se pose, à l’heure actuelle, la question des alliances pour mener cette guerre dont les premières victimes seront les Maliens eux-mêmes, mais aussi les Mauritaniens, les Nigériens, les Burkinabais, les Algériens avec des conséquences évidentes pour les Guinéens, les Ivoiriens et les Sénégalais. Autant dire que toute l’Afrique sahélienne et de l’ouest pourrait s’embraser et s’enfoncer dans une guerre sans fin à l’instar de celles menées en Irak et en Afghanistan.
 
    La CEDAO, malgré les orientations bellicistes qui lui sont dictées par ses mentors parisiens, n’a ni les moyens humains ni matériels pour mener une intervention lourde et complexe. Sous forte influence, pour ne pas dire sous la conduite directe, de l’ex-métropole, elle a donc recherché un soutien extérieur, obtenu à l’issue du vote à l’unanimité de la Résolution 2071 adoptée par le Conseil de sécurité, considérant notamment que « la situation au Mali constitue une menace contre la paix et la sécurité internationales » et qui « se déclare prêt à donner suite à la demande des autorités de transition maliennes qu’une force militaire internationale prête son concours aux forces armées maliennes en vue de la reconquête des régions occupées du nord du Mali ». Reste à savoir qui participera à cette force internationale qui à terme devrait, selon les termes du Secrétaire général des Nations Unies, « élaborer une stratégie globale portant sur les problèmes transfrontaliers du Sahel : les armes, les réfugiés et le terrorisme » ?
    Afin de délimiter les contours de cette force, le gouvernement transitoire du Mali a, maintenant un peu moins de
45 jours pour définir, en liaison avec ses partenaires de la CEDAO et de l’Union africaine, un «concept d’opération» - conditions concrètes de l’aide extérieure, modalités du déploiement sur le terrain, forces venant de différents pays. Ce n’est qu’à l’issue de ces 45 jours, qu’une autre résolution autorisera le déploiement de la force.
    La réunion, tenue dans le cadre du Conseil européen -18 et 19 octobre à Bruxelles-, semble avoir précisé le cadre
de cette force qui devrait prendre modèle sur l’Amisom- mission de l'Union africaine en Somalie- qui, soutenue  par l'European Union Training Mission Somalia  -EUTM Somalia- aurait contribué à arrêter les Jihadistes Chebabs en Somalie. Il s’agit là d’une interprétation optimiste, même si les Chebabs somaliens sont en recul, la guerre dure en Somalie et la paix n’est pas à l’ordre du jour, le pays est toujours en état de guerre civile.
    Il est, dès lors, pour le moins curieux de se revendiquer d’un modèle qui n’a pas fait ses preuves et dont la fin de
la « formation » ne prendra effet qu’en décembre 2012, date à laquelle près de 3 000 soldats somaliens auront été formés par quelque 675 instructeurs européens.
 
    La mission de formation au Mali – Micema – 3 000 hommes environ - devrait contribuer à la réorganisation et à l'entraînement des forces de défense maliennes et se trouver sous mandat de l'Union africaine et de l'ONU. La France, la Grande-Bretagne et l'Espagne ont accepté d’y participer,  l'Italie, la Belgique aussi, l’Allemagne vient de se décider ; seuls, la Pologne et les pays nordiques font encore attendre leur décision.
 
    Mais il est bien évident que la force de la CEDEAO avec ou sans l’appui logistique de l’OTAN ne suffira pas. Dans l’appel des acteurs, sur ce champ martial, un des protagonistes essentiels semble renâcler.
 

    IV/ Une inconnue de taille
 
    Il reste en effet une inconnue de taille et dont dépendent l’entrée et l’issue de cette guerre: l’Algérie va-t-elle accepter de participer à cette force ? Jusqu’à présent, elle a refusé toute intervention militaire hors de ses frontières. De plus les Algériens qui connaissent bien la région et les autres acteurs estiment que 3000 hommes, dans un théâtre d'opérations de plus de 8 000 kilomètres carrés et face à une guérilla déterminée et soutenue par les populations Touaregs, sont loin de constituer une force suffisante. Il est indispensable pour les Algériens d’identifier précisément les groupes de guérilla et d’établir une distinction nette entre subversion jihadiste, incarnée par le Mujao et Aqmi, et les groupes militaro-politiques, Ançar Eddine [orthographié aussi "Ansar Dine", ndlr] et Mnla, qui ont un réel ancrage dans les populations locales. Dans une optique de guerre indifférenciée, l'adversaire mènera une guerre d'usure qu'il gagnera à coup sûr contre une formation militaire telle que la pense la CEDEAO, qui ne connaît pas, non plus, le terrain saharien. Les groupes armés s'appuieront sur la population locale, des Touaregs, pour qui une armée africaine équivaut à une force d'occupation étrangère. A l’heure actuelle, l’Algérie, après avoir pondéré son avis, accepterait [11], selon le très influent service de renseignement algériens, le Département du renseignement et de la sécurité (DRS), d’offrir un appui logistique à la future force africaine d’intervention dans le nord du Mali.
 
     L’Etat algérien entretient de bons rapports avec les Etats-Unis mais sait aussi qu’il suscite la convoitise à cause de ses propres ressources et de sa position géographique qui ouvre les portes vers le Sahel avec ses richesses énergétiques et son potentiel souterrain.
 
    L’Algérie se montre hésitante mais il n’échappe à personne que dans la région, c’est le seul Etat, disposant d’une armée puissante et équipée, capable d’envisager une confrontation de longue haleine avec les rebelles, même si elle sait que cela reste risqué. Dès lors, ceux qui s’auto-désignent comme « communauté internationale », essentiellement les Occidentaux du G5 (Etats-Unis, Japon, Grande-Bretagne, Allemagne et France),  s’impatientent, au premier chef la France et le fait savoir. 
 
  
     V/La fabrication de l’ennemi de l’intérieur
 
    Pour ne pas être exclue des richesses à prendre et qu’elle n’a pas su garder, mais aussi pour montrer sa participation active à l’Axe du Bien tel que pensé par George W. Bush, la France, après avoir œuvré en vue du vote de la résolution 2071, mène, sur son propre territoire, une guerre multiforme contre les terroristes, les jihadistes, les islamistes fanatiques… Et qui parfois à la lumière des « unes » de certains hebdomadaires ressemble ni plus ni  moins à une guerre contre l’Islam, prolongement et succédané de la guerre perdue d’Algérie. Une guerre policière mais aussi idéologique, psychologique, très lourdement médiatique.
 
