Du 22 avril 1997 BANQUIERS ! … Fric prêté, fric gagné, je fais crédit Je prélève sans enfreindre, je suis bandit Je dérobe, le bon droit est pour moi J’use de la loi, elle sert, je mets aux abois. Fric-frac sur la tirelire du petit Je serre la vis, cramponne et impartis Qui du délai, qui du frais, est mon dû L’appétit m’est fort, mon profit très dodu. Argent sale, argent blanchi, je fricote Je suis honni, mauvais tort, je grignote Je suis maudit, heureux sort, j’emballe Pas d’âme, ni d’état, je possède le capital. Bien sûr, j’arrive à me faire posséder Rattrapage, je ruine à faire céder Côté parano, c’est évident, je sens les affaires Je traite, parasite comme le ver solitaire. Froissement de papier, caresse du métal Je finance, j’ai le nerf, les armes fatales Je vampirise, crétinise, j’aime la disette Dans l’ordre mondial, je suis le roi à la pipette. Je spécule, estime l’animal au garrot J’aligne le blé, comptabilise les zéros Sniff ! Sniff ! Je suspecte, je subodore Jaloux, je veille, je garde le veau d’or. …/… Ric-rac ! Je coupe la motte au bon beurre Je me réserve la part du lion, à la bonne heure ! Je fais le crève-misère et le pousse au précipice La pauvreté m’enrichit, ma pitié est hors service. Clic-clac ! Je ferme la porte au bon esprit J’ai le pourboire bien ordonné et vite repris L’ordre, je l’invoque, à ma guise le révoque Le trop honnête, je le pille et l’extorque. Cric-crac ! J’ai fait cocue l’humanité J’ai mis le monde entier en captivité J’attends vos apports et bas de laine C’est avec que j’ai fructifié en toute haine. Je suis banquier, l’allié des rentiers Etre de bon conseil, c’est mon métier Et puis, ami ou faux ami à vos entreprises Ne l’oubliez surtout qu’en cas de crise. © Jean-Jacques REY, 1997 |