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jeudi 16 avril 2015 NE
PAS CONFONDRE : VÉRITÉ ET VALEUR ! (Ceci car la confusion entre Vérité et Valeur est à l'origine de bien des souffrances-conflits et guerres.) Certains parlent de vérité absolue pour désigner ce qui est et reste immuable et de vérités relatives pour nommer ce qui est en permanence soumis aux mouvements de la connaissance avec l’apport des disciplines scientifiques et technologiques. PLATON parlait des 3 valeurs : vérité, bonté et gain, et un éducateur japonais MAKIGUCHI a substitué le concept de gain à celui de vérité. Il entendait ainsi une valeur individuelle reliée à l’ensemble de la vie humaine. Il procède de la relation entre un individu et son objet, contribue au maintien et au développement de sa propre vie. Cette conception du gain n’a rien voir avec celle communément utilisée de la possession ou du profit. La valeur : est la somme des forces, le moyen par lesquels un objet matériel ou spirituel permet à un sujet de réaliser son objectif ; sa fin. La valeur : est-ce qui relie une personne à son environnement dans une dynamique qui évolue dans le temps, encourage et soutient la vie sous toutes ses formes. Il n’y a pas de recettes toutes faites, mais le besoin de sagesse qui s’adapte aux circonstances. Croire que la vérité est une valeur en elle–même, a de lourdes conséquences dans nos relations avec les autres et dans les relations entre pays de système culturel et politique différent. Si je pense et agis avec comme seule perspective que seule ma vérité est la bonne et que je veux l’imposer aux autres, je deviens dogmatique, arrogant, et j’entre en conflit avec les autres. C’est le point de départ de disputes, conflits, qui peuvent aller jusqu’à la guerre sous toutes ses formes. Lorsque l’on se fonde sur la vérité comme valeur, on tombe dans le jugement, la sentence, l’esprit de supériorité et de suffisance, la colère : ceci, afin de corriger en permanence les autres pour leurs erreurs. Alors : on n’est plus dans une démarche pour soutenir la vie ! Actuellement, la société d’aujourd’hui accorde encore beaucoup d’importance à la vérité (celle que chacun s’attribue et pense la meilleure. ) Ceci dans les divers domaines d’activités : travail, politique, système de pensée… .Chacun cherche à avoir raison et le dernier mot… Et à l’ère dite moderne, les mieux nantis, celles et ceux au pouvoir = usent des armes idéologiques (médias, satellites, moyens de communication sophistiqués avec le numérique, et leur communication spécifique), et celle des experts (juges, centres d’expertises, Instituts …) ; mais souvent ils oublient de créer des valeurs pour l’intérêt général. L’intérêt général = cela demande aussi de mettre son ego de côté et de s’ouvrir à comprendre le cœur des autres, leurs souffrances, espérances et réalités (souvent dures), et donc, de savoir juguler sa vérité au service du dialogue, du respect réciproque pour faire avancer la compréhension réciproque de l’existence de l’autre. Le dialogue = ce n’est pas le débat pour gagner sur l’interlocuteur, c’est dès son amorce = intérioriser la réalité de celle ou celui avec lequel on entame un dialogue. De ce point de vue : en matière éducative, un enseignement fondé uniquement sur l’accumulation de connaissances est aussi le résultat de cette confusion entre vérité et valeur. Les connaissances sont des moments de vérité, mais leur valeur est révélée par la sagesse permettant de les utiliser au mieux pour nous-mêmes et pour la société. L’éducation ne doit donc pas se borner à donner un savoir fragmenté (des vérités), ceci, sans rapport avec la vie (valeurs.) Lorsque détaché de mon entreprise entre 1991 et 2002, j’ai eu en formation 350 enseignants de l’agglomération lyonnaise sur des sujets de société, j’utilisais une pédagogie inductive : celle de ne pas plaquer un discours général sans me préoccuper de l’identité et du parcours des participants. Ma préoccupation était d’être attentif aux divers vécus par des échanges interactifs enrichissant les apports et les développant en s’adaptant aux préoccupations. En 2002, en remerciements pour mes actions, je reçus les palmes de cette Fondation créée par la ville de Lyon, en relation avec 23 entreprises, et cette Fondation avait le soutien des Ministères de l’ Éducation nationale, de la Culture et de l’ Intérieur. Souvent des conflits naissent du sentiment que nous avons raison, sommes les meilleurs, détenons la connaissance et le vrai, et que l’autre a tort. S’en suivent : des jugements figés, l’absence de dialogue et la réalité d’un vide entre nous et ces personnes. À partir de ce vide : viennent s’installer des interprétations, des préjugés, des ressentiments, de la colère…. Il s’en suit le passage à l’idéologie de légitimation basée sur la détention du pouvoir abusivement assimilé à celui du savoir. Ainsi cela peut conduire aux refus des autres cultures, philosophies et religions. A contrario, se nourrir de la réalité de l’autre différent, considéré non comme un obstacle ou une tare, mais comme une autre richesse inévitable et féconde, contribue au développement de notre humanité. La dialogue n’implique pas de jugement et n’est donc pas fondé sur la vérité en tant que valeur. Il devient simplement l’expression de notre humanisme.> * Précision : cette contribution s’est inspirée principalement de l’article d’Anthony FARDET dans le mensuel : Valeurs humaines n° 54 avril 2015. © Guy CREQUIE, 2015 Ecrivain - Observateur social. http://guycrequie.blogspot.com/ * Publications en 2020 sur site de Jean-Jacques REY http://www.jj-pat-rey.com/JJ-REY_NEO/index-publi-2020.html |