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PHYSIQUE DES POIVROTS
(Bar des Ga...s)
Combien de centièmes de seconde prendrait la chute
si je décidais de sauter du bord du cendrier vert H...ken,
cela dépendrait de l'emplacement du cendrier et de moi même
par rapport à l'équateur, des turbulences, du climat,
de la position de mon corps et de sa résistance à l'air,
en écartant les bras je planerais quelques nanosecondes
le temps d'admirer le paysage des mégots si bavards
dont un des filtres est mordu d'angoisses et de solitude
un autre enrobé de rouge à lèvres prometteur d'érotisme extrême
un autre complètement baveux, un autre déchiré d'impatience ( ces mégots parlent plus que mon voisin de bar )
et puis de m'écraser sur un tas de cendre.
Évidemment je ne compte pas mourir dans cette chute,
c'est juste un désir d'action métaphysique,
sauter d'un cendrier H...ken ne demande aucun courage,
ce qui prouve que le saut lui a toujours un sens alors
que la vie n'en a aucun et l'on passe les trois quarts de son temps d'existence
à s'emmerder et un petit quart à quelques illuminations
et puis que l'on en raconte des conneries
et que l'on ne s'en rend même plus compte
© Bruno Toméra, juillet 2007
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