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Sommaire
Article
1 : CE N'EST PAS LA FETE AU VILLAGE !
par
Jean-Jacques REY
Article
2 : TEMPS TROUBLES ET CLARTE D'ESPRIT
par Benoist
MAGNAT
Article
3 : REALITES CONTEMPORAINES ACTUELLES ET ENJEUX SOCIAUX...
par Guy
CREQUIE
Article
4 : LE REVENU DE BASE, UTOPIE D'HIER...REALITE DE DEMAIN ?
par Stanislas
JOURDAN (envoi de "Appel pour le revenu de vie")
Article
5 : CONSOMMATION ET SURCONSOMMATION
par Geoffrey
PIOTROWSKI (envoi de "Marissé")
Article
6 : L’IMPOSSIBLE SECONDE «RÉVOLUTION» INDUSTRIELLE
par Robert
BIBEAU
Article
7 : L'EXPLOITATION DE TOZZI GREEN A MADAGASCAR
par Mamy
RAKOTONDRAINIBE pour TANY (envoi de Joseph RAHARIJESY)
Article
8 : LA VIE FACILE DE L'INTERMITTENT : IL EST TEMPS DE (SE)
FAIRE LE POINT
par Jacques-Emmanuel
ASTOR (Envoi de Laurence MARTINEAU)
Article
9 : LE PARFUM DU JASMIN
par Roger-André
HALIQUE
Article
1
CE N'EST
PAS LA FETE AU VILLAGE !
Le
Marché
? … Pourquoi pas ? Mais alors fortement encadré et régulé ! Je ne
comprends pas certains qui se cramponnent
à leurs « vérités » comme des naufragés. Ils
s'égarent encore plus dans des batailles de mots : logomachies
; alors que leurs
certitudes se cognent à la réalité et que leur univers s’écroule… Le «
Modèle » a fait son temps,
celui qui a prévalu au sortir de la Guerre Froide, usant du
néocolonialisme pour perdurer. D'ailleurs le déséquilibre
dans les relations
Nord-Sud est devenu aujourd’hui un tourbillon qui rend fous, les plus
avisés. On dirait que
les dirigeants ne sont plus à l’heure des peuples ; particulièrement
dans le monde occidental qui vient de passer trois
siècles à l’ombre de la
Finance ; ce qui favorise la montée des extrémistes et des résignés,
sans appétit d’y voir plus
clair. Dans ce capharnaüm, dit « libéral », les fascistes, néonazis,
néocons, intégristes religieux, et j’en passe et des
meilleurs, prospèrent, ils
pèsent d’un poids anormalement élevé – puisqu’ils ne sont qu’une
minorité – favorisés par
le brouillard dans les esprits qui ont perdu conscience.
Insistons là-dessus : le
Marché, s’il n’est pas sérieusement
encadré et régulé, il nuit à son objet même qui est de favoriser la prospérité dans
les sociétés ; quand à parler de développement,
l’émulation
est pour les rongeurs… Une chose
est sûre, il est un élément clef pour imposer la
dictature de la marchandise.
Une majorité de citoyens le savent, tous ces vampires de spéculateurs,
as de la magouille, en particulier sur les marchés
(bourses), ils ne produisent
rien de concret, ils ne font que détruire par des jeux d'argent ; sauf
qu’eux, ils ne veulent
pas se salir les mains, ils n’emploient pas de mitraillettes, mais ils
laissent volontiers ce job aux dealers et autres
pégreux dont ils blanchissent
les gains…
Tout
n’est pas fait pour détruire l’hydre financière et elle continue à nous
détruire.
La
Société est en danger, comme s'il ne suffisait pas
des guerres et des cataclysmes.
Alors
que
faire pour contrer cette « pandémie » ?
Regardons
de plus près ce "petit village" qui résiste encore un peu aux légions
de l'empire du "libéralisme", à l'ouest
de l'Europe, coincé entre
Pyrénées et Flandres.
Renforcer les moyens donnés à l'éducation par exemple ? Ce n'est pas de
la potion magique, mais certainement une bonne
idée ! L’ignorance et la
bêtise ont fait de tels progrès dans ce pays, que cela ne peut être
qu’un progrès ! Et puis afin de mieux éradiquer le
mal, mieux
vaut remonter à sa source...
Mais cela ne suffira pas à faire des citoyens responsables, coopératifs
et solidaires, si les conditions d’existence ne s’améliorent
pas en même temps. C’est
bien connu qu’en période de disette, chacun ou presque ne pense qu’à
son ventre… Il
faut en finir avec un système qui favorise l’exclusion sociale et ne
peut même plus prétendre à la méritocratie
;
puisque ce sont les plus serviles ou les plus immoraux qui s’en sortent
le mieux...
Parce que beaucoup de ceux qui se prennent pour des « winners », dans
l'ère néolibérale, arrogants et méprisants au possible, sont de
piètres sujets de
l’humanité, et ils devraient plus souvent réfléchir à eux-même, et pas
seulement en se mirant
dans une glace ! Ils sont nombreux, ceux-là, qui ont beaucoup à
apprendre, dans tous les domaines, et le peu
qu’ils savent, qu’ils mettent
souvent en avant, ressemble fort à une chiure de mouche pour l’éternité
!
De toute manière, il y a toujours trop de nos concitoyens qui préfèrent
être trompés par ceux qui parlent bien plutôt que par
ceux qui agissent bien…
Cherchez l’erreur !
Moi,
personnellement, je n’ai pas l’esprit à faire la fête ni envie de
consommer et encore moins l’acceptation de faire consommer
pour moi. La croissance,
j'ai déjà dit ce qu'en j'en pense, et je recommande à certains
"infirmiers" de l'austérité
de se piquer eux-même sinon d'aller se faire soigner (ils ne
manqueront pas d'aide) ! Je trouve aussi qu'on fait
passer les considérations
budgétaires avant même l’intérêt général, partout dans le monde et plus
particulièrement en
Europe, la France incluse naturellement... Maintenant on
fait
de la politique avec la crainte du revolver
financier qui
pointe dans le dos… Les marchés dictent leurs lois aux
états…autrement dit les illusionnistes commandent
la réalité ! On n’est pas
sortis de l’auberge ! La peur des marchés, c'est comme le
péril
jaune en son temps
: à force d'en faire une montagne, on en fait un horizon !
Cependant, je me demande si tirer à boulets rouges sur ce gouvernement
(issu des élections 2012 en France) est la meilleure
façon de regagner des voix
sur le Front National, je suis même extrêmement sceptique… Car les gens
qui en viennent à voter
pour les fachos, par désespoir ou autre, ne croient plus en la Gauche
s’ils l’ont un jour considérée comme
crédible et même digne d’être considérée ! Un individu
qui vote pour l’extrême Droite après s’être « retrouvé » dans
la Gauche, n’a bien compris
ce qui fait la spécificité des valeurs de Gauche, et je dirai même
qu’il n’a pas d’attirance
particulière pour les valeurs humanistes, en dehors de ses intérêts, il
va de soi ! Son comportement social s’en
ressent donc ; ce qui a très peu
à voir avec sa position/condition sociale ; car c’est la part innée de
son être qui parle, sa
personnalité profonde qui remonte…
Cela
étant, gardons en mémoire la nature du principal agent, infectieux, de
la pandémie du désastre qui menace d'anéantir la
Civilisation : de par le monde on l'appelle
communément néocon, et
intéressons-nous plus particulièrement au "petit village" que je
connais le mieux.
Le
milieu
de culture par excellence du néocon, en France, s'apparente à la Droite
maurrassienne (celle qui, en son temps, a
fait Action [à la] Française et soutenu le régime de
Vichy). Il ne s'agit assurément pas de la
semence de la
vertu, bien que cette
Droite ait crû facilement avec Sarkozy. Ces gens
n’ont aucun respect de la
démocratie, au mieux elle les ennuie…(ce dont moult individus,
ayant voté pour Sarkozy
en 2007, n'avaient pas conscience). Ils ont beau s’appeler « Droite
forte », décomplexée soi-disant, elle est bien faible,
cette Droite, et pas
simplement en raison ! Ils vivent dans la peur du rejet qu'ils
manifestent et celle qu'ils voudraient inspirer aux autres : voilà
une bien triste conception de
l’existence. Les pauvres gaullistes sociaux – s'il en reste – doivent
être bien marris de la tournure
des évènements, et je ne parle même pas du reste de l’échiquier
politique de ce côté-là, gens qui penchent vers les Lumières, en
principe...
Enfin prenons comme une bonne nouvelle ce qui en découle.
Entre cette Droite maurrassienne et la Droite néolibérale, classique,
le torchon brûle… Ce qui est normal, qui était prévisible
et fatal ; car «
l’entente cordiale » était factice, elle ne reposait que sur des
considérations électoralistes. Le fossé
ira en s’agrandissant maintenant que le chef
mystificateur a perdu la face et surtout le trône… Mutatis mutandis,
cela rappelle l’époque des
Mérovingiens ! Les « petits » qui se prennent pour des « grands », ont
toujours semé la
zizanie, et ils laissent invariablement la désolation derrière eux.
Pour la nation française en particulier, il n’y a rien à
gagner avec ces décadents de
Droite, toujours prêts à s’aplatir pour un fief, serait-ce dans les
marais du renoncement !
Et ils ont participé, qu’ils le veuillent ou non, au déclin national.
Il n'est pas inutile de souligner que ces gens
n’acceptent guère
qu’une personne parvienne à quitter son milieu social d’origine,
ça les ramène sans doute
à leurs propres insuffisances… Mais alors les classes populaires n'ont
aucun intérêt à prendre
leurs bobards pour argent comptant : avec la "Droite forte", les gens
du peuple seront toujours forcés
de rester à leur place, même si c'est dans la rue...
Avec eux, pas de dilemme ! C'est cette "Droite forte" mais couarde
(elle ne joue au fort que
contre les faibles...) qui, par exemple, a fait du RSA :
aumône
faisant office de revenu minimum, un instrument de contorsion et de
contrôle social, sensé tenir les
pauvres dans leur niche, eux qui sont toujours suspect de déviance et
d'atteinte à l'ordre. Alors pas de
cadeau ou d'oubli qui amènerait à rentrer dans le jeu
des pourris !
Je conseille de lire ces
articles
pour comprendre jusqu'où peut mener l'aveuglement des politiques dites
d'austérité, générées
par la machine infernale de l'idéologie néolibérale.
Ceux qui sont à l'origine de tels ravages de société, même
indirectement, en particulier dans la Finance internationale, sont au
moins complices d'atteinte aux droits humains ; en conséquence ils
doivent être considérés et traités comme tels...
Source image.
File
d'attente devant
un bureau de l’office du chômage à Athènes...