    Dans ce combat oblique où l’ennemi n’est pas seulement le terroriste armé mais celui qui proclame sa différence, la République n’hésite pas à recourir à l’arsenal des stigmatisations néocoloniales et à la diabolisation de l’étranger inassimilable. La méthode est éprouvée mais la République ne veut pourtant, à aucun titre, en assumer les origines collaborationnistes et coloniales. La France des élites laisse, ou pousse, une partie de son opinion dériver vers une représentation européo-centrée qui désigne l’Autre, l’Etranger, en tant que responsable de l’errance politique des représentants politiques - y compris ceux au gouvernement -, du délitement de la pensée intellectuelle et d’une crise sociale, économique et finalement morale et culturelle. Il est aujourd’hui admis et considéré comme absolument normal de réécrire une « histoire » plus politiquement ’correcte’ basée sur une conception raciste ou ethnoculturelle du monde ; ce prisme réducteur et dangereux est de plus en plus présent dans le champ politique. C’est ainsi que l’on entend les intellectuels organiques du libéralisme au pouvoir distiller à longueur de colonnes et sur tous les plateaux de télévision les thématiques de l’arabophobie et de l’islamophobie [12]. Le racisme se fond aujourd’hui dans un ensemble de mécanismes d’exclusion et d’infériorisation qui semblent fonctionner de manière autonome, sans que personne n’ait à s’assumer explicitement raciste mais où tous comprennent le langage le code de l’exclusion. Les superstructures idéologiques d’Etat nourrissent l’exclusion par des stigmatisations essentialistes. De «l’homme noir qui n’est pas entré dans l’histoire» à une laïcité de combat, l’essentialisme est bien l’habit neuf d’un vieux discours. Les hiérarchies ontologiques visent à différencier irrémédiablement pour mieux exploiter.
    Dans un climat de xénophobie ascendante et d’émiettement social, le racisme est vécu au quotidien, pèse fortement sur les constructions identitaires des individus et vient de manière, ô combien opportune pour le système, transcender les clivages de la misère et les logiques d’exclusion qui concerne des catégories croissantes de Français. En ce sens la figure sociale de l’Algérien, en France ou en Algérie, pour les Français n’a pas changé depuis la colonisation.
 
    On peut affirmer que la raison de ce racisme tient au fait que ces représentations ont précédé les Français issus de la lutte pour l’indépendance de l’Algérie, au-delà même de la période coloniale.  C’est ainsi que la reprise du thème du « racisme anti-blanc » par un parti de droite « républicain » est révélatrice de l’imprégnation d’un discours essentialiste directement hérité de la colonisation et de la guerre d’Algérie. On le sait, le soi-disant racisme anti-blanc [13] est la première ligne de défense du racisme réel, celui des colonisateurs et des exploiteurs.
  
    Comment émerger d’un passé traumatique et visiblement indépassable ? La question est d’autant plus complexe
qu’elle renvoie irrésistiblement aux enjeux actuels du débat sur l’immigration et à l’enracinement dans la société de jeunes Français issus de minorités «visibles». C’est sur ce terreau nauséabond que l’on voit des intellectuels -presque toujours- d’origine algérienne, désignés [14] à la vindicte au prétexte qu’ils feraient l’apologie du « racisme anti-blanc ». Apparaît dans l’espace politico-social la désignation de responsables des errances d’une société qui se réveille chaque jour un peu plus raciste, chauffée à blanc par ses médias engagés à des degrés divers dans la défense de l’Etat d’Israël et du mouvement sioniste, reprenant à son compte les délires racistes datant de la lutte de libération nationale de l’Algérie. Cette accusation n’est pas sans lien avec la guerre programmée au Mali et l’éventuelle agression de l’Iran.
 
    Il s’agit pour ceux qui dominent et qui veulent pérenniser cette domination au nom des multinationales et des banques de désigner ceux qui empêcheraient ou leur « paix » et leur « sécurité internationales » ou leur « cohésion sociale ». Leur volonté de porter la guerre au Mali, certes au nom de la libération du nord de forces rétrogrades, ce que désirent de nombreux Maliens, n’est pas sans lien avec ce que le rapport « Horizons stratégiques » cité plus haut dit de la peur que suscitent, chez les Occidentaux, la résurgence puissante du panafricanisme et la volonté de certains Etats africains d’assumer leur souveraineté sans « tuteurs ». De nombreux intellectuels et politiques du continent font entendre leur désir d’être débarrassés de certains des accords bilatéraux qui les maintiennent dans un statut de soumission – militaires, policiers, économiques ou portant sur les migrations. Ces revendications successives sont, pour les anciens colonisateurs, inacceptables. Ce n’est pas pour rien que les vigies occidentales scrutent avec angoisse les révoltes arabes. Les centres néocoloniaux craignent bien trop la prise en main du processus de libération de la dictature par le mouvement social. Outre la fabrication aéroportée d’une révolution assujettie comme en Libye, les Occidentaux, forts de leurs relais saoudiens et qataris, poussent leurs pions et tentent d’influer les luttes internes comme en Tunisie, où certains se délectent de la montée de l’Islam obscurantiste et des faux débats autour de valeurs morales qu’il introduit pour détourner les populations tunisiennes des réalités économiques et politiques de la domination et de l’exploitation.
 
    Le bombardement envisagé sur l’Iran procède de la même logique. Il s’agit de mettre à l’index ceux qui s’opposent à l’ordre du monde impérialiste et de les exclure de la communauté internationale ; tout comme il s’agit d’exclure de la société ceux qui dénoncent la droitisation de la société française. Il s’agit pour les dominants d’utiliser des instruments de répression politico-idéologique et de remise en cause des droits politiques et civils.
    Les Etats-Unis et leurs alliés assument pleinement la logique du dit « choc des civilisations », entre Etats mais aussi
entre citoyens d’un même pays, en légitimant l’état d’exception international mis en place par les puissants contre les peuples.
 

