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PHILOSOPHIE CLASSIQUE… ET LES FEMMES
Pour une révision de la pensée philosophique, classique, officielle, trop longtemps misogyne
Celles et ceux, qui cherchent dans l'histoire de la philosophie le discours des penseurs sur les femmes sont stupéfaits par leur misogynie. Déjà, SOCRATE définissait la philosophie comme un accoucheur. Ainsi, face à cette réalité qu'est la grossesse des femmes, l'homme, répond-il par un enfantement du sens ?
ARISTOTE a condamné l'excessive liberté des femmes spartiates. PLATON, lui, était beaucoup plus mesuré : Elles doivent pouvoir accéder aux même responsabilités ; cependant, dans la République, il les décrit toujours un peu moins bien que les personnes de sexe masculin.
En d'autres temps et lieux, Jean-Jacques ROUSSEAU a indiqué que la femme est d'une sensualité insatiable et NIETZSCHE pour sa part, estime qu'elle est le jouet le plus dangereux. SCHOPENHAUER est encore plus explicite lorsqu'il précise que les femmes sont « le sexus Sequior » c'est-à-dire, le sexe second à tous égards, fait pour se tenir à l'écart et au second plan. Dans le numéro 2232 de l'hebdomadaire Le Nouvel Observateur, la philosophe Françoise COLIN rappelle que KANT, le philosophe célibataire s'insurge contre l'appropriation sexuelle des femmes par les hommes, mais il croit voir dans le mariage la garantie du rapport sexuel librement consenti.
Ainsi, les philosophes questionnent l'état de fait sans remettre en question la structure même des rapports entre les deux sexes.
Pour MARX, le sexisme se résoudra par le dépassement et la disparition du capitalisme ; nous verrons plus avant dans ce texte, ce qu'il en a été dans le socialisme dit développé en Europe de l'Est. Certains argumentent, que la domination masculine trouve sa source parce que l'enfant naît du corps d'une femme et qu'ainsi, l'homme tient à réaffirmer son autorité. FREUD a mentionné : « Après 30 ans passés à avoir étudié la psychologie féminine, je n'ai toujours pas trouvé la réponse à la grande question : que veulent -elles au juste ? « Anna ARENDT, revendiquée de nos jours par beaucoup d'écrivains et chercheurs dans leurs citations, s'est proclamé plus politologue que philosophe. Alors, peut-on dire que le philosophe professionnel est le pendant laïc du théologien ? Et s'il est le gardien farouche de la vérité, de quelle vérité s'agit-il ? Pour DERRIDA ( philosophe renommé ) la femme est synonyme de pensée détotalisante face à la prétention de l'un phallique. Cependant, une telle affirmation mobilise t'elle plus la lutte des femmes. Déjà et je le déplore, la lecture des philosophes n'intéresse plus guère que quelques chercheurs ou militants engagés. Surtout, l'affirmation de la valeur du féminisme ne résout pas la hiérarchie persistante en faveur du mâle dit prépondérant.
Si la célèbre formule de Simone DE BEAUVOIR est juste : « On ne naît pas femme, on le devient » et son apport incontestable, comme l'indique Françoise COLIN dans l'article cité elle est cependant restée dans la logique assimilatrice plutôt que subversive. Les femmes doivent devenir des hommes comme les autres. Dans nos sociétés occidentales, comme l'a mentionné le philosophe Michel ONFRAY dans le même numéro du Nouvel Observateur, « le poids du christianisme pèse lourd sur les épaules des femmes « La philosophie, officielle, exprime t'il ( car bien des penseurs jusqu'au XXè siècle étaient chrétiens= ajout de GC) a prêté main forte à l'asservissement de cette moitié sublime de l'humanité en les invitant à renoncer à leur féminité pour se consacrer exclusivement au ménage et à la maternité ? » C'est vrai, que dotés de nos catégories occidentales de pensée, sans doute, devons-nous plus rechercher ce qu'il en a été dans d'autres civilisations et traditions.