Grèce: miner
la «fabrique sociale» (I)
http://alencontre.org/europe/grece-miner-la-fabrique-sociale-i.html
Grèce: chambardement
socio-politique (II)
http://alencontre.org/laune/grece-chambardement-socio-politique-ii.html
"Chaque jour, les
données ayant trait à la situation
socio-économique grecque confirment, de manière déchirante, ce que nous
avons qualifié de destruction de la fabrique sociale [voir sur ce site
l’article en date du 18 novembre 2012: «Grèce: miner la “fabrique
sociale”» (I)]. Ainsi, le 22 novembre 2012, le Ministère «de l’ordre
public et de la protection des citoyens» publiait les chiffres
officiels des suicides et tentatives graves enregistrées de suicide
entre le 1er janvier 2009 et le 28 août 2012. Le ministre Nikos Dendias
répondait à une question posée par un député de SYRIZA. Celui-ci
exigeait des données certifiées concernant les suicides ainsi qu’une
confirmation du rapport de l’Unicef indiquant que 439’000 enfants
souffraient de malnutrition. Sur ce dernier point, Dendias a, pour
l’instant, fait l’impasse. Les chiffres ayant trait aux suicides
s’égrènent de manière lugubre ainsi: 2009: 677; 2010: 830; 2011: 927;
2012: 690 jusqu’au 23 août. C’est à Athènes (355) et à Thessalonique
(319) que ces actes de désespoir sont les plus nombreux. Le ministre,
qui est aussi connu pour ses campagnes vigoureuses contre les
migrant·e·s, dans sa déclaration, a séparé la croissance si explicite
des actes de désespoir du contexte social, en mettant l’accent sur des
causes «singulières». Or, ce que l’on pourrait qualifier de «causes
singulières» s’amalgame spécifiquement dans un contexte qui les
transforme ainsi en passages à l’acte."
Relevant
du même domaine et raisonnement, signalons cette initiative
intéressante de Philippe Derudder, en collaboration
avec le Cercle
des
Economistes Citoyens :
- un film intitulé
: " La
monnaie, du pouvoir d'achat au pouvoir d'être
" :
Renseignements supplémentaires et dons à l'association sur site : http://aises-fr.org/
Extraits
du message de l'auteur :
"Sans prétendre détenir la vérité, je partage dans mes
livres,
conférences et ateliers le fruit de mes recherches et celui
de mon propre cheminement; mais cela reste limité. L’idée m'est donc
venue d'offrir dans un film une synthèse de ce que j'ai identifié comme
étant le fond du fond des problèmes actuels débouchant sur le constat
enthousiasmant que tout est là pour réaliser ce monde de suffisance et
de dignité, si nous le voulons. Mais une chose me semble certaine :
Pour le moment, l'impasse se referme sur nous car la classe dirigeante
mondiale fait tout pour maintenir en place ce qui assure son pouvoir et
sa fortune tandis que les peuples s'agitent pour dénoncer ce qu'ils ne
veulent plus, sans toutefois savoir vraiment ce qu'ils veulent, tant le
conditionnement qu'ils ont subi étouffe l'imaginaire. Ceci me pousse à
croire que la solution est entre les mains des citoyens de ce monde, à
condition de les aider à se libérer du conditionnement
qui les tient prisonniers.
C'est pourquoi mon objectif est que ce film soit le plus possible
regardé afin d'informer et d'aider à comprendre que nos problèmes,
pourtant vitaux, n'ont que l'épaisseur d'une pensée. Ainsi ai-je choisi
de le diffuser gratuitement sur "youtube"...[découpé
en 7 séquences d'une dizaine de minutes chacune.] "
"J'espère
que ce
film contribuera à ouvrir vos
horizons. 2012 s'achève. On parle beaucoup de fin du monde, ou de fin d'un
monde. Si l'ancien monde se meurt effectivement, un nouveau est en
train de naître, et beaucoup d'entre nous, souvent
sans le
savoir, en sont déjà les accoucheurs. J'espère que ce film facilitera
cet accouchement.
Bonne fin d'année, joyeuses fêtes et mes meilleurs vœux pour la
nouvelle année qu'il nous appartient de rendre belle,
chacun
à notre niveau."
Pour
assaisonner le
tout !
Moody’s : le
combat de Hollande contre la finance, c’est maintenant !
http://www.marianne.net/Moody-s-le-combat-de-Hollande-contre-la-finance-c-est-maintenant-_a224512.html
"C’était
assez
attendu, mais cela fait mal : l’agence financière Moody’s a
annoncé cette nuit la dégradation de la note de la dette
publique
de la France, qui passe de Aaa à Aa1.
C’est la deuxième agence à procéder ainsi, après Standard &
Poor’s,
en janvier dernier. Ce qui est le plus difficile à avaler
pour le
gouvernement socialiste, c’est que non seulement Moody’s reprend grosso
modo les arguments de The Economist (marché du travail rigide, marché
des services segmentés, etc.), qui a fait de la France « l’homme malade
de l’Europe », mais en plus, prend à revers les récents efforts
réformistes de François Hollande, en particulier après les décisions
consécutives au rapport Gallois. Mais ils seront insuffisants à
garantir l’économie de l’Hexagone face à un « prochain choc dans la
zone euro ». Bonjour la confiance dans le « pacte de compétitivité »
!"
Article
2
Envoi
par Benoist MAGNAT : http://benoist.magnat.pagesperso-orange.fr/
TEMPS
TROUBLES ET CLARTE D'ESPRIT
En ces temps
troublés, il ne s’agit pas de condamner telles ou telles positions (à
part le racisme et l’oppression des femmes) mais de comprendre les
racines des rejets.
Les
origines
de l’islamophobie
Il y eut en Europe
des guerres « civiles » cultuelles et culturelles. Dans un premier
temps ce fut l’affrontement entre les catholiques et les protestants,
entre la Vérité avec un grand V et le « relativisme libéral » chez les
protestants…
Le fascisme (dans
un
pays protestant comme l’Allemagne ou des pays catholiques comme
l’Italie et l’Espagne) veut conquérir le monde au nom d’une race
supérieure (l’Allemagne) ou au nom d’une Vérité supérieure
aux autres. Cette notion de race supérieure, née du
colonialisme,
fait des Blancs les maîtres du Monde qui, pour dominer idéologiquement
les « races dites inférieures », baptisent entre autres à tour de bras
et donc essayent de supprimer la culture « des indigènes » pour mieux
les asservir.
Aujourd’hui
l’islamophobie est une résultante de ces processus. Cette guerre au
niveau mondial oppose les pays riches d’Europe et d’Amérique du Nord
(blancs et chrétiens) aux pays « musulmans » entre autres, envahisseurs
supposés par l’émigration massive, en fait résultat de la
décolonisation ; c’est à dire que les pays néocolonisateurs
délocalisent une main d’œuvre bon marché chez eux (en tout cas pour la
France). Certains pays « musulmans » dans cette guerre internationale
essaye de résister au néocolonialisme (la Palestine au colonialisme
tout court) au niveau culturel par le biais de la religion, mais sont
conformes sur le plan économique. Cela n’empêche pas que des pays à
majorité musulmane aient été colonisateurs ou marchands d’esclaves. Il
n’est plus question apparemment de luttes de classe, mais apparemment
de luttes entre ceux qui acceptent ou refusent ce système régi par le «
culturel » religieux.
Les
charniers de la pensée en Europe
La
classe
ouvrière européenne (25% des travailleurs environ), puis les classes
moyennes actuellement marginalisées dans leur ascension et même parfois
leur prolétarisation, appartiennent à l’enjeu de la conquête du pouvoir
par la grande bourgeoisie et son enrichissement. Les pauvres, les
précaires, les sous prolétaires sont utilisés comme ajustement de main
d’œuvre et surtout d’épouvantail pour la classe ouvrière et la classe
moyenne : « on pourrait vous réduire à cet état ». L’idéologie
de
la classe dirigeante ultra libérale de presque toutes les droites ou
libérale des partis sociaux-démocrates constitue un mur «
infranchissable » pour l’émancipation des classes populaires ; elle les
soumet au capitalisme, fait accepter le développement d’une bourgeoisie
extrêmement riche qui n’a plus qu’une raison de vivre, développer
l’exploitation forcenée des pauvres avec l’aide d’une partie de la
classe moyenne pour dominer et s’enrichir encore plus. L’idéologie
dominante, y compris dans la plupart des partis de gauche marginalise
toute lutte pour se libérer de la soumission à l’argent. L’émergence,
ces dernières années, de partis écologistes a pu nous faire croire à
une nouvelle conquête culturelle : faire de la politique autrement,
arrêter de surexploiter la Terre et les vivants avant qu’elle ou ils ne
meurent, irruption d’un nouveau paradigme salvateur. Mais les partis
écologistes tout en progressant électoralement, ont brisé leur côté
émancipateur en s’alliant aux sociaux-démocrates ou à la droite
modérée. Ils sont devenus des libéraux verts (exemple Dany Cohn Bendit
, porte-parole des Verts au niveau européen, qui se dit libéral
libertaire). On pourrait appliquer cette phrase de François Mitterand
dans « Un
socialisme du possible » aux verts européens
:
« Les socialistes
qui se sont posés en réformistes ont fini par collaborer au système de
valeurs capitalistes et donc à la politique de droite. la collaboration
échappe difficilement à son destin qui est de trahir. »
Il ne reste que la
vieille garde néostalinienne ou marxiste léniniste qui croit encore que
la conquête de l’Etat est la seule révolution possible (comme en
Russie) et que la seule manière de changer le monde se fera en
s’accaparant les moyens de production. Elle oublie qu’elle pas
seulement besoin de la force (quelle n’a pas actuellement) mais du
consentement du peuple.
Devant tant de
confusions dans toute la Gauche, l’extrême droite actuelle fleurit donc
sur ces charniers de pensées. Elle fait revivre ces
vieilles
guerres « civiles » entre les peuples blancs et chrétiens d’Europe et
d’Amérique du Nord et « les musulmans » de l’Autre Rive. Elle permet de
détourner la réelle colère des opprimés contre une population étrangère
et d’un rang social « inférieur ». Elle ne fait que révéler ainsi une
islamaphobie dominante parmi les états occidentaux : guerre en Irak, en
Afghanistan, soutien à Israël pour continuer à coloniser la Palestine
(c’est par exemple la France qui a quasiment donné l’arme atomique à
Israël) préparation de la guerre en Iran. L’extrême droite ne fait
qu’en rajouter une couche en développant un racisme anti-arabe.
Le pouvoir
des multinationales et des grandes banques préfèrent cet affrontement
qui ne remet pas en cause son exploitation des classes prolétariennes
(ouvrières et moyennes). Il frémit quand même [un
peu, lorsque]
l’extrême droite veut se replier sous la souveraineté nationale alors
que lui veut une mondialisation à ses bottes.
D’autres pensées
et
modes d’agir comme l’altermondialisme, les indignés, les partis
Pirates, essayent d’échapper à cette pensée unique et aux modes d’agir
dominants, mais il faut faire très attention à ce qu’ils ne soient pas
récupérés à la longue.
Pour commencer à
avoir des idées claires, prenez une aspirine et pour combattre l’élite
mondiale, ouvrez votre conscience à 360 degrés, solidarisez-vous,
remuez très fort avec votre petite cuiller et buvez sans modération !
En France, le seul
mouvement actuellement est dans la pensée et l’analyse, bientôt
peut-être naîtront des actes décisifs.
