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Article 1 : GENERATION « CORN FLAKES »
par Jean-Jacques REY
Article 2 : MAYOTTE : OU EST DONC LA REPUBLIQUE ? A propos des élèves "en situation irrégulière"
par Jean-Philippe DECROUX (envoi de Christian JOLI)
Article 3 : SONNETTE ... D'ALARME
par Kacem LOUBAY
DOSSIER : COLOMBIE
*** Article 4 : MANIFESTE CONTRE LA BARBARIE : Une issue pour la Colombie
par collectif d' intellectuels et citoyens progressistes (envoi d'Alix RENAUD)
*** Article 5 : COLOMBIE : PLEIN FEUX SUR LA GUERILLA ET GRAND SILENCE SUR LES CRIMES d'ÉTAT
par Projet Accompagnement Solidarité Colombie : PASC ; etc. (envoi d'Alix RENAUD)
DOSSIER : MAI 68
*** Article 6 : MAI 68 : ANNIVERSAIRE ET BILAN
par Benoist MAGNAT
*** Article 7 : L’HERITAGE DES EVENEMENTS DE MAI ET JUIN 1968 EN FRANCE (Parlons–en...)
par Guy CREQUIE
*** Article 8 : REEQUILIBRER L’ORIGINE DES EVENEMENTS DE MAI ET JUIN 1968 EN FRANCE !
par Guy CREQUIE
*** Article 9 : DEMOCRATIE OU DROIT A LA DEFONCE ?
par Jacques-Robert SIMON (envoi de Joao SILVEIRINHO)
GENERATION « CORN FLAKES »
Parmi les multiples fractures qui parcourent le corps social en France, il en est une qui a pu paraître anodine et qui prend toute son importance aujourd’hui. Elle explique, en plus des peurs séniles, la résurgence de l’esprit vichyssois qui nous englue aujourd’hui. Il s’agit d’un véritable corrupteur de la République Française qui provoque l’alignement de celle-ci sur des intérêts étrangers. Le phénomène a été couronné par l’arrivée au pouvoir de « l’empereur » Sarko-sa, populiste élu par défaut, mais dans un choix restreint que nous offrait la déliquescence des partis politiques : c’est toujours à ces moments-là que s’annoncent les hommes « providentiels » d’ailleurs !
Il est entendu que je ne fais pas au cas par cas, mais je veux illustrer une tendance.
Ainsi, après la génération « hippies », voilà la génération « corn flakes » qui arrive aux commandes. Finis, la bohème et le sac à dos ! ceux-là préfèrent le confort, la couette au lit et le petit déjeuner dans la cuisine. A l’aventure, ils préfèrent plutôt la gestion prévisionnelle des situations ! Ils pensent que l’efficacité, c’est de se mettre au goût du jour, et ils sont devenus experts en danse du ventre ! Il ont entre trente et quarante cinq ans, sont la progéniture des soixante-huitards et leurs envers.
Si les uns voulaient revenir aux origines, revendiquant une liberté illusoire et souvent narcissique, les autres s’enferment dans leurs bulles jusqu’à s’éclater dans l’incohérence… Ils ne pipent rien ou pas grand chose de ce qu’ils apprennent comme standards et références, mais ils récitent tout par cœur. C’est sans doute pour cela qu’ils raisonnent sur le mode binaire qui anime leurs écrans, mais pas seulement par erreur de jeunesse !
Ils sont droits dans leurs baskets, tirés à quatre épingles et impatients, cela ne va jamais assez vite pour eux ; mais demandez-leur alors pourquoi ils veulent aller vite, ils ne savent pas vous répondre ; parce qu’ils ne se posent jamais la question de ce qui peut être autrement et qu’ils ont une sainte horreur de se remettre en question. Malgré les apparences, ils sont fragiles aux choc de la vie. C’est ainsi qu’ils sont des bons client pour la déprime et même le spleen, les statistiques du suicide s’en ressentiraient d’ailleurs…
Ils n’ont jamais vu que l'amplification de la crise d’un modèle de société progressiste, lentement mais sûrement, et la plongée par palier dans le marasme, généré par le NAIRU : fort taux de chômage entretenu. Ils n’ont vu de la politique, souvent que les palinodies des « has been » et le jeu de quilles des arrivistes. Le pouvoir qui en découle, pour eux, est le tourne-vis qui leur resserre régulièrement les marges de manoeuvre du libre choix, pour les nécessités matérielles d’existence, et certainement pas l’envolée lyrique, l’épiphénomène de la science sociale, avancée ! Comment s’étonner dès lors qu’ils soient prêts et conditionnés pour la régression des acquis sociaux, quand les anciens n’ont fait que reculer pour mieux les trahir ?
Ils ont la culture générale des coléoptères : en roulant leur bouse, ils s’imaginent plus près des réalités, mais il ne faut pas leur demander de voyager trop loin, même s’ils se réfugient dans d’autres mondes ! Après cela, ils servent de cobayes et de bilboquets au libéralisme économique, on les fiche en terre et on fait tourner le monde autour d’eux, pour qu’ils aient l’impression que cela bouge. On appelle cela l’art de la pensée en bonzaï : tout une culture critique !
Leur efficacité, au travail ou ailleurs, pour donner du sens ? … On dirait des clous de girofle qui se baladent dans la choucroute ! après ça, on viendra nous parler de leur pragmatisme…
A ceux qui disent : « vous me faites marrer, j’ai une femme et des enfants, il faut que je les fasse bouffer, etc. » je dis : vous aurez bonne mine quand les vôtres vous diront, mais qu’as-tu fait pour défendre notre avenir, à part d’avoir peur pour nous ? … La vérité, c’est qu’ils ne pensent qu’à leur nombril, ces gens-là !
Et voilà ! la France est en train de devenir une république bananière où les droits fondamentaux sont remis en cause de plus en plus systématiquement, avec l’accord tacite d’une majorité de citoyens, et on a beau nous amuser avec des faits divers, hauts en couleur, cela n’y changera guère. Alors les donneurs de leçon de morale, qui ont jailli comme un parterre en fleurs, l’année dernière, ils apparaissent pour ce qu’ils sont : des esprits étriqués et dociles comme ceux qui attendent toujours de voir de quel côté se dessine, la victoire… Citoyennes, citoyens, étonnez-moi, étonnez-vous, le printemps 2008 arrive et le temps de l’imagination aussi !
Jean-Jacques
REY
Envoi de Christian Joli
pour
Jean-Philippe Decroux,
proviseur
du lycée de Kahani, responsable du SNPDEN (UNSA)
(regroupant
80% des Proviseurs – Principaux et adjoints de Mayotte)
BP
04 97670 COCONI - Mayotte (île des Comores, Océan
Indien)
MAYOTTE : OU EST DONC LA REPUBLIQUE
?
A
propos des élèves "en situation irrégulière"
Mayotte,
le 1/02/08
Un
grand-père arrêté devant une école, une
vieille dame grabataire et un avocat menacés d’expulsion…
Quand ces informations de métropole parviennent à
Mayotte – territoire français – on est éberlué
de l’ampleur de la couverture médiatique réservée
à ces évènements (certes inacceptables) tant
ici, c’est chaque jour que l’on vit l’insupportable.
Il
est incompréhensible qu’un tel silence entoure la
réalité de ce qui se passe sur cette île en passe
aujourd’hui d’accéder à un statut de
véritable collectivité territoriale.
Mais où
est donc la République ?
Il s’agit de parler ici des
élèves " en situation irrégulière ",
du sort qui leur est réservé quotidiennement, du
respect de la Loi, des valeurs de l’Ecole.
Il faudra, en
premier lieu, essayer de comprendre une Histoire complexe et un
contexte particulier où l’on a affaire à de "
drôles de clandestins ".
UNE
HISTOIRE COMPLEXE
L’archipel des Comores, composé de 4 îles, était Français depuis plus de 150 ans, avant la Savoie ( !), lorsque – lors d’un référendum d’autodétermination, en 1974 – elle accéda à l’indépendance.