    VI/ Terrorisme versus paix et sécurité internationales
 
    La plus grande menace à la paix et à la sécurité internationales se trouve dans la violence des pays occidentaux, spécialement des Etats-Unis et de leurs alliés européens qui violent systématiquement le droit international et la Charte des Nations Unies, sous couvert de lutte contre le terrorisme, comme c'est le cas en Irak, en Afghanistan, au Soudan, à Cuba, en Haïti , en Serbie, en Côte d’ivoire et bientôt au Mali.
    L’exemple le plus caractéristique est celui de la Palestine qui, depuis plus de soixante ans, est exilée –aussi bien sur
son territoire qu’à l’international- par une « communauté internationale » -réduite au G5 occidental- qui  maintient l’ensemble des Palestiniens exclus des normes impératives du droit international et du droit humanitaire international mais aussi du droit à leurs droits.
    Cette communauté d’alliés qui, en protégeant l’Etat israélien et en le laissant commettre des crimes de guerre,
toujours impunis, contribue décisivement à la violation des normes impératives du droit international et, surtout joue le rôle de courroie de transmission d’un projet et d’un modèle politique, idéologique et économique qui vise à l’instauration d’un ordre international fondé sur la guerre sans fin, la discrimination, l’apartheid, la force, la domination des peuples et la violence.
    Comme cela a été le cas en Libye où l’intervention de l’OTAN a été possible grâce à l’injonction paradoxale portée
par ceux qui ont voté la résolution 1973, ils affirment d’un côté, « leur ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale de la Jamahiriya arabe libyenne » et de l’autre envoient des forces armées pour obtenir plus rapidement l’assassinat en direct de Kadhafi en dehors de toute légalité internationale au regard de la Charte des Nations Unies, laissant le pays dans une situation de grave déstabilisation.
 
    La vraie menace à la paix internationale est la pauvreté généralisée des populations du Sud, le pillage de leurs ressources naturelles par les sociétés transnationales et les guerres qu’elles déclenchent pour pérenniser leur hégémonie ou prévenir l’intrusion du nouveau concurrent chinois. C’est bien dans la réalité de la misère généralisée et organisée par la mondialisation libérale que peuvent être définis les ressorts profonds du terrorisme et des idéologies du désespoir. L’impérialisme et ses relais locaux ont, traditionnellement, utilisé pour leurs propres aventures et toujours à leur avantage les mouvements fanatiques apolitiques et les desperados qu’ils subjuguent. Les médias omettent de le rappeler mais le terrorisme islamiste contemporain est né en Afghanistan pour contrer l’Union Soviétique. Ce terrorisme, financé par les Saoudiens et soutenu à bout de bras par les Américains et leurs alliés, a fini par avoir raison de l’armée rouge et a précipité l’effondrement de l’URSS. On le voit, hier instrument commode et efficace, le terrorisme islamiste est aujourd’hui un épouvantail tout aussi opérant. Le terrorisme, conséquence du désespoir que l’ordre injuste impose aux peuples, est aussi un instrument entre les mains des architectes de la mondialisation libérale.
 
    Au Mali, en France, aux Etats-Unis mais aussi dans de nombreux autres pays, le terrorisme islamiste est un argument fondamental dans la justification des aventures bellicistes de l’impérialisme et des atteintes aux libertés dans les sociétés occidentales elles-mêmes. La guerre globale et éternelle contre l’islamisme alimente un discours raciste qui permet de détourner l’attention des populations des pays industrialisés confrontées à une crise économique majeure. La libération de l’impensé raciste occupe une place centrale dans le discours politique « décomplexé » par temps de chômage généralisé et de creusement sans précédent des inégalités. En Europe comme en Afrique.
    
 
Mireille FANON-MENDES-FRANCE
Experte du groupe de travail sur les Afro Descendants au Conseil des Droits de l'Homme de l'ONU
FONDATION FRANTZ FANON : président d'Honneur: Aimé Césaire
http://www.frantzfanonfoundation-fondationfrantzfanon.com/    
    
 
______________________________________
Notes :
 
[1] Horizons stratégiques, 20 avril 2012,
http://www.defense.gouv.fr/das/reflexion-strategique/prospective-de-defense/articles-prospective/horizons-strategiques
 
[2] Voir le site AFRICOM, www.africom.mil
 
[3] Cf : les câbles classés secret,  http://wikileaks.org/cable/2010/01/10RABAT5.html
 
[4] Lire l’article de Craig Whitlock, “Mysterious fatal crash offers rare look at U.S. commando presence in Mali”;
http://www.washingtonpost.com/world/national-security/mysterious-fatal-crash-provides-rare-glimpse-of-us-commandos-in-mali/2012/07/08/gJQAGO71WW_print.html
 
[5] site du MAE, « Depuis le coup d’Etat du 22 mars, la France a suspendu toutes ses coopérations régaliennes avec le Mali. Elle maintient son aide en faveur de la population, en particulier l’aide alimentaire, ainsi que la coopération en matière de lutte contre le terrorisme. » http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zones-geo/mali/la-france-et-le-mali/
 
[6] communiqué du 30 mars 2012  dans lequel le Conseil permanent de la Francophonie a décidé "la suspension de ce pays des instances francophones, y compris la suspension de la coopération multilatérale francophone à l'exception des programmes qui bénéficient directement aux populations civiles et de ceux qui peuvent concourir au retour à l'ordre constitutionnel et au rétablissement de la démocratie"
 
[7] Communiqué du 23 mars dernier transmis par Paul Lolo, président du Conseil de paix et de sécurité de l'organisation panafricaine, "Le Conseil a décidé que le Mali devrait être suspendu sine die de toute nouvelle participation jusqu'au retour effectif de l'ordre constitutionnel"
 
[8] Conférence de presse tenue à l’Elysée lors de la venue du Secrétaire général de l’ONU
 
[9] Nouvel Observateur, 9 octobre 2012
 
[10] Cf note 1
 
[11] http://www.algerie1.com/actualite/lalgerie-serait-favorable-a-une-intervention-militaire-au-mali/
 
[12] A ce sujet, lire Thomas Deltombe, L’Islam imaginaire, Editions  La Découverte, octobre 2007 et Sébastien Fontennelle et alii,  Les Editocrates, Editions La Découverte, 2009
 
[13] Lire à ce sujet l’article de Richard Mèmeteau, Le racisme anti-blanc n'existe pas, mais il a gagné, 28 octobre 2012, http://www.minorites.org/index.php/2-la-revue/1392-le-racisme-anti-blanc-n-existe-pas-mais-il-a-gagne.html
 
[14] Houria Bouteljda, porte-parole du Parti des Indigènes de la République ; www.indigenes-republique.fr/bloghouria et Saïd Bouamama, sociologue, animateur du Forum de l’Immigration et des Quartiers populaires ; dailynord.fr/2012/10/36389/
 
 
Pour compléter son info :
 
Amnesty International et Human Rights Watch : les mercenaires de l’Empire
http://humeursdemarisse.blogspot.fr/2012/07/amnesty-international-et-human-rights.html
"Sous la présidence d’Obama, l’impérialisme étasunien a endossé les habits de protecteur des peuples de la planète grâce à une rhétorique humanitaire bien ficelée qui sert aujourd’hui à enrober chaque agression, chaque violation de la loi internationale, chaque guerre de pillage et/ou de conquête. 
Les anciens colonisateurs européens et leurs cousins d’Amérique, naguère enrichis par le génocide des Indiens et l’
esclavage africain, veulent nous faire croire qu’ils protègent aujourd’hui les peuples qu’ils massacraient hier."
 