Benoist
MAGNAT
Pour
approfondir sur
quelques sujets
:
Rassembler
contre une guerre double :
contre les peuples-classe et contre la nature
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article2322
"Rassembler contre une guerre
double : contre les peuples-classe
et contre la nature.
Les nationalistes et autres xénophobes, obsédés de recherche de boucs
émissaires, ne porteront jamais la critique et les revendications
transitoires vers les responsables du la guerre systémique. Quand ils
se disent anti-système, c’est un mensonge. Ils défendent agressivement
le système capitaliste avec une version nationaliste ou identitaire."
Article
3
Envoi
par Guy CREQUIE : http://guycrequie.blogspot.com/
REALITES
CONTEMPORAINES ACTUELLES
ET ENJEUX
SOCIAUX, PRESENTS ET A VENIR !
(Notamment
la
situation en France)
le
4 octobre 2012
Après
ma participation au congrès
mondial des poètes au Proche Orient et mes interprétations vocales, je
suis parti me
reposer deux semaines dans le Var.
A mon retour, compte tenu des problèmes sociétaux évoqués par les
médias et
l’actualité brûlante, [j'ai été]
incité à un peu de recul et à des réflexions comme observateur social.
- L’affaire des
caricatures concernant Mahomet dans Charlie Hebdo, survenant après
cette vidéo caricaturale réalisée aux Etats
-Unis, a provoqué un émoi dans la communauté musulmane et le
déchaînement de violences, dans des pays arabes
principalement, et cela pose la délicate question du : Comment
concilier le droit fondamental à la liberté d’expression
dans le respect de la légalité avec le respect des croyances
religieuses et de la représentation qu’elles ont
d’elles–mêmes ?
L’Islam est une grande religion universelle, comme d’autres infiniment
respectables ; mais reconnaissons-le, il n’y a aucun
moment où cette religion accepte les critiques ou la liberté de ton ou
de présentation la concernant hors ses schémas.
Dans ce contexte, faut-il ignorer l’histoire, et oublier la pédagogie
et le dialogue nécessaire pour le respect mutuel
?
Comme
l’avait si pertinemment
expliqué, le regretté islamologue, Professeur de la Sorbonne : je veux
citer Mohamed ARKOUN,
lors d’une conférence en
avril 1979 au centre Albert le Grand de la Communauté dominicaine à
Eveux (69), en
1979, appelant de ses vœux ce
qu’il appelait l’islamologie appliquée : c'est-à-dire le regard
critique des Musulmans,
eux-mêmes, sur leur
histoire. Ceci justement (et ce n’est pas le sujet de cette
contribution d’exposer le Pourquoi
et le
Comment) car dans l’Islam, entre le XII è et le XX è siècle, il n’y a
pas eu de MARX ou de NIETSZCHE connu !
Ainsi
et heureusement, si la
majorité des Musulmans prône un Islam modéré et tolérant, en réalité
avec le monde actuel,
nous n’en avons pas fini
avec des lectures radicales et des extrémistes fondamentalistes.
L’intervention
militaire projetée
au Mali, si elle se réalise, en sera un nouvel épisode délicat et qui
créera des tensions et
divergences au sein de la
communauté internationale.
Accentuée
par la crise, l’écart
grandissant entre le niveau de vie des pays du Nord et du Sud, et après
la décomposition
du système socialiste, mondial,
et de ses expériences, le recours identitaire à la religion prend une dimension nouvelle.
Ceci,
alors que les problématiques
de gouvernance mondiale sont d’une brûlante actualité, avec la réalité
de la mondialisation
sous l’égide du libéralisme
intransigeant. Les débats au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, sont
un exemple
parmi d’autres du retard inter
étatique s’agissant de l’évolution du monde avec les nouvelles
autoroutes de l’information
et de la mobilisation
que sont, les réseaux sociaux, [autrement dit] : l’existence
d’Internet et de la télévision.
- Autre sujet :
Compte tenu du poids croissant des structures internationales,
intégrantes, comme L’Union Européenne
: elle
même en crise, et qui conduit les Etats à rechercher toujours plus de
règles et intégrations, ceci quitte
à bousculer
les réalités sociales de pays percutés de plein fouet dans leur
histoire et fonctionnement.
Ainsi, le gouvernement socialiste au pouvoir en France, devant
l’accentuation des plans sociaux, les délocalisations programmées par les firmes
multinationales, cherche à
compenser en partie ses limites liées aux cadres économiques et juridiques auxquels il se réfère : le
marché roi avec le
libéralisme, malgré quelques aménagements sociaux. Pour cela, il dialogue avec ce qui est appelé
les partenaire
sociaux : syndicats de salariés, et le MEDEF et la CGPME (représentants les grandes entreprises
et les PME.) Cependant
ceci reste insuffisant !
Avec la
crise et d’autant plus :
avec l’offre syndicale en France trop éparpillée et ce malgré une
syndicalisation réduite,
d’autant plus en phase
de mondialisation où : le rapport des forces entre syndicats nationaux
de salariés et le patronat
direct ne suffit plus
; ceci, car d’autres instances hors l’hexagone portent en partie des
choix et décisions.
Ainsi,
pour un salarié : payer une
cotisation syndicale : surtout lorsque le PA (Pouvoir d'Achat) ne suit
pas et avec des résultats
revendicatifs plus
qu’aléatoires, devient une difficulté supplémentaire à la
syndicalisation. Présentement, les syndicats
sont surtout (pour ne pas dire exclusivement accaparés par les
questions de : l’emploi, la protection sociale, les
salaires et pensions.
Ont-ils
le temps et l’envie de se
préoccuper de : les travailleurs, la littérature et les arts ? Sinon, à
l’éducation à la culture
de la paix ou
tout le champ de la citoyenneté sociale ? ...
Ainsi,
cette limitation de fait,
nuit à la formation citoyenne que le mouvement syndical pouvait
apporter à ses adhérents
dans le passé,
compensant en partie les inégalités sociales, originelles, et les
manques du système éducatif.
Ensuite, dans les
années 70, et au-delà de leurs divergences, les accords d’unité
d’action : CGT-CFDT-FEN, étaient
la base
unitaire de la protestation sociale (FO négociant le cadre
contractuel.) Ceci, avant que la politique de gauche
avec le programme commun ou l’initiative autogestionnaire ne propose
une alternative politique estimée crédible et
possible.
Tout
ceci n’est plus, et si
personnellement : le fonctionnement actuel du syndicalisme me déçoit
; pour autant, la cause
essentielle
de cette déception dépend moins en interne aux carences du syndicalisme
qu’au fonctionnement sociétal
avec le
renforcement de l’initiative privée, la valorisation des élites
individuelles, et l’éloignement des instances de
décision. Tout ceci : entrave la qualité d’intervention et l’attrait du
syndicalisme.
Dans ce
contexte de crise, de
désespoirs, de perte de valeurs et de repères, des tendances à la
violence, au repli identitaire,
sont réelles.
Alors en France le Front national (même si je n’éprouve aucun plaisir
personnel à le dire) dispose
sans doute encore
de moyens d’élargir son audience électorale et il va peser sur le débat
politique, certes différemment,
mais tant à
droite : son lieu d’attraction plus naturel, mais également à gauche :
à partir de préoccupations
récurrentes, ex :
sécurité, crise des banlieues, flux migratoires.
Cette
situation d’exaspération et
ce avec l’existence des réseaux sociaux, facilite l’expression
spontanée de mouvements
du type les Indignés
comme on l’a vu encore récemment à Madrid. Ceci, car des
[individus] spontanément
se mobilisent sans
adhérer à une structure établie avec ses codes, règles, dirigeants.
En
France actuellement, l’existence
du Front de Gauche avec les communistes, de l’extrême gauche, liée à
leur histoire
et rôle passé, rend encore cette
évolution des mouvements spontanés moins facile et régulière, mais pour
combien
de temps ?
Le
mouvement syndical, lui-même,
comme le fonctionnement sociétal ont en partie la réponse à cette
question !
Alors,
qu’il y a tant d’injustices,
d’inégalités, et de richesse insolente chez certains, spolier les
peuples comme celui grec,
ne peut susciter que :
haine, violences et perturbations sociales.
Un
autre modèle est à construire à
partir de l’existant = conciliant les réalités humaines comme but et la
nécessaire sauvegarde
de l’environnement.
Nos
gouvernements ont-ils
conscience de cela, et sont-ils prêts à s’y engager résolument ?
A mon
avis et hélas ! d’autres
épreuves sont à attendre avant un sursaut tardif, réfléchi et organisé
par les instances nationales
et internationales.
©
Guy CREQUIE
Ecrivain
et observateur social libre
Quelques
points de
"détail" pour compléter :
Article
4
Envoi par "Appel pour le revenu de
vie" : http://revenudebase.info/
LE REVENU
DE BASE,
UTOPIE
D'HIER, REVOLUTION D'AUJOURD'HUI,
REALITE
DE
DEMAIN ?
Le
revenu de base est un revenu inconditionnel,
versé
dès la naissance et cumulable avec tout autre revenu.
15
septembre 2012
Revenu
de base, allocation universelle ou revenu universel… tous ces termes
désignent une vieille idée qui pourrait revenir au goût du jour : verser à
chaque
citoyen un revenu. Utopique ? Stanislas Jourdan, journaliste et
promoteur de
l’idée en
France, revient sur l’histoire de l’idée, ses fondements économiques et
philosophiques, et témoigne de la résurgence de l’idée à travers le monde.
«
Sans
revenu, point de citoyen »
s’exclamait en 1792 le philosophe Thomas Paine du
haut de la tribune de
l’Assemblée Nationale. La révolution française venait d’éclater, mais
Thomas Paine lui, prévenait
ses camarades révolutionnaires : la Démocratie ne peut réellement
fonctionner que si les citoyens qui la composent
sont économiquement libres et disponibles pour la
faire vivre.
Réprimé par
la Terreur, Paine mourut
quelques années plus
tard, seul et pauvre aux Etats Unis où il s’exila. Mais l’idée qu’il
avait impulsée, celle d’un
revenu citoyen garanti, n’a pas arrêté de faire son chemin depuis.
Bien au
contraire, l’idée navigue entre les courants de pensée et traverse
allégrement les frontières idéologiques et géopolitiques.
Keynesiens, libéraux,
ultralibéraux, écologistes, philosophes, psychanalystes, entrepreneurs
ou artistes, l’idée ne
manque pas de supporters de renom : Martin Luther-King, André Gorz,
Erich Fromm, Gotz Werner en Allemagne
ou encore les prix Nobel d’économie Milton Friedman, James Tobin, ou
Paul Samuelson… pour n’en citer que
quelques-uns.
Si la plupart
d’entre eux partagent la conviction que le revenu de base est un moyen
radical de combattre (voire anéantir)
la pauvreté, chaque courant y apporte une vision et des arguments
supplémentaires divers et variés.
Pour les
écologistes comme Baptiste Mylondo et les objecteurs de croissance tels
Paul Ariès, verser un revenu à chaque
individu reviendrait à investir dans l’humain, lui
permettant ainsi de rediriger sa force de travail vers une production
locale ou le bénévolat… plutôt
que les grandes entreprises.