Le moine bouddhiste japonais Nichiren DAISHONIN, accordait au XIIIè siècle le plus grand respect aux nonnes et aux femmes laïques. Bien auparavant, le bouddha SHAKYAMUNI, a innové en admettant lors des dernières années de son enseignement avec le sutra du lotus, que les femmes également pouvaient accéder à l'éveil ; ce qui était impossible pour des textes traditionnels précédents. Également, les études de sociétés matriarcales dans certaines peuplades amazoniennes, d'Afrique, parmi la population Meghalaya en Inde, la population Mosuo (sous-groupe du peuple Naxi) située en plein territoire chinois, ont-elles fini de nous renseigner sur certaines pratiques ?
Malgré tout, nous pouvons rechercher dans notre histoire européenne des types de situations peu valorisées. Par exemple, j'ai appris, qu'aux temps féodaux, les filles étaient majeures à 12 ans : deux ans avant les garçons. Le XVIè siècle avec la Renaissance a été caractérisé par un double mouvement :
- Une répression de la condition féminine traduite par les lois civiles et religieuses. - Simultanément, une émancipation intellectuelle (dans les domaines des lettres et des arts) et dans le discours que certains historiens qualifient « de féministe », consciemment élaboré par ces femmes.
Un auteur : Gilles MENAGE, dans son histoire « des femmes philosophes » publiée en 1690, nous parle de ces femmes inconnues qui firent profession de penser par elles-mêmes de l'antiquité classique jusqu'à moyen-âge. On y apprend même qu'en France par exemple, le premier traité sur l'éducation a été rédigé par une femme.
Bien plus tard, de Louise MICHEL à Rosa Luxembourg, de George SAND à COLETTE, à Simone DE BEAUVOIR et à Gisèle HALIMI, bien des femmes ont été à la tête du combat pour le respect de leur identité, de leur liberté, pour leur créativité et potentialités non réduites au mariage et à la maternité.
Or présentement, malgré les actes, traités, constitutions, lois, décrets. ….Le respect de l'égalité professionnelle et du rôle des femmes dans la société : vie publique, économique, sociale,…. N'y est pas reconnu égalitaire en actes réels. Si le poids du christianisme a pu contribuer au non-respect de l'égalité, cela ne peut suffire comme explication. En premier lieu, il faut faire le distinguo entre le personnage de Jésus et le christianisme. En effet, le christianisme est devenu religion universelle au fil des siècles, voire religion officielle d'État historiquement dans certaines situations historiques. Cependant, comme l'a écrit Albert NOLAN dans un ouvrage paru dans les années 70 aux Éditions Ouvrières, il me semble : « Jésus avant le christianisme », tout du dogme et surtout de la tradition de l'Église ne provient pas de Jésus. Les écrits des apôtres, les conciles, les propos des pères de l'Église lui sont bien postérieurs. Il n'y a rien de MACHO, il me semble, dans son propos : « Que celui qui n'a pas pêché, lui jette la première pierre » ! Présentement, dans bien de nos pays, la pratique religieuse au sens traditionnel a diminué. Le nombre de croyants déclarés dans certains pays est en baisse, compte tenu du poids croissant des applications de la science qui nourrit l'athéisme et l'agnosticisme, mais aussi, compte tenu de développement de nouvelles spiritualités hors des Églises traditionnelles ainsi que l'affirmation des valeurs laïques.
Malgré tout, les discriminations persistent. Le christianisme n'a fait qu'accompagner, perpétuer un mode historique de domination masculine. Enfin, il est d'autres cultures et traditions où le christianisme n'est pas dominant , qui également connaissent des pratiques sociales discriminatoires ou non égalitaires à l'égard des femmes. S'il est vrai que les conditions économiques : pauvreté, manque d'alphabétisation,….. ne favorisent pas l'émancipation féminine, l'explication reste insuffisante, car les discriminations existent y compris dans les pays dits développés, même si elles sont parfois moins exacerbées notamment en matière de droits civiques.
De MARX à DE BEAUVOIR, la théorie, selon laquelle le socialisme réalisé supprimerait l'exploitation des femmes par les hommes, a fait long feu. L'ex-URSS, fut une société dominée par les hommes à la tête du parti, même si une cosmonaute soviétique fut la première femme dans l'espace.