Face au mali, le Niger a le doigt sur la détente
http://blog.lesoir.be/colette-braeckman/2012/07/06/face-au-mali-le-niger-a-le-doigt-sur-la-detente/
"Mangaize, avec ses bâches bleues tendues sur des branchages, les bannières de toutes les organisations en charge de la santé, de l’alimentation, des enfants, avec ses femmes accroupies devant de petits feux ou berçant les enfants devant les tentes, Mangaize, à une centaine de kilomètres de la frontière du Mali, ressemble à tous les camps de réfugiés du monde."








sommaire_6



Article 7

Envoi par Robert BIBEAU : http://www.robertbibeau.ca/






exemple transport d'ouvriers dans plantation de palmiers à huile au Cameroun

© crédit photo : Isabelle Alexandra Ricq : http://www.isabellericq.fr/

Source image


illustration du pillage du coltan échappant au contrôle du pouvoir étatique en RDC

illustration extraction minière artisanale du coltan à l'est de la RD Congo illustration ravage de la guerre au Kivu, République Démocratique du Congo


AFRIQUE – LE CONTINENT SPOLIÉ !
 
 
 
Page d'origine (indiqué par l'auteur) : http://les7duquebec.org/7-au-front/afrique-le-continent-spolier/ 
 
24.10.2011
 
Les migrants du Bounty ?
 
          Pourquoi les métropoles européennes sont-elles pleines d’Africaines et d’Africains au regard hagard, au sourire contrit, désemparés – mendiant pauvrement, vendant à la tire, «bossant» durement, le balai à la main, la pelle au bout du bras, fouillant la benne à ordures derrière le restaurant ? Quel désespoir incommensurable a bien pu chasser ces êtres admirables hors de leur patrie ensoleillée – qu’ils apprécient tant ­– et les pousser sur les chemins de l’exil pleins de périls pour aboutir sous le pont Mirabeau, sur la Grande Place, derrière le Parthénon, autour du Colisée, sur Piccadilly Circus et face au Reijks Museum ?  
 
          Leur exode risqué s’est amorcé il y a quelques années au Sénégal, en Côte d’Ivoire, en RDC, au Burkina, au Kenya, en Somalie, au Mali ou au Rwanda, peu importe ; il a toujours débuté là où leur vie était menacée, puis par monts et par vaux, à pied, en car, en train ou en bateau, la longue caravane des déshérités s’est ébranlée laissant ça et là son tribut d’éclopés, d’affamés, d’épuisés, de morts vivants, dans le grand désert brûlant, sur les chemins de brousse mal famée, dans l’océan déchaîné jusqu’à Ceuta, l’insolente, Tripoli, la décadente, Alexandrie, l’énigmatique ou Tunis, la tragique.
 
          Là, les derniers rescapés de ces sentiers de souffrance se feront offrir à gros prix par un passeur bandit de compléter la traversée du continent – de la faim – vers un illusoire paradis pour démunis où ils iront grossir les rangs des exclus de la prospérité tapageuse et surfaite. Nul ne sait encore sur ce rafiot de la mort qu’au bout de ce chemin de Calvaire sur les flots mortifères, la dernière épreuve sera d’être arraisonné avant que d’être retourné sur leur chemin d’amertume !
 
          Dans les pages qui suivent nous allons répondre à une question simple et complexe, à savoir : « Pourquoi tant d’immigrants africains affrontent le désert, l’océan et la mer, les garde-côtes et les passeurs tueurs pour migrer vers l’Europe, ce continent de malheur ? ».
 
          C’est que dans les pays africains de misère, où les compagnies minières pillent le minerai précieux et cher alors qu’elles n’abandonnent rien aux crève-la-faim, si bien qu’après avoir travaillé pour presque rien dans ces charniers d’enfer, les fils de l’Afrique, s’ils n’y sont pas trépassés, entreprennent la traversée de la jungle, des savanes, des déserts, des barbelés, de la mer meurtrière afin d’aller gagner quelques deniers à expédier à la parenté restée sous le tir des troupiers et sous les bombes anti-personnel des terrassiers, ou sur la plantation de café-exporté, mal payé, ou au fond d’un trou de mine-assassine.
 
 
Le pillage du coltan
 
          Nous ferons la démonstration de ce crime sanglant à partir de l’exemple du coltan. Le coltan (métal rare, indispensable à la fabrication de cellulaires et de  téléviseurs) est extirpé des puits de mines artisanales en République Démocratique du Congo (80 % des réserves mondiales), puis, aussitôt exproprié et exporté vers les usines de transformation d’Europe, d’Amérique et surtout d’Asie (1).
 
          C’est la transformation industrielle du minerai qui crée de la valeur et de la plus-value d’où les capitalistes tirent leurs  profits industriels et marchands et l’État, ses impôts et ses taxes (le kilo de coltan traité se vend 500 $ sur le marché). L’extraction minière du coltan rapporte très peu. Le salaire d’un mineur de la mort dans la province du Kivu (RDC) se situe entre 10$ et 50$ par semaine, ce qui est tout de même le quadruple du salaire congolais moyen (10$-50$ par mois). Un mineur extrayant en moyenne 1 kilo de coltan par jour, 7 jours par semaine, reçoit donc pour sa peine un salaire hebdomadaire médian de 35$ contre une production de 7 kilos x 500$ = 3 500$, soit un pour cent de la valeur de la marchandise. Vous croyez que l’Afrique reçoit sa juste part des richesses qu’on lui vole ?
 
          Cessons de distribuer la charité aux Africains mal-aimés. Cessons de leur prêter de l’argent pour s’endetter pour l’éternité et laissons-les bénéficier de leurs richesses continentales et ils seront prospères, croyez-vous ? Non évidemment ! Pourquoi ? Parce que tout dépend de quelle classe sociale s’approprie ces richesses privées ou collectives !  Nous y reviendrons plus avant.
 
          Sachez qu’en moyenne chaque kilo de coltan coûte la vie à deux enfants mineurs au Kivu-Congo ravageur, peu importe la langue, l’ethnie ou la religion de ces jeunes souffre- douleurs. Ces enfants meurent sous les éboulis dans des mines artisanales délabrées. L’internationalisme de l’exploitation capitaliste sévit dans ce pays dans toute son ignominie.
 