«
Oser
déconnecter emploi et revenu conduit à reposer la question de l’utilité
sociale, de la place de l’emploi dans la société et dans nos vies
» explique Baptiste Mylondo. « Ce débat, la
gauche doit le mener pour faire face aux offensives
libérales, au
“travailler plus” seriné par Sarkozy et, plus largement, à la perte de
sens de l’emploi de nombre de nos concitoyens
»
assène-t-il.
Les
libéraux aussi
Pourtant, du
côté des libéraux aussi, on s’intéresse à la question. Même s’il faut
bien l’admettre, les arguments ne sont pas les
mêmes. Plutôt que de prendre du recul avec la
valeur travail, la droite voit dans le revenu de base plutôt un bon moyen
de simplifier les systèmes
de redistribution sociale.
En effet, la
mise en place du revenu de base pourrait simplement s’effectuer en
transférant les budgets sociaux actuels,
diminuant au passage drastiquement la complexité des
aides accordées, améliorant ainsi la lisibilité du système tout
en diminuant la bureaucratie
nécessaire pour le faire fonctionner.
Un argument qui
fait également mouche auprès des entrepreneurs excédés par les
lourdeurs de l’administration, qui se rallient
généralement à la cause. Par exemple, le Centre
des Jeunes Dirigeants, un influent think tank regroupant 3500
entrepreneurs, avait inséré, fin
2011, l’allocation universelle à la tête de ses 12 propositions phares
regroupées dans son livret «
Objectif Oïkos ».
De plus,
puisque le revenu de base est inconditionnel, il serait une réponse
simple au phénomène de la trappe à pauvreté. En
effet, l’un des grands problèmes de notre modèle
social est que les allocations d’assistance engendrent une
désincitation à travailler (puisqu’on
perd ces aides si d’aventure on trouve un emploi).
Enfin, pour une
certaine catégorie de libertariens, que l’on appelle parfois
géolibertariens ou libéraux de gauche, le revenu de
base serait compatible avec le
libéralisme en tant que distribution du capital commun de la société.
Selon cette théorie, à
l’image de l’air, de l’eau et du domaine public culturel, le capital
commun est constitué de ces richesses
collectivement créées dont les profits ou l’exploitation ne pourraient
être légitimement accaparés par des intérêts
privés. Par conséquent, le seul moyen de ne spolier
personne est de distribuer les profits du capital commun à tous les
co-propriétaires de ces
richesses communes : les citoyens.
Vers
la fin du travail ?
Pour la branche
scientifique, il s’agit davantage d’une nécessité de découpler du moins
partiellement les revenus du travail.
Les tenants de cette approche, comme Jeremy Rifkin, anticipent un monde
où les robots prendront la relève du travail
humain… pour notre bien ! Sauf que, s’il y a de
moins en moins de travail, comment les gens vont-ils gagner leur
vie ?
C’est bien
sûr
là où le revenu de base intervient. Mais plus qu’un simple moyen de
compenser une perte (celle d’un travail),
le revenu de base pourrait constituer une véritable
reconnaissance d’autres formes de création de valeur que le
capitalisme moderne ne reconnaît pas.
C’est cette fois la thèse Yann Moulier Boutang, qui, dans “L’économie
de la pollinisation”,
montre
qu’à l’image des abeilles, nous produisons tous par accident des
richesses. Dès lors explique-t-il
à
Télérama , «
Le
revenu d’existence ne serait pas de l’argent pris dans la poche des
fourmis qui travaillent et donné à des gens qui
ne feraient rien qu’entrer dans
la fourmilière ». Selon lui, le revenu de base n’est donc
pas un
système redistributif
mais
une « rétribution de la pollinisation » de chaque citoyen.
Une
approche monétaire
Une nuance
qui
n’est pas sans rappeler une autre approche, celle de la monnaie. Selon
la thèse défendue par Stéphane
Laborde, dans sa « Théorie
relative de la monnaie
»,
pour que l’argent soit réellement un protocole d’échange démocratique,
il ne faudrait pas confier le monopole de la création
monétaire aux banques, mais
faire en sorte que chaque citoyen soit pourvu de la même dose de
création monétaire
tout au
long de sa vie, ce qui concrètement se traduirait par le versement à
chaque citoyen d’un revenu de
base « financé » par une injection régulière de nouvelle monnaie par la
banque centrale, se passant ainsi de toute taxation
pour financer le système.
A la manière de
Yann Moulier Boutang, le revenu de base n’est donc pas une
redistribution par charité ou compensation,
mais bel et bien un droit parfaitement légitime au nom de l’égalité des
citoyens.
Mais
l’approche
monétaire n’est pas nouvelle. Déjà dans les années 1930, Jacques
Duboin avait
dressé un lien entre un
revenu de base et la création monétaire. Dans le concept de l’ «
économie distributive » qu’il
développe, il propose de créer une monnaie de consommation, qui serait
détruite au moment de l’acte d’achat, un
peu à la manière du système de crédit bancaire, où la
monnaie est détruite au moment du remboursement de la dette.
En France,
l’idée du revenu de base a notamment été propulsée par l’économiste Yoland
Bresson ,
qui dans Le
revenu
d’existence ou la métamorphose de l’être social
a élaboré
une théorie fondée sur la « valeur temps
» et qui arrive à des conclusions très proches de
celles de Laborde. C’était dans les années 1970. Depuis, Bresson a fondé l’ AIRE (Association pour
l’Instauration
d’un Revenu d’Existence) puis en 1987 le réseau international
BIEN
(Basic Income Earth Network) avec
le belge Philippe Van Parjis, professeur à l’université de Louvain et
également un célèbre
promoteur du concept d’allocation universelle.
Le BIEN assure
notamment la communication entre les différents réseaux de partisans du
revenu de base dans le monde,
et organise un congrès bi-annuel.
Blocage
politique
Pourtant,
malgré sa foule de défenseurs, et les multiples arguments économiques
et philosophiques qui le justifient, l’idée demeure
irrémédiablement ignorée des milieux politiques.
Non que
l’idée
ne soit pas connue. Elle fait périodiquement l’objet d’allusions par
quelques personnalités politiques, comme Christine
Boutin ,
Dominique
de Villepin , ou chez
les Verts, Yves Cochet par exemple, et plus récemment encore Christophe
Girard ,
du Parti
Socialiste.
Dans les
années
90, des mouvements de chômeurs en avaient fait une revendication
majeure, et l’idée avait même fait
l’objet d’un rapport parlementaire au début des années 2000. « L’idée
est parfaitement connue du monde politique » résume Marc
de Basquiat ,
docteur en économie et auteur d’une thèse sur le financement d’une
allocation
universelle en
France.
Elle demeure
soigneusement rangée dans la catégorie des « belles utopies » qui
verront peut être le jour… mais plus tard, quand
la « société sera prête » ou que nous serons «
assez riches » pour le financer.
Pourtant, même
lorsque son financement est présenté en détail et de manière chiffrée,
les politiques font la sourde oreille.
« C’est l’utopie des utopies » affirmait Laurent
Fabius à un
colloque du Centre des Jeunes Dirigeants où l’idée fut
argumentée devant les candidats à la
présidentielle de 2012, par Marc de Basquiat. Le travail minutieux de
ce dernier démontre pourtant
qu’il est possible de financer un revenu de base de 400 euros par
adulte, sans taxer plus ni
toucher aux pensions de retraite ou aux allocations chômage. Une
proposition que certains considéreront comme minimaliste,
mais qui prouve aussi que
l’on peut arriver à financer un revenu de base plus élevé, comme le
propose par exemple Baptiste
Mylondo (750 €).
Pourquoi tant
de résistance, même face à des arguments rationnels et chiffrés ? «
L’idée
parait trop séduisante » répondent les uns. « S’il
suffisait de donner de l’argent aux gens pour
résoudre tous les problèmes, cela fait longtemps
qu’on
l’aurait fait !
» répondent les autres. Bref, le blocage
n’est peut être pas tant intrinsèquement politique
que… sociétal.
De la
radicalité du revenu de base
En fait, la
radicalité du revenu de base n’est pas vraiment économique. Il est bien
connu des économistes que l’économie
repose en grande partie sur le secteur non marchand. Associations,
fondations, bénévolat et travail caché (les
tâches gratuites effectuées par exemple à la maison)
sont autant de systèmes de création de richesses qui échappent
à toute logique monétaire. « Si
tout cela s’arrêtait, sûrement que le reste de l’économie
s’effondrerait quelques
jours plus tard »
affirme Jean-Marie Harribey d’Attac (pourtant
opposé au revenu de base).
En cela, le
revenu de base n’est pas vraiment nouveau à l’ère du Keynésianisme et
de l’interventionnisme des gouvernements
pour tenter de compenser les manques du marché.
«
En fait,
le revenu de base existe déjà !
» assène Stéphane Laborde sur son blog ,
« Il est simplement invisible
», car distribué de manière opaque et inégale au travers d’allocations
diverses et variées, de
subventions, de crédits d’impôts et autres composantes du mille-feuille
de notre « modèle social ».
Le problème
n’est donc pas économique mais résolument intellectuel : il est une
chose de distribuer de l’argent par les
fenêtres aux électeurs qui crient le plus fort, il en est
une autre de donner à tous un revenu sans conditions ni contreparties.
Admettre en effet que son
voisin mérite tout autant que soi-même une rétribution pour sa
contribution à la société
nécessite une certaine humilité, ou du moins « d’assumer
notre
interdépendance », explique la journaliste Mona Chollet dans un
riche
article paru
en 2011
:
"Le revenu
de base implique de
reconnaître les liens de profonde interdépendance qui unissent les
membres d’une société,
et qui
conditionnent cet épanouissement. C’est même l’un de ses traits les
plus frappants : il invite à prendre conscience du
fait qu’on travaille toujours pour les autres,
même si on a l’illusion de travailler pour soi parce qu’on en retire un
salaire."
Tout un
programme…
Révolution
d’aujourd’hui
Faudra-t-il
attendre que la majorité fasse cet effort d’introspection pour qu’enfin
le revenu de base inconditionnel s’impose comme
une évidence ? C’est vrai que le chemin qu’il
reste à parcourir avant d’y arriver peut paraître long, mais les
signes que l’heure du revenu de
base est arrivée se multiplient.
En Allemagne,
cela fait déjà quelques années que le débat est bien ancré dans
certains partis politiques et plus largement
dans le débat politique, grâce notamment à un
réseau transpartisan bien organisé et à des initiatives individuelles
comme cette pétition
adressée au Bundestag par Susanne Wiest, une simple citoyenne
allemande, et qui a
attiré
le soutien de plus de 50 000 citoyens allemands, ou encore le film « Le
revenu de base,
une impulsion culturelle
», réalisé par
l’allemand
Enno Schmidt et le suisse germanophone Daniel Hani et dont la
version française a été vue plus
de 150.000 fois.
Partout où ce
film se diffuse, il fait des émules. Dans les blogs, les forums, ou
encore sur Facebook, d’interminables discussions
éclosent. L’idée infiltre également la base
militante des partis politiques à gauche (Europe-Ecologie et le Front de
gauche notamment) comme à droite
(au sein de Debout la République par exemple).
