VISION AURORALE

Le ciel à son aurore en mille symphonies,
Allume les brasiers -
Mystérieuse ardeur d'étranges incendies -
De jugements derniers.

C'est l'immense alchimie où l'âme se ressource,
L'appel au firmament
De l'étoile du jour éternelle en sa course,
Fugace en son moment.

L'éther ouvre les bras et se prépare un songe -
Cascade de pastels -
Puis invente des feux que l'infini prolonge,
En précieux rappels.

Dès lors, c'est le pouvoir de fastueux mélanges,
Les courses dans l'azur,
De ces lueurs qui font le regard des archanges,
Aux portes du futur.

Aux nuages partout répondent les lumières,
Les ors de leurs torrents,
La céleste marée engendre en leurs rivières,
Des moraines d'argents.

Autour de sangs vainqueurs, d'éclatantes écharpes,
Frissonne la couleur -
L'indocile velours - de cent teintes les harpes,
Aux arcanes du cœur.

L'ineffable palette entraîne en sa mouvance -
Complaisante psyché -
Qui naît, rêve ses flous, se perd chaque nuance
D'un paradis caché.

Quels mots jamais sauront - inutiles scories -
Rendre le sens jaloux
De ce théâtre offert par de muets génies,
Qu'on écoute à genoux.

© Claude Gauthier