Toutefois, Mayotte vota alors à l’encontre des 3 autres îles. Il faut souligner qu’elle venait de perdre l’implantation du pouvoir central de l’archipel et que les Mahorais ne se sentaient pas bien traités par leurs compatriotes de Grande Comore, de Mohéli et d’Anjouan. Il faut sans doute aussi considérer les manœuvres de la diplomatie et des services français, désireux de garder pied dans l’Océan Indien.
C’est ainsi que la France qui aurait dû – en droit - se plier au vote de la majorité comorienne et à la position de l’ONU, entérina ce séparatisme.
Par la suite, Mayotte confirma – par référendum – sa volonté de rester dans le giron français. A noter qu’elle devrait, dans l’année qui vient, voter l’accession à un statut de " département - région".
Depuis 30 ans donc, des efforts – absents pendant une centaine d’années - ont été entrepris pour développer une économie locale au fonctionnement proche de celui du tiers-monde et pour entreprendre l’assimilation culturelle d’une population qui, pour 90% d’entre elle, ignorait la langue française.
Le PIB est ainsi aujourd’hui dix fois plus élevé à Mayotte que dans les îles voisines qui connaissent une gestion pour le moins chaotique ; en 30 ans, sur ce territoire français, le nombre d’élèves a progressé de 2.000 à 70.000 et le système de santé s’est largement développé.
On est là bien entendu à la source même de la réalité de l’immigration et on est passé ici d’une population de 80.000 habitants au double aujourd’hui avec, selon l’INSEE, au bas mot 55.000 personnes en situation irrégulière. Toutefois, on a affaire ici à de drôles de clandestins…
DE
DROLES DE CLANDESTINS
Depuis toujours, les Comoriens circulaient librement à travers les quatre îles de leur pays. Les membres d’une même famille vivaient indifféremment, par exemple, à Mayotte ou à Anjouan, distantes de 70km. Un individu pouvait posséder des terres ici et vivre là…
De plus, beaucoup de Français d’ici sont issus de familles d’autres îles et sont venus au fil du temps.
D’ailleurs, des pans entiers de l’économie ont toujours fonctionné grâce à l’apport de la main d’œuvre comorienne, notamment l’agriculture, la pêche, le bâtiment et le commerce.
Enfin, l’imprécision des registres de l’état-civil, le peu d’intérêt porté par l’ensemble de la population aux questions administratives et à l’écrit, rendent souvent difficiles la distinction entre Mahorais et non Mahorais. D’autant plus que physiquement, on les distingue aussi peu qu’un Haut Normand d’un Bas Normand !
Les évènements des années 70 n’ont rien changé à tout cela.
C’est en 1995, à l’instauration du visa obligatoire imposé aux Comoriens pour entrer à Mayotte, qu’est apparue la notion de " clandestin ".
Une douzaine d’années après, chacun sait désormais de quoi il s’agit !
DES
CHIFFRES VERTIGINEUX
Si chacun s’accorde à dire " qu’on ne peut accueillir ici toute la misère du monde ", il n’en reste pas moins que le traitement de la " l’immigration clandestine " est devenue à Mayotte totalement délirant.
A la fin 2007, le ministre chargé de l’immigration, M. Hortefeux, soulignait qu’il n’avait pas atteint l’objectif national qui lui avait été assigné de 25.000 reconduites à la frontière " Le score " atteint devant se situer entre 23.000 et 24.000… Une fausse modestie évidemment au service d’un affichage médiatique.
Il n’a pas précisé que, dans cet ensemble, 16.147 expulsions avaient été opérées à Mayotte, territoire 350 fois moins peuplé que la métropole. C’est pratique Mayotte pour faire du chiffre !!!
Il n’a pas précisé que beaucoup de ces personnes – leur foyer, leur famille – étant parfois depuis longtemps à Mayotte, revenaient systématiquement et pouvaient être à nouveau arrêtées et renvoyés, une deuxième, une troisième fois…
Il n’a pas précisé que ces retours en " kwasas-kwasas " (barques de pêcheurs) se soldaient régulièrement par des naufrages et que c’étaient plusieurs centaines de morts – les noyades, les requins - qu’on pouvait dénombrer chaque année. " le plus grand cimetière de l’Océan Indien "dit-on.
Il n’a pas précisé que ces expulsions étaient opérées parfois au mépris des droits fondamentaux dans un contexte d’insularité où tout contre-pouvoir est difficile à mettre en place.
DES
PRATIQUES INTOLERABLES
Le souci de " faire du chiffre " ne permet évidemment pas de porter une réelle attention aux situations. C’est ainsi que des enfants de parents expulsés se retrouvent, de plus en plus nombreux, totalement livrés à eux-mêmes,…parfois à n’importe qui. Il n’est pas rare de voir des enfants mendier ou se nourrir sur les décharges publiques. Des bandes se forment et on a affaire là à de vraies bombes à retardement.
A l’inverse, lors de la visite de la CIMADE (seule association agréée par l’Etat pour visiter les centres de rétention), sa responsable s’est déclarée choquée "… du nombre de mineurs expulsés seuls chaque année - ce qui est strictement interdit par la loi – et confiés à des personnes plus ou moins proches… ". Pour 2006, c’est le chiffre de 3093 qui est avancé !
Elle ajoute que " …le centre de rétention de Mayotte est le pire de France… " La surpopulation peut y atteindre 200 personnes pour 60 places. Les gens sont massés dans deux petites pièces de 50m2, sans les matelas ni les draps réglementaires, avec seulement 5 gamelles pour la nourriture.
Au-delà des conditions d’accueil, elle constate que " les pouvoirs publics profitent du fait que ces personnes ne sont pas informés de leur droit "et qu’on ne leur permet pas toujours de téléphoner pour contacter un avocat ou alerter des proches.
Ce dernier point est déterminant pour les élèves qui ainsi n’ont pas toujours la possibilité de prévenir leur établissement scolaire.
Les vacances scolaires, par exemple, périodes de moindre réactivité, sont particulièrement propices à des expulsions massives.
LES
TEXTES QUI CONCERNENT LES ELEVES
La question de l’immigration à Mayotte, ce " confetti ", îlot de prospérité au cœur du canal du Mozambique, ne peut être à l’évidence réglé uniquement par de bons sentiments. Avec toutes les réserves exprimées ci-dessus, il faut admettre que la tâche des responsables est complexe si l’on veut éviter que " Mayotte ne coule sous le poids de l’immigration clandestine ", comme le disait le premier Président de la Collectivité.
En revanche, la situation des " élèves clandestins " ne devrait souffrir – quant à elle – d’aucune ambiguïté.
Il suffit de s’appuyer sur les textes en vigueur.
L’ordonnance du 2 novembre 1945 dispose " qu’il n’appartient pas au ministère de l’éducation nationale de contrôler la régularité de la situation des élèves étrangers et de leurs parents au regard des règles qui régissent leur entrée et leur séjour en France. "
La circulaire du 20 mars 2002 complète ce texte en affirmant que "…l’inscription, dans un établissement scolaire d’un élève de nationalité étrangère, quel que soit son âge, ne peut être subordonnée à la présentation d’un titre de séjour…
Ces principes étaient d’ailleurs confirmés il y a quelques mois par l’actuel Ministre dans une note aux Recteurs et aux Inspecteurs d’Académie : " …Des errements récents me conduisent à vous rappeler que les services de l’Education Nationale ne sont pas chargés de contrôler la situation des parents d’élèves au regard de la législation sur le droit de séjour des étrangers… "
Par ailleurs, la loi 2005-380 précise que " Tout élève qui, à l’issue de la scolarité obligatoire, n’a pas atteint un niveau de formation reconnu doit pouvoir poursuivre des études afin d’atteindre un tel niveau. "
Il est précisé par ailleurs que les élèves étrangers doivent pouvoir suivre tout stage en entreprise nécessaire à la validation de leur diplôme.
Ces références qui sont au cœur des valeur de l’Ecole et de la République, font l’objet de remises en cause constantes de la part des autorités.