L’Utopie
en 3D
Et
puis
surtout, l’utopique
revenu de base existe déjà ,
sous forme d’expérimentations locales. En Namibie par exemple, depuis
2008 les habitants du village de Otjivero touchent
100 dollars namibiens par mois,
versés par une coalition pour l’instauration d’un revenu de base dans
le pays.
L’expérimentation
vise à démontrer au gouvernement que le dispositif fonctionne. Et c’est
le cas : le chômage diminue,
la scolarité augmente, l’artisanat se développe, la santé des
villageois aussi.
D’autres
expériences qui ont déjà eu lieu en Amérique du Nord, dans les années
70 ont montré des effets positifs, et ont
démonté en pièces les craintes sur l’effet désincitatif sur l’emploi.
Dans la ville de Dauphin au Canada, où un dispositif
de revenu inconditionnel a été testé pendant
plus de quatre ans ,
le nombre d’heures travaillées n’a diminué que de 1%.
Mais surtout d’autres effets inattendus ont également vu le jour
: les jeunes ont prolongé leurs
études au lieu de travailler, les hospitalisations ont diminué, ainsi
que la criminalité.
En Alaska
aussi ,
une forme de revenu de base existe. Depuis 1981, les
Alaskiens touchent un « dividende de citoyenneté » issu du fruit
de la manne pétrolière de l’Alaska.
Versé annuellement, le montant du dividende représentait 1174 dollars
par personne en
2011, soit
quelques mois de salaire. Karl Wilderquist, économiste américain et
membre du BIEN s’interroge :
« Est-ce un hasard si l’Alaska est le seul État américain où
les
inégalités sont en recul ? »
Alors,
à quand
une expérimentation en France ? Le collectif POURS (Pour
un Revenu Social) travaille
depuis un peu plus d’un an avec des collectivités locales pour tenter
de mettre en place un
projet. Sans succès jusque-là malheureusement.
Mais un autre
type d’expérience pourrait voir le jour depuis l’hexagone. Suivant la
théorie de Stéphane Laborde, un groupe de
développeurs informatiques tente de créer une
monnaie parallèle nommée open-udc.
A
l’image des
SELs, ou plus précisément de Bitcoin ,
cette monnaie sans banque créée à
partir d’un logiciel P2P open-source, l’ambition est de permettre à
quiconque le souhaite
d’utiliser le logiciel et de mener une expérience grandeur nature ou
bien dans le cercle d’une communauté.
Mais à la
(grande) différence de Bitcoin, dans open-udc, les unités de monnaie
seraient créées selon les règles définies dans
la Théorie Relative de la Monnaie, c’est-à-dire
par la distribution d’un revenu de base dont le montant varie en
fonction du nombre de
participants. Pourquoi croire au succès de ce projet ? Parce qu’il n’y
a rien à perdre à le
rejoindre : on vous paie pour cela… Et pas besoin d’attendre que les
politiciens comprennent !
Le
revenu de base, réalité
de demain ?
« On est
tenté
de répondre « oui », car c’est « juste » une question de volonté
politique » explique Laurent, un partisan du revenu de base en France,
avant de relativiser :
« changer
de système et abandonner
l’assistanat qui enferme les personnes
pauvres dans des catégories ne
sera sans doute pas aussi rapide que souhaité ».
C’est que les
freins psychologiques autant que les blocages politiques vont être
difficiles à surmonter. Mais la crise pourrait
accélérer les choses, tant il apparaît clairement
que l’étau se resserre pour les peuples… comme pour les dirigeants.
Avec un chômage
qui atteint mois après mois de nouveaux records en Europe, la
précarité qui augmente, et à mesure que
les gains de productivités minent toujours plus
les rêves de retour au plein emploi et que le malaise français
vis-à-vis des failles de notre
modèle social devient de plus en plus insupportable, le
revenu
de base serait certainement
l’une des rares mesures permettant de sortir “par le haut” de cette
crise.
Alors, nos
décideurs auront-ils la lucidité nécessaire de répondre à l’appel porté
par la vision du revenu de base ?
A première
vue,
on voit mal pourquoi ils s’empareraient de l’idée tant qu’il n’y a pas
une forte demande électorale pour
celle-ci, voire des millions de gens dans les rues pour la réclamer.
Mais Frédéric, qui soutient également le revenu de base, se veut plus fataliste
:
« le
seul intérêt que j’y vois pour eux,
c’est de calmer la colère des millions de chômeurs,
précaires
qu’ils fabriquent, pour éviter un soulèvement concerté et organisé
contre ces institutions qu’ils ont aussi fabriquées ».
Voilà une bien
maigre motivation… quoique peut-être largement suffisante
Article
5
Envoi de "Marissé" : http://humeursdemarisse.blogspot.fr/
CONSOMMATION
ET
SURCONSOMMATION
par
Geoffrey Piotrowski
Posté
le 13 novembre 2012
L’accès
à la consommation nous est présenté comme la source du bonheur, alors
que paradoxalement, être consommateur rend vaine toute tentative
d’accéder au bonheur.
La
publicité
est là pour nous rappeler à l’ordre, pour créer
l’insatisfaction,
le manque et une dépendance par rapport à des produits qui jusque-là
n’étaient pas indispensables à l’épanouissement, et qui s’ajoutent à
nos besoins. Il serait plus sage de ne pas tenter d’avoir tout ce que
l’on nous propose, mais de savoir apprécier ce que l’on a. Il faudrait
d’ailleurs faire en sorte de se libérer de la surabondance (également
surabondance de pollution, d’uniformisation, de stress … etc. !) plutôt
que de convoiter avec obsession ce qui nous fait défaut (le pouvoir
d’achat, l’emploi, l’innovation, les parts de marché, la croissance,
etc.), pour plus de simplicité et moins d’illusionnisme. Posséder le
dernier « iphone » est-il indispensable à la vie ?
Comment les
hommes faisaient-ils avant toutes ces technologies high-tech
qui se
régénèrent indéfiniment ? Comment vivaient-ils, étaient-ils
épanouis, étaient-ils en manque ? En manque de quoi, de biens matériels
? Mais combien de ces choses sont vraiment utiles à notre
épanouissement ? Ne servent-elles pas plutôt à cacher notre frustration
devant ce monde que nous avons de plus en plus de mal à comprendre et à
appréhender ?
L’expansion du
développement transforme sur son passage l’autarcie des peuples en
misère, et partout sur terre, goûter à « l’économie de marché » devient
une addiction qui se substitue à tout mode de vie alternatif (gratuit)
et indépendant (libre). Ce système économique arrivera à son apogée
quand la mondialisation aura transformé toutes les cultures et toutes
les ressources naturelles en marchandises identiques.
Aujourd’hui
l’argent ne représente plus rien de concret et se répand plus vite
que les réalités du monde qui nous entoure, l’économie s’est emballée
comme un taureau fou. En se déconnectant de la réalité, elle est
devenue nocive. Cette pseudo science économique régit les décisions
politiques de tout bord, mais dans ses savants calculs, elle oublie un
facteur essentiel et déterminant : les
limites de la planète. En revanche elle est la source
de gains faramineux pour une petite oligarchie constituée de financiers
qui ont su endetter des pays en voie de développement comme le Brésil,
aujourd’hui contraint à rembourser sa dette en puisant dans les poumons
de la planète : la forêt Amazonienne.
En
renouvelant
obsessionnellement le marché pour amasser des gains, le progrès
technologique a rendu la surproduction et la surconsommation
responsable de la plupart des problèmes écologiques. Croire en
l’émergence d’une nouvelle technologie pour régler ces déséquilibres
serait alors un nouveau piège du progrès. Il est impératif de réduire
notre impact sur la planète, nous ne sommes pas des consommateurs nés. Cette surconsommation nous est
imposée malgré nous par
le modèle de développement capitaliste. Aujourd’hui
cette doctrine consumériste est une foi quasi-religieuse et
fondamentaliste.
Nous sommes pris en otage par le culte et le
conditionnement de la consommation. Dans cet empire économique, tout
n’est pourtant pas régi par le matérialisme, et il existe quantité
d’alternatives pour contribuer à son bien-être.
S’il est
parfaitement humain d’avoir des désirs autres que nos besoins
fondamentaux, passé un certain seuil, ces désirs exacerbés deviennent
déraisonnables et finissent par être une source de problèmes pour soi
et les autres. De plus l’ironie veut qu’une fois l’objet de son désir
obtenu, on est toujours insatisfait.
Ces
deux
constats permettent d’établir que le
bonheur ne s’achète pas, le bonheur s’apprend en s’ouvrant au monde et
en établissant une éthique personnelle, et non en suivant des modèles
préétablis.
Geoffrey
PIOTROWSKI
A
signaler un
choix conséquent dans le dossier contenant cet article :
les archives pour 2012 de
Conscience Citoyenne Responsable
: http://2ccr.unblog.fr/2012/
Pour
compléter dans
l'esprit critique :
Article
6
Envoi par Robert BIBEAU : http://www.robertbibeau.ca/
L’IMPOSSIBLE
SECONDE «RÉVOLUTION» INDUSTRIELLE
14.11.2012
Délocalisation
industrielle vers les États-Unis
Depuis
quelque temps, médias, journalistes et économistes français, belges,
suisses, constatent tristement que nombre
d’entreprises américaines
ferment leurs usines en Europe et les délocalisent vers l’Asie, mais
aussi, et cela est nouveau,
en direction des États-Unis. On rapporte
que la firme
Otis, un monopole américain, ferme son usine en Europe pour en rapatrier la
production aux USA. (1)
Une
puissance impérialiste en voie de désindustrialisation peut-elle
inverser le mouvement et se réindustrialiser progressivement
?
Si la réponse est positive pour les États-Unis, on peut imaginer qu’il
en sera de même en France, en
Belgique, en Suisse, en Grèce et au Canada. Nous croyons
que cette ré-industrialisation est possible à quatre conditions
que nous identifierons
par A, B, C et D dans le texte.
Ce
redéploiement industriel stratégique est rendu possible et nécessaire
par la combinaison de quatre facteurs concomitants.
D’abord, (A)
le libre-échange, que d’aucuns nomment la « mondialisation
des marchés sous le néo-libéralisme
». Le libre-échange permet en
effet aux capitalistes monopolistes de déplacer leurs usines partout
dans le monde,
de fermer sauvagement telle unité de production en Belgique, en France
ou au Canada et de la déplacer par exemple
vers les États-Unis où
la résistance ouvrière est larvée (B).
Le
libre-échange
implique des conditions douanières, tarifaires et de droit du travail
(A) qui ont été forgées par les fonctionnaires
de Bruxelles, de
Washington et d’Ottawa au bénéfice des multinationales présentes dans
l’espace de Schengen,
dans l’aire de l’ALENA et dans la sphère de l’OMC (Organisation
mondiale du commerce) (2). Récemment le
Collectif
Plate-forme contre le transatlantisme mettait
au jour les
pourparlers secrets entre les États-Unis (le Canada est
également en négociation) – et
l’Union européenne à propos d’une union douanière entre ces deux
alliances impérialistes
visant à forger un marché unique – transatlantique – afin de faire face
au dragon chinois. L’auteur de l’article
faisait très justement remarquer que « Le marché
transatlantique uniformise tout ce qui est nécessaire à la libre circulation
marchande (biens,
services, investissements, capitaux, cadres, experts NDLR) d’un côté à
l’autre de l’Atlantique,
en choisissant de renforcer prioritairement la «libre-concurrence »
(sic) et la compétitivité. Cela signifie que les
marchés financiers et les firmes
multinationales pourront agir de plus en plus librement sur un espace géographique de plus en plus
étendu.» (3).
