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BAVARDER...
(poème rien que pour combler quelques octets de votre ordinateur)
Vous êtes là à bavarder avec de vieilles connaissances
ou d'obscures collègues, du beau temps et surtout de la pluie,
du dernier trop long métrage très " in ",
de ces chansonniers si engagés et généreux,
chantant pour les restos du cœur…
D'un écrivain si tenace à patauger dans le merdeux Hit parade littéraire,
de ce poète enseveli, réintégré contre sa volonté dans l'actualité
de l'anniversaire de sa naissance ou de mort. Amen.
De Votre normalité si complaisante soit-elle,
de votre libido en phase avec les trois quart et demi de votre entourage ( ce qui n'est pas un exploit )
d'une telle si garce, d'un autre si benêt,
de la dernière info lyophilisée,
du prochain match de l'équipe de France,
de la montée des eaux et des descentes aux enfers,
de l'infâme agression des barbares,
du désir sécuritaire, du peureux frisson de l'existence,
du visage de l'économie mondiale,
du prix au kilo de faux-filet,
du malheur planifié des uns
et de la félicité matérielle des autres,
du grand complot des puissants
(&)
- " Et que nous, on y peut rien, mon pauvre Monsieur..."
Vous êtes là avec votre valise de phrases toutes faites, ( signe d'intrégration )
et tout à coup vous vous sentez aspiré par un vent
qui souffle, qui souffle, une bourrasque qui vous emporte
vers d'étranges destinations,
plus rien ne vous retient aux amarres
surtout pas les neutres banalités qui s'empilent
plus connes les unes que les autres.
Une enseigne lumineuse clignote
dans votre cerveau avec inscrit :
- " Mais qu'est ce que je fous là..."
Triste figurant du vaudeville humain.
- " Mais qu'est ce que je fous là..."
(&)
Cette interrogation comme une poignée de porte
qui peut-être ouvrirait le coffre fort
du bonheur et de toutes les pétillantes questions
de la tonitruante humanité.
On franchirait bien ce pas de porte.
On est bien trop lâche.
Le vent s'adoucit et nous dépose enclume
dans le sérieux revenu des parlottes.
De toute façon, nous ne sommes pas doués pour le bonheur
et peut être que le bonheur ne veut pas de nous.
De peur qu'avec nos drôles de manières
nous ne le transformions en malheur.
Je crois qu'il n'a pas tort.
© Bruno Toméra, juillet 2007
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