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Du 9 avril 1997
Chômage
Au mot lapidaire qui coupe les carrières Qui moissonne et rend la société exsangue Les têtes se baissent et percent les tarières Les arias qui paralysent les langues
La cohésion fout le camp, de guerre lasse soi-disant La découpe de l'emploi devient le décompte du non-sens Et n'épargne personne même les suffisants Que révèle encore ce lien du travail à l'existence
Le mot qui tue est une pancarte : le chômage Il couronne tel un INRI, scelle la décomposition Affiche en dents de scie les ombres du carnage En devenir qui sourd, signe l'éclatement de la nation
Que font nos pontes, nos pontifes, nos éminences grises A reculer devant pour mieux tasser l'ornière Ils passent des garcettes à la jeunesse qui se brise Piétinent en tirant le corbillard des rentes ouvrières
Rassurez-vous ! Compagnons de la triste route Nul reproche à vous faire, c'est la faute du système Il configure dans ses ordinateurs sa propre déroute Bientôt ils récolteront le désordre qu'ils sèment
L'économie n'est jamais qu'un moyen du bonheur Pire qu'un sophisme, une trahison pour l'humanité C'est d'en faire un malheur qui brutalise les ardeurs Le refus de partager l'abondance est une insanité
Les fruits du progrès sont le bien de tout civilisé A cultiver trop d'injustice, la peste est aux accapareurs Ils installent le pal et seront eux-même martyrisés Pour rendre insolvable l'appétit de leurs débiteurs
Être spectateur et s'ennuyer, quelle triste position Mais le potage amer que boit le libre-penseur N'est rien en comparaison du poison de l'exclusion Ceux qui la vivent peinent à dire leurs douleurs
Aussi je médite sur les imbéciles qui sont rois Sur les inventeurs qui ont le génie dans la cécité Sur tous ceux qui oublient le sens des pourquoi A quoi sert une science qui fait tant de déshérités ?
© Jean-Jacques Rey, 1997
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