Mais
cela
n’explique pas quels avantages sont recherchés par ce redéploiement
industriel et financier intra-capitaliste. Pour quels bénéfices doivent-ils
fermer à Gent pour investir au Michigan ? (4)
Réduction
des coûts du travail = réduire le prix de la «force de travail»
Depuis
plusieurs années l’empire étatsunien maintient
intentionnellement le dollar sous la valeur de l’euro,
ce qui
lui fournit un avantage
concurrentiel évident. Les biens et services produits aux États-Unis
sont ainsi moins chers à acheter
pour un européen, un canadien, un australien ou un japonais. Encore
faut-il que les coûts de production des biens et
des services soient sous
contrôle et maintenus au plus bas niveau possible (C),
sinon
l’avantage compétitif serait
annulé par l’écart salarial qui historiquement était à l’avantage des
états-uniens relativement bien payés, dans la grande
industrie monopolistique du
moins.
Ce n’est
plus le cas présentement car d’une part l’inflation engendrée par
l’injection constante de dollars neufs dans le
circuit financier a réduit le
pouvoir d’achat ouvrier, c’est-à-dire la valeur de la
marchandise «force de travail» sur le marché
étatsunien (C)
; de plus, les capitalistes américains, avec le soutien de leur
appareil d’État, ont lancé depuis nombre
d’années des attaques en règle contre les conditions
de travail, les salaires et les conditions de reproduction de la
force de travail des ouvriers
américains. Notamment, ils ont réduit les charges fiscales des
entreprises et accrue celles
des travailleurs.
Il
appert
que ces assauts virulents contre le prolétariat et les employés
états-uniens et la faible résistance du prolétariat
(B)
ont porté fruit. Aujourd’hui, non seulement la productivité
de
l’ouvrier américain (cadence de travail, nombre
d’heures de travail,
mécanisation-robotisation du travail, etc.), ainsi que son
bas
coût de revient (salaires et avantages
sociaux) fournissent deux
avantages concurrentiels inégalés aux entrepreneurs monopolistes
états-uniens face à
leurs concurrents européens et canadiens. De fait, dans
certaines parties des États-Unis les salaires et les conditions
de travail sont
équivalents à ceux en vigueur dans certains pays émergents
(C).
L’union commerciale entre les
deux grandes alliances (ALENA et Union européenne)
accentuera la concurrence entre les classes ouvrières d’Europe,
des États-Unis et du Canada.
Quel pays vendra sa marchandise « force de travail » au plus bas prix ?
Quel pays
aura la plus
forte productivité du travail et donc la plus grande compétitivité et
le plus fort taux de plus-value ? (5)
Ayant
quasi totalement écrasé la résistance ouvrière américaine (B),
ayant ramené le prolétariat et une large partie des
employés états-uniens à des
conditions de survie où, individuellement chaque travailleur se sent
menacé par le chômage
endémique et le surendettement ; totalement isolé dans sa résistance en
raison de la trahison de l’oligarchie syndicale
collaboratrice (à peine
15% des travailleurs sont syndiqués). Aux États-Unis chaque travailleur
esseulé (sans conscience
de classe) lutte pour sa survie personnelle et se vend au plus offrant
à des conditions ne permettant même pas
sa reproduction élargie (voir les notes numéro 5 et
8) !
Oubliez
la
petite-bourgeoise et la frange des employés bien payés
du
tertiaire hypertrophié qui ont commencé à passer à
la moulinette du processus
de réduction des revenus et de paupérisation effréné. Vous les entendez
s’apitoyer devant
l’exploitation éhontée et supplier qu’on leur accorde le sursis de
l’affidé.
Voilà
l’industrie américaine enfin prête pour un second souffle, un
«redécollage» – et une reconquête de ses marchés si ce
n’était d’une série de
problèmes aggravants qu’il lui faudra résoudre auparavant.
Attardons-nous à ces problèmes
quelques instants puisque l’Europe et le Canada y sont déjà confrontés.
La
concurrence inter-impérialistes
D’une
part, la Chine impérialiste maintient sa capacité concurrentielle : en
haussant constamment le niveau de productivité
de sa main-d’œuvre salariée (budget croissant en
recherche et développement, robotisation accélérée, cadence
effrénée) ; en contrôlant
sévèrement la lente et systématique augmentation des salaires de ses
ouvriers afin de se
constituer un marché intérieur.
En
outre,
la Chine a commencé à délocaliser certaines de ses entreprises à faible
valeur ajoutée et au facteur main-d’œuvre
– capital variable –
élevée où la mécanisation-robotisation est plus malaisée
(industrie du textile, du vêtement,
de la chaussure, de l’alimentation, etc.) vers
l’Asie du Sud-Est pauvre et vers l’Afrique miséreuse (Éthiopie, Nigeria) (6). La
Chine maintient ainsi sa capacité concurrentielle face aux américains,
aux européens et aux capitalistes
canadiens.
D’autre
part, l’Union européenne a commencé à lâcher du lest en
laissant tomber la valeur de l’euro qui s’échange maintenant
à parité avec le
dollar (idem pour le dollar canadien). Cela rétablit une
partie de la compétitivité de la production
industrielle européenne (idem pour le Canada).
Cela réduit aussi le pouvoir d’achat des travailleurs européens
et donc la valeur de la
marchandise «force de travail» ; ceci déprécie leurs maigres économies
et fait fondre
leurs
fonds de retraite (partie différée du salaire destinée aux rentiers) (7).
Devant cette ignominie, les ouvriers européens
ont déjà entrepris des
grèves féroces pour résister à l’érosion de leur pouvoir d’achat ou
pour obtenir des augmentations
salariales compensant l’inflation et la perte de pouvoir d’achat de
façon à assurer la reproduction élargie de leur force de
travail (8). Refusant d’être surexploités
au-delà de leur survie en tant que classe sociale, les travailleurs
européens mettent en
péril la ré-industrialisation de l’Europe, nous avertit
Attali.
Les
capitalistes monopolistes européens – quelle que soit leur drapeau
nationaliste chauvin – font déjà face à cette résistance
ouvrière généralisée en
Europe. Le maelström médiatique – de concert avec les politiciens
véreux et les bureaucrates
syndicaux affairistes – sont en campagne afin de démontrer, à partir
des exemples grec, espagnol, portugais,
italien et britannique, que les ouvriers qui ne se
soumettront pas et n’accepteront pas de se serrer la ceinture
et de revenir aux salaires
et aux conditions de travail d’antan (1968) seront rejetés par le
système économique,
omnipotent, et ils seront mis au rancart – chômage et assistance
sociale, soupe populaire, friperies et SDF (B).
Le dilemme
devient pour un ouvrier européen : mourir d’inanition en travaillant ou
mourir d’inanition sous l’assistance
sociale ? Voilà une condition de ré-industrialisation qu’une partie de
l’Europe ne rencontre pas encore alors qu’aux
États-Unis, une partie de la
classe ouvrière vit dans les parcs et dort sous la tente. En faillite,
près de 30% des jeunes
couples travailleurs américains sont retournés vivre chez leurs
parents. Maints salariés ont vu leur revenu réduit de 25% aux États-Unis et ça
continue. (9)
Puisque
les travailleurs américains s’y sont résignés, pourquoi les ouvriers et
les employés européens et canadiens ne s’y
résoudraient pas ? Alors, de
grâce, scandent les capitalistes français et leurs sous-fifres
socialistes, «oubliez les 35 heures»,
la France n’est plus au temps où les colonies
dopaient le PIB métropolitain. Pareil en Belgique. Aujourd’hui, «
enfants de la patrie, la
plus-value doit être produite ici et extorquée patriotiquement avec la
complicité de nos amis syndicalistes défaitistes ». (10)
La
dette souveraine est hors de contrôle
Cette
dépréciation de l’euro (du dollar canadien) a bien entendu pour
conséquence de hausser la valeur de la dette souveraine
de chaque état
européen déjà lourdement plombée. Plus un pays est
dépendant
de l’épargne et de la capitalisation
extérieure à la zone euro, plus sa dette augmentera au fur et à mesure
qu’il empruntera sur les marchés
extérieurs. Pour les pays qui se recapitalisent et qui empruntent sur
le marché européen, ce qui sera bientôt le lot
de tous les pays de l’UE
puisque peu de capitalistes financiers étrangers souhaiteront risquer
leurs deniers sur le marché
des obligations européennes dévaluées, les dettes des
divers
pays européens seront de la sorte communautarisées
- «
socialisées » - de facto, sans qu’il ne soit nécessaire d’adopter une
résolution quelconque au parlement
européen (D).
L’intégration financière-monétaire-fiscale se réalise sous votre nez,
camarades européens ; ce qui,
évidemment, est déjà implantée au Canada et aux USA (D).
Ainsi,
aux
États-Unis, la FED achète les obligations d’épargne du
gouvernement yankee et dévalue d’autant la valeur du
dollar US. Il
semble que la Banque centrale européenne (BCE) ait décidé de recourir
au même stratagème suicidaire.
En effet, ce système de financement de la dette est suicidaire puisque
cette opération de renflouement des budgets
gouvernementaux des pays de
la zone euro à même de l’argent utopique-inflationniste ne fait que
reporter la crise de
surproduction – de sous-consommation – de chômage aggravé – et
d’endettement privé et public catastrophique
– vers d’hypothétiques échéances qui ne
sauraient tarder ni être évitées.
Demain,
économistes pédants, politiciens maniérés et autres cassandres
viendront expliquer qu’il faut davantage de sacrifices
de la part des «citoyens»
; réclamer moins de salaires et plus de productivité-compétitivité ;
exiger moins de services
publics afin de réduire les déficits publics gargantuesques conséquence
de l’endettement croissant ; cautionner
les guerres coûteuses et destructrices ; et,
finalement, quémander plus de subventions et de dégrèvements
fiscaux en faveur de
«vos» entreprises en crise et de «vos» banques en déroute de manière à maintenir «leur» ardeur
concurrentielle (compétitivité) et «leurs» taux de plus-value et de
profit. (11)
Profit
accru – reproduction élargie
Ne
vous
méprenez pas. L’objectif du développement du système capitaliste n’est
pas d’accumuler des profits astronomiques
– vous faites erreur sur la finalité.
L’objectif ultime du système capitaliste à son stade impérialiste de développement
est, à travers cette
prise de profits astronomique, d’assurer sa reproduction élargie. C’est
la loi inaltérable
du
système qui pousse les concurrents monopolistiques intercontinentaux à
s’entredéchirer afin de s’assurer
de survivre et de prospérer : “exploite,
accumule plus-value (PV) - profits, réinvestis ce capital constant (CC)
et
ce capital variable (CV) et assure un nouveau
cycle de reproduction élargie ; dans le cas contraire, péris et dépose ton
bilan”.