DES
REMISES EN CAUSE CONSTANTES
Deux aspects motivent ces offensives réitérées :
En premier lieu, nous l’avons déjà vu, les représentants de l’Etat, les forces de l’ordre sont sous pression pour " faire du chiffre ". Il ne faut pas croire d’ailleurs que ce forcing – peu motivant sur un plan professionnel et qui tend à laisser de côté les missions quotidiennes de sécurité - convienne vraiment à la majorité d’entre eux.
En second lieu, l’effort dans le domaine des constructions scolaires peine à suivre la hausse démographique et il arrive que les responsables de l’Education Nationale rêvent tout haut à la solution si évidente d’une Ecole sans " clandestins " !
On assiste donc à de nombreuses arrestations de jeunes scolarisés qui, pour un certain nombre d’entre elles, se concluent par une reconduite à la frontière. C’est le cas quand un jeune n’a pu faire prévenir le Réseau d’Education Sans Frontières de l’Ile de Mayotte et son établissement. Soit l’élève n’a pas pu téléphoner ou le week-end et les vacances retardent les interventions. Il faut noter en effet que ces interventions officielles sont dissuasives et permettent souvent d’obtenir une libération.
Il y a eu ensuite des consignes données aux principaux de collège d’orienter systématiquement les élèves sans papiers en C.A.P. pour raccourcir leur temps de scolarité à venir. Il a fallu un certain temps pour faire échec à cette directive contraire aux textes cités plus haut. Si les établissements ne doivent en effet pas contrôler la régularité de la situation des élèves (comment donc les repérer !), il est d’autant plus inacceptable de pratiquer une telle discrimination. On est là au cœur même des valeurs de laïcité.
Puis, il y eut, la présentation par le Sous – Préfet aux chefs d’établissements, en présence du Vice – Recteur, d’un projet de note du Préfet qui demandait " aux établissements scolaires d’exiger un titre de séjour pour permettre l’inscription des majeurs scolarisés… " et qui précisait que " pour les jeunes au-delà de 16 ans, une inscription devait dépendre des résultats et de l’assiduité des élèves… "
Au-delà
du fait qu’une fois de plus il fallait rappeler que les
contrôles de légalité ne revenaient pas aux
établissements, les personnels de direction ont solidairement
répondu " qu’ils appliqueraient à tous les
élèves les mêmes procédures d’orientation
".
Seul le mérite de chacun doit être pris en
compte, en effet. Les élèves doivent tous être
traités avec la même bienveillance et la même
sévérité.
Enfin, on assiste désormais à quelques refus d’entreprises d’accueil d’élèves en stage sans carte d’identité française, suite à des pressions des services de l’Etat. L’argument s’appuie sur le fait que le code du travail entre, dans certains cas, en contradiction avec le code de l’Education.
Mais, au-delà de l’argumentation juridique et réglementaire, ce sont des jeunes, des enfants, faits de chair et de sang, que, dans les établissements scolaires, on écoute et on regarde dans les yeux. Leurs conditions de vie dramatiques ne peuvent que bouleverser, en particulier ceux dont le métier est de se consacrer aux élèves.
HISTOIRES
VECUES
Voilà quelques illustrations de la situation faite aux élèves en situation irrégulière. Ce ne sont que des exemples pris parmi beaucoup d’autres et qui concernent un même établissement. Cela a ainsi l’avantage de la fiabilité du témoignage direct. Le nom des élèves a bien entendu été modifié.
Il faut noter que, dans ce lycée, on est particulièrement " réactif " et que cette réputation sert plutôt l’intérêt des élèves qui, de leur côté, n’hésitent pas à alerter les responsables. Ainsi, le pire à Mayotte n’est sans doute pas connu.
Anfane, élève de terminale BEP Electrotechnique avait 18 ans il y a deux ans. Un matin, à quatre heures, des policiers municipaux forcent la porte de son " banga " (cabane), déchirent ses papiers scolaires, l’attachent et le conduisent à la mairie en attendant l’ouverture de la gendarmerie. Il parvient à se libérer et à s’échapper.
Quelques jours plus tard, la même scène se reproduit. Cette fois-ci, il est menotté et remis à la gendarmerie, puis à la Police aux frontières (P.A.F.)
Après de multiples interventions de la direction du lycée, d’enseignants, de proches (c’est un garçon bien connu qui écrit " ses mémoires " !), il est libéré.
On apprend alors que les policiers municipaux tentaient régulièrement d’abuser de l’amie d’Anfane… Cette amie deviendra d’ailleurs sa compagne et ils auront par la suite un enfant.
Une poignée d’enseignants du lycée dénoncent publiquement ce type d’arrestations illégales (policiers municipaux) et créent, dans la foulée, le Réseau d’Education Sans frontières de l’île de Mayotte (RESFIM).
La veille de la rentrée suivante, le voici de nouveau arrêté par la gendarmerie… Il proteste et reçoit " un coup de boule ". On répond alors qu’il sera expulsé pour rébellion et que, dans la mesure où ce sont encore les vacances, il n’est pas considéré comme élève… On parviendra encore à le faire libérer.
Mais, gardons nous de tout manichéisme. Quelques mois plus tard, il se rend à l’hôpital pour de problèmes graves aux yeux. Il est encore arrêté. Un responsable de la P.A.F. est joint ; l’élève a en effet prévenu très vite le lycée et est encore dans le camion grillagé. Le responsable donne des ordres et Anfane est libéré devant l’hôpital comme par un taxi. Il sera évacué dès le lendemain vers La Réunion pour un décollement de rétine.
Anfane est toujours là et passe cette année son Bac. Technologique après une première d’adaptation ; il rêve d’hypothétiques études supérieures…
Zainaba a 18 ans et prépare un B.E.P. carrières sanitaires et sociales. Elle est mère célibataire d’un enfant d’un an. Elle est arrêtée et clame sa volonté de retrouver son bébé resté chez la voisine. On passe outre et elle est expulsée comme tous les reconduits à la frontière vers Anjouan (île la plus proche). Elle revient quelques jours plus tard dans un kwasa-kwasa chargé de 30 personnes et de 7 cabris. Elle aura versé 100 euros pour cela à des passeurs sans scrupules. Elle ne dira jamais comment elle a trouvé cette somme, mais elle racontera les larmes de terreur et les prières collectives dans cette fragile embarcation sans cesse au bord du naufrage…
Saïd est arrivé de " Grande Comore " à l’âge de deux ans, des documents l’attestent. Il a 18 ans et prépare un BEP mécanique. Il est arrêté et expulsé vers Anjouan, pays qui lui est inconnu et où il n’a pas la moindre famille. Il dort dans une mosquée où, comme toujours en pays musulman, il trouvera un adulte pour lui porter secours.
Il revient clandestinement deux mois plus tard.
Cette expérience, des relations difficiles avec sa mère le perturbent beaucoup. Il tente alors de se suicider en avalant une dose de raticide. Il effectuera alors un long séjour à l’hôpital et gardera des séquelles physiques et psychologiques de ce drame.
Quelques mois plus tard, en octobre dernier, il est à nouveau arrêté en se rendant à l’hôpital pour les soins réguliers qu’il suit en ORL. On n’en tient aucun compte et il est à nouveau expulsé.
En décembre, il revient à nouveau dans un kwasa-kwasa qui est intercepté. Il parvient à prévenir le lycée dont les responsables interviennent pour faire valoir sa situation. On s’empresse de le reconduire à la case départ avant que l’intervention ne se fasse plus pressante.
Il est encore à ce jour aux Comores où les contacts (dans une cabine téléphonique sur place) s’espacent progressivement. Sa voix est devenue un filet et il dit saigner de la gorge. Il vit là-bas sans ressources.
Mouhamadi a 17 ans. Il est arrêté, en compagnie d’une jeune fille, au volant de la voiture de son frère mécanicien (sans permis bien sûr, mais aussi sans assurance). Le père de ce garçon est Français et sa mère possède une carte de séjour. Le policier qui traite son affaire décide qu’il a 18 ans et le vieillit d’un an sur les documents officiels. Il aggrave ainsi son cas avec une accusation de détournement de mineure et le rend de cette manière " expulsable ". Il est donc renvoyé à Anjouan.