          Les troupes du Rwanda, de l’Ouganda et du Burundi – armées et financées par des multinationales des nouvelles technologies comme Apple, Nikon, Sony, Nokia, Ericsson et autres monopoles occidentaux – occupent la région du Kivu afin d’y exproprier le coltan exploité par de misérables flibustiers armés avec la complicité des généraux – seigneurs de guerre congolais, rwandais et ougandais. Le corsaire du coltan Laurent Nkunda, vous connaissez ? On en parle encore au journal télé (2). Le Premier Ministre canadien Stephen Harper a-t-il dénoncé ces magouilles lors de sa visite à Kinshasa récemment ? Aucunement !
 
          L’échauffourée tribale et nationaliste n’est ici que le Gris-gris de pays conquis et des  petit-bourgeois européens et américains aigris chantant le salut de la patrie par le sang des Partisans. La journaliste Belge Colette Braeckman constate ceci :
          « A Kivu, une vingtaine d'avions chargés de minerais décollent chaque jour pour le Rwanda (qui selon l’ONU a empoché 250 millions $ de la vente de coltan NDLR). On peut y croiser des enfants qui travaillaient dans les mines et qui se sont échappés. Ils vous racontent comment ils se sont fait kidnapper sur le chemin de l'école. Tout le monde le sait, mais personne ne fait rien, même pas les Nations unies.  Ce trafic ne va pas s'arrêter de sitôt. L'armée congolaise n'est pas efficace - c'est un héritage de Mobutu - et les généraux bénéficient aussi de ce business. Ils disent aller à Kivu pour faire la guerre, mais ils y vont aussi pour s'enrichir. Chaque faction, l'armée congolaise, les milices tutsies, etc. tous profitent de cette situation et n'ont pas intérêt à la changer. » (3).
 
          En corollaire de ces salaires de misère, chacun se rappellera de l’assassinat de 34 mineurs Sud-africains – soi-disant libérés de l’apartheid – par la police raciste d’Afrique du Sud pour cause de grève ouvrière visant à hausser un salaire de 400 euros par mois tout compté. Ça s’appelle  mourir de faim en peinant durement (4).
 
          De tels salaires de crève-la-faim n’assurent même pas la reproduction élargie de la force de travail. En d’autres termes, plus l’ouvrier africain travaille et plus il s’approche de la mort par lente inanition. Ces salaires n’assurent pas non plus l’édification d’un marché national consistant sur lequel s’appuierait la bourgeoisie marchande locale pour assurer l’accumulation primitive du capital constant (CC) puis l’investissement en usines (CV) et le « Take off » capitalistique industriel moderne (5).
 
          Il en résulte que dans la division internationale du travail induite par l’impérialisme occidental dominant (du moins jusqu’à présent), l’Afrique a toujours obtenu le rôle de fournisseur de matières premières. Au début, à titre de fournisseurs de bêtes de somme – esclaves valant moins que leur poids de céréales – puis fournisseur de bois précieux et de denrées alimentaires spoliés sur des plantations expropriées aux autochtones comptant pour moins que rien dans ce marché. Enfin, on assiste aujourd’hui à la spoliation des minéraux rares (dont le coltan), des pierres précieuses et du pétrole (10% des réserves mondiales) dont les peuples locaux ne tirent pratiquement aucun bénéfice.
 
 
Les pilleurs étrangers protégés par leurs serviteurs nationaux
 
          Un service de garde chiourme des intérêts locaux des compagnies impérialistes étrangères (dont canadiennes) est assuré par une caste de prédateurs – rois nègres cravatés, généraux de carnaval en képi – entourés de meurtriers, de repris de justice et de corsaires déguisés en militaires – mis au service de clans négriers appointés par quelques grandes entreprises monopolistes – les dits monopoles miniers – solidement abouchés aux ambassades occidentales de leur pays d’origine affectées dans ces contrées saignées à blanc.
 
          Tant que le président-nègre local accomplit correctement son travail d’adjudant et tant qu’il réfrène ses appétits de gourmand – n’espérant jamais devenir aussi gros que le bœuf de la fable – et tant qu’il sait embrasser la main qui le maintient sur son trône de paille – sa réélection « démocratique » est assurée. Que le goinfre noir prétentieux tente un jour de redresser l’échine et de s’affranchir de cette tutelle dominatrice; qu’il manigance quelque nouvelle alliance avec une nouvelle puissance (pensons à Gbagbo en Côte d’Ivoire ou à Kadhafi en Libye ou à Kabila en RDC) et alors, les foudres de l’enfer « démocratique » de l’Occident hypocrite s’abattent sur le récalcitrant en tourment. L’élection hier encore « démocratique » est aussitôt invalidée par l’Élysée – la Maison Blanche – le 10 Downing Street ou le Reichstag allemand – la dite « communauté internationale » et l’opposant complaisant décrété gagnant sur-le-champ. 
 
          Le « démocrate » devient tyran, l’ami et l’allié d’hier devient usurpateur et les bombardiers et les drones téléguidés depuis les capitales occidentales fauchent soudainement les vies du peuple ainsi que le palais princier tout à coup outrancier après trente années tolérées au milieu de cette misère mortifère.
 
Un polichinelle d’un autre clan sera juché pour un temps sur le trône chambranlant – quelques criminels de guerre seront promus généraux d’opérette, les malfrats – gardes – du corps de ce prétendant deviendront officiers d’intendance, chargés d’assurer la loyauté de ce  nouveau métayer de la corvée présidentielle – qui consiste essentiellement à signer les décrets de prospection et d’exploitation des claims miniers, pétroliers et forestiers, et les contrats d’achat d’armements afin d’assurer la reproduction élargie du pouvoir compradore soumis.
 
 
La petite et la moyenne bourgeoisie africaine «socialiste»
 
          L’économie nationale des pays africains étant dominée et spoliée par les pays impérialistes occidentaux, la petite et la moyenne bourgeoisie nationale africaine, fragile et instable, n’a souvent pas grand accès aux prébendes, aux bakchichs, aux postes administratifs, gouvernementaux, judiciaires et militaires lucratifs, ni à la propriété foncière réservée à la grande bourgeoisie compradore. Ces fragments de classes sont donc aigris et menacés de paupérisation et d’éradication tout comme leurs cousins nord-américain et européen. La tentation est alors très grande pour ces sections de classes moribondes de lancer leur peuple dans la révolte aventurière sous le sceau frauduleux du « socialisme » – l’Angola, l’Algérie, l’Éthiopie, sont de ces pays qui ont connu de ces guerres « populaires » pour asseoir le pouvoir de charlatans et de leurs sectes de prétendants moyens et petits bourgeois. On sait aujourd’hui ce qu’il advint de ces tyrans pseudo-socialistes.
 