Voilà la recette capitaliste d’Arnault,
Buffett, Slim, Gates, Desmarais, Bettencourt, Mittal, Soros, Pinault et
Péladeau,
peu importe
leur drapeau national en berne. (12)
Les
marionnettes politiques, socialistes, libérales, conservatrices,
péquistes, caquistes, NPD, UMP, Démocrates, Républicaines
et lepénistes ne sont
là que pour réguler cette transaction financière entre d’une part
l’investisseur – le preneur
de risque avec le
capital public, les fonds de pension et les caisses d’assurance
– et d’autre part les masses ouvrières
et besogneuses privées de tout pouvoir et vendant
leur marchandise «force de travail» au plus offrant contre
un salaire de moins en moins
raisonnable et des impôts de plus en plus déraisonnables.
C’est
à
prendre ou à laisser clame, l’impérialiste : nulle échappatoire au sein de
ce système… même pas
l’utopie de rétablir
les frontières
nationales de façon à se recréer ce petit milieu d’exploitation
capitalistique patriotique d’antan, à l’abri
de la concurrence internationale, où l’exploiteur sanguinaire parle
français à des ouvriers exploités comprenant le
français, ou l’anglais, ou
l’allemand ou l’italien...ou le montagnais.
Deux
voies
s’offrent aux ouvriers : suivre l’exemple étatsunien et vendre leur
marchandise « force de travail » à forte productivité
en dessous du prix de
revient (sous le seuil de reproduction élargie = mourir à petit feu
tout en travaillant)
assurant ainsi la ré-industrialisation compétitive de « leurs firmes
nationales » (sic) ; ou résister de toutes leurs
forces, rejeter le Traité de
fiscalité (TSCG) et le pacte de productivité et les traités de
libre-échange transatlantique
et surtout renverser le système capitaliste.
______________________________________
Notes
:
(8) La reproduction élargie de la
force de travail d’un ouvrier comprend ce qui lui est personnellement
nécessaire pour vivre, être
soigné, s’éduquer, se divertir et vivre sa retraite en sécurité, mais
aussi pour se reproduire, procréer, élever
et faire éduquer ses enfants, les faire soigner et les préparer à
devenir esclaves salariés.
Article
7
Envoi de Joseph RAHARIJESY : http://www.fokonolona-mivao.org/
L'EXPLOITATION
DE TOZZI GREEN A
MADAGASCAR
Paris,
le 27 novembre 2012
Soutenons
les éleveurs et leur patrimoine contre l'accaparement de
vastes
surfaces de terres par la société Tozzi Green
à Madagascar
La société italienne Tozzi Green, une filiale du groupe italien Tozzi
Renewable Energy, cultive essentiellement du jatropha, un
agrocarburant, sur le plateau
d’Ihorombe dans le Centre Sud de Madagascar et vise une surface de 100 000 ha. Cette
société déclare qu’elle
s’installe dans cette zone avec l’accord des populations : quelles
populations exactement ont été
consultées et ont donné leur accord ? Les autorités locales ? Quelques
notables des villages ?
Plaintes
et
revendications des populations locales
Le
16 novembre
dernier, dix représentants de neuf villages situés dans les communes de
Satrokala, Andiolava, Ambatolahy
et Ihosy, région d’Ihorombe sont venus à Antananarivo et ont tenu une
conférence de presse pour manifester
leur opposition à cette exploitation et pour « exprimer leur détresse
». Ils se sont déplacés pour faire connaître
leurs plaintes car les droits des habitants ont été piétinés. « Nous
n’avons plus aucune prise sur nos terres, des
personnes étrangères à nos mœurs y imposent leurs lois.
Elles ont étendu progressivement la surface de leurs cultures
et utilisent aussi nos terres
maintenant. Nous, petits paysans, sommes obligés de partir car ce sont
des gens munis d’armes qui
nous
expulsent de nos terres. La perte de l’herbe où les zébus pouvaient
brouter a entraîné le décès
du
bétail sur place. Ils ont détruit les tombes de nos ancêtres. Les lieux
sacrés ont déjà tous été détruits par les tracteurs
». Ils sont complètement désemparés actuellement
car ils sentent qu’ils ressemblent à des œufs qui affrontent
des rochers dans cette situation,
et font appel à l’Etat central […], la plupart des habitants partent en
exode et
deviennent quasiment des
sinistrés. Face à la confiscation de leurs terres, les fokonolona
(communautés de base) ont
souligné que « les conséquences de l’accaparement de nos terres par
Tozzi Green auront des conséquences
graves ». Les populations ont faim et les coutumes des Bara sont
bafouées. (1) Les réactions des médias
à cette conférence de presse ont été
diverses : certains n’en ont pas parlé, d’autres l’ont relaté sans
citer le nom de la société
incriminée, quelques-uns l’ont rapportée en accusant les représentants
des villageois d’être des complices
des dahalo (bandits, voleurs de zébus).
Par ailleurs, le
18
novembre, 350 habitants de 17 Fokontany de la commune d’Ambatolahy ont
signé une pétition qu’ils ont
adressée aux autorités locales et nationales pour leur demander
d’intervenir afin d’empêcher l’extension des plantations et
d’éviter les expulsions qu’ils
risquent de subir dans les zones convoitées par Tozzi Green et par la société indienne
Landmark.
Ces plaintes
rejoignent les propos et revendications des habitants des villages de
Satrokala, Andiolava, Soatambary et Ambatolahy dont le
Collectif TANY a reçu des témoignages. Ils
ont dit avoir hérité des terres de leurs arrière-grands-parents qui
avaient cultivé là selon les
coutumes ancestrales. Ces terrains ne sont pas titrés et bornés, mais
constituent des possessions
familiales coutumières depuis plusieurs générations. Ces terres
renferment aussi l’histoire de leurs ancêtres. Si
l’Etat les leur prend de force, ils seront
perdus, leurs descendants seront décimés, car ces terres sont des zones de pâturages
de leur bétail et les
revenus provenant de l’élevage de zébus leur procurent leur nourriture
et remplacent
leur salaire. C’est
grâce à cela qu’ils ont pu envoyer leurs enfants à l’école. Certains
champs de cultures sont devenus
inutilisables. Le labour des terres par les tracteurs a rendu
impossible le passage des zébus à travers les champs. Le
jatropha n’est comestible ni pour
les zébus, ni pour les enfants ni pour les familles, disent-ils. Ils demandent donc à
l’Etat d’avoir pitié d’eux et
de les protéger.
Certains
villageois
ont accepté les demandes de la société, ont-ils ajouté, et ceux qui ont
résisté ont reçu des menaces. On
leur aurait promis différentes compensations dont ils n’ont pas vu
l’effectivité. Ils parlent tous de la nécessité
de défendre leurs droits, leurs
terres, leur source de revenu traditionnelle, leur patrimoine culturel.
Les
principales victimes sont les éleveurs de zébus des zones pastorales
En
effet, une grande
partie de la population du plateau d’Ihorombe est constituée par les
éleveurs Bara, et, les grands espaces
à perte de vue que certains citadins considèrent comme des zones
inoccupées sont les zones de pâturage de leurs
zébus. Certains pays respectent et gèrent
parcimonieusement ces zones pastorales à travers une Charte ou un Code
Rural ; mais les dirigeants et décideurs
malgaches successifs les ont négligées. Que la société Tozzi Green et
ses cadres méprisent
la culture
traditionnelle des populations, on pourrait ne pas s’en étonner, mais
il est inconcevable que
les
autorités locales et centrales ne les protègent pas ; car des
responsables de l’Etat malgache avaient ratifié le Pacte international relatif aux droits
économiques, sociaux et culturels (2)
Actuellement,
sur
les 8 000 ha déjà accordés, 2 000 ha seraient exploités, « le projet
enregistre 170 employés permanents
et environ 2.000 mains-d’œuvre saisonnières dont plus de 50% sont
originaires de la région Ihorombe » rapporte un journal (3) suite à la campagne
de promotion de Tozzi Green. Les
bénéfices en termes d’emploi sont minimes
par rapport aux dégâts économiques,
sociaux et culturels.
De
nombreuses questions sur les transactions et les engagements
La
société Tozzi
Green aurait loué le terrain des pépinières à des particuliers et
contracté un bail emphytéotiques avec l’administration,
la durée de ce bail citée dans les articles
de presse est quelquefois de 25 ans, d’autres fois de 35 ans. Une
transparence et une mise à disposition de
tous les citoyens de toutes les clauses du bail s’avère nécessaire. Sur
combien d’hectares
portent les
contrats actuels ? Comment sont formulées, les procédures et les
conditions d’extensions
progressives de la mise à disposition des terres pour la société ?
Quels critères sont utilisés par le Comité de Pilotage (4) pour évaluer les
réalisations et décider d’approuver une nouvelle extension ? Que cache
l’incongruité« 2 000 ha toujours
en phase d’essai » ? (5) Les citoyens doivent être
informés du contenu intégral des contrats : quelles
autorités les ont signées, quelles compensations y
sont prévues ? Quel sort y est réservé aux populations qui vivent
sur ces terres selon le droit coutumier
? ..…
Le plateau
d’Ihorombe de 2 000 000 ha va-t-il être accordé en totalité ou en
grande partie à Tozzi Green ou à d’autres
sociétés d’agro-business ? Quelles surfaces vont être prévues pour les
paysans et leurs descendants pour le développement de
leur agriculture familiale et de leur
élevage extensif ? Une information éclairée des communautés concernées et la
prise en compte de leurs
pratiques et des intérêts des populations par les divers responsables
de l’Etat,
pour améliorer
réellement le bien-être de la majorité des Malgaches, nous semblent
indispensables pour aboutir à un
développement équitable et durable.
Ces questions
intéressent au plus haut point non seulement les autorités centrales et
locales, les notables et populations
des différents villages concernés mais également l’ensemble des
citoyens de toutes les régions de l’île. Ce qui arrive dans
l’Ihorombe interpelle tous les citoyens ; car
la surface concernée y est la plus importante connue dans le cadre de l’opacité
qui règne sur les
transactions foncières et l’accaparement de terres à Madagascar
actuellement.
Surveiller ce qui
s’y passe et refuser tout ce qui est inacceptable pour ne pas créer de
précédent devient un enjeu d’envergure
nationale - voire internationale -, en plus de la défense des droits
d’usage et de la culture des populations de la région. Une
vigilance sur les produits du sous-sol très
riche de cette zone s’impose également.
Les
communautés
d’éleveurs se mobilisent et sollicitent une meilleure considération des
dirigeants de l’Etat. Au mois d’octobre
2012, après un voyage en Europe, une haute autorité de l’Etat chargée
du Foncier est passée dans l’Ihorombe
pour réceptionner une voiture tout-terrain et des ordinateurs destinés
aux services des Domaines et de la Topographie
« résultat d’une collaboration avec Tozzi Green » (6).