La protestation publique du lycée, la mobilisation des enseignants de l’établissement et du RESFIM font que l’affaire se termine dans le bureau du Secrétaire général de la Préfecture qui, finalement, autorise son retour dans l’attente d’une décision de justice sur son état civil et sur les faits reprochés.
Deux mois plus tard, la Justice classe élégamment l’affaire en se fondant sur les conditions concrètes de l’arrestation.
Mouhamadi est aujourd’hui en Bac. Pro.
Souffou vient d’avoir 18 ans, il est en seconde et est admis à entrer en première. En juillet dernier, il est arrêté et expulsé. En Août, juste avant la reprise des cours, il revient en kwasa-kwasa. C’est alors le drame ; la barque fait naufrage au large de Mayotte. Souffou a péri en compagnie d’enfants, de femmes enceintes… Un responsable de la PAF, nouvellement arrivé, confiera bouleversé, que cette vision insoutenable change son appréhension de l’immigration clandestine…
Nassurdine a 17 ans, il a été arrêté il y a une semaine. Au responsable du lycée qui rappelle que son âge n’autorise pas à l’expulser, deux personnes de la PAF soulignent successivement que ce n’est pas une difficulté : " on le rattache à n’importe quel majeur qu’on reconduit à la frontière et basta !... " On en est donc au point où on ne cache même plus ces viols de la loi !
Au rappel du cas de Mouhamadi, Nassurdine est libéré.
MAIS
QUELLE SOLUTION ?
Chacun s’accorde à dire que la solution à l’immigration clandestine est dans l’amélioration des conditions de vie dans le pays d’origine, afin bien entendu que les gens ne soient pas contraints à fuir la misère et à chercher à Mayotte un sort meilleur. Le consensus se fait alors sur la nécessité de développer la " coopération régionale ".
Les actions dans ce domaine sont encore modestes et se heurtent de plus à quelques obstacles. On peut citer évidemment " le mode de gestion " de certains responsables sur place, mais – pour ce qui concerne la formation – quelle efficacité peut-on attendre, par exemple, d’une action de formation pédagogique menée par nos professeurs français en direction d’enseignants anjouanais alors que ces derniers n’ont pas touché leur traitement depuis plusieurs mois ?
En tout cas, les élèves en situation irrégulière accèdent, à Mayotte, à des formations de qualité et à de vrais diplômes. Tout ceci n’a rien à voir avec le délabrement du système éducatif des Comores.
Au-delà de la mission incontournable de l’Ecole qui se doit d’accueillir tous les élèves sans distinction et d’offrir ainsi à tous l’opportunité d’un destin individuel réussi, la formation des élèves " en situation irrégulière " est la meilleure forme de coopération régionale.
Si l’on se place en effet dans l’optique d’un retour ultérieur dans le pays d’origine, on donne ainsi à ce pays la chance de bénéficier de personnes qualifiées, ce qui est l’un des incontournables du développement économique.
On fournit également des citoyens qui ont pratiqué, à travers l’Ecole de la République, des valeurs de tolérance et de démocratie.
Tout ceci ne peut être que porteur de progrès.
Mais, aujourd’hui, on ne peut tolérer la situation faite, à Mayotte, en France, à des élèves de l’Ecole de la République.
Ce
texte est fait pour circuler le plus largement possible et contribuer
ainsi à faire cesser ces pratiques indignes de notre pays.
En
France métropolitaine, on doit être informé de
ces drames humains, de ces atteintes au droit et à la dignité
humaine.
Les élèves, ici, doivent pouvoir compter
sur les démocrates, les responsables politiques attachés
aux valeurs de la République et de l’Ecole, aux leaders
syndicaux, aux journalistes dont le métier est au cœur
de l’exercice des libertés.
Jean-Philippe
DECROUX
Envoi par Kacem loubay :
http://www.jj-pat-rey.com/FEUXDELAMER/POESIE/oeuvresamies/k-loubay/index.html
SONNETTE ... D'ALARME
Voyez
comme notre monde est devenu petit
Comme
notre terre a le visage tout retourné
Nos
écrans familiarisés nous ont martelés
D'informations
dramatiques, hallucinantes
Les
pluies diluviennes se sont abattues
Des
avions perdus au plus profond des océans
De
la plus simple catastrophe naturelle
Ils
nous ont ciblés et tués avant terme
Nos
idées démarquées se sont télescopées
De
la maladie de la Vache Folle et ses revers
A
l'hégémonie des hommes forts de la planète
Faîtes
le bilan de l'impact de la désinformation
Faîtes
vos comptes dans vos ordinateurs démesurés
Notre
monde est devenu trapéziste et en déséquilibre
A
nous tous des doses rénovées de psychothérapie
Nous
sommes tous atteints du syndrome de myopie
Et
de l'avancée inexorable des maladies mentales
L'amnésie
caractérielle est en avance et nous contamine...
Nous
éjaculons nos fantasmes d'agression collective
Nous
vivons sous pression de la violence quotidienne
Dont
l'origine est au fond de la fausse modernité
Partout
l'indice des valeurs humaines décline
Entre
le paroxysme jamais atteints par les uns
Et
la courbe en suspension volcanique des autres
Tout
chute dans le magma en fusion de l'intolérance
Voyez
où culmine le progrès de la médecine
Il
est l'écran durable pour les pays les plus nantis
Que
faire des autres pays, des radiés, des tiers-mondistes
Ils
sont partout, les passifs, les incarcérés de
l'impuissance
Ils
vivent dans des geôles à ciel ouvert, oppressés
Et
attendent l'espoir des hommes et d'un soleil agonisant
La
terre est le berceau de l'incommensurable désert
Des
plaintes continuelles et de la répression innommable
Sous
la tutelle des hommes à la poigne de fer
On
prône partout la richesse pour tous les hommes
Le
partage des bienfaits colossaux de toute la nature
Puis
on assiste à la succession de tous les fléaux
Du
Mardi Noir et de ses répercutions sur tous les pays
Allumez
de nouveau des cierges à la mémoire des morts
Remuez
votre mémoire à la quête de fragments de
souvenirs
Que
faîtes - vous de ceux qui meurent quotidiennement
Des
victimes qui souffrent encore des bombes à neutron
Le
reste des agonisants des déchets de l'uranium appauvri
Les
ruines des avions des alliés qu'ils ont accumulées
Les
récoltes brûlées, calcinées, ravagées
par le napalm
Recherchez
dans vos archives qui saignent encore
La
suprématie de la race pensante, dirigeante des tueries
Et
que dîtes - vous de l'asservissement d'un peuple révolté
L'Afghanistan
ouvre son ciel à vos razzias télé - portés
Ses
terres incultes à vos tanks - bulldozers civilisationnels
Tuez,
massacrez, rasez tous les corps, le reste de récoltes
Faîtes
de cette terre une tombe renouvelée par vos forces
Vous
pleurez souvent vos morts et ils le font ces autres
Il
paraît qu'ils n'ont plus le même sang que vous tous
Dans
leurs veines circule lourdement le sang de l'incompréhension
Ils
sont compressés sous l'étau des plus sombres fatalités
Celle
d'un ciel indomptable qui s'éloigne de ses ailes
D'un
soleil cuivré qui darde des contingents d'ions négatifs
Des
neiges qui ensevelissent une nature en défriche
Et
des hommes sous l'aval des conflits scissionnistes
Des
guerres claniques sous l'étiquette des polarisations...
Que
ferez - vous de ces nouvelles guerres qui apparaissent
Des
enveloppes empoisonnées envoyées par des assassins
Des
enveloppes que craint un monde moderne traumatisé
Anthrax
ou spécimens de la folle course bactériologique
Des
autres séries noires aux desseins noirs encore inconnus
Levez
l'ancre, la mer risque de devenir écumante de rage
Rendez
le sourire, la confiance, la dignité à tous les peuples
Notre
monde contemporain n'a plus besoin de nouvelles croisades
Nous
sommes loin des anciennes guerres de religions
Nous
voulons une nouvelle oasis où règne enfin la paix.. !