          Parfois, le néo-colonisateur ne laisse pas assez à boire et à manger, pas suffisamment de prébendes alléchantes pour satisfaire tous les larbins locaux, vainqueurs du précédent gouvernement, si bien que le partage du butin devient source de conflits sanglants entre pirates intra-tribaux – intra-muros. C’est ce qui se produit en ce moment à Abidjan entre Ouattara, l’adjudant, et ses sergents d’apparat dont certains ont été abandonnés dans le caniveau au Ghana et au Burkina Faso ; d’où les assassinats récents à la frontière du domaine convoité et contesté. Le prolétariat n’a rien à faire de ces guerres entre hyènes et chacals.
 
 
L’AFRICOM mène la charge
 
          Notez que les puissances impérialistes occidentales ne font pas confiance à cette engeance de larbins locaux pour maintenir l’ordre et le pouvoir de leur maître sur ces contrées convoitées. Aussi, les États-Unis ont-ils imaginé une superstructure militaire contraignante – L’AFRICOM – pour représenter ses intérêts dans la région – et pour embrigader, contrôler et entraîner ces va-nu-pieds déguisés en armée de métier. L’AFRICOM organise et supervise les efforts de guerre et de maintien de l’État de guerre permanente, d’extraction des ressources naturelles et de spoliation du travail salarié et de sa plus-value. Pour ne pas avoir accepté d’embrigader son armée dans l’agression en préparation au Nord du Mali, le Président de Mauritanie a bien failli y laisser la vie. Il semble qu’après l’attentat à demi réussi, il ait enfin compris. L’attaque contre le Mali  aura bien lieu, supervisée par l’AFRICOM et menée par la chair à canon régionale (6).
 
          En 2007, le conseiller du département d’État étasunien, le Dr J. Peter Pham, a affirmé que les objectifs stratégiques d’AFRICOM consistaient à « protéger l’accès aux hydrocarbures et autres ressources stratégiques abondantes en Afrique. [La] tâche [d’AFRICOM] consiste à protéger la vulnérabilité de ces richesses naturelles et s’assurer qu’aucune tierce partie comme la Chine, l’Inde, le Japon ou la Russie obtiennent des monopoles ou des traitements de faveur. » (Nile Bowie, COVERT OPS IN NIGERIA: Fertile Ground for US Sponsored Balkanization, Global Research, 11 avril 2012.) (7).
 
 
Une solution aux problèmes africains ?
 
          Par les temps qui courent, les peuples africains, loin de se reprendre en main et de mener à bien leurs luttes de libération contre la domination néocoloniale impérialiste, et surtout contre leur bourgeoisie compradore, nationale, organisée en castes autour de généraux – seigneurs de guerre complaisants – laissent plutôt tous ces vauriens offrir leur service d’homme de main aux différentes puissances hégémoniques.
 
          Aujourd’hui en Afrique, certaines des anciennes puissances coloniales sont réapparues sur le devant de la scène, concurremment à leur allié et concurrent étatsunien, face à la Chine, nouvelle superpuissance ascendante. En 2012, la Chine est devenue le premier partenaire commercial de l’Afrique devant les USA et la France. La Chine impérialiste a construit le siège social de l’Union Africaine, elle investit chaque année des milliards de dollars en projets routiers et ferroviaires. Elle exploite les mines et le pétrole et change la donne en construisant des usines – clés en main – en Éthiopie notamment, créant ainsi un prolétariat africain au Nord du Continent, complément au prolétariat de l’Afrique du Sud. Ce sont là d’excellentes nouvelles pour la classe révolutionnaire, africaine, qui voit ainsi grossir ses rangs (8). Si vous souhaitez combattre les sectes religieuses, intégristes, construisez des usines en Afrique.
 
          Voilà, résumées en quelques pages, les causes fondamentales du misérable exode africain vers l’hémisphère Nord. Les puissances impérialistes, occidentales, absorbant l’usufruit des ressources naturelles et expropriant une large part de la plus-value ouvrière et paysanne ainsi que les profits et les revenus des États croupions, il ne reste pratiquement rien pour la survie de ces pays. Aussi, plutôt que de se laisser mourir, les Africains suivent la trace de leurs richesses jusqu’au Nord de la Méditerranée.
 
          Peut-on changer ce désordre des choses ? Oui, certainement ! Il revient aux ouvriers et aux employés, mineurs, travailleurs des champs, métayers et artisans de s’organiser en parti politique, révolutionnaire, indépendant de l’aristocratie bureaucratique, locale, aussi loin que possible de la petite et de la moyenne bourgeoisie nationale – fuyant comme la peste les intellectuels hâbleurs et pédants – pour diriger leurs coups meurtriers visant à renverser les commettants locaux de la classe capitaliste monopoliste internationale (9).      
 
 
Robert BIBEAU
robertbibeau[a]hotmail.com
http://www.robertbibeau.ca/
 
______________________________________
Notes :
 
(1)  L’exploitation du coltan : http://www.umoya.org  -&-  
http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9publique_d%C3%A9mocratique_du_Congo
 
(2)  http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_du_Kivu
 
(3)  Colette Braeckman (2012). http://observers.france24.com/fr/content/20081112-coltan-minerai-sang-congo
 
(4)  Afrique du Sud (2012).  http://fr.wikipedia.org/wiki/Gr%C3%A8ve_des_mineurs_%C3%A0_Marikana
 
(5)  Robert Bibeau. La crise économique dans tous ses méfaits. (2012).
http://les7duquebec.org/7-au-front/la-crise-economique-dans-tous-ses-mefaits/
 
(6)  Exemple récent du coup d’État avorté en Mauritanie
http://kassataya.com/mauritanie/vacance-du-pouvoir-qui-dirige-maintenant-le-pays
 
(7)  Julie Lévesque. (2012). Guerres secrètes des États-Unis en Afrique. 
http://www.mondialisation.ca/la-guerre-secrete-des-etats-unis-en-afrique/5308437
 