Le passage de cette haute autorité dans la région aurait-elle
coïncidé avec une nouvelle
extension des zones attribuées à Tozzi Green et accru l’inquiétude
légitime des populations ?
Lorsque par ailleurs la communication puissante de Tozzi Green annonce
la mise en place par cette société
à Satrokala d’un BIF -Birao Ifoton’ny Fananan-tany, guichet foncier -
qui va gérer la délivrance de certificats fonciers sur les propriétés privés non
titrées (4)
-, l’on ne peut qu’être indigné par le conflit d’intérêts qui est
en train de
monter en
puissance au niveau de la gestion des terres dans la région avec la
bénédiction des autorités centrales.
Soutenons
les populations qui défendent leur patrimoine !
Non à
l’intimidation
des citoyens de l’Ihorombe qui ont osé demander l’arrêt de l’extension
des terres accordées à la société
Tozzi Green !
Réitérons avec
insistance la demande de transparence totale sur le contenu des
contrats signés par l’Etat car ils engagent
et brident l’avenir des générations présentes et futures !
Il
est temps
d’arrêter l’accaparement des terres à Madagascar !
Pour Le Collectif pour la Défense des
Terres Malgaches – TANY
______________________________________
Notes
:
(1) Traduction libre de l’article
‘Ihorombe - Fasana sy trano maro noravan’ny Tozzi Green’ paru dans
Inona ny Vaovao n°1031.
Article
8
Envoi de Laurence MARTINEAU
LA VIE
FACILE DE L'INTERMITTENT :
IL
EST TEMPS DE (SE) FAIRE LE POINT
Par
Jacques-Emmanuel Astor
Dimanche 28
octobre 2012
Ce
matin,
comme tout bon intermittent gâté pourri qui se respecte, je me suis
levé tard, je me suis fait un café et, conscient
de ma vie facile, j’ai
décidé de me la couler douce en glandant sur Facebook.
Et là,
oh
! surprise, je tombe sur le titre de votre journal. Nous sommes
dimanche, on vient de passer à l’heure d’hiver,
il pleut, ça sent la journée
"Drucker" à plein nez, alors oui, c’est bon de rire parfois.
Alors
comme ça, pendant que la France trime et croule sous les impôts,
l’intermittent du spectacle, lui, se la joue tranquille
et se la coule douce ?
Si vous le dites, c’est que cela est sûrement vrai, je ne doute pas de
vos qualités d’investigation
à l’heure où vous avez ébauché cette couverture. Vous êtes
journalistes, un métier noble, respecté, intègre,
sans régime spécial,
abattements professionnels intouchables et autres. Vous êtes la France
qui travaille, qui informe,
qui guide... Vous êtes à des milliers de kilomètres de la réalité du
monde qui vous entoure et que vous ne croisez
plus depuis longtemps dans
les salons de vos rédactions.
Je suis
intermittent du spectacle, oui, mais ce n’est pas mon métier, c’est un
statut. Mon métier ? Technicien du cinéma,
plus précisément assistant
réalisateur chargé de la figuration. Je fais, je travaille dans le
cinéma, cette activité qui
occupe encore quelques pages dans votre hebdomadaire et dont certains
de vos collègues se targuent de connaître,
de comprendre et de juger en pages culture. Je
suis en charge de recruter les figurants, les acteurs de compléments,
ceux qu’on ne voit
pas, ceux qu’on ne connaît pas, ceux qui viennent pour une journée de
tournage, parfois
deux, salariés en CDD pour des salaires qui ne dépassent pas vos notes
de frais. Ceux sans qui une séquence de
foule n’existerait pas, ceux
sans qui la vie et l’ambiance du film serait bien démunies en leur
absence. Ce sont donc
des "acteurs de compléments", des hommes, des femmes anonymes qui
cumulent 43 cachets en 10 mois et demi
pour vivre de leur métier, à
raison d’une brève apparition par film en attendant un rôle, une pièce
de théâtre où ils ne
seront pas rémunérés durant les mois de répétitions précédant les
représentations. Ca n’a rien de pathétique,
rien de glorieux, c’est leur métier avant d’être
un statut.
J’emploie
en moyenne 300 personnes par film, je reçois en moyenne 2000
candidatures. Je crée des foules, des "chorégraphies"
de passants qui
passent, je place, habille des gens comme un enfant déballe sa boite de
Playmobils. Avec
envie, avec plaisir. Souvent je trouve le figurant idoine, parfois je
sauve juste le statut d’un comédien en manque
de travail. Ca n’a rien de
confortable, rien de pathétique, rien de glorieux. Le seul point commun
qui nous anime, eux et
moi, est l’envie de faire le métier, ce métier, toujours, tout le
temps, le plus souvent possible.
Je ne
connais pas d’assistant-réalisateur, d’assistant-caméra, d’ingénieur du
son ou autres professionnels de la profession,
qui ont choisi ce
métier par confort du statut, je ne connais que des techniciens,
artistes qui, tout jeune, ont
choisi par passion ce mode de vie, sans connaître pour la
plupart, les tenants et les aboutissants des calculs unedics
à leur encontre. Non
messieurs, mesdames les journalistes, au même titre que le journalisme,
on n’entre pas dans ce
métier par hasard, par intérêt, on y entre uniquement par envie, par
passion, quitte à tirer un trait sur une vie
classique, facile, rangée,
confortable. Mais on l’assume, on ne revendique rien, on ne se plaint
pas, on aspire juste à
un peu plus d’objectivité de votre part.
Oui,
nous
bénéficions d’un statut spécifique qui peut choquer en ces temps de
crise, mais ce n’est pas nouveau, c’est le prix
à payer pour qu’un semblant
de culture subsiste aujourd’hui. Connaissez-vous un autre moyen pour
qu’une exception
culturelle survive aujourd’hui ? Pour que certains réalisateurs,
metteurs en scène continuent de créer des films,
des spectacles, dans cet
océan de médiocrité culturelle qui nous submerge aujourd’hui ?
De tout
temps, la culture a eu besoin des élites et des états pour vivre. Le
ménestrel mangeait grâce à la générosité du
seigneur du château, qu’en
serait-il aujourd’hui des pièces de Molière sans l’aide de Louis XIV ?
Un Michael Haneke
existerait-il aujourd’hui sans subventions et sans des techniciens
confirmés ?
Alors
vous pouvez titrer sur les gabegies de l’état, sur les facilités des
intermittents, oui, vous pouvez, vous avez la chance
de pouvoir profiter d’une
liberté d’expression que vous ne cessez de revendiquer au même titre
que nous pouvons
revendiquer une aide à la création pour que cette dite création
continue d’exister chaque jour que Dieu fait.
Au lieu
de tirer sur des cibles faciles, d’aborder des sujets qui divisent les
gens au lieu de les amener à se rencontrer, à se
comprendre, posons-nous
ensemble la question que personne n’ose aborder aujourd’hui : "Qu’est
ce que la culture
aujourd’hui ? Quelle est sa place dans notre société ? L’importance que
nous lui accordons et le soutien que nous
lui apportons ?"
Offusquez-vous
des facilités accordées à moins de 100 000 artistes et techniciens en
France à condition de soulever cette
hérésie, cette supercherie de notre société moderne qui
se plaint de l’augmentation de l’essence, mais qui patiente
en foule des heures durant
devant des magasins, pour posséder des smart phones à plus de 600 euros
ou le dernier jeu
vidéo à la futilité indispensable. Qui crache sur des artistes
intermittents mais qui s’extasie devant une miss
météo ou une bimbo de bas
étage enfermée dans un loft en prime time. Aujourd’hui un film de
cinéma est vu par 100
000 spectateurs, soit 100 foins moins qu’une vidéo sur Youtube, d’un
mannequin qui flatule dans un jacuzzi.
Oui, la
culture mérite le soutien de la société, mais à vous lire et à voir ce
qui nous entoure, la société mérite-t-elle encore
qu’on la cultive et en
a-t-elle encore envie ?
Ce
matin,
comme tout bon intermittent qui se respecte, je me suis levé tard… Pour
la première fois depuis deux mois. Je
viens de finir un tournage
auquel je suis heureux et fier d’avoir participé, un film avec peu de
subvention où chacun
a
fait l’effort financier pour que ce film existe.
Je me
suis fait un café et je suis tombé sur la première page de votre
journal. Je suis déçu de voir que des hommes de
lettres et d’écrit puissent
tirer à boulets rouges sur une catégorie qui pourtant au départ, n’est
pas loin de leur ressembler.
J’ai lu votre couverture… Je lirais l’article au hasard d’une salle
d’attente de médecin ou dans le hall de la CAF et
du Pole emploi. Là où
finissent fatalement vos œuvres.
Demain
matin, lundi, je vais tenter de joindre mon Pôle Emploi pour renouveler
mon statut. L’hiver approche ainsi que ma
taxe d’habitation, je ne
bénéficie pas d’allocation de rentrée scolaire pour mon fils et je
compte bien lui apprendre
à lire, à discerner l’écrit, les lettres, de la diatribe poujadiste.
Plus tard, il aura un vrai métier à l’avenir assuré
: journaliste au Point ou
footballeur, qu’en pensez vous ?
L’intermittent
est plus fourmi que cigale par les temps qui courent.
Jacques-Emmanuel
ASTOR
Article
9
Envoi par Roger-André HALIQUE : http://www.poesiehalique.com/
" Mohamed Bouazizi , de son vrai nom Tarek
Bouazizi
, né le 29 mars 1984 à Sidi Bouzid et mort le 4 janvier 2011 à Ben
Arous, est un vendeur ambulant tunisien dont la tentative de suicide
par immolation le 17 décembre 2010, qui conduit à son décès deux
semaines plus tard, est à l'origine des émeutes qui concourent au
déclenchement de la révolution tunisienne évinçant le président Zine
el-Abidine Ben Ali du pouvoir, et sans doute par extension aux
protestations et révolutions dans d'autres pays arabes connues sous le
nom de Printemps arabe."
_______Image fournie par
l'auteur_______________________________________Source image___
LE PARFUM DU
JASMIN
Un
vent de liberté
Au parfum de Jasmin
Avait en ce matin
Réveillé le désert.
Tarek Bouazizi
Au seuil de sa mosquée
Venait de s’immoler
A l’heur’ de la prière,
Par le feu dénonçant
Son maître haïssable
D’avoir vampirisé
Des familles entières.
Avant ils étaient libres
Sur l’océan des sables
Eternels navigants
Au dos des dromadaires…
Tarek fut le premier
Suivi par vingt et cent
Qui devinrent des milliers
Le cœur en bandoulière.
En invoquant leur dieu
Au chant du muezzin
Pour vaincre leur tyran
Ils n’avaient que des pierres.
S’il faut pour se grandir
Renaître sarrasin
Qu’importe le martyre
En mourant l’âme fière !
Le sang de vos garçons
N’a pas coulé en vain
Femmes séchez vos larmes
Ils ont brisé leurs fers !
Ils seront le levain
D’un meilleur avenir
Aux enfants de demain
Et plus libres qu’hier !
Un espoir s’est levé
Au parfum de jasmin
Chevauchant sa victoire
Dans le vent du désert.
Dernière
modification : 24.12.12,
16:24:16