C'est
trop demander à cette machine infernale en rodage
De
la petite balle aux mines personnelles qui explosent encore
Des
avions de reconnaissance, d'espionnage, aux bombardiers
Des
simples engins aux torpilles inter - continentales qui tuent
De
l'industrie de guerre, de destroyers, et des déstabilisations
De
l'assistance technique, militaire, aux affres des renversements
C'est
dur... ! Que faire.. ? Voir, attendre, souffrir et espérer...
Je
crains la paix n'est pas pour demain, ni pour le lendemain
Peut
- être dans dix ou cent ans, patienter encore plus ...
Quand
la planète ; notre planète changera, sera anéantie
Par
une main criminelle qui déclenchera la fin de ... l'existence
©
Kacem LOUBAY
KHENIFRA
: Mardi 23 Octobre 2001
MAROC
loubay_k[au]yahoo.fr
Le poète de l'autre rive
DOSSIER
COLOMBIE
Envoi d' Alix Renaud : http://membres.lycos.fr/alixrenaud/biograph.html
pour
collectif d' intellectuels et citoyens progressistes,
appel initié par les Professeurs Leopoldo Múnera (UNC, Colombie), Matthieu de Nanteuil (UCL, Belgique), Alfredo Gomez-Muller (ICP, France)
MANIFESTE
CONTRE LA BARBARIE
Une
issue pour la Colombie
source
:
http://www.betancourt.info/Fr/Manifeste2008/Contre%20la%20barbarie%20ordinaire.pdf
Par Olivier Abel, Michel Agier, Noam Chomsky, Orlando Fals Borda, Alain Caillé, Arturo Escobar, Nancy Fraser, Victor Juan Gelman, Pierre Hassner, François Houtart, Yvon Le Bot, Michel Molitor, Manuel Moncayo, Michel Serres, Laura Restrepo, Juan Manuel Roca, Boaventura de Sousa Santos, Philippe Texier, Alain Touraine, etc.
Nous, intellectuels et citoyens progressistes, attachés à la démocratie autant qu'à la justice sociale, nous qui plaidons pour qu'émergent des sociétés émancipées de toutes les formes de violence (politique, économique, sociale, culturelle) et défendons le droit des populations à construire des alternatives face aux dangers d'un capitalisme sans entrave, nous qui aimons la Colombie pour y vivre au quotidien, nous qui l'avons fuie, nous qui y avons des amis ou ne la connaissons que de loin, nous voulons dire notre douleur et notre honte devant le sort fait aux séquestrés et, à travers eux, devant l'ampleur de la tragédie humanitaire colombienne, qui asphyxie la population civile et bafoue les principes élémentaires de la dignité humaine.
Nous tenons d'abord à exprimer notre condamnation sans appel de la pratique de la séquestration, pratiquée par les Farc, les autres guérillas, les paramilitaires, certains éléments de la force publique et la délinquance de droit commun. La séquestration est par elle-même un crime atroce, menant à l'épuisement physique et à la mort sociale des personnes concernées. En outre, en raison des conditions d'insalubrité ou de l'intensification du conflit, elle expose directement ces personnes à une mort définitive. Rien, absolument rien ne peut la justifier. Il en va de même pour toutes les exactions (attentats, menaces, assassinats, massacres) exercées à l'encontre de la société civile, par des groupes armés illégaux, mais aussi des membres de la police et des forces armées légales, dont les stratégies exclusivement guerrières les ont conduits à pervertir leur projet politique et éthique initial.
Nous condamnons avec une fermeté identique l'attitude irresponsable et inacceptable du gouvernement colombien. Son refus de reconnaître l'existence du conflit armé et d'y appliquer les principes du droit international humanitaire, la chape de plomb qu'il fait peser sur les familles des otages en évoquant régulièrement la perspective d'opérations militaires, les insultes qu'il adresse aux membres de l'opposition démocratique, constitués en cible potentielle ou réelle des groupes paramilitaires, les accointances de ceux-ci avec les narcotrafiquants et les dirigeants politiques – dans un contexte où l'appareil judiciaire n'est pas en mesure de conférer aux principes de vérité, de réparation intégrale et de non-répétition des exactions la moindre traduction concrète –, enfin l'échec d'une politique de «sécurité démocratique», incapable de garantir la vie aux plus déshérités alors qu'elle cherche à légitimer ses actions en s'abritant derrière le motif fallacieux d'une «guerre contre le terrorisme», tous ces éléments pointent l'immense responsabilité du pouvoir actuel et appellent une condamnation de même nature.
Nous condamnons enfin les politiques de certains membres la Communauté internationale, en particulier celle du gouvernement étasunien qui, avec les Plans «Colombie», «Patriote» et «Consolidation», donne à ce régime les moyens logistiques et financiers d'une guerre atroce. De son côté, l'Union européenne ne cesse de se voiler la face devant une réalité humanitaire désastreuse, au nom d'intérêts économiques indiscutés – visibles très récemment dans les négociations engagées avec la Communauté Andine. Or cette réalité-là est têtue, ainsi que le montrent les rapports de la Commission des droits de l'homme de l'ONU sur la situation colombienne depuis des années. Faut-il en effet rappeler que la Colombie compte plus de 3.000 séquestrés – dont un peu moins d'un tiers détenu par les Farc – 30.000 victimes de disparition forcée – essentiellement par l'action des groupes paramilitaires –e t 3,9 millions de déplacés ? Faut-il rappeler que ce pays est, avec le Soudan, celui qui connaît le plus grand nombre de déplacés au monde, que 60% de la population y vit en dessous du seuil de pauvreté et qu'il est le théâtre d'injustices sociales et culturelles insupportables ?
Voilà pourquoi nous exigeons une mobilisation immédiate de toutes les voix démocratiques qui en Colombie comme en Amérique du Sud, dans l'Union européenne comme aux Etats-Unis, peuvent contribuer au sauvetage des otages et à la mise en place de l'accord humanitaire, étapes nécessaires à la construction d'une solution non-violente et négociée au conflit. A cette fin, nous demandons publiquement : .Que les Farc libèrent immédiatement et sans condition tous les otages civils en leur possession, qu'il s'agisse des otages économiques ou politiques. Précisons que ces derniers ne sont échangeables contre aucune rançon, ne sont pas concernés par un éventuel accord humanitaire et dépendent entièrement de la bonne volonté de leurs geôliers. Devant l'extrême douleur des familles, les Farc doivent faire preuve de responsabilité politique et de cohérence éthique. Ils doivent démontrer leur capacité à créer les conditions d'un dénouement, sans lesquelles leur lutte n'a absolument aucun sens. S'il était prévu jusqu'ici que ce geste soit une contrepartie à l'accord humanitaire, il peut aussi l'anticiper : les récentes vidéos et lettres des otages politiques sont un appel désespéré pour que des mesures soient prises sans délai. Logiquement, cette exigence de libération vaut pour tous les acteurs responsables de séquestration.
Que le gouvernement fasse preuve d'une responsabilité analogue, abandonne définitivement l'hypothèse d'un sauvetage militaire et jette les bases d'un accord humanitaire permettant l'échange de prisonniers (guérilleros incarcérés contre policiers et militaires séquestrés). Il faut souligner à cet égard la logique juridique et morale d'un tel accord : encadré par le droit international, il vise à régler pacifiquement et momentanément l'échange de prisonniers en temps de guerre. Il traduit donc l'insertion d'une logique de non-violence dans une situation de violence structurelle. Dans cet esprit, aucune des perspectives disponibles ne doit être négligée, à condition toutefois que les négociations en vue de la libération des otages ne soient pas indéfiniment instrumentalisées au service de stratégies guerrières.