(8)  Vincent Gouysse. (2012). 2011-2012 : Reprise de la crise. 
http://www.marxisme.fr/reprise_de_la_crise.htm
La Chine avance ses pions en Afrique.(2012).  
http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/la-chine-avance-ses-pions-en-121877
La Chine en Afrique  http://www.refletsdechine.com/apres-la-france-afric-la-chine-en-afrique.html
 
(9)  http://haratine.blogspot.fr/2012/04/la-bourse-des-esclaves.html
http://www.afrohistorama.info/ http://kassataya.com/mauritanie/vacance-du-pouvoir-qui-dirige-maintenant-le-pays
Le Parti Sadi. (2012).
http://www.partisadi.net/2012/10/%c2%ab-faisons-payer-les-riches-%c2%bb-les-partis-%c2%ab-socialisants%c2%bb-au-pouvoir/
 
 
Pour développer son info en particulier sur le Congo (RDC)  :
 
Conflits à l'Est: nouveau rapport accablant de L’ONU contre les FARDC, des ong et des gouvernements
http://www.mediacongo.net/show.asp?doc=14123
"Un nouveau rapport des Nations unies affirme que l'armée congolaise continue de fournir des armes aux groupes rebelles, qui réalisent des millions de dollars dans la contrebande d'or et l'exportation d'autres minerais hors de la RD Congo, aidant en cela à soutenir une des guerres les plus sanglantes et les plus complexes de l'Afrique."
Voici le rapport qui "accable" le Rwanda  
http://www.mediacongo.net/show.asp?doc=20834
 
La nouvelle guerre d’agression contre la RDC sera-t-elle mise en échec ? par Tony Busselen
http://www.michelcollon.info/La-nouvelle-guerre-d-agression.html
"Une nouvelle guerre menace l’Est du Congo. Le Président Rwandais Paul Kagame a tourné le dos à l’accord de collaboration avec la RDC conclu début 2009 et il a préparé une guerre aux Kivus. Une guerre qui doit empêcher le progrès et la reconstruction de la RDC. La mobilisation du peuple congolais pourra-t-elle défendre l’unité du pays, éviter une nouvelle guerre d’agression et ouvrir la voie à la paix et à la reconstruction ?"
 
RD Congo : Le Rwanda  de Paul Kagamé doit cesser d’aider les criminels de guerre du M23
sur : http://www.afrohistorama.info/
http://www.afrohistorama.info/article-rd-congo-le-rwanda-de-paul-kagame-doit-cesser-d-aider-les-criminels-de-guerre-du-m23-108615829.html
"Ce [M23] représente un changement de configuration et une évolution qu’il faut prendre au sérieux. [Ce mouvement] a déplacé plus de 200 000 personnes depuis avril, » a dit à IRIN Rupert Colville, un porte-parole du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme en poste à Genève."








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Article 8

Envoi de Joseph RAHARIJESY : http://www.fokonolona-mivao.org/






illustration pour accaparation des terres à Madagascar illustration pour nation malgache, état souverain

illustration pour patrimoine et richesses naturelles de Madagascar illustration par groupe d'enfants témoignant au monde et à la postérité


MADAGASCAR
 :
AIDONS LES FOKONOLONA A SE DEFENDRE
 
 
 
Mercredi 24 octobre 2012
 
Avons-nous le droit de faire la sourde oreille aux villageois qui crient au secours ? - NON. Allons donc courageusement sur place trier le vrai du faux. Et soutenons la résistance des villageois.
 
1. Quand j'ai démontré que Madagascar n'est plus un État de droit depuis belle lurette, un haut magistrat sur place m'a rétorqué : "Mon pauvre Joseph ! Qui parle encore d'Etat de droit ? Ici, il n'y a plus d'Etat du tout !"
 
2. Le peuple malgache est donc orphelin d'État protecteur. Mais alors, qui commande les militaires et les gendarmes qui ne protègent plus ni les paysans ni leurs avoirs ni leurs terres ?
 
3. Sur toute l'Île, les sociétés transnationales néolibérales s'accaparent de vastes étendues de terres, des gisements miniers immenses et des richesses de la biodiversité malgache. Alors qu'il n'y  plus d'État. Ou justement parce qu'il n'y a plus d'État ?
 
4. Des cris montent de plus en plus nombreux des villages les plus reculés : les représentants des sociétés prédatrices des terres forceraient les populations à quitter les lieux, par les armes ou par les dirigeants malgaches du coin, qui viennent en 4x4 et des gardes armés. Pire, des militaires ou des gendarmes descendraient même en hélicoptères, tireraient sur les gens et brûleraient des villages entiers.
 
Je ne suis pas seul à recevoir ces cris par Internet.
 
5. La grande presse écrite et les journaux télévisés malgaches, ceux d'Antananarivo en particulier, ne répercutent pas ces faits. Au contraire, ils publient des articles élogieux pour les sociétés prédatrices des terres et richesses minières malgaches.
 
Heureusement, des journalistes consciencieux et courageux nous communiquent que les faits ci-dessus sont vrais. Mais ils réclament l'anonymat absolu.
 
Dans le cas du village d'Ambararatabe, nous avons alerté, il y a trois semaines, pour que des responsables politiques et administratifs nationaux ou des journalistes indépendants y aillent vérifier si ces villageois – qui sont des êtres humains et des Malgaches comme nous – subissent vraiment ou non des menaces et des vexations quotidiennes. Personne n'a fait l'effort de se déplacer.
 
6. Nous avons des correspondants locaux, dont deux que nous connaissons bien et en qui nous avons une entière confiance. Eux aussi, ils nous communiquent régulièrement les mêmes faits ci-dessus.
 
Sans aucun protecteur légal ni constitutionnel, devant les prédateurs sans foi ni loi, les paysans sont obligés de se défendre comme ils peuvent. Aucun être humain, aucun Malgache n'a le droit de leur reprocher quoi que ce soit pour avoir résisté, se défendre et survivre.
 
Nous, les Mpivoy, nous les soutenons totalement, en leur conseillant de faire des dina au sein de chaque fokonolona (institution inscrite dans la Constitution malgache) et des dina inter-fokonolona pour coordonner leur résistance, et d'appeler les juristes pro-vahoaka et pro-fokonolona à constituer des conseils juridiques à la base des dina.
 
Nous sommes en train de constituer une équipe de journalistes indépendants et pro-fokonolona pour aller faire un reportage de vérification des faits et d'encouragement aux fokonolona qui, en risquant leur vie, défendent en fait, à notre place, les terres et les richesses naturelles malgaches. Si des journalistes, malgaches ou non, désirent bénévolement aider cette équipe, ils seront les bienvenus. L'expédition n'est évidemment financée par personne d'autre que nous : nous recevons donc volontiers vos soutiens financiers.
 
