Du 11 juillet 1997
Manifeste du poète
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Ô méritoire sans grand mérite
L'imagination fertile du poète
Sur l'aisance qui s'effrite
Est une rage d'allumette
.
Ô manne obsolète, prouesse du don
La poésie est une promesse
Qui traverse nos froides saisons
Par les âmes qui s'y blessent
.
L'esprit moyen qui paresse
Qui s'enferme dans ses raisons
S'irrite fort de cette ivresse
Qui échappe à ses prisons
.
Ainsi est le poète qui dérange
A la marge des comptes d'effets
En charge des prurits qui démangent
De ces gens qui n'ont rien fait
.
Rien fait d'autre qu'on y pense
Que gérer parfois bien les modalités
De leur petite entreprise d'existence
Navrés sinon abrutis de sa banalité
>
Le dépassé qui essaime
Est encore plus loin sans ressources
Du dépassement de soi-même
Il se meut sans les sources
.
Aux sources qui le feraient verdir
Ou prendre des couleurs
Lui ne puise aucun désir
Hors du concret qui fige ses valeurs
.
D'ailleurs qu'il pousse à l'azote
Ou dans le fumier pour se montrer ardent
Il coince sur la même note et vivote
Terre à terre qui s'enterre à ses dépens
.
L'ordre des temps modernes
Est l'ombre des prudhommes
Et l'oubli de ce qui le concerne
Dans les phares du décorum
.
A l'heure des étales du stress
Du rendement promis des sévices
Peinent les improductives noblesses
Des penseurs qui sont rentrés en lice
.
Poète, que valent les trompettes
Des hordes du convenant
Assurément des impuissances qui tempêtent
Quand ton feu assaille sur leur étant
.
© Jean-Jacques REY, 1997