Si le bouddhisme qui prône la révolution intérieure sur un plan philosophique, m'apparaît être un moyen important du respect de l'identité féminine, de par la remise en question qu'il peut imposer si nécessaire ; comme Michel ONFRAY, je pense que c'est l'étude des mœurs ( l'Éthologie) qui doit nous donner une clé de compréhension des processus à engager. Dans un pays comme la France, lors de la guerre de 1914-18, les femmes ont pris la place des hommes (lesquels se trouvaient dans les tranchées) dans la plupart des activités professionnelles. Mais après la guerre, la domination masculine a repris le dessus. Peut-être, est-ce avec la fin de la philosophie de métier lorsque « philosopher « sera constitutif de la manière d'appréhender le réel humain, tel qu'il est avec ses 2 composantes de sexe : masculin et féminin ; par un enseignement de la philosophie adapté dés le plus jeune âge ; par les fonctions éducatives et sociales ; que l'humanité s'affranchira du schéma erroné du deuxième sexe inférieur.
La femme, est l'une des deux composantes de l'humanité en actes, pensées, et contributions à la société. J'ai pour ma part proposé qu'il soit créé dans chaque pays un tableau économique, dans la comptabilité nationale, évaluant leur contribution à la société. J'ai également proposé de remplacer l'appellation dite générique de « Droits de l'homme » dans les actes, traités, constitutions, laquelle perpétue de fait l'idée d'une priorité masculine, par l'appellation « droits de la personne », plus respectueuse d'emblée de la réalité des deux sexes.
Égalité ! Cela doit l'être en droits et devoirs, mais ceci ne constitue aucunement un équilibrage physiologique et psychologique des spécificités féminines par rapport un modèle qui serait masculin. Être différent, cela n'altère aucunement chaque réalité et leur complémentarité. D'ailleurs, l'homme n'est rien sans son futur et avenir : « La femme. » Personnellement, je pense que le mérite de Simone DE BEAUVOIR a été celui de l'idée de combat émancipateur. En effet, le respect de l'identité féminine, dépend moins du bon vouloir des hommes que de celui de leur propre développement et construction qui, à un moment donné, provoquera un saut qualitatif de reconnaissance, admis par toute l'humanité. Mais, il y faut durant un temps, des politiques volontaristes pour accélérer la révolution des esprits, bousculer les consciences et ainsi accélérer le sens de l'histoire humaine avec ses deux sexes. Les dites politiques doivent concerner toutes les sphères de la société. Il y faut l'impulsion sans relâche des grandes institutions, lesquelles doivent donner l'exemple dans le fonctionnement et les responsabilités données au plus haut niveau à des femmes. Je pense à l'ONU, l'UNESCO, le CONSEIL DE L'EUROPE, l'ORGANISATION INTERNATIONALE DU TRAVAIL, etc. et bien entendu par les gouvernements. Leur volonté en actes est à instituer plus que des discours de bonne conscience.
Oui, il faut en finir avec ce que le philosophe Michel ONFRAY appelle la pensée dominante qui infuse l'éducation des jeunes filles qui dès lors, deviennent nombreuses à avaliser le schéma dominateur.
Il convient de cesser d'indexer le destin des femmes sur leur soi-disant nature où depuis mille ans, il est célébré la vierge Marie qui est assimilée et réduite dans les consciences populaires au rôle d'épouse et de mère. Avec l'Éthologie, la morale et l'éthique ont vocation à dépasser le concept de nature. Comme l'a mentionné Michel ONFRAY, dans ce numéro cité du Nouvel Observateur, l'égalité éthologique est celle qui permet aux femmes d'être épouses et mères si elles le souhaitent, mais aussi d'être autre chose : « Femmes par exemple ».
Cette vision globale, inclut toute leur dimension affective certes, mais également intellectuelle, spirituelle, sociale, oui : composante de l'humanité par la diversité des tâches de notre temps.
La paix et l'harmonie sur notre planète sont indissociables de cette évolution en faveur du respect de l'identité du rôle et de la condition de « femme », comme point nodal incontournable des progrès de l'humanité.
© Guy CREQUIE, 2007 Poète et écrivain français Blog : http://guycrequie.blogspot.com
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