*****
 
Samedi 17 novembre 2012
 
Quel courage ! Et quelle dignité !
Les ray amandreny  Bara d'Ihorombe (les dignitaires) sont venus en taxi-brousse hier [date probable : 16 novembre 2012] et ont donné dans l'après-midi une conférence de presse dans la capitale pour  témoigner des dégâts humains, environnementaux et culturels occasionnés par l'accaparement massif des terres malgaches par Tozzi Green.
 
Les journalistes qui sont venus, sous la pression d'une autre conférence de presse organisée par Tozzi Green hier matin même pour couper l'herbe sous les pieds des ray aman-dreny Bara, ont fait les indifférents et n'ont  même pas daigné leur poser une seule question. La TV d'hier soir les a même traités de dahalo ou d'avocats des dahalo, sans aucune preuve. Quelle diffamation éhontée, quelle manœuvre odieuse pour diviser le peuple malgache. Ne nous laissons pas entraîner.
 
Il faut que la vérité éclate. Et ce n'est certainement pas par l'irrespect ostentatoire envers les ray aman-dreny Bara venus apporter courageusement et humblement leur témoignage à Tanà.
 
Nous enverrons donc une équipe de journalistes indépendants pour rétablir la vérité, et pour soutenir, si c'est vrai, les fokonolona qui osent s'organiser pour l'auto secours sur place des populations victimes de cette expulsion forcée et pour résister à la prédation de leurs terres et des terres malgaches.
 
Comme nos journalistes n'ont pas de moyens et sont très peu salariés dans leur vie courante, nous continuons à vous solliciter une aide financière conséquente durant leur reportage qui peut durer plusieurs semaines. Les donateurs hors Madagascar peuvent libeller leur chèque au nom de Mme CAILLER, Annie, avec mention "Expédition Sud", et l'envoyer par la poste à :
 

Mme CAILLER Annie
 
4 Résidence le Grand Mail
 
37700 St Pierre-des-Corps
 
France.
 
qui transmettra au responsable de l'expédition.
 

Voici les commentaires de trois Mpivoy qui ont assisté à la conférence de presse des Ray aman-dreny Bara au GvIN à Andrefan'Ambohijanahary :
 
«Visages graves, l'air timide. Ils avouent sans fausse honte qu'ils sont illettrés. Que les zébus sont leur vie, que rien ne peut se faire dans la vie comme la mort sans les zébus. Que les terres apparemment désertes sont les pâturages de leurs bestiaux. Que les cours d'eau accaparés par Tozzi Green sont vitaux pour leurs animaux et pour eux. Des milliers d'habitants sont obligés de partir ailleurs avec leurs maigres biens suite à l'accaparement des terres. Ils sont venus dans la capitale pour plaider leur cause et demander aux journalistes de répercuter auprès de l'opinion internationale.
 
D.»
 
 
«…. Vraiment désolant : juste le matin, il y a eu une conférence de presse qui a été faite et organiser par Tozzi Green que je « jatropha est super » et que la force armée est géniale…. Ils ont payé 5 personnes soit disant venant de Betroka… la MAFIA continue de sévir…. Il faut agir et faire des communiqués au niveau international maintenant…. Se mobiliser, car TG essaye d’instaurer le « ady an-trano » (guerre tribale) dans notre Région et dans notre pays…
 
Là, on attend la suite. Mais on sent déjà qu’il y aura des menaces et des mécontents suite à tout ce que nous venons de vivre et de faire…. Vive Le Fokonolona….
 
M.»
 
 
«Par respect et par solidarité avec tous ces compatriotes Bara, j'ai fait l'effort d'être présente à cet appel des Ray Aman-dreny qui au-delà des sentiments de compassion, mérite qu'on leur rende hommage pour leur courage. Je retiens particulièrement leur détresse face à ce qu'ils qualifient de velléité d"exterminer" la culture Bara, c'est à dire le fondement même du peuple Bara donc son existence. Ils ont également confirmé les accaparements, les expulsions et les migrations des populations dont on ne sait pas où elles vont se réinstaller. Mais c'est la mise en danger de la disparition de la culture Bara qui se fonde sur le "Omby" (Zébu) qu'ils ont particulièrement dénoncée.
 
… le comportement des journalistes qui n'avaient aucun respect à l'égard des Ray Aman-dreny qui se sont imprimés. En effet, pendant qu'un honorable vieux a pris la parole dans la salle, M. J… s'est levé suivi du maire, ce qui a entraîné la levée en masse de tous les journalistes qui n'avaient rien à faire de ce que disait le Ray Aman-dreny. Ils n'ont même pas eu la décence de poser des questions. Franchement, cela m'a choquée.  Alors un monsieur s'est levé pour leur adresser quelques paroles que je n'ai pas entendues. Et je me suis approché d'eux pour leur exprimer ma solidarité, mon admiration pour leur courage et leur assurer de notre soutien.
 
L. »
 

Joseph RAHARIJESY
http://www.fokonolona-mivao.org/
Zokiben'ny Mpivoy
(Doyen des Mpivoy - co-rameurs du projet Fokonolona Mivao).  
Tsy nitady, tsy mitady ary tsy hitady seza
(N'a jamais brigué, ne brigue pas et ne briguera jamais de "siège" aux élections.)








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Article 9

Envoi par Jean SAINT-VIL : http://www.jj-pat-rey.com/JJ-REY_NEO/Jean-SAINT-VIL/temps-changent.html






ancien logo Agence Nationale pour l'Emploi en France


illustration pour insuccès de la recherche d'emploi illustration pour précarité et malheur des chômeurs


LES TEMPS SONT DURS
 

Les temps sont durs,
Pour les chômeurs,
A ne rien faire,
Sauf à demander
Chaque fois de guerre lasse
Un petit boulot
Aux portes closes,
Et à pointer,
Chaque mois qui passe,
En fin de droit,
Et sans le sou
.
 
Les temps sont durs,
Pour les chômeurs,
Toutes les démarches,
Cent fois, ni loi,
Qui ne riment à rien,
De porte à porte.
Tous les CV
Qui font le plein
Dans les poubelles
Des employeurs
.
 
Les temps sont durs,
Pour les chômeurs,
Toutes les réponses
En négatif,
Toutes les promesses,
En langue de bois,
Eventuellement,
En cas de besoin,
Assurément,
Aux calendes grecques
!
 

© Jean SAINT-VIL,
le 8 janvier 2012









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Dernière modification : 24.11.12, 21:11:19