Du 18 novembre 1985


Cratère de lune

Nuit et stratosphère, écume et spume
Trépidation et mouvance, l'hère avance
Dans l'air du temps, aux rangs qui s'enrhument
Pas au pas de nonchalance, d'un pas qui danse

Ce n'est qu'une ombre au teint de lune blanche
Qui ondule sur les trottoirs en colline
Gigantesque remous d'air en bleu marine
Qui voudrait sonder les puits étanches

Puits de honte, puits de misère
Où se meurt la dignité humaine
Laissée pour compte des facilités surhumaines
Que procurent les sciences trop altières

Quand dans la nuit son profil de trirème
Sa face de vieux parchemin passé au vitriol
Naviguent autour des jurisprudences du carême
Traque une justice qui crépite sans vice et bémol

La lune est bien haute, brandie comme un cataphote
Pour découper les ombres croquignolesques
Grand osseux au guet de tous tes potes
Tu gèles d'un flash leurs signes pittoresques

Que reste-t-il alors dans tes yeux charbons
Sinon ton amour des causes non-entendues
Car les photos ne captent que des moments perdus
Qui ne parlent que pour soi-même dans le fond
.

© Jean-Jacques Rey, 1985