Que la Communauté internationale fasse preuve d'un engagement sans relâche au service de la paix et des droits humains en Colombie, théâtre de la plus grande tragédie humanitaire du continent latino-américain depuis le second conflit mondial.
Trois demandes spécifiques sont ici à l'ordre du jour: le maintien non-révocable du bureau de l'ONU sur place et l'accroissement de ses moyens d'action ; l'envoi d'un délégué permanent de l'Union européenne, permettant de renforcer l'impact de la diplomatie européenne vis-à-vis l'accord humanitaire ; le développement de divers mécanismes contraignant l'Etat colombien à garantir aux associations ayant intenté des recours auprès de la Cour interaméricaine des droits de l'homme de voir ces actions menées à terme. Là encore, ces éléments sont à considérer comme les premières étapes de la reconstruction d'un système judiciaire entièrement indépendant, capable de mettre un terme aux crimes commis par les parties en conflit et de répondre à la demande des associations de victimes de se voir reconnaître un droit inaliénable à la vérité, à la réparation intégrale et à la non-répétition des exactions.
Au-delà, c'est au peuple colombien qu'il appartiendra de dessiner la voie politique lui permettant de renouer avec la justice sociale et de rejeter les diverses formes de violence qui s'expriment sur son territoire. Parmi les preuves de vie des otages parvenues récemment à la presse et au monde, l'une a particulièrement retenu l'attention : celle qu'Ingrid Betancourt adresse à sa mère. Bouleversante par son mélange d'intimité et d'universalité, d'épuisement et de résistance morale, les mots qu'elle contient sont comme des traits d'union entre victimes anonymes et reste du monde. L'auteur y cite Albert Camus. Le meilleur moyen de lui faire écho est sans doute de poursuivre la lecture de l'auteur de L'Etranger. Et de s'arrêter sur ces mots : «La tyrannie totalitaire ne s'édifie pas sur les vertus des totalitaires, mais sur les fautes des libéraux» (A. Camus, Actuelles I). En Colombie, le visage des séquestrés comme celui des autres victimes de crimes inacceptables sont le reflet de toutes nos entraves à agir. Il est plus qu'urgent d'inverser le cours des choses, si l'idée d'humanité peut encore avoir un sens pour nous.
Cet appel a été initié par les Pr. Leopoldo Múnera (UNC, Colombie), Matthieu de Nanteuil (UCL, Belgique), Alfredo Gomez-Muller (ICP, France). Il bénéficie de l'appui institutionnel de Planeta Paz, organisation non gouvernementale d'appui aux mouvements populaires colombiens pour la paix, et la Ficib (Fédération internationale des Comités Ingrid Betancourt), organisation non gouvernementale de soutien aux victimes de la séquestration en Colombie. Il a été signé par plus de 300 intellectuels du monde entier, dont 228 colombien(ne)s).
On peut trouver la liste complète des signataires, ici :
http://www.betancourt.info/Fr/Manifeste2008/Manifeste%20Firmas25-1.pdf
ou répercutée là :
http://www.liberation.fr/rebonds/307133.FR.php
Pour
appuyer cette initiative et signer la pétition internationale,
Contre
la barbarie ordinaire :
http://www.betancourt.info/Fr/Manifeste2008/Manifeste.htm
Formulaire pétition à
:
http://www.lapetition.com/sign1.cfm?numero=1519
Sites
de référence :
Fédération
Internationale des Comités Ingrid Betancourt pour la
libération des otages en Colombie
http://www.educweb.org/Ficib/ :
site
(perso) Betancourt.info :
http://www.betancourt.info/indexFr.htm
Colombie,
la mort facile, les preuves de vie :
http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1307
Envoi d'Alix Renaud : http://membres.lycos.fr/alixrenaud/biograph.html
pour
Projet Accompagnement Solidarité Colombie, PASC : http://www.pasc.ca/
COLOMBIE
PLEIN
FEUX SUR LA GUERILLA ET GRAND SILENCE SUR LES CRIMES d'ÉTAT
MONTRÉAL, 31 janvier 2008.
Alors que le Gouvernement d'Alvaro d'Uribe convoque les colombiens pour ce lundi 4 février à une grande marche sous le slogan "Plus d'enlèvements, plus de mensonges, plus de morts, plus de FARC" et que des groupes à Montréal et ailleurs répondent à l'appel, nous tenons à manifester devant la population notre indignation face à cette manipulation de l'opinion publique qui, sous des allures humanitaires, écarte les tentatives de négociation permettant de mettre fin au conflit armé. Le gouvernement Colombien cherche à occulter vrai visage du conflit soit que 75% des violations de droits humains sont commis par l'administration Uribe et les forces paramilitaires auxquelles il est lié . (Source : Aministie internationale, Human Rights Watch)
Cet appel à la mobilisation contre les FARC discrédite la volonté du gouvernement de négocier pour trouver une solution politique à l'actuel conflit puisque il survient au moment où les pourparlers avec cette guérilla, sous l'égide du président vénézuélien Hugo Chavez, ont permis la libération de deux otages d'importance, Clara Rojas et Consuelo Gonzalez. Au lieu d'emboîter le pas dans ces négociations, le gouvernement Uribe manipule la douleur des familles des otages pour nourrir une haine vengeresse qui réduit les possibilités d'une sortie négociée au conflit et lui permet d'occulter sa responsabilité dans les crimes contre l'humanité. Car s'il est vrai que les FARC violent le droit humanitaire international en séquestrant des civils, l'administration Uribe maintient quant à elle un régime de terreur contre toute opposition politique, non seulement face aux groupes de guérilla, mais aussi face à la population civile, ciblant principalement les organisations syndicales (la Colombie a le plus haut taux d'assassinat de syndicalistes au monde), les organisations étudiantes, paysannes, autochtones, etc. lesquels groupes de population sont victimes de massacres, déplacements et exils forcés (plus de 3 millions de déplacés), disparitions, exécutions extra judiciaires, détentions arbitraires, torture commis par les troupes paramilitaires, l'Armée nationale et la police.
Ce lundi 4 février, à Montréal et à Sherbrooke, des québécois et des colombiens sortiront pour contrer cet appel belliqueux du gouvernement colombien. « La voie militaire et l'épreuve de force ont montré leur incapacité à mettre fin à la guerre qui dure depuis plus de 40 ans » comme l'explique Antonio Suarez, réfugié colombien au Québec. « Au lieu d'animer les hostilités, le gouvernement doit commencer par reconnaître l'existence du conflit politique et non nier sa réalité en la réduisant à des actes terroristes. Nous avons besoin d'une solution politique négociée au conflit sans quoi le cercle de la violence continuera à faucher des vies et nos espoirs de paix ».
