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LES COQUELICOTS


Par Pierre Fosséprez
Planteloup, 87210, Saint Sornin La Marche.
06 50 09 12 61 - pierre.fosseprez[a]gmx.fr




C’était un champ de blé, promis aux meilleurs rendements.
Immense.
Là, perdus au milieu de nulle part, poussaient, quatre pétales rouges, agités par les vents, mais qui par extraordinaire résistaient…
Aux désherbants !
Personne n’y prêtait attention, à cette tache rouge insignifiante. Seule.
Mais vînt un jour où les coquelicots recouvrirent tout le champ.
Et je sais que viendra le temps, contre la volonté des riches et des puissants,
Dans la moindre friche comme dans le cœur des gens,
Où l’amour règnera sur l’argent.


Qui suis-je, d'où viens-je et où accours-je et autres cucurbitacées !


« Tu vois cette petite fleur ? Il a fallu toute une montagne pour qu'elle pousse ! » disait Victor Hugo dans une lettre à sa petite Léopoldine. Et il est vrai qu'il nous faut parfois toute une montagne de souffrances pour faire pousser une petite fleur d'amour qu'un papillon fanera le soir.

Ce que je voudrais pouvoir montrer, ce n'est pas cette montagne de souffrance, non... Des tas de gens en parlent déjà et les Médias s'en servent pour leurs manipulations. Ce que je voudrais montrer, ce n'est pas l'espoir. Non... L'espoir, c'est le prétexte dont nous usons pour remettre à une date ultérieure ce que l'amour voudrait nous donner aujourd'hui.

Ce que je voudrais pouvoir montrer, ce sont tous ces Coquelicots qui se lèvent par milliers aujourd'hui qui seront des millions demain. Ces gens dont on dit qu'il sont démunis, ou assistés. Ou « pas comme nous ». Des Peuples Racines, nos Ancêtres, des Roms, gens du voyage, des marginaux, des exclus du champ de blé. Des exclus du rendement !

Je suis une goutte d'eau, tombée sur cette Terre comme tant de gouttes d'eau. Par les méandres de mon cerveau lent, je stagne dans des mares d'idées noires, je roule des rivières de misères, je coule, je mousse... Je regarde ce chemin parcouru, une vie de rêves et de combats, d'espoirs et d'éclats de vivre... Puis, ce matin-là... Un matin où, subrepticement, par hasard, par la lumière d'une petite fissure dans mes rêves, je découvrais l'océan !

Alors je reste là, sur le cul. Je pleure et je ris en disant: « Nom de Dieu ! Vous êtes beaux ! » Je le savais pourtant, depuis bien longtemps. J'avais appris. Je le disais aussi, à ceux-là que je savais dans le tourment de ces mauvais temps. Je voyais toutes ces gouttes d'eau, toutes différentes mais pourtant toutes eau. Tous ces êtres sur la Terre qui ont chacun délibérément choisi de plonger dans la vie par amour et pour l'amour, pour servir la Vie. Je comprenais cette phrase dite il y a deux mille ans : « Tout a un sens ! ». Je comprenais ce sens qui, tout à coup, me paraissait être une évidence. Et je restais abasourdi par cette magnificence

Et j'ai envie de crier : « Eh ! Oh ! Regardez ! Il est là ! L'océan ! Nous sommes tous eau, séant ! Venez voir !  »

C'est par ici, gentil coquelicot, que tu verras ce pourquoi tu te lèves.

D'abord, tu as connu le désespoir.

Ensuite, tu as connu l'indignation et tu t'es révolté, mis en colère. Tu as accusé l'autre aussi. Tu as résisté pour créer.


J'ai connu ce chemin aussi. Puis j'ai compris que celui que j'accuse, c'est moi-même. La personne que j'ignore, c'est une expression de moi que j'ignore. L'enfant que je laisse mourir de faim, c'est l'enfant que je suis que je laisse mourir. Et ce que je dis à quelqu'un de ressentiments, c'est à moi que je montre une réponse à une question que je ne me pose pas.
J'ai compris que ce n'est pas en me battant pour la paix dans le monde que je pourrais la voir venir demain, mais en la voyant aujourd'hui dans le regard de chacun. La Paix est une grande Dame qui n'a besoin de rien d'autre que d'être aimée pour briller.

Nous sommes tous Paix et Unité. Par cette conscience d'unité, cette conscience de ce que nous sommes tous la même eau, la même Paix, alors, gentils coquelicots, nous serons tous ensemble cette paix et cette unité.

« Il n'y a pas de problème, il n'y a pas de solution : il n'y a que des changements de situations », me disait un jour Michel, un Compagnon d'Emmaüs, à cette époque où j'étais avec eux...

L'Abbé Pierre, lui, il disait : « L'amitié, c'est ce qui vient quand nous faisons ensemble quelque chose de beau et de difficile. »

Et pour reprendre Sénèque : « Ce n'est pas parce que quelque chose est difficile que nous n'osons pas le faire, c'est parce que nous n'osons pas le faire que cela nous semble difficile. »

Ou encore : « Le génie, c'est de découvrir la plus grande simplicité au travers de ce qui semble la complexité la plus ardue. » Comme des petits enfants?



