Quels enseignements philosophiques pour les conduites humaines ?
Pour le quotidien d'une véritable philosophie de la vie ?
À GASSENDI, qui lui reprochait d'utiliser la notion ambiguë d'âme, DESCARTES, lui a répondu qu'elle relève en effet de ces noms imposés par des personnes ignorantes ; ce qui fait qu'ils ne conviennent pas toujours correctement aux choses qu'ils signifient ….Mais que depuis qu'ils sont une fois reçus, il ne nous est pas libre de les changer. Seulement, nous pouvons corriger leurs significations quand nous voyons qu'elles ne sont pas bien entendues !
La personne, écrit KANT, est ce sujet dont les actions sont susceptibles d'imputation. L'imputation, au sens moral, est le jugement par lequel on regarde quelqu'un comme auteur d'une action. Qui dit personne, est à la fois sujet et liberté ! En tant qu'être de nature, l'homme est bien entendu soumis à des déterminismes organiques. Cependant, en tant qu'être de raison, il est capable de déterminations éthiques indépendantes des pulsions sensibles.
À ce titre, seul, il est une personne. La personne, c'est la liberté d'un être de raison. Quelle est notre mission d'adultes vis-à-vis de la nouvelle génération afin que celle-ci pratique au quotidien une culture de la paix et de la non-violence pour une ère d'harmonie ?
L'être humain est humain parce qu'il a pour point de départ l'humanité comme espèce biologique. La personne est humaine, en un sens tout différent.
En ce sens qu'elle prend pour fin l'humanité comme idéal régulateur.
Comme l'indique le philosophe Lucien SEVE, ( longtemps, le seul philosophe membre du comité national consultatif d'éthique) dans l'être humain, l'humanité est présente à titre de fait ! Dans la personne, elle est représentée comme valeur.
Cette symbolique lourde de sens, me semble récapituler la demande de Léo SEMASHKO, avec la magna carta of harmony. Protéger les enfants, c'est bien entendu protéger leur existence des aléas de la guerre, des maladies, c'est contribuer à leur éveil intellectuel par l'éducation familiale et scolaire ; puis, par la socialisation de l'activité professionnelle et l'apprentissage des responsabilités dans la vie civique.
La transmission des connaissances, n'a pas pour finalité l'ego du Maître ou enseignant, mais, son œuvre créatrice qui vise à faciliter l'acquisition des savoirs être et savoirs chez l'enfant . Ils favoriseront sa conscience autonome capable de penser par elle-même le monde, ses difficultés et contradictions.
La culture, au sens pédagogique, c'est permettre à l'enfant, au fil des ans, un enseignement progressif et multidisciplinaire ( accordant aux arts et aux disciplines sportives ) leur juste place. Ces dernières favorisent le respect et la connaissance de règles tout en permettant aux enfants d'aller sonder leur profondeur intérieure comme l'entendait BAUDELAIRE.
Ainsi, cette appropriation de la culture, permet à un enfant de mieux comprendre la société dans laquelle il vit et ses caractéristiques ; puis, de la dominer au sens de la comprendre pour mieux agir positivement sur elle.
Le 21 juin, est dans nos sociétés occidentales, le jour de l'année où le soleil se couche le plus tardivement. Il coïncide avec le début de l'été. C'est une période où la luminosité est à son apogée ; elle inspire les peintres, poètes, musiciens, artistes divers. Le jour d'harmonie, c'est donc aussi celui de la symbiose entre les êtres de notre siècle et la nature. Ce devrait être également un hymne à l'humanité des cœurs par le dialogue entre les civilisations, le respect de toute forme de vie, une spiritualité créatrice de paix et d'harmonie.
En France, lors du débat préparatoire à l'élection présidentielle, il s'est engagé un débat relativement à la part de l'inné et de l'acquis dans les conduites humaines. Pour ma part, je pense que les conditions psycho-biologiques sont des conditions de possibilité. Mais, dès le jeune âge, l'enfant est modelé dans son histoire personnelle par ses rapports sociaux familiaux et scolaires objectifs.
Bien qu'il soit porté par l'individu physique, l'enfant psychique relève non de la nature humaine, mais de l'histoire et d'une histoire qui lui est spécifique selon son parcours d'existence.
Certes, en règle générale, cela ne sera pas un long fleuve tranquille !
Ainsi, être humainement femme ou homme n'est pas un état mais un acte. C'est pourquoi, l'héritage, les valeurs éducatives que nous transmettons aux enfants sont importants.
Quel est notre défi d'adultes conscients vis- à vis de la jeunesse ?
Il est que doté de notre action et compréhension sur notre monde, lucide des retards que nous avons pris en malmenant la nature ; conscient que les critères du pouvoir, de la gestion, de l'argent et de la réussite individuelle, égoïste, sont devenus les nouveaux Maîtres, il nous faut :
- Combler l'abîme entre ce que le genre humain sait faire ; et ; ce que les exigences planétaires
motivent que nous soyons en mesure de maîtriser et de faire = voila l'urgence !
Avec la mondialisation des échanges, Internet, les images télévisées, le monde va vite, trop vite ? La Technologie déferle et la conscience morale universelle ne va pas au même rythme.
Pour relier le monde réel à la pensée, la science théorique ne peut rester le monopole de quelques experts dits éclairés mais impuissants à anticiper et réagir sur le mouvement du réel. Comme l'indiquait DIDEROT : « hâtons-nous de rendre la philosophie populaire pour que vive l'humanité avec la chaleur de la vie ». Pour sa part, GRAMSCI mentionnait que tous les hommes peuvent devenir philosophes, décider de leurs vies, mais à la condition qu'on les y aide.
Puissions-nous donner à la nouvelle génération les outils d'analyse dont elle a besoin pour les desseins d'humanité.
C'est donc par le mouvement d'ensemble continu de la connaissance, que la philosophie passera du statut de débats sur l'interprétation au statut réel de la transformation pour un monde de solidarités et de créativités sans dualité avec son environnement naturel.
© Guy CREQUIE, 2007
Poète et écrivain français
Blog : http://guycrequie.blogspot.com