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image d'une botte pesant sur une figurine dont dépasse la tête.
image de statuettes, buste noir et citoyen lambda, sur rebord devant tableau gris.

Images : © Liliana Porter


Reçu le jeudi 28 mai 2009




LE MATIN DU ONZE


(pour Gérold et Sylviane, en reconnaissance à leur humanité)




Aujourd’hui
le soleil ne peut
briller longtemps.
Le bruit des avions
noircit le ciel
et les bombes
fleurissent
au contact des cibles.
La musique funèbre
traverse la ville,
entre par les oreilles
et ressort par les yeux ;
chaque morceau
de pierre
arraché au palais
est un camarade
qui tombe,
nouveau pas
vers la défaite.

C’est décidé.
IL va parler !

Les doigts s’allongent,
emplis de courage
pour faire crier
le discours fatal
qui jette le dernier bouquet
sur le tombeau
de ces trois ans

La fermeté
de la voix
ne cache pas
son émotion.
Le métal sonore
et l’effort des hommes
nous lient
pour la dernière fois.

L’enfer se dédouble,
se multiplie
dans les oreilles,
et revit
dans les mains
enragées
qui souhaitent
détruire les boîtes
de malheur ;
mais la tête
veut aller
jusqu’à la fin
et écoute
jusqu’au bout.

“Et s’ouvriront
les grandes avenues
par où passera
l’Homme construisant
pour toujours sa liberté.”

Et déjà les fleuves
de la colère
prennent leur source
dans le sang
des morts d’aujourd’hui,
de tous les morts
assassinés,
massacrés.

Violent
le flot remonte,
éclate dans les yeux,
retombe des collines du visage
pour être dévoré
par les lèvres tremblantes
pour nourrir
l’espoir de l’avenir.

Aujourd’hui
le soleil ne peut
briller longtemps.
Le bruit des avions
noircit le ciel
et les bombes
fleurissent
au contact des cibles.

À chaque
coup de feu
un camarade
renaît.

Et dans la bouche
un goût de Révolution.


© Pedro VIANNA
http://poesiepourtous.free.fr/
http://actesdepresence.free.fr/



* * * * *


Version en espagnol


LA MAÑANA DEL ONCE

por Pedro Vianna


Hoy
el sol no puede
brillar por mucho tiempo.
El ruido de los aviones
oscurece el cielo
y las bombas
florecen
al alcanzar los blancos.
La música fúnebre
cruza la ciudad,
entra por los oídos
y re-sale por los ojos ;
cada pedazo
de piedra
arrancado al palacio
es un camarada
que cae,
nuevo paso
hacia la derrota.

Decidido.
ÉL va a hablar!

Los dedos se alargan
llenos de valor
para hacer gritar
el discurso fatal
que lanza las últimas flores
sobre el túmulo
de estos tres años.

La firmeza
de la voz
no esconde
su emoción.
El metal sonoro
y el esfuerzo de los hombres
nos unen
por la última vez

El infierno se desdobla
se multiplica
en los oídos
y revive
en las manos
enfurecidas
que desean
destrozar las cajas
de la desgracia ;
pero la cabeza
quiere seguir
aún más lejos
y escucha
hasta el final

“Y se abrirán
las grandes alamedas
por donde pase
el Hombre construyendo
para siempre su libertad.”

Y ya los ríos
de la cólera
brotan
de la sangre
de los muertos de hoy,
de todos los muertos
asesinados,
masacrados.

Violento
el flujo sube de nuevo
estalla en los ojos,
cruza las colinas del rostro
para ser devorado
por los labios temblorosos
para alimentar
la esperanza en el futuro.

Hoy
el sol no puede
brillar por mucho tiempo.
El ruido de los aviones
oscurece el cielo
y las bombas
florecen
al alcanzar los blancos.

En cada
disparo
un compañero
renace.

Y en la boca
un gusto de Revolución.



Marseille, 14 avril 1976,

© Pedro VIANNA





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