--o--
Projet
Accompagnement Solidarité Colombie, PASC, Montréal
www.pasc.ca
Comité
pour les Droits Humains en Amérique Latine , CDHAL, Montréal
www.cdhal.org
Comité
de solidarité avec le mouvement étudiant colombien du
Regroupement autonome des jeunes, RAJ, Sherbrooke
Contact média : Ex défenseurs de droits humains en Colombie :
Montréal : Leila Celis , PASC ( 514) 966-8421
Sherbrooke : Mauricio Correa , Comité de solidarité avec le mouvement étudiant colombien du Regroupement autonome des jeunes ( 819) 580-3103
--o--
Complément d'informations :
Newsweek
:
De la liste noire aux favoris: Autrefois un baron de la drogue,
Uribe est maintenant un allié de premier plan de
l'administration américaine
http://www.newsweek.com/id/54793
Human
Rights Watch :
Colombia's
Checkbook Impunity - a Briefing Paper
http://hrw.org/backgrounder/americas/checkbook-impunity.htm
Colombie: Le pouvoir des chefs paramilitaires menace la
démocratie
http://hrw.org/french/docs/2007/05/02/colomb15835.htm
Amnistie
Internationale :
Le président Uribe doit réaffirmer ses
engagements en faveur des droits humains
http://www.amnestyinternational.be/doc/article4193.html
National
Security Archive, Georges Washington University :
Les
liens d'Alvaro Uribe avec le cartel de Medellin : document
déclassifié
http://www.gwu.edu/~nsarchiv/NSAEBB/NSAEBB131/index.htm
Le
Nouvel Observateur :
Colombie: Amnistie internationale répond aux
accusations d'Alvaro Uribe
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/international/20080122.OBS6479/amnesty_repond_aux_accusations_dalvaro_uribe.html?idfx=RSS_notr
PLUS
JAMAIS DE DÉPLACEMENTS FORCÉS,
D'EXÉCUTIONS
EXTRA-JUDICIAIRES,
DE TORTURE,
DE DISPARITIONS,
DE
TERRORISME D'ÉTAT,
NON À LA « PARAPOLITIQUE
»
OUI
À UNE SOLUTION POLITIQUE
ET NÉGOCIÉE AU
CONFLIT SOCIAL ET ARMÉ
--------------------------------------------------------------------------
PASC
Projet
Accompagnement Solidarité Colombie
www.pasc.ca
Pour développer son information sur le sujet :
Là-bas
si j'y suis :
Site
proposant l'écoute en ligne ou le téléchargement
des émissions de radio de Daniel Mermet, diffusées sur
France Inter
http://www.la-bas.org/
Là-bas
Hebdo n° 27
CENT
PHOTOS DE COLOMBIE :
http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1331
http://mailing.la-bas.org/redirect.php4?id=9226&t=1
Lettre
ouverte au Président Sarkozy sur l’échange
humanitaire de prisonniers politiques en Colombie et aux USA :
http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=4341&lg=fr
par James
PETRAS,
Traduit par Fausto Giudice :
sur l'auteur :
http://www.tlaxcala.es/detail_auteurs.asp?lg=fr&reference=110
sur
le traducteur :
Fausto
Giudice
est membre de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la
diversité linguistique :
http://www.tlaxcala.es/nosotros.asp?lg=fr
DOSSIER
MAI 68
Envoi par Benoist Magnat : http://perso.wanadoo.fr/benoist.magnat/
MAI 68 : ANNIVERSAIRE ET BILAN
Je
suis en même temps héritier et ancien acteur de Mai 68,
avec beaucoup d’autres. A l’approche de cet anniversaire,
je fais le bilan de ces dernières années et je suis
sonné politiquement par ce qui se passe. Pas seulement par
Sarkozy qui essaie d’éradiquer les idées et les
réalisations venant de Mai 68 (même s’il aide
quand même à la désespérance), mais ce qui
me fait le plus mal, c’est la Trahison.
Droitisation
de l’ensemble de la Gauche avec perte de toute valeur, de sens
et de combats véritables. Il reste bien quelques agités
du bulbe, qui, comme des poissons rouges, sont enfermés dans
leur bocal.
Les questions que l’on se pose à soi-même, ayant vécu les événements de Mai 68 : que reste-il en héritage pratique ou symbolique ? Ai-je trahi « mes rêves politiques de jeunesse » ?
Quels
symboles en 68 : irruption de vie, libération des traditions
cadenassées, société plus juste, liberté
: il fallait en finir avec l’archaïsme des mœurs et
des mentalités, mise en cause du patriarcat, la libre
disposition de son corps, etc.
Il me semble que, si à l’époque les choses ne se posaient pas de la même manière, le projet était de mettre l’économie au service de l’humanité, et nous critiquions l’organisation et la production capitaliste de cette époque.
Actuellement, la plupart des partis politiques et des citoyens se sont résignés à ce que les humains soient des instruments au service de l’économie et de la finance.
Même si j’ai pris en plus conscience qu’il faut préserver notre planète, je cherche toujours à ce que l’économie soit au service des citoyens et non des actionnaires, des multinationales, des banques et des spéculateurs de toute sorte.
Un
glissement s’est fait, petit à petit, chez des
camarades, amis, concitoyens. Ils n’espèrent plus
changer quoi que ce soit de fondamental, certains essayent de mettre
un pansement sur une jambe de bois. Chacun espère ne pas faire
partie de la prochaine charrette de licenciements, de finir de payer
leurs crédits, de voir leurs enfants trouver un travail et
basta !
La première trahison, celle de Daniel Cohn-Bendit, qui se dit lui-même « libéral libertaire », qui flirte avec le Modem, comme d’autres Verts d’ailleurs. Je traduis « libertaire» pour les mœurs, l’amour, les joints et autres soucis existentiels et « libéral » pour l’économique et la finance. Lui-même en 68 n’aurait pas imaginé sa transformation en libéral. Porte parole des Verts Européens qui avec lui se situent parfois à droite des Partis sociaux-démocrates.
Autre figure emblématique, Michel Rocard, qui du PSU au Parti Socialiste devient sur beaucoup de sujets le vieux réac de gauche. Et la liste serait longue. Tous ces militants, élus ou responsables d’une organisation ou association qui trempent leur idéologie, comme un biscuit mou dans la tasse du social-libéralisme, et qui revendiquent encore très fort leur appartenance à « La Gauche ».
La trahison de cet élan et de cette ferveur de changer le monde que nous avons eu en Mai 68, c’est là que ça fait mal. On a le droit de bouger, de changer avec l’âge, de transformer les stratégies, mais faut-il que ce soit l’enterrement de toute une époque ou d’un état d’esprit ? Faut-il que les résistances et les luttes se réduisent à la grandeur d’un mouchoir de poche ? Où sont nos révoltes d’antan ?
Je
suis prêt à m’empoigner avec ceux qui veulent
changer le monde, et qui dans nos différences, resteront des
amis. Pour les autres, je n’irai pas à leur mariage avec
le système dominant, la soumission aux lois du Marché,
le retour du religieux, avec le retour en force du patriarcat et
surtout avec ce néolibéralisme qui ravage la planète.
J’irais à leur enterrement avec un sac de graines pour
que de nouvelles fleurs poussent sur leurs tombes.
Benoist
MAGNAT
ancien
soixante-huitard et Alter Ekolo
Envoi par Guy Crequie : http://guycrequie.blogspot.com/
Ecrivain
français
Messager de la culture de la paix de
l’UNESCO
Docteur Honoris Causa de l’Académie
mondiale de la culture et des arts
Syndicaliste à
responsabilités interprofessionnelles départementales
(et parfois nationales)
permanentes de décembre 1968 à avril 1985.
Part I
L’HERITAGE DES EVENEMENTS DE MAI ET JUIN 1968 EN FRANCE
(Parlons–en avec tous les acteurs concernés de l’époque)
Je
n’ai plus de responsabilités syndicales depuis
longtemps, je me consacre à l’écriture et aux
engagements en faveur de la paix et des droits et devoirs de la
personne. Ainsi, mon propos est totalement libre et indépendant.
Ces derniers jours, des émissions télévisées et interviews dans des journaux sont consacrés ou annoncés s’agissant des événements de mai et juin 1968 en France. Certes !
Le candidat SARKOZY, devenu depuis Président de la République a indiqué vouloir liquider cet héritage.
Or, ce qui est troublant et choquant, c’est que j’ai lu les premiers échanges et l’annonce de débats prévus relativement à cette période historique.
J’y ai lu comme interviewé le nom de :- Daniel COHN-BENDIT, certes, le fondateur du mouvement du 22 mars et un acteur indiscutable du monde étudiant d’alors avec Jacques SAUVAGEOT pour l’UNEF et Alain GEISMAR, apportant le soutien du Sne Sup (syndicat des enseignants de l’enseignement supérieur.)
- On lit également, parmi les débatteurs de cette période des noms tels ceux de : Edouard BALLADUR, Max GALLO, Luc FERRY, Henri GUAINO, Michel ROCARD, d’autres…
-
Cependant, il n’est pas interviewé pour ces échanges
des leaders syndicaux de l’époque et en particulier
Georges SEGUY, le Secrétaire général de la Cgt
de l’époque, lequel, s’il a vieilli comme tous,
n’a rien perdu de sa vivacité d’esprit et de ses
souvenirs.