Indignez-vous !


Indignez-vous, oui, car il est bien qu'il en soit ainsi, c'est une étape. Une étape incontournable, mais une étape, non un objectif. L'objectif n'est pas dans la réaction, mais dans la création. Un « C » déplacé pour passer de « c'est » à « Je suis ».

Ce que je vous propose, c'est de dépasser la résistance pour marcher vers l'immanence.

Je voudrais marcher pour retrouver cette fraternité et cette euphorie que l'on connaît à travailler ensemble pour bâtir un rêve commun. Marcher, chanter, danser, jouer et servir la Terre pour renaître ensemble de notre Mère et l'aimer. Marcher dans les pas du bonheur. Marcher vers quelque chose qui vient, qui est là, immanent, prêt à fleurir. Que le simple fait de marcher va faire éclore...

Le don ?

Ben ! non, pardon ne s'est jamais écris en un mot !

Mais en deux mots : par don, c'est la Loi de l'offrande...

Je donne, par plaisir et pour le plaisir, un euro à deux personnes, qui donnent à leur tour un euro à deux personnes, qui donnent à leur tour un euro à deux personnes, qui donnent à leur tour un euro à deux personnes... Au bout de vingt fois, cela fait vingt millions de personnes qui donnent, avec plaisir ! Si cent personnes donnent au départ deux euros, le prix d'un billet de loto, cela fait deux milliards, fois deux : quatre milliards, fois deux huit, fois deux seize... Après, il n'y a plus assez de pièces !

Ce qui veut dire que en donnant deux euros, sans rien attendre, je vais recevoir. Combien, je ne sais pas, mais beaucoup plus ! Alors je vais jouer avec 5, 10, 20 euros ou jouer dix fois, comme j'ai envie : de toute façon, forcément, ça revient, c'est mathématique !

Et pour l'amour, c'est pareil...

Alors, sans même lutter ni se battre, en chantant et en dansant pour la Terre, en marchant dessus, les coquelicots prendront le dessus sur le pouvoir, les frontières, le rendement, la compétition.

Et l'amour règnera sur l'argent.

Ici et maintenant.



L'avenir est à soi comme le papillon est au ver...


Oui mais non : il va y avoir un Sauveur, qui a bien appris à nager. Un Zorro, qui arrive sans s'presser...

Euh ! ...

Et si ce changement de situation auquel nous sommes amenés, il dépendait, non pas d'un quelconque magicien, mais de chacun de nous ? Et si nous étions, chacun, des magiciens ? Et si, ce que nous n'osons pas faire, ce qui nous semble si difficile, n'était pas d'une complexité inabordable mais de la plus grande simplicité ?

Et si nous n'osions pas accepter d'être aimés ?

« C'est trop simple ! » me direz-vous.

Oui, oui...

Mais imaginons un instant... Un instant seulement. Imaginons que nous choisissions chacun de devenir créateur de beauté.

C'est difficile !

Mais, en réalisant cette chose belle et difficile, alors nous créerions tous ensemble un lien d'amitié fraternelle... Non pas entre des frères d'armes, au combat, prêts à mourir pour l'autre. Non pas entre quelques amis qui partagent cette euphorie de réaliser une création commune. Non : entre tous !

Alors, en osant simplement être ce que nous sommes vraiment, en osant apprendre l'amour pour ne plus avoir peur. En créant par amour et pour l'amour, par plaisir et pour le plaisir, au service de la vie... Alors, la vie deviendrait un éclat de rire pour vivre aux éclats !

C'est bête en somme !

Mais moi, je n'ai plus envie de rester enfermé dans une situation impossible !

Que faire ?



Points de vue.


Le bonheur est bien souvent une question de point de vue.

Qu'est-ce qui est normal ? Qu'est-ce qui ne l'est pas ?

Si je me mets dans la peau d'une personne qui a vécu au début du vingtième Siècle, alors, ma normalité serait d'avoir dû travailler dès mon plus jeune âge. Que ce soit pour tenir une bougie dans une mine, en pleurant, ou pour garder des animaux et m'effondrer en larmes parce que je n'aurais pas pu les rattraper et que, malgré mes courses éperdues, ils fussent occupés à dévaster les légumes du voisin.

