(Reçu le samedi 8 mars 2014) ELECTIONS
Je me pris un jour l'amour des élections. Les
citoyens en cas de canicule votaient pour ceux qui les ombrageaient. Le
roi soleil était donc de la partie, mais il se cachait la moitié
du temps, le plus souvent accaparé par ses affaires. En fait tout
dépendait de lui, il dispensait en temps d'élections ses largesses et
l'herbe poussait pour lui servir de tapis tandis que les arbres
donnaient à certains leurs ombrageuses reconnaissances. Les nuages que
le Soleil produisait lui-même
dans ses usines "Mers et Océans SA" délimitaient ses territoires qui
changeaient tous les jours, tant son besoin de pourfendre la barbarie
avec son impérialisme néo-colonial était grand. Le soleil disait nous apporter la civilisation du sourire. Tu parles, y a qu'à regarder les pays du Sud et le désert. Par contre, il marquait les peaux à son image. Des citoyens mettaient même des onguents pour que le soleil en les touchant puisse sentir leur filiation reconnaissante. Le soleil est actuellement presque notre seul capital, il brûle pourtant bien peu de ses surplus pour nous chérir. Il y a bien quelques contestataires, les étoiles de la nuit, mais leur force et leur chaleur n'arrive qu'à percer de petits trous dans le vaste manteau capitaleux que revêt notre Sieur Soleil avant d'aller dormir à l'autre bout du monde. Les étoiles comme utopie n'attirent que quelques marginaux qui ne font pas le poids, comme on dit. Il y a bien aussi un mouvement d'opposition fort et sérieux, qui parfois prend ou partage le pouvoir, mais il est très souvent dans la lune quand il s'agit de s'opposer vraiment aux diktats de sieur Soleil. Ce mouvement arrive bien à soulever comme une marée les usines "Mers et Océans" jusqu'à la grève mais souvent il se retire avec la marée descendante. Par contre la majorité ensoleillée lui laisse le soin de veiller à notre sommeil, tandis que la journée, elle amasse bénéfices et plus-value. Pour ma part crier aux étoiles toutes les nuits ne m'aurait que fait dormir la journée où les belles passent en rayon de ciel sur nos cornées. La journée tout le monde vote pour l'ombre, cette alliée inconditionnelle de son maître tyrannique qui n'en fait qu'à ses heures. Le problème sembla devenir insoluble et vide. Il fallait inventer le jour et la nuit pour avoir le moindre crédit auprès de la population. Et c'est là que me vint l'idée lumineuse de chercher ailleurs mon bonheur. Je partis sous terre avec quelques semblables vivre d'autres destinées. De temps à autres las de ne pouvoir arriver à nos fins ou emprisonnés dans nos propres contradictions, nous fîmes trembler la terre et les volcans crachaient le feu de nos désirs à la face du monde. Il viendra bien un jour où nous réunirons le peuple dans une agora pour qu'il décide sa propre marche à suivre, où il se délivrera de l'aveuglement occasionné par notre tyran, où il respectera la terre, notre vraie richesse. Mais avant de gagner une quelconque élection pour établir une démocratie directe ou réelle ou de renverser le pouvoir établi, il reste encore quelques printemps à labourer la terre de nos laves rougeoyantes et à faire pousser de beaux vergers pour en croquer les fruits. |