Les événements de mai et juin 1968 en France, ont été précédés de grandes grèves professionnelles et inter professionnelles en 1966 et 1967 suite aux accords confédéraux d’unité d’action CGT –CFDT de 1966 et du contexte social alors. En mai et juin 1968, durant 1 mois, 8 à 9 millions de salariés étaient en arrêt de travail. Ce rappel, n’est pas une banalité de l’histoire !
La
négociation de Grenelle n’a pas seulement abouti à
des hausses substantielles de salaires, les accords
interprofessionnels de 1970 sur la formation professionnelle qui
précéderont la loi de 1971 sur la formation continue et
l’existence de la section syndicale d’entreprise avec la
loi du 27 décembre 1968 en sont les héritiers.
Est-ce cela dont certains veulent ignorer le rappel ?
Pouvoir
ouvrier, paysan, …….faisons l’amour pas la
guerre…
Si
ces slogans de l’époque révèlent une
certaine utopie, naïveté, de nombre d’acteurs dans
ce contexte d’alors à la fois protestataire et
d’insouciance, il n’en reste pas moins vrai qu’encore
aujourd’hui, l’enjeu du désarmement général
(à titre d’exemple) reste un défi de
civilisation.
Quelle
que puisse être l’opinion que chacune, chacun, puisse
avoir sur cette période de notre histoire, l’objectivité,
le devoir de mémoire motivent qu’il ne soit ignoré
aucun des acteurs décisifs.
J’espère, que les médias d’ici juin 2008, dans le cadre d’une information pluraliste, feront des débats à venir, des lieux équilibrés de la représentation sociale de l’époque.
©
Guy CREQUIE, 2008
Poète
et écrivain lyonnais
blog
http://guycrequie.blogspot.com
Envoi par Guy Crequie : http://guycrequie.blogspot.com/
Part II
REEQUILIBRER L’ORIGINE DES EVENEMENTS DE MAI ET JUIN 1968
EN FRANCE
!
Jusqu’à présent, depuis que le Président de la République Française lorsqu’il n’était que le candidat a annoncé vouloir liquider l’héritage de « mai et juin 1968 » les médias ne cessent d’inviter une série de personnalités pour débattre de ces événements d’alors et de leurs incidences sur l’état des consciences et des pratiques humaines actuelles.
Ils sollicitent l’inévitable Daniel COHN –BENDIT = certes, comme acteur incontournable de l’époque, mais également : des hommes politiques, des écrivains, philosophes, sociologues,……et curieusement, pas les leaders syndicaux de l’époque et en particulier le secrétaire général de la CGT de l’époque, je veux ainsi nommer Georges SEGUY, toujours en vie et à l’esprit alerte malgré le temps qui passe.
Plus fondamentalement encore, 40 ans après, les médias continuent à présenter le phénomène étudiant comme le seul déclencheur ou le déclencheur décisif d ces événements.
Or,
il faut faire une analyse systémique. Ces événements
correspondaient à des besoins de libération des mœurs,
de la culture, de l’économie, de l’enseignement…
Mais également de celle des conditions sociales dans
l’entreprise, ceci, car nous étions conjointement
en période de croissance avec les 30 glorieuses et l’exigence
d’une meilleure répartition des richesses produites et
donc de salaires améliorés était forte ! Enfin,
cette période était celle des derniers
soubresauts d’un mode de production et de management basé
sur le taylorisme puis le fordisme.
Ainsi, il existait potentiellement une exigence de liberté sociale et d’aspiration au mieux être et au mieux vivre. D’ailleurs, d’autres pays européens ont connu des soubresauts sociaux durant cette période.
Oui,
il y a eu l’apparition du nu au cinéma à la fin
des années 50, le Concile Vatican II en 1965 s’est
ouvert aux réalités du monde, dans certaines régions,
les fils de la campagne ont débuté leur exode massif
dans les villes, il y a eu au début des années 60, la
vague du Yé-yé, Michel POLNAREFF... La salarisation
croissante des femmes, bref, autant de signes d’évolution
sociétale.
Il y a eu en 1966, les accords d’unité d’action CGT –CFDT et en 1966 et 1967, soit 2 années avant les événements de mai et juin 1968, de grandes journées de grèves professionnelles et inter professionnelles ont perturbé parfois paralysé la France durant les journées de leur organisation avec d’importantes manifestations. Or, je ne lis rien dans l’analyse de ce pré-contexte dans l’analyse des observateurs dits avisés ? Sont-ils pris d’amnésie soudaine ?
Il n’est pas du tout dans mon intention de réduire les aspects libertaires, émancipateurs de l’action étudiante en particulier après la création du mouvement du 22 mars 1968 avec Daniel COHN –BENDIT à sa tête ; cependant, il ne faut ignorer aucun des acteurs de l’époque pour un équilibre des tenants et aboutissants de cette période.
Les événements de mai et juin 1968 n’étaient pas révolutionnaires au sens de vouloir prendre le pouvoir politique en conscience. Cependant, ils étaient émancipateurs dans la recherche d’une quête du sens et de la totalité, laquelle, s’est déclinée dans des mots d’ordre et aspirations les plus diverses et éclatées qui voulaient tout simplement transformer des rapports sociaux aliénants, étouffants et oppressifs.
©
Guy CREQUIE, 2008
Poète
et écrivain lyonnais
blog
http://guycrequie.blogspot.com
Envoi
de Joao Silveirinho : http://www.la-gauche.org/
numero
54 de janvier 2007 de "Réchauffer
la Banquise"
pour
Jacques-Robert Simon
DEMOCRATIE OU DROIT A LA DEFONCE ?
Je
regardais récemment un documentaire qui aurait comblé
tous les parents d’élèves de notre pays. On y
voyait un instituteur entré dans une salle de classe, les
enfants se levaient et attendaient que l’on leur permette de
s’asseoir. Leurs vêtements discrets étaient sans
affectation mais pas sans élégance. Le cours commençait
dans le calme et l’on pouvait ressentir combien ces moments
semblaient précieux aux participants. La scène se
passait dans la Roumanie du temps de Ceausescu ! Je ne veux pas en
soulignant ce détail entrer dans le club très fermé
des idolâtres de cet ancien chef d’état. Je veux
plus simplement montrer que l’ordre que réclame tant de
gens aujourd’hui existait bel et bien au sein d’un régime
dictatorial, la couleur de celui-ci n’important pas !
Un autre moment de télévision m’a semblé instructif. La scène se passait à la frontière entre la Lettonie et la Russie de nos jours. Les anciens regrettaient les temps anciens. Les jeunes estimaient qu’ils avaient acquis des libertés : celle d’acheter des standards musicaux internationaux, de fréquenter des boîtes de nuit… La question s ‘est alors imposée, la demande de démocratie ne reflète-t-elle pas quelquefois la revendication du plaisir au détriment de l’effort ? N’est-ce pas ce qui fait sa force d’attraction et qui entraîne tout le reste de l’organisation sociétale : non pas le dépassement mais la compétition, non pas la satisfaction des besoins mais celle des envies. Il faut peut-être songer à séparer ce qui relève des aspirations politiques ou philosophiques de ce qui dépend des instincts. La « Démocratie » ou du moins ce que l’on nomme ainsi, en mettant dans le même système Olaf Palme et George Bush - ce qui est pour le moins étonnant - la Démocratie donc, ne tirerait son extraordinaire capacité d’attirer les foules que parce que cette forme d’organisation permet d’optimiser leur abêtissement, leur avilissement ? Ainsi, Elle permettrait seulement ou principalement de combler des besoins « créés », c’est-à-dire qui ne correspondent pas aux besoins réels mais qui satisfont ceux qui engendrent ces besoins ? Ne faisons-nous pas la confusion entre Démocratie et « droit à la défonce » ? La solution, bien entendu, réside dans la citoyenneté éclairée, vigilante, quotidienne, sans compromission. Mais quelles sont les personnes qui veulent vraiment, je veux dire sincèrement, avoir affaire à des citoyens plutôt qu’à des électeurs ?
Jacques-Robert SIMON