Un grand nombre de femmes mouraient en couches, peu d'enfants dépassaient l'âge de cinq ans et les hommes mouraient à la guerre. Il ne me serait jamais venu à l'idée de demander de l'argent pour mon travail ! C'était comme ça : les gens travaillaient pour une chemise et une paire de sabots par an. Pour manger et pour dormir à l'abri. Même pas dans un lit ! Non : dans un coin d'étable, la paille de la grange ou une paillasse dans le grenier. L'eau y gelait en hiver et l'air, sous les pentes du toit, était suffoquant en été. Les conditions de vie étaient pénibles et le travail exténuant. La première fois que j'ai gagné un sou, (vingt centimes !) c'était quelque chose ! Il était normal de travailler quatorze à seize heures par jour sans congé ni repos. Le dimanche, il fallait que j'assume ma part de travail avant d'aller à la Messe. Mais le dimanche après-midi, le soir à la veillée en hiver ou après le repas de batteuse en été, tout le monde se réunissait autour de quelques musiciens et se mettait à danser. Il n'y avait ni radio ni télé, mais tout le monde chantait...

C'était normal.

Et cette normalité existe encore aujourd'hui, pour combien de milliards de personnes ? Combien d'enfants qui travaillent, combien d'êtres, payés d'espoir de gagner un jour ?
Il y a aujourd'hui 5 milliards de personnes qui vivent de la terre ou de la mer. Au jour le jour, juste pour manger.

Si je me mets dans la peau d'une personne de l'âge de mon père, né entre les deux guerres, il a fallu que j'aille à l'école pour réussir dans la vie, apprendre un métier et gagner ma vie. J'ai commencé avec rien. Mon enfance, c'était la guerre. Jeune marié, nous vivions avec ma femme dans un petit appartement en banlieue. J'avais un vélomoteur pour aller travailler au bureau. Petit à petit, en travaillant d'arrache-pied, parfois jusqu'à vingt heures par jour, en cumulant plusieurs emplois, j'ai grimpé les échelons. J'ai emprunté pour acheter quatre murs d'une maison, à la campagne. Les week-ends, j'allais travailler pour finir la maison. Un peu plus tard, j'en ferai construire une autre, plus grande, plus belle, plus loin. Et la campagne deviendra ville. Arrivé tout en haut de l'échelle, je me suis fait jeter comme une pelure de citron pressé.

J'ai été mis à la préretraite avec bon nombre de mes collègues.

Comment est-ce que je pourrais accepter que des gens soient payés à ne rien faire ? C'est indécent ! Quand je vois les jeunes qui sortent de l'école aujourd'hui et leurs revendications de salaires, je ne comprends pas...

Pour moi, l'oisiveté est mère de tous les vices, et je ne l'admets pas, comment pourrai-je ?

Il y a aussi cette normalité que l'on montre à la télévision ou dans les magazines. Une normalité de bons consommateurs, de luxe et de confort, de vie aisée, où il convient d'acheter pour exister. Pour afficher sa réussite, pour être quelqu'un...

Une normalité accessible à quoi ? Cinq cent millions de personnes ? A tout casser ! Autant que ceux qui vivent dans les déserts, sur cette planète... Une normalité que l'on présente comme « Rêve Idéal » à cinq milliards d'êtres humains. Un rêve qui leur sera toujours inaccessible et qui, de toute façon, vouerait la planète à une ruine rapide.

Tiens ! Dans cette histoire arithmétique, il ne manquerait pas un petit milliard de gens, des fois ? Un milliard d'enfants, de femmes et d'hommes qui meurent de faim. Un milliard de gens oubliés, passés pour négligeables, soldés...

C'est normal, ça ?

Et il y a comme ça une infinité de normalités...

Celui-ci ne travaille pas, mais il a de l'argent et il fait travailler son argent à sa place. Celui-là est Indien d'Amazonie et vit au rythme de la nature. Cet autre encore est marginal et refuse la société, en bloc : il est volontairement sans domicile et démuni, sans papier ni loi. Il y a... L'artiste qui vit dans sa passion de peindre, d'écrire ou de jouer de la musique. L'homme d'affaire, la personnalité politique. Passions de posséder, de pouvoir... Ou de servir.

Tant de normalités, toutes différentes, parfois totalement contradictoires ! Tant d'opinions opposées ! Tant de questions ! Tant de gens qui crient au changement ! Tant de réponses !

Le souci de la situation que nous vivons aujourd'hui, c'est que chaque personne qui apporte une réponse éventuelle est persuadée d'apporter la bonne réponse ; celle qui changera tout ! Mais aucune réponse ne peut conduire à un changement qui puisse convenir à tous et à chacun, à ceux qui souhaitent un changement et à ceux qui n'en souhaitent pas du tout !

Pourquoi ?

Imaginons que notre vie, cette situation dans laquelle nous vivons, soit un écran. Nous sommes chacun un personnage projeté sur cet écran, en 3 D. Et les réponse apportées restent dans cet écran.

Dans cet écran, l'existence est basée sur la dualité. Si l'un a raison, les autres ont tort. Si l'un gagne, les autres perdent. La dualité entraîne la compétition. La compétition provoque des frictions. La friction, c'est mécanique, augmente la température. L'écran chauffe... Jusqu'à atteindre un point de combustion qui provoquerait son explosion.

Et certains annoncent la fin du monde...

Ce n'est pas très rigolo !

Vous n'auriez pas autre chose ?

.../...
 (la suite à la page suivante)



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